(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
(Une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les faux clichés économiques classiques.)
Ma lectrice poursuit : « Même le monde des clubs de football professionnels, pourtant peu regardant sur les combines financières, a tiqué sur les pratiques fiscales de la Principauté. Je vois pourtant une solution : dédoubler le championnat de France. D’un côté le PSG et Monaco, de l’autre, tous les autres clubs entre eux. Et pourquoi ne pas organiser une Coupe du Monde des paradis fiscaux, avec les meilleurs joueurs ? »
Lorsqu’on est victime d’une injustice, mais qu’on ne peut rien faire contre, on ne souhaite souvent qu’une chose : que d’autres en soient victimes à leur tour. L’égalité dans l’injustice est le fruit de l’abus de droit. C’est ce qui se passe chez les clubs professionnels de football, victimes de l’injustice fiscale. Monaco leur sert de révélateur, ils réalisent ce que le système social leur ponctionne. Mais au lieu de contester l’impôt, ils en viennent à culpabiliser le footballeur salarié. Les clubs préfèrent faire l’autruche et dénoncer le club monégasque. Il est certes plus facile d’être politiquement correct.
Les clubs français osent imaginer que l’état français puisse pour leurs beaux yeux annexer la Principauté et y imposer une fiscalité liberticide de nature à la rayer de la carte ? La Principauté est un état souverain que les instances du football devraient respecter. L’idée même de voir modifié un accord entre états au vague prétexte d’un point de fiscalité sportive en dit long sur la corruption du système. Cet écart fiscal ne fait qu’empirer suite à une fiscalité française sombrant dans un scenario collectiviste infernal. Ce n’est pas à Monaco de modifier ses lois pour le bon plaisir de présidents de football. C’est à eux d’oser exprimer leur désaccord envers le système fiscal français ou/et d’aller investir ailleurs. Le manque de courage politique, celui de s’opposer, conduit à la situation vécue.
De plus, Madame, pourquoi ironiser sur les moyens – forcément sales ? – que les paradis fiscaux seuls pourraient offrir au sport ? Et moquer les joueurs de même au passage ? Cette ironie me semble révéler une frustration. Celle de ne pas être dans un pays qui justement ne permet pas aux meilleurs de s’exprimer par le poids d’un fardeau fiscal écrasant. Alors vous transposez, vous vous moquez de ce que les plus agiles sont capables d’accomplir par regret de ce qui nous est impossible. Vous avez raison de vous moquer, Madame, mais il est dommage que vous vous trompiez de cible.
Vous parlez de combines financières. Certes, les clubs de football ont réduit leurs charges et impôts en utilisant les ficelles autorisées par la loi. Mais quel est le rapport avec le libéralisme ? Ce sont bien les gouvernements qui font les lois et nous infligent impôts, taxes et cotisations sociales. Rien de libéral là dedans. Les combines sont la manifestation de la bureaucratie : pas de corruption sans au moins un bureaucrate à corrompre. Que les clubs se limitent au foot et réclament la vraie justice : que l’état français respecte le droit de chaque citoyen d’être libre de choisir son système social.
Grâce à la loi européenne et en toute logique, il est enfin possible pour tout salarié de ne plus être assujetti à la sécurité sociale et de prendre une assurance privée. Vérifiez. C’est un vrai parcours du combattant, mais c’est possible. Ne doutons pas un seul instant que lorsque cela se saura, les clubs et les footballeurs seront parmi les premiers à profiter de cette option. Et ne croyez pas que comme c’est privé les services seront pires. N’est-il pas une fois de plus incroyable que des leçons de liberté nous soient données par ceux dont notre inculture moderne veut nous porter à nous moquer ?
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