Monday, October 30, 2017

Le Catalexit n’est qu’une étape

La Catalogne fait toutes les unes ces derniers jours. Il faut dire que depuis 18 mois, on avait cru que la vague de soubresauts post-Brexit était terminée et que tout en Europe était gentiment revenu à la normale, c’est-à-dire de retour sur le long chemin de la prise du pouvoir par les ‘hauts technocrates’.

Mais voilà que quelques gauchistes catalans en mal de bruit et de célébrité fugace viennent remettre le couvert en déclarant l’indépendance d’une région à forte identité et à langue spécifique, qui n’a cessé de pousser plus ou moins fort et régulièrement à la porte de la sortie depuis des décennies.

Et le fait que cet événement suit un scénario rocambolesque a abouti à montrer les nombreuses facettes de la non-liberté en Europe et des nombreuses réactions de courte vue, alors que sur le fond, il ne fait pas de doute que nous sommes témoin d’un retournement très positif à terme.

Bien sûr, les étatistes et les européistes ne l’entendent pas ainsi. Pour eux, il ne faut absolument pas créer de précédent et donner des idées à d’autres régions qui, nombreuses, pensent à prendre leur autonomie. Ce serait, selon eux, mettre le projet d’une union européenne en danger, ce serait le risque d’un éclatement, alors même qu’on commençait à oublier le Brexit, l’Ecosse, l’Italie, d’autres.

Alors on a droit à tous les arguments étatistes pour critiquer ce mouvement. Tout d’abord, cela a été parce que c’était entre les mains ou à l’initiative de l’extrême gauche. Il est évident que je ne saurais me réjouir de voir la gauche gagner du terrain quelque part, mais ce n’est pas vraiment la question il me semble. Si la Catalogne devait vivre sa vie et la commencer à gauche, on peut présager que les ressources de ces vautours seraient vite bien moins riches qu’au sein de l’Espagne et de l’Europe, du fait des jeux de subventions par exemple. Mais pas seulement, puisque déjà plusieurs centaines d’entreprises ont décidé de prendre la fuite, à tort ou à raison. Mince, moins d’impôts à voler. Plus généralement, la question n’est pas celle du régime, mais de la réduction de la portée des états.

Ces entreprises qui s’envolent, c’est l’autre argument massue, celui de la crise économique. Il ne faudrait pas d’indépendance, parce que cela conduirait aussitôt à la crise économique du pays. Un argument très bizarre, puisqu’il veut dire que tout d’un coup, juste comme ça, l’ensemble de la population cesserait de travailler, vendre, agir, vaquer, parce qu’indépendante. Bizarre, non ? En réalité bien sûr, l’argument cache la menace de perte de toute une masse de subventions et autres flux financiers artificiels qui viendraient avec un état supérieur, mais qui en réalité sont pris sur la bête. On touche là à des arguments du même ordre que ceux contre le Brexit, avec autant de biais.

Certains m’ont avancé que l’indépendance est impossible car cela couperait trop de familles en deux. De nombreux catalans vivant à Madrid et d’ex-madrilènes à Barcelone, par exemple, une nouvelle frontière aurait selon eux le même effet qu’un nouveau mur de Berlin. C’est supposer que ces deux états seraient assez stupides pour fermer les frontières, ou pour contraindre brusquement les « étrangers » de chaque côté à rentrer chez « eux » - ce qui est possible, mais improbable. C’est tout aussi sot d’ailleurs que de poser comme positif a priori que tout mélange de population de facto est forcément une bonne chose qui ne doit être remise en cause sous aucun prétexte de liberté.

D’autres sont légalistes et ne jurent que par le respect aveugle des textes et autres constitutions. Ainsi, parce il y aurait un article 155 ou que sais-je qui stipule l’illégalité d’un referendum, cela serait sacré, fondé, indiscutable et rendrait impossible l’application du bon sens envers la valeur démocratique de tout referendum – digne de ce nom – quel qu’il soit ? Il est selon moi hallucinant que de prétendus défenseurs de la liberté se réfugient derrière des textes même face à des situations où la liberté de tout ou partie de la population est en jeux. Il n’est pas normal, pas moral ni légitime de mettre des critères comme le maintien de l’union plus haut que la demande de liberté.

Les mêmes souvent avaient bien moins de scrupules envers la constitution ou le régime quand il s’est agi il y a quelques années de soutenir l’indépendance du Tibet. Je suis sûr qu’on m’opposera que le Tibet n’est pas comparable car il s’agissait de fuir un méchant état communiste, alors que le Royaume d’Espagne est bien plus libéral. Faux problème. Il s’agit des peuples, des gens, pas des régimes. Le Tibet devait libérer les tibétains, en Catalogne il est normal que les catalans puissent décider chez eux, c’est aussi simple que cela. Car l’avenir est au choix, au choix des états.

La liberté ne provient pas d’une constitution x ou y, elle vient de la possibilité pour les citoyens de choisir librement leur « état ». Et plus les états sont petits, plus il y a d’états, plus ils se trouvent en concurrence parce qu’il est plus facile d’en changer et parce qu’ils sont moins puissants. Ainsi, même si ce n’est pas une garantie systématique à court terme, à long terme par contre le démantèlement des états historiques en petits pays locaux est un facteur majeur de libéralisation du monde. Alors pourquoi chercher les poux sur des détails quand la Catalogne ouvre la voie vers la liberté, demain ?

Saturday, October 28, 2017

Hoppe - Traduction du discours PFS 2017 (Fin)

Dernière partie de ma traduction du discours de H-H.Hoppe à PFS 2017.

55:59 - <
Inutile de dire également que, pour se défendre contre le crime, qu’il s’agisse de crimes de rue ordinaires ou d’actes de terrorisme, toutes les interdictions de possession d’armes par des citoyens droits devraient être abolies.

Huit : Se débarrasser de tous les parasites et clochards.

Pour consolider ses positions, la classe dirigeante a placé la classe des marginaux au premier rang et en a fait sa source de soutien public la plus fiable.
Soi-disant pour aider les gens à sortir de « l’exclusion » pour devenir des acteurs autosuffisants, l’effet réel - et effectivement voulu - de la soi-disant « politique sociale » de l’état est exactement l’opposé.

Cela a rendu le statut « d’exclu » d’une personne plus permanent et a fait s’accroître cette classe de façon durable.
Et avec ceci bien sûr aussi le nombre de travailleurs sociaux et de thérapeutes financés par l’impôt nommés pour « aider et assister » ce groupe.
Car, en accord avec la loi économique inexorable, toute subvention accordée en raison d’un prétendu besoin ou déficience produit plus, et non moins, du problème même qu’elle est censée atténuer ou éliminer.

Ainsi, la cause profonde du statut « d’exclu » d’une personne - son faible contrôle des impulsions et sa grande préférence temporelle, c’est-à-dire son désir incontrôlé de gratification immédiate - et les diverses manifestations de cette cause - telles que le chômage permanent, la pauvreté, l’alcoolisme l’abus de drogues, la violence familiale, le divorce, les ménages menés par des femmes, les naissances hors mariage, la valse des compagnons masculins, la maltraitance d’enfants, la négligence et la petite délinquance – existent et ne sont pas atténués ni éliminés, mais systématiquement renforcés et encouragés.

Au lieu de continuer et d’étendre le désastre social, toujours plus laid, celui-ci devrait être aboli et bruyamment exigé qu’on prenne garde à l’exhortation biblique voulant que qui peut, mais ne travaille pas, ne mangera pas, et qui ne peut vraiment travailler, en raison de graves déficiences mentales ou physiques, doit être pris en charge par famille, communauté et charité volontaire.

Neuf : Retirer l’état de l’éducation.

La plupart, sinon la totalité, des pathologies sociales qui affligent l’Occident contemporain ont leur racine commune dans l’institution de « l’éducation publique ».

Lorsque les premiers pas furent faits, il y a plus de deux siècles, en Prusse, pour compléter et in fine remplacer un système éducatif alors entièrement privé par un système universel d’éducation publique obligatoire, le temps passé (NdT à l’époque) dans les écoles publiques ne dépassait pas quatre ans dans la plupart des cas.
Aujourd’hui, dans tout le monde occidental, le temps passé dans les institutions d’éducation publique est, au minimum, d’une dizaine d’années, et dans de nombreux cas, et de plus en plus, de vingt ou même de trente ans.

C’est-à-dire qu’une grande partie, voire la plus grande partie, de la vie d’une personne est passée dans des institutions financées par l’état et supervisées par l’état, dont le but premier dès l’origine n’est pas d’instruire un public instruit et éclairé, mais de former de « bons soldats » et plus tard de « bons fonctionnaires ».
Pas indépendants et matures, pas des « mündige Bürger » (citoyens adultes), mais des « Staats-Bürger » (NdT citoyens de l’état) bien subordonnés et serviles.

Le résultat ? L’endoctrinement a fonctionné : plus une personne passe de temps au sein du système d’éducation publique, plus elle est attachée aux idées d’égalitarisme de gauche et a englouti de tout cœur et intériorisé la doctrine officielle et l’objectif du politiquement correct.
En effet, et en particulier parmi les enseignants et professeurs de sciences sociales, les personnes ne se considérant pas comme faisant partie de la gauche ont pratiquement cessé d’exister.

Par conséquent, il faut exiger que le contrôle des écoles et des universités soit affranchi du gouvernement central et, dans un premier temps, qu’il soit rendu aux autorités régionales ou mieux encore locales et financées localement, puis finalement qu’il soit complètement privatisé, afin de remplacer un système d’uniformité obligatoire et de conformité par un système d’éducation décentralisée qui reflète la diversité naturelle, la multiplicité et la diversité des talents et des intérêts humains.

Et dix et dernier : Ne faites pas confiance à la politique et aux partis politiques.

Tout comme on ne peut attendre des universités et du monde académique qu’ils jouent un rôle significatif dans une stratégie libertarienne de changement social, rien n’est à espérer de la politique et des partis politiques.

Après tout, le but ultime du libertarianisme est de mettre un terme à toute politique, de placer toutes les relations interpersonnelles et tous les conflits sous droit privé et ses procédures de droit civil.
Certes, dans les conditions actuelles de politique omniprésente, une implication dans la politique et la politique des partis ne peut être entièrement évitée.

Cependant, dans toute implication de ce type, il faut être bien conscient et se prémunir de l’influence corruptrice du pouvoir, de l’attrait de l’argent et des biais qui l’accompagnent.
Et pour minimiser le risque et la tentation qui en découlent, il convient de concentrer ses efforts sur la politique régionale et locale plutôt que nationale, et de promouvoir un programme radical de décentralisation, d’abrogation et de séparation pacifique, de ségrégation et de sécession.

Le plus important, cependant : nous devons tenir compte de la devise de vie de Ludwig von Mises : « Ne pas céder au mal, mais avancer toujours plus hardiment contre lui ».

C’est-à-dire, nous devons l’ouvrir n’importe quand et n’importe où, que ce soit dans des rassemblements formels ou informels, contre quiconque nous affronte avec un désormais trop familier baratin « politiquement correct » et des balivernes de gauche-égalitaire pour répondre sans ambages : « Non, sûrement pas. Vous plaisantez, sans doute ».
Toujours est-il, étant donné le contrôle quasi-total exercé par les élites dirigeantes, le milieu universitaire et les principaux médias, cela demande déjà beaucoup de courage de faire ça.

Mais si nous ne sommes pas assez courageux pour le faire maintenant, donnant ainsi l’exemple aux autres, les choses iront de pire en pire, seront plus dangereuses à l’avenir et nous, la civilisation occidentale et les idées occidentales de liberté et d’autonomie seront effacées et disparaîtront.>>

Fin.

