(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
Suite à la prime à la casse sous le régime sarkozien, nous constatons aujourd’hui les fruits de l’interventionnisme politique là où les entreprises auraient dû s’adapter au marché : PSA suffoque et Renault produit un encéphalogramme économique plat. Nos illusionnistes gouvernementaux ressortent alors les bonnes vieilles recettes du chapeau avec un projet de prime au vieux tacot diesel. L’idée peut paraitre rien moins que géniale, puisqu’elle touche à la fois l’économie, l’industrie et l’écologie. D’une seule mesure, on imagine relancer l’industrie automobile, réduire la pollution et redorer une réputation d’un gouvernement un peu contestée – doux euphémisme et doux rêve !
Sauf que nous avons, une fois de plus, affaire à un tour de prestidigitation qui coûtera plus aux français qu’il ne pourra jamais leur rapporter, comme toute mesure étatique. Le principe de ce type de mesure, même s’il peut connaître des nuances secondaires, reste toujours le même. De nouveaux standards, nonobstant les contrôles techniques, présentent les véhicules comme dangereux ou polluants, alors que la veille même aucun d’eux n’était illégal, ni dangereux, ni montré du doigt. Puis un large battage médiatique est organisé, pour que cela soit bien su par tous, afin qu’on voie bien à quel point le pouvoir agit pour notre bien. Voir c’est important pour « savoir ». Alors qu’en fait, cela concerne, tout au mieux quelques milliers de voitures banales, comparé aux millions en circulation.
Très vite on accorde un budget arbitraire et contributeur à la dette pour la reprise de ces véhicules, budget qui donc sera distribué aux propriétaires de voitures « malsaines ». Eh oui, l’Etat finance les propriétaires des voitures « coupables de pollution ». Mais si c’est donc si mal de conduire de telles voitures, pourquoi ne pas simplement sanctionner au lieu de récompenser ? Ce serait au moins en cohérence avec la logique du droit : la Loi interdit les seules actions nuisibles à autrui. Les pollueurs devraient donc être les payeurs. Mais l’Etat a depuis longtemps sombré dans le mercantilisme.
Car c’est bien de récompense qu’il s’agit. Cet argent leur sera donné pour acheter une voiture neuve, ce qui correspond à une subvention discrétionnaire à l’achat. Ces sommes amputent par l’impôt le pouvoir d’achat des autres citoyens, peut-être automobilistes, qui subissent une double peine : ils ont une voiture « saine », eux, qu’ils ont payée sans aide, et sont punis par un impôt !
La stimulation du marché ainsi artificiellement créée va en effet pousser des opportunistes circulant en « poubelles illégales » à acheter du neuf avec l’argent des autres. PSA et Renault arrondiront ainsi leurs maigres chiffres et feront illusion. Mais pendant combien de temps ? Comme constaté sur toutes les mesures de ce type, une fois passé l’effet d’aubaine, le soufflé retombe. On aura sûrement eu quelques centaines de carrioles détruites – pardon, « renouvelées » – mais les constructeurs seront ramenés à la réalité du marché. Et un délai trop court ne leur aura pas permis de s’adapter.
Du point de vue économique, ce genre de manipulation clientéliste est en réalité une corruption, un scandale moral et une aberration industrielle. Il s’agit à la fois d’un impôt redistributif arbitraire et d’une subvention sauvage à une industrie pourtant très internationalisée qui n’a pas de raison d’obtenir un tel privilège en France. Comme pour tant de sujets, l’intervention de l’état dans la libre activité économique montre ses perversités. Si le marché de l’automobile souffre, et plutôt que de s’obstiner à entretenir un moribond aux frais du contribuable, laissons s’établir les conditions de l’émergence d’industries nouvelles de remplacement. Car, quoique puissent en dire nos étatistes, c’est toujours le libre-échange et le laissez-faire qui ont le mieux profité au plus grand nombre.
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