(Paru sur Le Cercle en 2015.)
François Hollande c’était fait élire sur le « Changement, c’est maintenant ». Barack Obama annonce lancer un vaste plan pour contrer le changement climatique. Le changement, c’est un mot magique, une des grandes chimères et un des grands paradoxes du socialisme. Partout, toujours, on entend qu’il faut que ça change, mais en même temps dès que ça change, tout le monde est dans la rue.
Les premiers socialistes, devenus communistes, voulaient changer l’homme, voir l’éclosion d’un homme nouveau, meilleur et plus généreux, pour que tout change enfin. Encore aujourd’hui, le slogan de Hollande portait cette promesse égalitaire, ce changement tant espéré hors du capitalisme honteux qui porte en lui la misère du monde. Depuis plus d’un siècle, il faut que cela change, et en effet, depuis un siècle le socialisme s’est peu à peu répandu partout. Et pourtant rien n’a changé.
Il faut dire que chaque fois qu’on tente de changer, hop, les privilégiés montrent les dents et démontrent leur sens de la solidarité. Les professions libérales montrent soudain qu’elles sont si libérales qu’elles refusent que leur marché soit libéralisé. Les agriculteurs sont tellement sûrs de la qualité de leurs produits et de leur aptitude à satisfaire les consommateurs qu’ils leur bloquent les routes au moindre signe de retour à une politique agricole devenue peu commune. Et tant d’autres.
Car le propre du socialisme tient dans les avantages acquis, dans les privilèges de tous genres qui sont autant de prétextes de faux progrès social. Il faut redistribuer, voyez-vous, puisqu’il faut changer l’injuste vie de Pierre, Paul et Jacques. Alors on commence par donner à Pierre, puis on donne à Paul, en veillant à ce que Jacques ne râle pas trop. Mais si ce dernier se réveille, si le changement passe par une jacquerie « solidaire », on verra les Pierre se soulever et les Paul nous rouler dans la farine.
Mais le paradoxe est bien plus profond. Car le socialiste veut protéger, pour réduire l’emprise du diable capitaliste. Il protège les salariés du licenciement. Il protège les agriculteurs de prix trop bas. Il protège par la loi. Et la loi rigidifie le monde. Avec la loi, il devient illégal de changer. On est devenu salarié, c’est pour la vie. Mais la vie justement, n’est-elle pas faite de changement ? Si dans la vie nous perdons l’espoir du changement, celui qu’on construit de ses mains, à quoi sert-il de vivre ?
Alors, après avoir été réchauffement, c’est une aubaine que le changement devienne climatique, justement quand le climat dans les banlieues se réchauffe au point de bientôt bannir les lieux. Face à leur incapacité au changement annoncé qui pourtant fait leur fonds de commerce, il n’est pas surprenant que les politiciens de tous poils s’emparent des nouvelles chimères qui ne changeront rien mais qui leur permettent de repousser encore un peu l’échéance de leur déchéance annoncée.
Mais ne nous y trompons pas. Le dossier climatique ne sera rien d’autre qu’un autre fiasco socialiste, et pour les mêmes raisons : à vouloir contraindre l’homme à défaut ou au prétexte de le changer, au lieu de changer de dogme et libérer les structures sociales, le socialiste ne change que pour le pire.
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