Thursday, October 26, 2017

Hoppe - Traduction du discours PFS 2017 (6)

Sixième partie de ma traduction du discours de H-H.Hoppe à PFS 2017.

49:57 - <
La deuxième source de financement des élites dirigeantes, outre l’argent extorqué au public sous forme d’impôts, provient des banques centrales.
Les banques centrales sont autorisées à créer du papier-monnaie à partir de rien.
Cela réduit le pouvoir d’achat de l’argent et détruit l’épargne des classes moyennes.
Cela ne permet pas et ne peut pas enrichir la société dans son ensemble, mais cela redistribue les revenus et les richesses au sein de la société.

Les premiers bénéficiaires de l’argent nouvellement créé, c’est-à-dire généralement les élites dirigeantes, sont ainsi rendus plus riches et les derniers receveurs, c’est-à-dire le citoyen moyen, sont appauvris.
La manipulation des taux d’intérêt par la banque centrale est la cause des cycles de crises économiques.
La banque centrale permet l’accumulation d’une « dette publique » toujours plus lourde qui est transférée à des futurs contribuables inconnus ou qui est simplement masquée par l’inflation.

Et en tant que pourvoyeurs de la dette publique, les banques centrales sont aussi les pourvoyeurs des guerres.
Cette monstruosité doit cesser et être remplacée par un système de services bancaires libres et compétitifs, fondé sur une véritable monnaie marchande telle que l’or et l’argent.

Cinq : Abolir toutes les lois et réglementations de « discrimination positive » et de « non-discrimination ».

Tous ces textes sont des violations flagrantes du principe de l’égalité devant la loi qui, du moins en Occident, est intuitivement perçu et reconnu comme un principe fondamental de la justice.
En tant que propriétaires privés, les personnes doivent être libres de s’associer ou de se dissocier avec d’autres : inclure ou exclure, intégrer ou ségréguer, rejoindre ou séparer, unifier et incorporer ou désunir, sortir et faire sécession.

Fermez tous les départements universitaires d’étude sur les Noirs, Latino, Femmes, Genres, « Queers » et autres comme incompatibles avec la science et en renvoyer les enseignants comme imposteurs intellectuels ou canailles.
De même, exiger que tous les commissaires à la discrimination positive, les responsables de la diversité des ressources humaines, des universités jusqu’aux écoles et aux maternelles, soient jetés à la rue et forcés d’apprendre un métier utile.

Six : Écrasez la foule « anti-fasciste ».

La trans-évaluation de toutes les valeurs à travers l’Occident, l’invention de toujours plus de « groupes de victimes », la diffusion de programmes de discrimination positive et la promotion incessante du politiquement correct ont conduit à la montée d'une foule « antifasciste ».
Soutenue tacitement et indirectement financée par les élites dirigeantes, cette foule de « Guerriers de Justice Sociale » autoproclamés s’est donnée pour tâche d’intensifier la lutte contre le « privilège blanc » par des actes délibérés de terreur dirigés contre quiconque et tout ce qui est jugé « raciste », de « droite », « fasciste », « réactionnaire », « incurable » ou « non reconstruit ».

De tels « ennemis du progrès » sont agressés physiquement par la foule « anti-fasciste », leurs voitures sont incendiées, leurs biens sont vandalisés et leurs employeurs menacés de devoir les licencier et de ruiner leur carrière – tout cela alors que la police reçoit ordre du pouvoir de « démissionner » et non d’enquêter sur les crimes commis et de poursuivre et punir les criminels.

Devant cet outrage, la colère du public doit être éveillée et il faut des protestations, haut et fort, pour que la police ne soit plus retenue et que cette foule soit battue et se soumette.

Maintenant, voici une requête pour les libertariens liberallala et les « Stupides pour la liberté », qui vont évidemment s’opposer à cette exigence au motif que la police en charge d’écraser la foule « anti-fasciste » est la police d’état.

Une question pour eux : Objectez-vous également, pour les mêmes motifs, à voir la police arrêter des meurtriers ou des violeurs ? Ces tâches légitimes ne seraient-elles pas exécutées de même dans un ordre libertarien par la police privée ?
Et si la police n’a pas le droit de faire quoi que ce soit envers cette foule, n’est-il pas logique alors que la cible de ces attaques, à savoir la soi-disant « droite raciste », doive se charger de donner une correction aux « guerriers de la justice sociale » ?

Sept : Écrasez les criminels de rue et les gangs.

En dérogeant au principe de l’égalité devant la loi et en accordant toutes sortes de privilèges collectifs – sauf au groupe que j’ai évoqué [celui des chrétiens blancs mariés et de leurs familles] - les élites dirigeantes ont en plus renoncé au principe de l’égalité des peines pour un même crime.

Certains groupes aux faveurs de l’état se voient infliger des peines plus clémentes pour le même crime comparé à d’autres, et certains groupes particulièrement appréciés sont tout simplement laissés partir en vrille et restent pratiquement impunis, ce qui favorise effectivement et efficacement le crime.
De même, les zones interdites ont été autorisées à se développer là où les forces de l’ordre ont pratiquement cessé d’exister et où des voyous violents et les gangs de rue ont pris le dessus.

A cette lumière, il faut provoquer la fureur du public et exiger sans équivoque que la police réprime sévèrement tous les voleurs, agresseurs, violeurs et meurtriers, et nettoie impitoyablement tous les secteurs interdits par des gangs violents.>>

A suivre...

Hoppe - Traduction du discours PFS 2017 (5)

Cinquième partie de ma traduction du discours de H-H.Hoppe à PFS 2017.

40:27 - <
Il s’ensuit que la soi-disant stratégie hayékienne du changement social, laquelle envisage la diffusion des vraies idées libertariennes en partant du sommet, des philosophes les plus importants puis de là descendre vers les journalistes et finalement toucher les grandes masses aux cerveaux non lavés, doit être considérée comme fondamentalement irréaliste.

Au contraire, toute stratégie libertarienne réaliste de changement doit être une stratégie populaire.
Autrement dit, les libertariens doivent court-circuiter les élites intellectuelles dominantes et s’adresser directement aux masses pour lever leur indignation et leur mépris des élites dirigeantes.

Et ensuite, alors même que la principale cible d’un message libertarien populaire doit être le groupe des blancs indigènes dépossédés et privés de leurs droits, je crois que ce serait une grossière erreur stratégique de faire de la « blancheur » le critère exclusif sur lequel baser ses décisions stratégiques, comme certaines branches de l’Autre Droite ont suggéré de le faire – bien à tort, je crois.

Après tout, ce sont surtout des hommes blancs qui constituent l’élite dirigeante et qui nous ont imposé le bazar actuel.
Certes, les diverses « minorités » protégées évoquées précédemment tirent pleinement avantage des privilèges légaux qui leur ont été accordés et elles sont devenues toujours plus enclines à demander encore plus de « protection ».

Mais aucune d’entre elles ni toutes ensemble n’ont ni n’avaient les aptitudes intellectuelles qui auraient rendu ce résultat possible, sans leur instrumentation par l’aide quelles ont reçue et reçoivent des hommes blancs.

Maintenant, en reprenant les indices des mouvements de Buchanan, de Ron Paul et de Trump, avançons sur les spécificités d’une stratégie populaire pour le changement libertarien, sans ordre particulier, sauf la première, qui a pris la plus grande urgence dans l’esprit du public.

Un : Cesser l’immigration de masse.

Les vagues d’immigrants qui inondent actuellement le monde occidental l’ont encombré de hordes de parasites de l’assistance, ont apporté des terroristes, augmenté le crime, conduit à la prolifération de zones interdites et ont entraîné d’innombrables « mauvais voisins » qui, en raison de leur éducation, culture et traditions étrangères et étranges, manquent de toute compréhension et appréciation de la liberté et vont forcément devenir de futurs partisans aveugles du bien-être-étatiste.

Personne n’est contre l’immigration et les immigrants en soi. Mais l’immigration doit être sur invitation seulement.
Tous les immigrants doivent être des personnes productives et, par conséquent, être exclus de tous les systèmes d’aide sociale nationaux.

Pour ce faire, leurs hôtes invitant ou eux-mêmes doivent établir un lien avec la communauté dans laquelle ils vont s’installer, lequel doit être confisqué pour conduire à l’expulsion de l’immigrant si un jour il devenait un fardeau public.

De plus, chaque immigrant, partie invitante ou employeur devrait non seulement payer pour les charges ou le salaire de l’immigrant, mais aussi payer la communauté résidentielle pour toute usure supplémentaire de ses installations publiques liée à la présence de l’immigrant, afin d’éviter la socialisation de tous les coûts encourus suite à son installation.

De plus, avant même son admission, chaque immigrant potentiel et invité doit être soigneusement examiné et vérifié non seulement quant à sa productivité mais aussi quant à ses affinités culturelles ou « capacité de bon voisinage » - avec le résultat empiriquement prévisible – mais en aucun cas exclusivement – de candidats immigrants la plupart du temps occidentaux blancs.

Et tout communiste ou socialiste connu, de toute couleur, dénomination ou pays d’origine, doit être exclu de tout installation permanente - à moins que la communauté où l’immigrant potentiel veut s’installer ne sanctionne officiellement le pillage des biens de ses résidents par l’arrivée de nouveaux étrangers, ce qui est pour le moins très peu probable, même au sein des communautés communistes déjà existantes.

Maintenant, un bref message à tous les libertariens « open-border » (NdT pro-ouverture des frontières) et liberallala, qui vont sûrement étiqueter cela, vous l’avez deviné, comme « fasciste ».

Dans un ordre libertarien entièrement privatisé, il n’existe pas de droit à l’immigration libre.
La propriété privée implique des frontières et le droit du propriétaire d’exclure à volonté.
Et la « propriété publique » a elle aussi des frontières. Elle n’est pas sans propriétaire.
Elle est la propriété des contribuables nationaux et certainement pas la propriété des étrangers.

Et s’il est vrai que l’état est une organisation criminelle et que lui confier la tâche du contrôle des frontières entraînera inévitablement de nombreuses injustices tant pour les résidents nationaux que pour les étrangers, il est également vrai que l’état fait quelque chose lorsqu’il décide de ne rien faire en matière de contrôle des frontières et que, dans les circonstances actuelles, si l’état devait ne faire aucun contrôle des frontières, cela conduirait à des injustices encore plus graves que toute autre politique, en particulier pour les citoyens nationaux.

Deux : Cesser d’attaquer, de tuer et de bombarder les gens dans les pays étrangers.

Une cause principale, même si elle n’est pas la seule, de l’invasion actuelle des pays occidentaux par des hordes d’immigrants étrangers, vient des guerres initiées et menées au Moyen-Orient et ailleurs par les élites dirigeantes américaines et leurs élites marionnettes occidentales.

De plus, les attaques terroristes omniprésentes apparaissant désormais « normales », au nom de l’islam à travers le monde occidental, sont en grande partie un « retour de flamme » de ces guerres et du chaos qui s’ensuit dans tout le Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Il ne devrait y avoir aucune hésitation de notre part à nommer ces dirigeants occidentaux comme responsables de ce qu’ils sont : des meurtriers ou des complices d’un meurtre de masse.
Nous devons exiger et hurler au contraire en faveur d’une politique étrangère de strict non-interventionnisme.

Nous retirer de toutes les organisations internationales et supranationales telles que les Nations Unies, l’OTAN et l’Union européenne qui intriguent et poussent les pays à se mêler des affaires intérieures des autres.
Cesser toute aide de gouvernement à gouvernement et interdire toutes vente d’armes à des états étrangers.

Allons vers l’Amérique d’abord !, l’Angleterre d’abord !, l’Allemagne d’abord !, l’Italie d'abord !, la Turquie d’abord !, et la Petite Bavière d’abord ! et la Vénétie d’abord ! et ainsi de suite.
Chaque pays échange avec les autres et personne n’intervient dans les affaires intérieures de quelqu’un d’autre.

Trois : Défaire les élites dirigeantes et leurs gardes du corps intellectuels.

Exposer et rendre largement public les somptueux salaires, avantages, retraites, pots-de-vin et dessous de table reçus par les élites dirigeantes : par les hauts fonctionnaires et les bureaucraties gouvernementales, les cours suprêmes, les banques centrales, les services secrets et les agences d’espionnage, par des politiciens, parlementaires, chefs de partis, par les conseillers politiques et consultants, par les capitalistes pourris, les « éducateurs publics », les présidents d’universités et leurs directeurs, et les « vedettes » universitaires.

Faire connaître le fait que toute leur gloire étincelante et leur luxe sont financés par de l’argent extorqué aux contribuables, et par conséquent insister pour que toutes les taxes soient réduites : impôts sur le revenu, impôts fonciers, taxes sur la vente, droits de succession et ainsi de suite.>>

A suivre...

Wednesday, October 25, 2017

Hoppe - Traduction du discours PFS 2017 (4)

Quatrième partie de ma traduction du discours de H-H.Hoppe à PFS 2017.

31:08 - <« humanitaire » de Tucker a été adopté par l’ensemble de la foule des libertariens libérallala.

Pourtant, hors des terres de la fantaisie égalitaire, dans le monde réel, les libertariens doivent avant tout être réalistes et reconnaître dès le départ, comme le fait l’Autre Droite, l’inégalité non seulement des individus mais aussi des différentes cultures comme étant une donnée irréversible de l’existence humaine.

Nous devons de plus reconnaître qu’il existe beaucoup d’ennemis à la liberté tels que définis par le libertarianisme et que ce sont eux, et non nous, qui sont aux commandes des affaires du monde.
Que dans bien des endroits du monde contemporain leur contrôle de la masse est si abouti que les idées de la liberté et pour un ordre social libertarien sont pratiquement inconnues ou vues comme impensables – sauf comme exercice intellectuel ou gymnastique mentale pratiqué par quelques individus « exotiques ».

Et que ce n’est principalement qu’en Occident, c’est-à-dire dans les pays de l’Europe occidentale et centrale et dans les territoires établis par ses peuples, que l’idée de la liberté est si profondément enracinée que ces ennemis peuvent encore y être ouvertement contestés.
En limitant ainsi nos considérations stratégiques uniquement à l’Occident, nous pouvons identifier, à peu près comme l’a fait l’Autre Droite, les acteurs agences suivants comme nos principaux ennemis.

Ce sont avant tout les élites dirigeantes qui contrôlent l’appareil d’état et, en particulier, ce qu’on appelle « l’état profond » (« Deep State ») ou la soi-disant « cathédrale » de l’armée, des services secrets, des banques centrales et des cours suprêmes.
Cela comprend également les patrons du complexe militaro-industriel, c’est-à-dire des entreprises privées qui doivent leur existence même à l’état comme client exclusif ou dominant de leurs produits, ainsi que les dirigeants des grandes banques commerciales, lesquels doivent leur privilège de création de monnaie et de crédit à partir de rien à l’existence de la banque centrale et à son rôle de « prêteur de dernier recours ».

Ensemble, c’est-à-dire l’état, les grandes entreprises et les grandes banques, ils constituent une « société d’admiration mutuelle » extrêmement puissante, même si minuscule, qui déleste l’énorme masse de contribuables et vit la vie de château sur leur dos.

Le deuxième groupe d’ennemis, beaucoup plus vaste, comporte les intellectuels, les éducateurs et les « éducrates », des plus hauts niveaux universitaires jusqu’au niveau des écoles élémentaires et des maternelles.
Financés presque exclusivement, directement ou indirectement, par l’état, ils sont, dans leur écrasante majorité, devenus les instruments dociles et les bourreaux volontaires aux mains de l’élite dirigeante et ses desseins de pouvoir absolu et de contrôle total.

Et troisièmement, il y a les journalistes des médias grand public, comme produits dociles du système « d’éducation publique », et bénéficiaires cupides et vulgarisateurs de « l’information » gouvernementale.

Ensuite, tout aussi important dans le développement d’une stratégie libertarienne est la question immédiatement suivante : Quelles sont les victimes ?

Voilà, la réponse libertarienne standard est ainsi : les contribuables, par opposition aux consommateurs d’impôts (NdT que sont les politiciens, fonctionnaires et bureaucrates).

Pourtant, bien que cela soit globalement correct, ce n’est qu’une partie de la réponse, et les libertariens pourraient bien tirer leçon à cet égard de la part de l’Autre Droite.
Car outre l’aspect économique assez étroit, il y a aussi un aspect culturel plus large qui doit être pris en compte dans l’identification des victimes.

Afin d’étendre et d’accroître leur pouvoir, les élites dirigeantes mènent depuis de nombreuses décennies ce que Pat Buchanan a identifié comme une « guerre culturelle » systématique, visant à la trans-évaluation de toutes les valeurs et à la destruction de tout l’aspect naturel, ou si vous préférez, l’aspect « biologique », des liens sociaux et des institutions telles que la famille, les communautés, les groupes ethniques et les nations généalogiquement apparentées, ceci afin de créer intrinsèquement une population de plus en plus atomisée, dont la seule caractéristique commune et lien unificateur soit sa dépendance existentielle commune à l’état.

Le premier pas dans cette direction, fait il y a déjà plus d’un demi-siècle ou même plus, fut l’introduction de « l’assistance publique » et de la « sécurité sociale » (NdT vision américaine).
Ainsi, les plus basses classes et les personnes âgées ont été transformées en dépendants à l’état et la valeur et l’importance de la famille et de la communauté ont été d’autant diminuées et affaiblies.

Plus récemment, d’autres mesures plus poussées en ce sens ont proliféré.
Une nouvelle « victimologie » a été proclamée et mise en avant.
Les femmes, en particulier les mères célibataires, les Noirs, les Browns, les Latinos, les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels ont obtenu le statut de « victimes » et ont obtenu des privilèges juridiques par des décrets de non discrimination ou de discrimination positive.

De même, tout récemment, de tels privilèges ont été aussi étendus aux immigrés étrangers, qu’ils soient légaux ou illégaux, pourvu qu’ils appartiennent à une des catégories juste évoquées ou qu’ils soient adeptes de religions non chrétiennes tel que l’Islam, par exemple.

Le résultat ? Non seulement le problème précédent du « mauvais voisin » n’a pas été évité ou résolu, mais il a été systématiquement encouragé et intensifié.
L’homogénéité culturelle a été détruite et la liberté d’association, la ségrégation physique volontaire et la séparation des différents peuples, communautés, cultures et traditions ont été remplacées par un système omniprésent d’intégration sociale forcée.

De plus, chaque groupe de « victimes » évoqué a ainsi été opposé à tous les autres, et tous ont été opposés aux hommes blancs, hétérosexuels et chrétiens, en particulier ceux qui sont mariés et ayant des enfants, vus comme le seul group restant de soi-disant « victimisants » sans protection légale.
De là, à la suite de la trans-évaluation de toutes les valeurs promues par les élites dirigeantes, le monde a littéralement été mis sens dessus dessous.

L’institution de la famille avec un père, une  mère et leurs enfants, qui a constitué la base de la civilisation occidentale, comme la plus libre, la plus industrieuse, ingénieuse et aboutie des civilisations connues de l’humanité, c’est-à-dire l’institution même et le peuple qui a apporté le plus de bien dans l’histoire humaine – certes il a fait beaucoup de mauvaises choses – ce groupe a été officiellement stigmatisé et vilipendé comme la source de tous les maux sociaux et il a été fait le groupe le plus défavorisé, même persécuté par la politique continue du « diviser pour mieux régner » menée par les élites ennemies.

Ainsi donc, compte tenu de l’univers actuel des affaires, toute stratégie libertarienne prometteuse doit, tout juste comme l’Autre Droite l’a reconnu, être avant toute chose adaptée à et ciblée vers ce groupe des gens les plus gravement victimisées.

Les couples blancs chrétiens mariés avec des enfants, en particulier s’ils font aussi partie de la catégorie des contribuables – plutôt que des consommateurs fiscaux - et tous ceux qui ressemblent le plus ou se reconnaissent dans cette forme standard d’ordre social et d’organisation devraient être en toute logique l’auditoire le plus réceptif au message libertarien – alors que le soutien le moindre devrait venir des groupes les plus « protégés » comme, par exemple, les mères noires musulmanes célibataires sous assistance sociale.

Compte tenu de cette multitude d’ennemis-malins face à victimes dans l’Occident contemporain, je peux maintenant en venir à la tâche finale d’essayer de définir une stratégie libertarienne réaliste de changement social.>>

A suivre...

Tuesday, October 24, 2017

Hoppe - Traduction du discours PFS 2017 (3)

Troisième partie de ma traduction du discours de H-H.Hoppe à PFS 2017.

20:37 - <
Pourtant, ce fait ne doit nous mener à l’erreur de l’ignorer, car l’Autre Droite a fait ressortir de nombreux éclairages d’importance capitale à la recherche d’une réponse aux deux questions que j'ai évoquées plus tôt et qui traditionnellement posent difficulté aux libertariens à répondre.

A savoir, comment maintenir un ordre libertarien ? Et comment voir aboutir un tel ordre à partir du statu quo actuel non-libertarien ainsi diagnostiqué ?
L’Autre Droite n’a pas découvert ces perspectives. Elles ont été posées bien avant et, en fait, pour une large part, elles ne sont guère que du bon sens.
Mais ces derniers temps, de telles idées se sont vues noyées sous des montagnes de propagande égalitaire gauchiste et l’Autre Droite doit être saluée pour les avoir remises à la lumière.

Pour illustrer l’importance de ces sujets, permettez-moi de traiter la première question laissée sans réponse.
De nombreux libertaires sont de l’avis que la seule chose nécessaire pour maintenir un ordre social libertarien est la stricte application du principe de non-agression (NdT dit « NAP »pour Non-Agression Principle). Autrement dit, tant qu’on s’abstient de toute agression, selon leur point de vue, le principe du « vivre et laisser vivre » devrait être la règle.

Pourtant, si ce « vivre et laisser vivre » semble attrayant à les adolescents en rébellion contre l’autorité parentale et toutes les conventions sociales et autre contrôle (et je dois d’ajouter que beaucoup de jeunes ont été initialement attirés vers le libertarianisme sur la base que « vivre et laisser vivre » est tout ce que le libertarianisme a à offrir), et même si ce principe prévaut en effet et s’applique à des personnes vivant loin les unes des autres et n’interagissant qu’indirectement et de loin, il n’en va pas de même, ou plutôt il est insuffisant quand il s’agit de personnes vivant en proche proximité, comme voisins et cohabitants de la même communauté.

Un exemple simple suffit à exprimer l’idée. Supposons un nouveau voisin juste à côté.
Ce voisin n’agresse ni votre propriété ni vous-même en aucune façon, mais c’est simplement un « mauvais » voisin.
Il jette ses détritus sur sa propriété voisine, devenant un tas d’ordures, par exemple : à l’extérieur, sans se cacher de vous, il pratique l’abattage rituel d’animaux.
Ou bien, il transforme sa maison en « maison de joie », en bordel, avec des clients qui vont et viennent toute la journée et toute la nuit.
Ou bien, il n’offre jamais un coup de main et ne tient jamais aucune promesse faite.
Ou encore, il ne peut pas ou bien il refuse de vous parler dans votre propre langue.
Et ainsi de suite et ainsi de suite.

Nous avons tous des expériences de combien la vie peut devenir mauvaise avec de mauvais voisins.
Ainsi, votre vie est devenue un cauchemar.
Pourtant, vous ne pouvez pas utiliser la violence contre lui, parce qu’il ne vous a pas agressé.
Dès lors, que pouvez-vous faire ?

Vous pouvez bien sûr l’éviter et le boycotter.
Mais supposons que votre voisin m’en a cure.
Ou du moins, que vous seul le « punissiez » ainsi le laisse plutôt ou pleinement indifférent.
Il vous faut l’autorité communautaire respectée, ou vous devez vous tourner vers quelqu’un qui a cette autorité communautaire, pour persuader et convaincre tout le monde ou au moins la plupart des membres de votre communauté de faire de même et de faire du mauvais voisin un proscrit social, pour exercer une pression suffisante sur lui pour qu’il vende ses biens et qu’il parte.

Voilà, au temps pour ces libertariens qui, en plus de leur devise « vivre et laisser vivre », glorifient aussi l’idéal de « respecter aucune autorité », « respecter aucune hiérarchie », « ne respecter personne au-dessus de soi ».
Arrivons-en à la leçon.

La cohabitation pacifique des voisins et des personnes en contact direct et régulier les uns avec les autres sur un territoire – c’est-à-dire un ordre social tranquille et convivial – exige aussi le partage d’une culture, d’une langue, d’une religion, de coutumes et de conventions.

Il peut y avoir coexistence pacifique de cultures différentes sur des territoires lointains et physiquement séparés, mais le multiculturalisme, l’hétérogénéité culturelle ne peuvent pas exister dans un seul et même lieu sans entraîner une confiance sociale réduite, une tension accrue et finalement l’appel à un « homme fort » et à la destruction de tout ce qui ressemble à un ordre social libertarien.

Et de plus : Tout comme un ordre libertarien doit toujours se méfier des « mauvais » voisins (même non agressifs) par boycott social, c’est-à-dire par une culture commune du « vous n’êtes pas les bienvenus ici », de même et en effet avec plus de vigilance encore, doit-il être préservé des voisins qui défendent ouvertement le communisme, le socialisme, le syndicalisme ou la démocratie sous quelque forme que ce soit.

Ces personnes, en constituant ainsi une menace ouverte à tous les propriétaires et propriétés privées, doivent non seulement être évitées, mais elles doivent, pour utiliser un « Hoppe-meme » désormais célèbre, être « physiquement enlevées », si nécessaire avec violence, et forcées de partir pour d’autres pâturages.

Ne pas le faire conduit inévitablement à…  eh bien, le communisme, le socialisme, le syndicalisme ou la démocratie et donc, le contraire même d’un ordre social qui peut se dire libertarien.
Avec ces idées « de droite » ou, comme je dirais, de plein bon sens, je me tourne maintenant vers la question plus difficile du passage d’ici, c’est-à-dire du statu quo vers la cible.

Et pour cela, il pourrait être instructif en premier de considérer brièvement la réponse donnée par les Liberallala (« paix-amour-et-liberté »), les « Friede-Freude-Eierkuchen » (paix, joie et crêpes) ou les libertariens du capitalisme-est-amour.

Parce cela révèle le même égalitarisme fondamental, même si sous une forme légèrement différente, que celle affichée aussi par les libertariens « vivre-et-laisser-vivre ».
Ces libertariens du « vivre-et-laisser-vivre », comme je viens de tenter de le montrer, définissent ce qu’on pourrait appeler le « problème du mauvais voisin » - et ce qui est en fait bien sûr un simple raccourci vers le problème général posé par la coexistence de cultures distinctement différentes, étrangères, mutuellement dérangeantes, agaçantes, étranges ou hostiles - ils ont simplement décidé que ce problème n’auvait pas d’existence, parce qu’ils supposent que tous les gens sont exactement les mêmes, toutes les cultures sont les mêmes, et si cela est vrai, alors un « problème du mauvais voisin » ne peut tout simplement pas exister.

Le même égalitarisme, ou comme les libertariens liberallala préfèrent s’appeler eux-mêmes, l’esprit « humanitaire », intervient aussi dans leur réponse à la question d’une stratégie libertarienne.
En un mot, ce qu’ils conseillent est ceci : Soyez gentil, parlez à tout le monde - et alors, à long terme, les arguments libertariens, parce que meilleurs, l’emporteront.

Pour illustrer, prenons mon ancien ami devenu un ennemi, Jeffrey Tucker, qui nous donne ses cinq « A ne pas faire » quand on parle de Liberté : ("Don'ts When Talking Liberty").

Et je cite, ce sont :
« D’abord, ne soyez pas belliqueux. Deuxièmement, ne présumez pas la haine de la liberté. Trois, ne supposez pas de buts différents. Quatre, ne présagez pas l’ignorance. Et cinq, ne voyez en personne un ennemi. »
Ce sont les [cinq] « à ne pas faire ».

Maintenant, indépendamment du fait que Tucker ne semble pas suivre son propre conseil dans sa condamnation belliqueuse de toute l’Autre Droite comme fascistes haïssant la liberté, je trouve ses exhortations vraiment stupéfiantes.

Cela peut être de bons conseils envers des personnes venant de surgir de nulle part, sans histoires retraçables, mais envers de vraies gens avec une histoire patentée, ils me semblent désespérément naïfs, irréalistes et carrément contre-productifs - contre-productifs pour la poursuite des buts libertariens.

Car pour ma part - et j’imagine que tous les autres ici – je connais et j’ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie qui sont ignorants, qui ont des buts différents, non-libertariens, et qui détestent la liberté telle que la comprennent les libertariens - et pour quelle raison au monde devrais-je ne pas considérer ces gens comme des imbéciles ou des ennemis ?

Et pourquoi ne devrais-je pas détester et ne pas être belliqueux vis-à-vis de mes ennemis ?
Sous l’angle de la stratégie libertarienne, je pense que le conseil de Tucker doit être considéré comme une mauvaise blague.>>

A suivre...

Monday, October 23, 2017

Hoppe - Traduction du discours PFS 2017 (2)

Première suite de ma traduction du discours de H-H.Hoppe à PFS 2017.

11:21 : < Mais la doctrine libertarienne n’implique que peu quant aux deux questions suivantes.

Premièrement, comment maintenir un ordre libertarien une fois qu’on l’a atteint ?
Et plus important, en second, comment atteindre un ordre libertarien à partir d’un point de départ non libertarien, ce qui exige d’un côté qu’on décrive correctement le point de départ et ensuite qu’on identifie correctement les obstacles posés sur le chemin de l’objectif libertarien par ledit point de départ.

Pour répondre à ces questions, en plus de la théorie il faut quelque connaissance en psychologie humaine et en sociologie, ou du moins un soupçon de bon sens.
Pourtant bien des libertariens et faux libertariens sont tout ce qu’il y a d’ignorants en psychologie humaine et en sociologie, voire même dénués de tout bon sens.
Ils acceptent aveuglément malgré tout indice empirique, une vue égalitaire, comme « page blanche » de la nature humaine, c’est-à-dire que tous les peuples et toutes les sociétés et toutes les cultures sont essentiellement égaux et interchangeables.

Ensuite, alors qu’une large part du libertarianisme contemporain peut être caractérisé comme théorie sans psychologie ni sociologie, beaucoup voire l’essentiel de l’Autre Droite peut être décrit par contraste comme psychologie et sociologie sans aucune théorie.

Les “Autre Droitiers” / Alt-Righters ne sont pas unis autour d’une même théorie commune.
Et il n’existe rien, rien qui ne ressemble même à peine à un texte canonique définissant son objet.
Au contraire, l’Autre Droite est essentiellement unie par sa description du monde contemporain et en particulier des USA et du soi-disant monde occidental ainsi que par l’identification et le diagnostic de ses pathologies sociales.

En fait, il a été noté avec justesse que l’Autre Droite est bien plus unie par ce à quoi elle s’oppose que par ce qu’elle soutient.
Elle est contre, et en effet elle déteste avec passion, les élites contrôlant l’état, les médias « mainstream » (« officiels ») et l’université.
Et pourquoi cela ? Parce que l’état, les médias « officiels » et l’université font tous la promotion de la générosité sociale pathologique.

Ainsi, ils font la promotion, que l’Autre Droite conteste vigoureusement, de l’égalitarisme, de la discrimination positive, des lois anti-discrimination, du multiculturalisme, et de l’immigration libre de masse comme moyen de faire aboutir ce multiculturalisme.

Egalement, l’Autre Droite dénigre toutes les marques du marxisme culturel ou du gramscisme – du nom d’Antonio Gramsci, le communiste italien.
Et ils détestent tout politiquement correct – avec raison stratégique, je pense – et ignore superbement et sans apologie toutes les accusations de racisme, sexisme, élitisme, suprémacisme, homophobie, xénophobie et ainsi de suite.

Et l’Autre Droite se moque aussi comme désespérément naïf de l’axe programmatique de soi-disant libertariens tels que les « Students for Liberty » - que j’ai dénommés les Stupides pour la Liberté – et que mon jeune ami Allemand André Lichtlag a qualifié de libertariens « libérallala » et leur slogan « Paix, Amour et Liberté » (“Peace, Love and Liberty”), que Lichtlag a traduit avec pertinence en Allemand par les libertariens “Friede, Freude, Eierkuchen” (NdT : « paix, joie et crêpes », expression allemande qui décrit une société superficiellement intacte, apparemment pacifique, à la façade propre, mais qui exprime plus les problèmes qu’elle ne les résout.).

En fort contraste, les Autres Droitiers insistent pour rappeler que la vie est faite de luttes, de haine, de dureté et de combat, pas juste entre individus, mais aussi entre différents groupes de gens agissant de concert.

Un certain “Millennial Woes” (NdT « détresses du millénaire ») – son pseudonyme, son vrai nom étant Colin Robertson – a ainsi je trouve spécialement résumé l’Autre Droite avec concision, je cite :

“L’égalité est de la merde. La hiérarchie est essentielle. Les races sont différentes. Les sexes sont différents. La moralité importe et la décadence est réelle. Toutes les cultures ne sont pas égales et nous ne sommes pas obligés de penser qu’elles le sont. L’homme est une créature déchue et la vie est faite de plus qu’un simple matérialisme creux. Enfin, la race blanche compte, et la civilisation est précieuse. C’est cela l’Autre Droite.”
Fin de citation.

Ensuite, en l’absence de toute théorie unifiée néanmoins, il y a bien moins d’accord au sein de l’Autre Droite quant au but qu’elle désire atteindre in fine.
Plusieurs de ses inspirateurs ont de clairs penchants libertariens, notamment ceux qui sont venus ici (NdT Conférences PFS) – ce qui est bien sûr la raison même de les y avoir invités.
Même s’ils n’étaient pas à 100% sur nos idées.
Tous les Autre Droitiers qui ont apparu parmi nous par exemple étaient familiers de Rothbard et de ses travaux.

Alors même que le candidat le plus récent à la présidentielle du parti libertarien américain (Libertarian Party) n’avait jamais même entendu le nom de Rothbard.
Tous – ceux que j’ai fait venir ici – à ma connaissance – étaient des soutiens déclarés de Ron Paul durant sa campagne pour la primaire du parti Républicain pour la nomination comme candidat à la présidentielle. Tous.

Pendant ce temps, beaucoup de libertariens auto-proclamés attaquaient et tentaient de vilipender Ron Paul pour – et vous savez déjà ce qui suit – ses « vues racistes ».
Cependant, plusieurs des leaders de l’Autre Droite et beaucoup de ses sympathisants à divers degrés ont eux aussi adopté des vues incompatibles avec le libertarianisme.

Comme Buchanan avant eux, et Trump désormais, ils sont inflexibles sur le besoin d’une politique d’immigration restrictive, très sélective et discriminante – ce qui est entièrement compatible avec le libertarianisme et son but de liberté d’association et son opposition à l’immigration forcée.

Beaucoup d’entre eux proposent de combiner cette politique à une politique marquée de restriction du commerce international, de protectionnisme économique et de barrière douanière – ce qui est bien sûr une antithèse du libertarianisme et nuisible à la prospérité humaine.

Je voudrais me presser d’ajouter cependant que malgré mes critiques envers ses compétences économiques, je continue de voir en Pat Buchanan un homme très bien.
D’autres sont allés bien plus loin encore, tel Richard Spencer, qui le premier a popularisé le terme de Autre Droite / « Alt-Right ».

Entretemps, du fait de plusieurs acrobaties médiatiques, qui lui ont apporté quelque notoriété aux USA, Spencer a atteint le point ou prétendre être le leader maximo d’un mouvement unifié soi-disant puissant – une péripétie qui d’ailleurs a été ridiculisée par Taki Theodoracopulos – « Taki Man » – un vétéran du mouvement paléo-conservateur devenu Autre Droite et ancien employeur de Spenser.

Quand Spencer vint en ce lieu, il y a plusieurs années, il démontrait encore de forts penchants libertariens. Malheureusement hélas, cela a changé et voilà que Spencer dénonce, sans plus de qualification, tous les libertariens et tout ce qui est libertarien jusqu’à aller se complaire du socialisme, pourvu que ce soit un socialisme pour et par les seuls blancs.

Vous imaginez aisément ma déception.>>

A suivre...

Un parti libertarien pourquoi faire déjà ?

Je trouve ce soir dans mon mail une ‘newsletter’ du jeune ‘parti libertarien’ avec une tribune de son président, que je reproduis ci-dessous.

Bel exemple de démagogie et de pragmatisme, il va sur des thèmes classiques et éculés depuis des années entre « libéraux » en France : nous sommes tous des libéraux, mais nous sommes divisés, divisés nous ne pouvons rien, unissons-nous car finalement nous sommes proches, et vu que le communisme gagne, il faut nous unir pour agir, c’est plus important que les guerres de chapelles, et bien sûr nous unir ça veut dire nous unir derrière celui qui fait la promotion de l’idée.

Voilà résumé le « mot du président » en un paragraphe, vous pouvez éviter une nausée de plus. Car hélas, voilà la bien l’un des pires messages qu’on pouvait imaginer de la part de « libertariens ».

On me dira que pour ma part à l’inverse, je fais tout pour nous diviser et que donc je démontre la pertinence de ce type d’appel à l’union sacrée.

Permettez-moi juste de poser quelques questions :

  • Si c’est pour finir par appeler à l’union, à quoi cela servait-il de créer encore un autre parti et donc de fragmenter un peu plus les positions « libérales » ? Allez voir le PLD plutôt.
  • Si c’est pour prendre des positions libérales, pourquoi dénommer le partir « libertarien » ?
  • Il paraît que nous nous avons en commun un « essentiel » sur lequel nous pourrions nous « rassembler » ; mais alors quel est-il est comment se fait-il qu’il ne soit déjà explicité et que personne n’ait encore réussi à faire ce rassemblement qui serait pourtant une évidence ?
  • Il s’agirait de « gagner le combat médiatique », mais comment faire pour ne pas être assimilé alors à tous ceux qui tentent de faire la même chose, j’ai nommé les hommes politiques ?
  • Il paraît qu’il y a un « agenda très précis à respecter » pour être « indolore ». Mais ne sommes-nous pas des individualistes, et donc n’avons-nous pas tous et chacun une vue très différente de ce qui peut être « indolore » ou pas, par exemple ? Approche collectiviste.
  • Si le pessimisme les gagne déjà, puisque « aucun changement ne sera possible » autrement, comment peut-on faire leur confiance pour mobiliser et guider une « union » sur le long terme comme le suppose la lutte farouche nécessaire vue la gravité de la situation ?

Je ne sais si c’est fortuit, probablement pas, mais ce message arrive alors qu’il y a quelques jours à peine, Hans-Hermann Hoppe, leader à penser des libertariens « durs » dirais-je, venais de produire un discours maquant et tranché où il fustige tous les pseudos libéraux et faux libertariens, proposant de plus une stratégie politique très ciblée pour surfer sur la lame de fond du bon sens populaire.

Or H-H.Hoppe ne propose pas aux libertariens de s’allier avec les Républicains ni même avec les faux libéraux ou libéraux de gauche. Il ne propose pas non plus d’aller prendre les médias d’assaut, ni de suivre à l’envers la « route de la servitude ». Il propose une stratégie populaire et populiste.

Je ne suis pas en train d’affirmer que HHH a toujours et forcément raison. Mon objet est de rappeler que l’idée même de nous dénommer et de nous afficher libertariens, c’est de sortir de l’image trop entachée et mollassonne des libéraux, sinon du libéralisme, pour gagner l’opinion « des gens » sur la base d’idées claires, tranchées – les idées libérales authentiques. L’union n’est donc pas un préalable, ni ne peut l’être. Elle sera la conséquence si nous portons nos idées avec force et conviction.

Message original reçu :

« Quotidiennement nous rencontrons des libéraux, affirmés ou pas, d’une école ou d’une autre, en tout état de cause des personnes qui ont le même constat que nous sur l’état de notre société.
Aujourd’hui les personnes de sensibilité libérale pensant que l’état est trop présent dans la sphère privée, que les règlementations paralysent le pays et que la fiscalité est punitive sont légion.
Mais nous constatons que lorsqu’il s’agit d’entrer en action que ce soit au sein d’un parti politique comme le nôtre ou par quelques autres moyens, ces personnes de sensibilité très proche s’écharpent sur des points qui, à ce jour, sont des points de détail.
Certains libéraux vont vouloir que l’état se cantonne à ses missions régaliennes, d’autres vont vouloir instaurer des chèques sociaux dédiés, les anarchistes eux ne veulent accepter aucune alliance avec ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis, etc …
Les sensibilités libérales sont infinies et cette diversité qui devrait être une force est pour l’instant notre principale faiblesse.
Dans l’état actuel de la France, qui sombre dans une sorte de « communisme light », nous sommes très loin des préoccupations citées ci-dessus.
Nous pensons qu’il est urgent d’agir afin d’arrêter cette spirale infernale et nous sommes quasiment tous d’accord sur les premières étapes à mettre en place.
Car il faut bien comprendre que même si nous arrivions demain au pouvoir, il faudrait de nombreuses années avant de s’approcher d’une société libre et d’enfin pouvoir confronter nos idées sur ce que doit être, in fine, une société de liberté.
Nous partons de tellement loin que la transition doit être progressive, il y a un agenda très précis à respecter si nous souhaitons que le changement de régime soit indolore et fonctionne.
Ces guerres de chapelles entre libéraux sont actuellement contre productives.
Nous lançons donc un appel à toutes les sensibilités libérales, arrêtons de nous diviser sur des points de détail et rassemblons-nous sur l’essentiel, rassemblons-nous sur le changement de paradigme que nous appelons tous de nos vœux.
Toutes les tendances libérales doivent s’unir et mettre de côté leurs idéaux, si nous sommes divisés aucun changement ne sera possible et le collectivisme continuera d’avancer jusqu’à l’effondrement du système.
Une fois que les défenseurs de la liberté se seront unis, que nous aurons gagné le combat médiatique, que nous aurons montré à tous l’injustice et l’inefficacité du pouvoir politique centralisé et du collectivisme, que nous aurons remis au centre du discours politique la liberté et la propriété, que la société sortira enfin de la route de la servitude et empruntera le chemin de la liberté alors à ce moment-là, et pas avant, nous pourrons nous écharper gaiement sur tous ces sujets passionnants qui nous tiennent tant à cœur. »

Sunday, October 22, 2017

Hoppe - Traduction du discours PFS 2017 (1)

Hans-Hermann Hoppe a prononcé à l'automne 2017 lors de la conférence PFS 2017 un discours d’importance qui rappelle les bases de la théorie libertarienne, clarifie la position vis-à-vis de la droite "dure" Américaine (Alt-Right) et surtout donne un élan de stratégie pour le mouvement libertarien face à la poussée des antifas et social justice warriors.

J’en propose une transcription traduite en plusieurs parties. Voici les 11 premières minutes.

<Nous connaissons tous le sort des termes "libéral" et "libéralisme".
Il a été attribué à tant de gens différents et de positions différentes qu’il a perdu tout son sens et est devenu une étiquette vide non distinctive.
Et le même sort, je crains, menace désormais de plus en plus les termes "libertarien" et "libertarianisme" qui furent inventés pour retrouver en partie la précision conceptuelle perdue avec la fin des termes "libéral" et "libéralisme".

Cependant, l’histoire du libertarianisme moderne est très jeune.
Elle débuta en fait dans le séjour de Murray Rothbard et pris son expression quasi-canonique dans son livre "For a New Liberty" (Pour une nouvelle liberté, un manifeste libertarien), publié en 1973.
Mais le mouvement libertarien ne comptait initialement guère qu’une dizaine de personnes, entrant dans le séjour de Murray Rothbard.
Et du fait du jeune âge du libertarianisme, je garde espoir et ne suis pas prêt à abandonner le terme tel que défini et expliqué par Rothbard avec une clarté et une précision sans égales.
Tout cela alors qu’on ne compte pas les tentatives de soi-disant libertariens à brouiller les pistes et s’approprier le mot juste de libertarianisme pour quelque chose de totalement différent.

Le coeur théorique et irréfutable de la doctrine libertarienne est simple et sans détours et je l’ai déjà expliqué ici à maintes reprises.
S’il n’y avait aucune rareté en ce monde, les conflits entre humains, ou plus précisément les affrontements physiques, seraient impossibles.
Les conflits interpersonnels sont toujours des conflits relatifs à des choses rares. Je veux faire A avec une chose particulière et tu veux faire B avec cette même chose.
Et du fait de tels conflits, et parce que nous sommes capables de communiquer et de nous opposer des arguments, nous cherchons des normes de comportement dans le but d’éviter ces conflits.
Le but des normes est d’éviter les conflits.
Si nous ne cherchions pas à éviter les conflits, la recherche de normes de comportement serait sans logique.
Nous nous limiterions à nous battre et à survivre.

Mais en l’absence d’une harmonie parfaite des intérêts, les conflits relatifs aux ressources rares ne peuvent être évités qu’à condition de les attribuer comme propriété privée exclusive à quelque individu ou groupe d’individus précis.
Ce n’est qu’alors que je peux agir avec mes propres choses sans dépendance envers toi et tes propres choses, sans arriver à l’affrontement physique.
Mais qui possède quelle ressource comme propriété privée, ou non ?
En premier, chaque personne possède son corps physique qu’elle et elle seule contrôle directement.
Ensuite, quant aux ressources de seul contrôle indirect, elles doivent être acquises via notre corps, donné par la nature et ensuite approprié, le contrôle ou la propriété exclusif/ve est attribué à la personne qui s’est appropriée la ressource en premier, ou qui l’a acquise du propriétaire précédent via un échange volontaire et libre de conflit.
Car seul le premier à s’approprier la ressource et tous les propriétaires suivants lui étant connectés par une chaîne d’échanges volontaires peuvent l’acquérir et en obtenir le contrôle sans conflit c’est-à-dire pacifiquement.
Autrement, si le contrôle exclusif est attribué aux derniers arrivants, les conflits sont inévitables et à l’inverse de l’objet même des normes, rendus inévitables et permanents.

Certes, face à cet auditoire, il n’est pas besoin d’aller plus en détails, sauf pour ajouter ceci.
Si vous voulez vivre en paix avec d’autres et éviter tout affrontement physique, et quand de tels affrontements se produisent, vous cherchez à les résoudre pacifiquement, vous ne pouvez être qu’anarchiste ou l’avocat d’une société de loi privée, ou plus précisément vous devez être un ‘anarchiste de la propriété privée’, un anarcho-capitaliste ou comme je le disais un avocat d’une société de loi privée.

Et ainsi par implication - et sans beaucoup plus de vent - n’est pas libertarien - ou tout au plus un faux libertarien - quiconque affirme et promeut un ou plusieurs des points suivants :
- La nécessité d’un état - tout état - de propriété publique ou étatique et de taxes afin de vivre en paix.
- Ou qui affirme l’existence et la ‘justifiabilité’ de tout soi-disant droit de l’homme ou droits sociaux autres que le droit de propriété privée - tels que le droit des femmes, le droit des homos, le droit des minorités, le droit à la non-discrimination, le droit à l’immigration libre et sans restriction - qui est le droit de libre invasion - le droit à un revenu minimum garanti ou à un système de santé gratuit ou le droit à être débarrassé des discours et pensées déplaisants.

Les avocats de tout cela peuvent bien se dénommer comme ils le souhaitent, et nous libertariens pourrions bien coopérer avec eux tant qu’une telle coopération nous promet de nous rapprocher de notre but ultime, mais ils ne sont pas libertariens, ou au mieux de faux libertariens.

Ensuite une chose étonnante s’est produite sur le chemin du public.
Alors de Rothbard, et moi dans ses pas, ne fit jamais un pas hors de ces convictions centrales issue de la théorie, des non libertariens, avec en particulier des faux libertariens, c’est-à-dire des gens prétendant faussement être libertariens, et même des gens peut-être honnêtes mais tout au plus vus comme libertariens, tous nous ont vilipendés et choisis comme leurs bêtes noires et incarnations du mal.
Rothbard, le guide spirituel du libertarianisme moderne a par exemple été qualifié par cette foule soi-disant antifasciste de réactionnaire, de raciste, de sexiste, d’autoritaire, d’élitiste, de xénophobe, de fasciste et pour couronner le tout, de Juif Nazi auto-détesté.

Dès lors, quelle chose bizarre s’est donc passée ?
Voilà que tenter de répondre à cette question me conduit au sujet de ce discours, à savoir le lien entre libertarianisme et Alternative-Right, (Droite alternative) ou Alt-Right, laquelle a gagné une notoriété nationale (USA) et internationale après que Hilary Clinton, pendant la dernière campagne pour l’élection présidentielle, l’a identifiée comme une des sources d’inspiration du "panier des déplorables", une racine menant à Trump, laquelle (NdT l’Alt-Right) - je dois dire et insister - laquelle après la victoire électorale de Trump fut vive à rompre d’avec lui - du moins la plupart des gens ont rompu d’avec Trump, une fois qu’il fut clair qu’il n’est juste qu’un autre va-t-en-guerre de président.

Ainsi, le mouvement Alt-Right est principalement le successeur du mouvement paléo-conservateur qui connut son heure au début des années 90 avec l’éditorialiste et auteur à succès Patrick Buchanan comme représentant le plus connu.
Il tomba quelque peu en sommeil vers la fin des années 90 et a récemment - à la vue de l’immense et grandissant tort fait à l’Amérique et à sa réputation par les gouvernements successifs de Bush père, Clinton, Bush fils et Obama - il a réémergé plus vigoureux qu’avant sous la nouvelle étiquette de Alt-Right.

Beaucoup des phares associés à l’Alt-Right sont apparus ici lors de nos réunions au cours des années. Paul Gottfried, qui le premier conçu ce nom, Peter Brimelow, Richard Lynn, Jared Taylor, John Derbyshire, Steve Sailer, et Richard Spencer.
Parfois le nom de Sean Gabb - et le mien - y est aussi associé et évoqué en connexion avec l’Alt-Right.

Et mes travaux ont aussi été reliés au mouvement proche des néo-réactionnaires inspiré par Curtis Yarvin, que je connais aussi personnellement, et qui écrivit sous le pseudonyme de Mencius Moldbug sur son blog désormais en sommeil Unqualified Reservations.
En somme, ces relations personnelles et associations m’ont valu plusieurs mentions honorables par la ligue la plus insultante et infamante d’Amérique le SPLC, auquel mon cher ami Tom de Lorenzo se réfère toujours comme le Centre de Mensonge de la Pauvreté Soviétique.>>

A suivre...

Thursday, October 19, 2017

Une constitution ne « garantit » pas la liberté

La liberté, par définition même, est affaire de droit. Dire que ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui, c’est dire que je suis libre quand j’ai le droit assuré de pouvoir faire ce que je veux et peux avec ce que je possède, et que je respecte ce même droit pour autrui. La liberté, qui contient comme on le voit l’égalité, est le cœur de l’harmonie sociale et le socle de la pleine fraternité.

La liberté, et donc la vie sociale, repose donc simplement sur deux mots : le « droit », pourvu qu’il soit « assuré ». Au passage, il est désespérant de voir à quel point les politiciens sont talentueux à nous faire croire que les choses seraient en fait tellement plus compliquées que ce simple bon sens.

Ce droit très simple et palpable est ce qu’on appelle le « droit naturel ». Conséquence directe de l’existence des relations sociales, il est un préalable à l’organisation sociale de la liberté – ce qui est la question de « comment l’assurer ». La réponse officielle tient pourtant dans une « constitution ».

Ainsi, la constitution « garantirait » la liberté des citoyens – le verbe « garantir » n’est pas de moi, bien au contraire et c’est là tout mon sujet. Car il y a plusieurs contradictions profondes dans cette idée qui pourtant – mais est-ce un hasard ? – est à la base de toutes les « démocraties » de notre monde, avec les résultats, pardon, les échecs qu’on peut constater chaque jour que l’actualité fait.

Une constitution serait nécessaire pour définir, cadrer, limiter et séparer le et les pouvoirs, pouvoir qui servirait donc à assurer cette fameuse liberté en remettant les contrevenants dans le « droit » chemin. Le pouvoir de contraindre serait donc contraint par un document dont le pouvoir propre vient lui-même on ne sait trop d’où. Ah si, suis-je bête, nous le signons tous à notre majorité, non ? Le méchant pouvoir serait donc limité par ce qu’il doit lui-même consacrer. Circularité ridicule.

Plus sérieusement et plus concrètement, revenons sur le mot « assurer ». Une constitution part du principe que nous ne pourrions pas assurer notre liberté par nous-mêmes, qu’il faut quelque chose d’extérieur, voire de supérieur pour nous obliger à respecter ce qui fait pourtant l’objet même de toute vie sociale. Mais quand il s’agit de besoins encore plus primaires, comme celui de se nourrir, il me semble bien que nous nous débrouillons par nous-mêmes et cela avec un certain succès, non ?

Pas besoin d’un bout de papier sacralisé pour que le marché et le commerce nous trouvent toutes les solutions que sont les restaurants, les boulangers, bouchers et foule d’autres artisans ainsi que toute la chaîne logistique qui assure la fourniture des produits frais là où on les attend, sans que personne jamais n’ait légiféré ni qu’un gouvernement ait décidé d’un menu ni de notre alimentation. Alors si le marché fonctionne pour notre nourriture, pourquoi ne pourrait-il pas « assurer » notre liberté ?

Ces questions de la légitimité d’une constitution et de sa nécessité sont de vraies questions, et la vie de tous les jours montre combien les choix historiques ont abouti à des errements. Mais il y a une question plus essentielle encore quant à la nature de la liberté. Le pseudo-libéral Gaspard Koenig nous a mis sur a voie il y a quelques jours à peine, par une énigme : « La société a un rôle à jouer dans lequel l’État à sa place comme garant de la liberté, et non pas comme gardien de l’intérêt général. »

L’état n’a pas sa place envers la liberté, car l’état est l’inverse de la liberté, lui qui nous contraint sans nous laisser le droit de tenter de lui échapper. Ni lui ni sa constitution ne peut nous la garantir, car on ne garantit pas la liberté. On la prend, on la réalise, on la fait, on la vit. En réalité, la liberté est sa meilleure propre garantie, car seule la dynamique de marché qu’elle permet est de nature en retour à faire émerger l’organisation des services et produits qui permettent à chacun d’assurer… sa liberté.

Tuesday, October 17, 2017

Macron nous prend-il pour des enfants ?

Ainsi, selon les nouvelles du jour, Macron prétend se lancer dans la lutte contre la pauvreté des enfants. Quel bel élan de générosité, tous ceux passés avant lui n’y ont pas pensé, les idiots. Il est vrai que de voir tant d’enfants pour lesquels avenir et présent ne sont pas aussi roses que la croissance mondiale le laisse supposer est une chose bien triste, méritant l’énergie de notre jeune Président.

Un premier niveau de réflexion conduit cependant très vite à s’interroger sur ce que peut bien signifier concrètement la « pauvreté des enfants ». La pauvreté, comme la richesse, est une chose très difficile à définir et à matérialiser. J’ai l’habitude de dire qu’il y a toujours en un pays 50% de riches et 50% de pauvres, c’est la seule certitude. C’est encore plus vrai pour des enfants qui le plus souvent n’ont aucun revenu et sont en pleine acquisitions de ces compétences – de plus en plus maigres grâce à l’Education nationale – qui leur serviront justement pour prétendre à des revenus.

S’attaquer à leur pauvreté, dès lors, qu’est-ce que ça peut vouloir dire ? A très court terme, il peut prendre un hélicoptère pour leur jeter des billets, à eux ou à leurs parents. Ou les mettre sous la perfusion de quelque subside artificielle, une de plus, financée on ne sait trop comment – ou plutôt si, on le sait : avec un peu plus d’impôts qui contribueront eux à appauvrir d’autres enfants. Ou alors, il peut décider de leur donner un travail, à eux ou à leurs parents. Mais là encore, on va inventer des postes qui n’existent pas, ou on va obliger les entreprises à y mettre des parents incompétents, donc à appauvrir un peu plus ces entreprises-là, et donc nous tous en bout de chaîne. Effet inverse, donc.

La pauvreté des enfants ne peut se corriger qu’à long terme, donc, ce qui est peu compatible avec la nature volatile de l’agenda de tout politicien. Macron devrait ainsi au moins se demander ce qui a causé la pauvreté des enfants, alors que nous sommes dans un monde où le niveau de vie est censé croître continuellement et pour tous. N’importe quel économiste un peu sérieux, depuis Bastiat il y a 170 ans, saura y diagnostiquer la conséquence de l’interventionnisme économique maladif et puéril que pratique la classe politique aveugle depuis au moins la Seconde Guerre, tous partis confondus.

Car finalement, à y réfléchir juste un peu plus, éviter la pauvreté des nouvelles générations, leur assurer, et non pas leur construire, une société et un environnement socio-économique qui leur permettront de trouver leur voie et ainsi leur prospérité, économique et morale, n’est-ce pas là le rôle même, le rôle fondamental de tout gouvernement et élite qui se respectent ? Comment est-il possible que cet objectif en soit un, ce qui veut dire qu’il ne va pas de soi ? Et comment est-il possible qu’on l’exprime d’une manière laissant penser que la solution non plus ne va pas de soi ?

Cette décision de Macron est un excellent test, finalement. Soit elle est le reflet de la décadence intellectuelle et morale avancée où se trouve notre classe politique quant à son objet même. Soit il connaît la réponse et prétend la faire avancer, masquée sous un « noble » prétexte bien gauchisant. Vu que le sujet sort du chapeau tout d’un coup, il y a fort à parier que le second cas est improbable.

Wednesday, October 11, 2017

Quand nul n’est censé ignorer la loi, la liberté est ignorée

Nous connaissons tous ce précepte qui nous est inculqué pendant notre endoctrinement scolaire : nul n’est censé ignorer la loi, nous dit-on. Il s’agit d’un principe essentiel de l’échafaudage juridique du pays, puisqu’il permet à tout policier, bureaucrate ou autre officier de l’état de pouvoir s’appuyer sur nos nombreux « codes » et autres textes législatifs pour exiger notre obéissance et nos impôts.

Le choix du terme de « loi » a son importance. On ne dirait pas « nul n’est censé ignorer le droit », et on ne dirait pas non plus « nul n’est censé ignorer la législation ». La « loi » est essentiellement la même chose que l’ensemble de la « législation », mais avec deux nuances fortes. Elle embarque avec elle tout l’appareil des institutions et du fonctionnement de l’état : on ne peut prétendre ignorer qu’il faut obéir à un policier ou passer devant un notaire pour vendre un bien immobilier, par exemple. Plus psychologique, le concept de « loi » est plus abstrait et englobant, c’est un fourre-tout couvert d’une aura presque religieuse qui permet au précepte d’avoir bien plus de force envers le citoyen.

Pour le « droit », c’est très différent. Tout le monde sait plus ou moins consciemment ce qu’est son droit – et non « ses droits » : chacun sait qu’il ne doit ni voler, ni agresser, ni tuer et s’attend sans plus de question à ce qu’autrui fasse de même. C’est là la base éternelle de la justice humaine.

Au quotidien, chacun de nous – du moins les gens honnêtes – interagit avec les autres en respectant ce droit. Parfois, on échange, on monte des affaires, on fait des projets qui nous conduisent à passer des contrats avec d’autres, qui font de même pour leurs affaires. À tout moment donc, chacun de nous sait très bien à quoi il est engagé et donc quel est l’ensemble des obligations qu’il a prises et qui déterminent ce qu’il est « censé savoir » en matière de « droit » et de devoirs envers ce monde.

Mais alors, puisque nous savons toujours et à tout moment ce qui fait notre « loi » propre, et que peu ou prou nous connaissons les bases des règles générales de fonctionnement de ce pays, pourquoi ce besoin de nous asséner avec conviction ce précepte de connaissance de la « loi » ?

La réponse est évidente, hélas : parce que nous sommes dans un pays où une foule, des générations de députés et autres bureaucrates ont produit tant de textes qu’il est dans la pratique impossible de tous les connaître – et en plus, ils le font sans nous demander la permission ni nous en informer.

Et ce n’est pas là un phénomène accidentel, mais volontaire : il est très utile pour les hommes de l’état que la masse de la législation nous déborde : cela leur permet d’être sûr qu’aucun de nous n’est jamais sans tache et parfaitement en règle vis-à-vis de l’ensemble infini des lois en vigueur, ce qui permet d’être sûr de trouver une faille qui permette d’arrêter les récalcitrants ou rebelles.

Ainsi, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire à l’école, on peut être sûr que tout pays où « nul n’est censé ignorer la loi » est un pays où en réalité « nul n’est à l’abri de l’arbitraire de la loi ». Dans un pays libre, il n’y a pas de loi, mais il y a le droit et des contrats : nul n’a de mauvaise surprise.

Corruption : active ou passive ? Les deux vont toujours ensemble.

Cet article est désormais accessible via les Lettres de Libéralie, ici. Merci de votre intérêt.

Tuesday, October 10, 2017

Le journalisme, quatrième pouvoir ?

En théorie, selon la légende, le journalisme serait le fameux « quatrième pouvoir », celui de notre information et donc la source de la vigilance indispensable envers les autres pouvoirs. C’est un rôle essentiel dans une société disposant de quelque liberté. Or la crise des médias fait rage depuis une vingtaine d’années, largement due à la concurrence du numérique et du web, mais pas uniquement. A ce titre, le phénomène de Facebook et des blogs personnels a également bouleversé le paysage et les conventions en matière de métiers et de marché de l’information. Sans compter bien d’autres nouveautés et facettes encore, comme les encyclopédies en ligne et la messagerie instantanée.

Ce phénomène du bouleversement des médias n’est pas en soi une attaque ou remise en cause du journalisme, ce n’est qu’une mise en concurrence des médias au sens littéral, au sens du support vecteur de l’information. Internet et le web viennent casser l’organisation historique des journaux locaux en rendant négligeable le coût d’accès à n’importe quel journal online à l’autre bout du monde. Mais il faut encore des journalistes pour créer le contenu des journaux en ligne – ou papier ?

On a donc une révolution en matière de concurrence. La mise en ligne des journaux fait que chacun a soudain un choix de lecture considérablement multiplié. Là où l’on pouvait choisir entre 5 à 10 quotidiens, on dispose soudain de centaines de titres pour peu qu’on parle 2 ou 3 langues. Ce faisant, les mauvais disparaissent, et c’est tant mieux. Mécaniquement, le nombre de journalistes suit la baisse du nombre de titres. Vient en plus la concurrence des blogueurs, des « nouveaux médias » et réseaux sociaux. Puis vient la seconde concurrence, celle du contenu, question plus fondamentale.

La qualité et la pertinence du contenu est déterminante, les blogs et autres nouveautés numériques ne changeant rien à ce critère. C’est là l’enjeu de la concurrence à l’échelle mondiale du marché de l’information. C’est d’une grande banalité : le journaliste n’est qu’un acteur économique comme les autres. On décide d’investir dans une lecture. Il faut donc qu’on y voit un intérêt. Et le journaliste ou blogueur doit répondre à cet intérêt. Et le quatrième pouvoir dans tout cela ?

Le terme de journaliste recouvre en fait des rôles, fonctions, activités, qualités très variées et très différentes, qui vont de la simple reprise d’annonce d’agence de presse à l’éditorialiste à la limite du philosophe en passant par l’animateur de shows médiatiques. Le blogueur dans cette réalité n’est qu’une nouvelle variante pour le lecteur. Le fait que l’un ait une carte de presse, soit passé par une école de journalisme et probablement pas l’autre ne change pas grand-chose à l’affaire. In fine, il transmet une information qui répond ou pas à une attente des lecteurs. Le lecteur ne juge qu’à travers le prisme de la qualité de la réponse à son attente, pas celui du statut – ou rarement. Son rôle réel, non idéalisé, n’est donc pas un contre-pouvoir, mais une source d’informations qualifiées.

Le journalisme, collectivement, peut plus probablement jouer ce rôle de quatrième pouvoir. Mais à condition d’être véritablement indépendant des autres pouvoirs, justement. Or aujourd’hui, en France mais aussi à bien des égards à l’étranger, le journalisme collectivement ne joue plus son rôle d’aiguillon du pouvoir, et depuis très longtemps. Depuis que les subventions le musellent. La mode est même à aiguillonner le capitalisme à la place – ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, mais le problème c’est d’oublier le reste. Il est ainsi frappant que la presse ne s’intéresse désormais plus à la liberté des Lumières et se trompe à ce point en matière d’égalité, pour être à « 94% de gauche » (Référence à un article paru dans Libres ! et à un sondage publié par Marianne, le 23/04/2001).

Le rôle du journalisme consiste donc à vendre de l’information à qui veut l’entendre. Point. Ce n’est pas de servir de manière institutionnelle ni de manière garantie de « quatrième pouvoir », qui serait l’aiguillon du pouvoir, justement. Il n’y a pas de rôle institutionnel du journalisme et c’est très bien – les gens peuvent et même doivent ainsi réfléchir par eux-mêmes. Libres des infos subventionnées.

En fait, ce contre-pouvoir supposé réside désormais dans la liberté et l’indépendance des autres « pouvoirs » qu’Internet et son marché libre de l’information offrent. Pourvu que ça dure.

Une crainte que beaucoup expriment tient à la garantie de compétence qui serait associée à la formation du « journaliste ». Vu le constat s’agissant du journaliste moyen, cette « garantie » semble loin d’aller de soi. Si en France il y a des écoles de journalisme, avec en point d’orgue l’orgueilleuse Science Po, ce n’est pas la règle partout et cela ne semble pas empêcher les pays du monde d’avoir des journalistes – plus ou moins – dignes de ce nom. La compétence dans ce domaine comme dans d’autres se voit au pied de l’ouvrage et se juge par ses pairs et surtout par le marché. Heureusement, il y a de nombreux autodidactes devenus de grands journalistes, la compétence suit divers chemins.

De plus, le cas de Science Po est proche de la caricature. Quand on voit combien de journalistes en France sont profondément incompétents en matière de sciences politiques et surtout d’économie, on en vient à douter de l’intérêt de les avoir faits passer par ce sanctuaire d’un modèle dépassé.

L’autre grande question, directement liées à la précédente, touche aux critères qui font la confiance accordée aux informations. En pleine période post-campagne Clinton-Trump, le sujet des fameuses « fake news » est un sujet brûlant, où même les réseaux sociaux contribuent au trouble. La réponse est assez simple en fait, et dépend peu du simple vecteur qu’est le journaliste : il n’y a aucun moyen systématique de distinguer les faux, sauf exceptions. Mais il est important au moins de savoir faire le lien entre la catégorie de l’information et l’attitude et la démarche à avoir envers sa vérification.

Par exemple, la majorité des « journalistes » sont formés à penser que tout le domaine de la théorie économique n’est pas une science et donc que tout y est relatif et largement fondé sur des opinions d’experts plus ou moins clairvoyants. Or il n’en est rien, la théorie économique autrichienne est tout ce qu’il y a de scientifique. Or les journalistes, mal formés, n’en soupçonnent même pas l’existence.

Et lorsqu’un journaliste est ainsi surpris à dire trop souvent des bêtises, il finit par perdre la confiance de ses lecteurs. Ce n’est pas plus compliqué. Ainsi, un journal porte une marque – Le Canard Enchaîné, par exemple. Cette marque est porteuse de confiance et chaque article de chacun de ses journalistes vient entretenir – ou ternir – cette image, chaque jour. La compétence fait tout.

Enfin, il convient de s’inquiéter de la pluralité et de l’indépendance des capitaux qui financent. Le risque n’est pas tant qu’un « journaliste » dise du bien de Microsoft, de Google ou de Total si ceux-ci le financent en partie. Ce serait de la publicité sous un autre nom, et le tricheur sera vite repéré. Par contre, celui qui flatte un Hollande, un Mélenchon voire un Lénine est un plus clair danger. Et c’est dans ce domaine de la collusion avec le politique que la question des finances est la plus aiguë.

Le problème financier du journalisme n’est pas son indépendance des capitaux privés, mais son indépendance des subventions étatiques qui ligotent sa critique du pouvoir politique. Or quand on regarde la part des subventions dans les revenus de la presse en France, on a vite compris qu’il n’est possible d’imaginer aucun média « mainstream » en capacité de critique du pouvoir. Quelle surprise.

Citations
« Le grand ennemi de la vérité n’est très souvent pas le mensonge – délibéré, artificiel et malhonnête – mais le mythe – persistant, persuasif et irréaliste. » -- John Fitzgerald Kennedy

« Si l’on était responsable que des choses dont on a conscience, les imbéciles seraient d’avance absous de toute faute. ... l’homme est tenu de savoir. L’homme est responsable de son ignorance. L’ignorance est une faute. » -- Milan Kundera

« En des temps de tromperie, dire la vérité est un acte révolutionnaire. » -- Georges Orwell

« Dans la Pravda, il n’y a pas la vérité, dans les Izvestia, il n’y a pas les nouvelles. » -- Proverbe soviétique

« Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent ! C’est pire ! » -- Coluche

Sunday, October 8, 2017

Intimité sur le Net : Protection des données personnelles ?

L’arrivée de l’informatique, puis celle d’Internet et l’explosion du web et des réseaux sociaux ont fait le renouveau de la question, éternelle, du risque d’abus, voire de violence, envers l’individu suite à l’accès de malveillants à des informations sensibles le concernant, ses « données personnelles ».

Or, si ce risque est réel et croissant avec la puissance de recherche des réseaux, il est souvent très mal compris et très mal exposé. Comme l’affaire Edward Snowden l’a récemment montré, le méchant n’est pas forcément celui qu’on pense, ou surtout, pas toujours celui qu’on nous présente.

Il n’y a qu’un nombre limité de pays qui disposent de lois en matière de « protection des données personnelles ». Les affaires connues (Snowden, Prism, fichiers policiers) montrent que ce n’est pas toujours, loin s’en faut, dans ces pays-là que la question semble la mieux réglée. Quelle surprise !

La plupart de ces textes commettent des erreurs profondes de conception, à plusieurs niveaux. En France, la loi s’obstine à tenter de caractériser une donnée sensible, alors que seule la personne concernée ou celle manipulant ses données peuvent en connaître toutes les facettes et les risques associés. Presque partout, on s’obstine à établir des moyens de protection, mais qui sont trop précis pour pouvoir suivre les évolutions technologiques ou géographiques. De plus, on rend inefficaces les techniques de protection les plus performantes – le chiffrement – sous de faux prétextes de raison d’état. Enfin, tous ces textes tendent à déresponsabiliser les entreprises et les administrations par un glissement de leur pleine responsabilité envers leurs clients vers une conformité envers des textes arbitraires et figés, alors que la sécurité n’a de sens que dans le cadre dynamique du service rendu.

Mais surtout, toutes ces lois inversent la logique. Elles se trompent de menace – et c’est flagrant en France. Car le risque ne vient jamais de l’abus que les sociétés commerciales peuvent faire de l’accès à nos données : je ne crains pas qu’un supermarché me propose des produits sur mesure, bien au contraire. Ni même qu’une entreprise pharmaceutique me propose un nouveau médicament adapté à ma maladie. Par contre, je n’aimerais pas que la police ait accès à mes données de localisation. Il ne faut jamais l’oublier, l’ennemi, le seul, c’est l’état. C’est de lui qu’il s’agit de protéger nos données.

Ainsi, en France, la CNIL est supposée veiller à la protection de mes données. Mais elle ne le peut pas, et en réalité ne le fait pas. Ses fondements sont triplement erronés. Elle tente de caractériser a priori ce qui ferait une donnée personnelle – téléphone, adresse IP, adresse postale, etc. Or seul l’individu, ou l’organisation exploitant ses données, peut savoir ce qui les caractérise. Ma fille a une maladie orpheline ; elle sait en réalité mieux que 99% des médecins quelles informations pourraient conduire à sa mise en danger éventuelle. Dans la santé, aucun juriste ne pourra jamais tout imaginer.

La CNIL tente d’exiger des mesures de protection, par exemple quant au pays où se trouvent les données. Qu’on m’explique, alors que nos données se trouvent tout simplement n’importe où, en quoi le pays apporte quoi que ce soit à la sécurité, vue d’un individu ? Se faire « voler » ses données serait moins pénible au soleil de France ? Non seulement cela ne protège en rien, mais cela accroît le risque d’immixtion par l’état local. Et comme toute mesure protectionniste, cela crée des surcoûts pénalisant les prestataires et en bout de chaîne la sécurité des clients, ou le coût. Moins on laisse la concurrence jouer, moins le marché est poussé à améliorer sa sécurité par la pression de la clientèle.

Surtout, la CNIL ne peut rien contre le politique, dont elle est le bras. On ne compte plus le nombre de fichiers plus que suspects mis en place par le pouvoir contre lesquels la CNIL n’a rien fait d’autre que fermer les yeux – parce qu’elle n’a pas le pouvoir ni l’indépendance pour s’opposer aux élus.

On rencontre bien des inquiétudes sur les réseaux de la part de gens qui apportent crédit aux lois et organisme étatiques, du moins à la tendance à la progressive mise sous tutelle légale du Net.

Un des premiers prétextes est relatif à la disparition de toute confidentialité sur le Net – surtout depuis l’ouverture généralisée des systèmes sur et via Internet. Or le Réseau n’a pas été « sécurisé », car cela n’a jamais été son rôle, son objet. Internet est un simple réseau de transport, très basique et élémentaire, et cela par volonté et par conception. C’est un réseau ouvert, ce qui précisément fait sa force, car cela a permis une interconnexion aisée et donc universelle des systèmes et applications. En contrepartie, c’est à leur niveau que doit se sécuriser la donnée, car c’est là que la sécurité a du sens.

Or la sécurité, donc la confidentialité ou l’anonymat, n’est pas un besoin homogène des données. Certaines données doivent être accessibles par tous, d’autres seulement par certains groupes et d’autres encore par leur seul propriétaire. C’est en réalité à chaque application et donc à chaque entreprise ou organisme concepteur ou responsable des données de prendre la responsabilité de configurer une sécurisation adaptée – et toutes les solutions technologiques existent pour cela.

Un des grands prétextes, dès son origine, à créer la CNIL et depuis à produire de la législation, porte sur la crainte que les entreprises risquent d’abuser de nos données personnelles. Cette idée est un mythe, du moins le risque est-il sans commune mesure avec le risque d’abus par les états – et on le voit bien à l’analyse de l’origine des grands mouvements « cybercriminels » de ces derniers mois. L’entreprise privée pourrait donc durablement abuser ses clients ? Quel est donc le danger concret ?

On peut imaginer que Carrefour triture la masse de données d’achat dont ils disposent à mon égard pour me proposer d’acheter certains produits. Et alors ? Je peux même imaginer qu’on utilise mon génome pour me proposer des médicaments. Mais de même, quel est le risque ? Que j’achète ce que je ne devrais pas ? Qu’ils le fassent savoir à tout le monde ? Quel intérêt pourraient-ils bien avoir ? Ah oui, celui, comme Apple, de faire plaisir ou d’obéir au gouvernement ou aux bureaucrates ? Certes, mais le danger est dans ce cas dans l’abus que fait le gouvernement, malgré les lois.

Le risque de « dérapage » de la part d’une entreprise, ou d’un de ses agents, existe bien sûr et il existera toujours – le risque zéro n’existe pas. Il est de ma responsabilité propre de m’en prémunir, par exemple via une assurance, ou en exigeant de ces entreprises qu’elles sécurisent mes données. Par contre, si la police me suspecte ou simplement cherche les conducteurs qui ont dépassé la limitation arbitraire de vitesse sur autoroute, il vaudrait mieux qu’elle n’ait pas accès aux données de routage de mon téléphone portable, par exemple. Ces questions portent un danger bien plus réel.

Autre grand domaine de crainte, le « Cloud Computing » et son flou suscitent beaucoup de questions notamment juridiques. Comme le phénomène du « Big Data », cette famille de nouveaux paradigmes implique une perte de la maîtrise traditionnelle sur le contrôle direct des données. On voit arriver ainsi très vite un monde où l’accès à des données à l’échelle du monde entier rendra potentiellement possible pour tout le monde de trouver tous les renseignements imaginables sur chacun de nous.

Mais il n’y a là aucun danger nouveau ni aucune réponse nouvelle à apporter. La meilleure manière de ne pas pouvoir trouver des données sensibles, c’est qu’elles ne soient pas sur le Net ou du moins si elles y sont, qu’elles soient protégées à la source. Par exemple, beaucoup s’inquiètent qu’il soit possible de trouver facilement leurs anciennes photos. Ou leurs méfaits. Ou leurs dires. Mais il ne fallait pas les publier, tout simplement. Une donnée se sécurise en amont, toujours. Après, trop tard.

Citations

« Si vous ne voulez pas que votre vie privée soit violée, ne soyez pas l’auteur de cette violation et ne devenez pas la victime d’une version modernisée de « l’Arroseur arrosé ». -- Roseline Letteron, Professeur de droit public, Université de Paris-Sorbonne

« Lorsque vous dites 'le droit à la vie privée ne me préoccupe pas, parce que je n'ai rien à cacher', cela ne fait aucune différence avec le fait de dire 'Je me moque du droit à la liberté d'expression parce que je n'ai rien à dire', ou 'de la liberté de la presse parce que je n'ai rien à écrire'. » -- Edward Snowden

« Aucun système de surveillance de masse ayant existé dans une société, dont on ait connaissance à ce jour, a échappé à des abus. » – Edward Snowden

« A conflict is only possible if goods are scarce. » (Un conflit n’est possible que lorsque les ressources sont rares.) – Hans Hermann Hoppe, The Ethics and Economics of Private Property

Saturday, October 7, 2017

Il y a toujours 50% de riches et 50% de pauvres

On nous rebat constamment les oreilles de trop de « riches » et surtout de trop de « pauvres ». Pourtant, personne ne se dit jamais « riche » et la plupart des gens se diront plutôt proches ou sympathiques des « pauvres ». Alors, qui est « riche » et combien comptons-nous de « riches » ?

Avez-vous remarqué qu’à part quelques personnalités qui d’ailleurs s’en défendent, il y a très peu de « riches » et que nous nous pensons tous comme les « pauvres » de quelqu’un ? Je suis certainement plus « pauvre » que feue Liliane Bettencourt, mais elle-même fut une misère comparée à un Bill Gates ou à un Jeff Bezos, le nouveau lauréat du très temporaire record de la fortune personnelle.

Certes, mais des vrais « pauvres », cela existe et ne peut être contesté, n’est-ce pas ? Il est vrai qu’on voit de nombreux SDFs dans le métro. Mais sont-ils plus ou moins « pauvres » que ces gens qui survivent au fin fond des forêts amazonienne ou de Nouvelle Guinée ? Ou dans les nombreux bidonvilles de ces pays au soleil où la misère serait moins pénible ? A voir le nombre de SDF munis d’un téléphone ou d’un animal de compagnie, la question, même si déplaisante, fait… question.

Il se pourrait donc bien qu’un « pauvre » chez nous ne soit pas si « pauvre » ailleurs ». Ou à une autre époque : pendant la Seconde Guerre, l’immense majorité des Français en ville ne mangeaient pas à leur faim. Comme hélas bientôt la majorité des Vénézuéliens – le pays des amis des « pauvres » ?

On nous parle de « riches » et de « pauvres », mais ni les uns ni les autres n’existent. Personne ne porte en clair sur son état civil le qualificatif de « riche » ou « pauvre ». On nous affirmera que le nombre de zéros du compte en banque reste quand même une mesure objective de la « richesse ». Sauf que ceux qui avancent cet argument se veulent souvent en même temps non matérialistes, et qu’il n’y a pourtant rien de plus matérialiste que de ne mesurer la « richesse » en euros ou dollars.

La « richesse » est dans les esprits, nous dira-t-on. Ou bien, la chanson nous dit qu’on n’est « riche que de ses amis ». Alors, ça veut dire que tous mes amis sont « riches » aussi, et les autres sont tous « pauvres » ? Même si les gens que je n’aime pas ou que je ne connais pas ont des amis eux aussi ?

Finalement, on le voit bien, la seule manière objective de compter qui est « riche » ou « pauvre », c’est par 50% : couper la population en deux parties égales : la moitié des plus « riches » d’un côté » et la moitié des plus « pauvres » de l’autre. Deux parties égalent en nombre, parfait ! Mais inégales en « richesse », mince. Comment faire ? 50%, oui, voilà ! Chacune des deux moitiés peut être encore coupée en deux. Et ces deux moitiés coupées encore, et encore. Décidément, la « richesse », c’est 50% évident et 50% compliqué. Il vaut mieux être « pauvre », peut-être, c’est bien plus simple.