Tuesday, October 24, 2017

Hoppe - Traduction du discours PFS 2017 (3)

Troisième partie de ma traduction du discours de H-H.Hoppe à PFS 2017.

20:37 - <
Pourtant, ce fait ne doit nous mener à l’erreur de l’ignorer, car l’Autre Droite a fait ressortir de nombreux éclairages d’importance capitale à la recherche d’une réponse aux deux questions que j'ai évoquées plus tôt et qui traditionnellement posent difficulté aux libertariens à répondre.

A savoir, comment maintenir un ordre libertarien ? Et comment voir aboutir un tel ordre à partir du statu quo actuel non-libertarien ainsi diagnostiqué ?
L’Autre Droite n’a pas découvert ces perspectives. Elles ont été posées bien avant et, en fait, pour une large part, elles ne sont guère que du bon sens.
Mais ces derniers temps, de telles idées se sont vues noyées sous des montagnes de propagande égalitaire gauchiste et l’Autre Droite doit être saluée pour les avoir remises à la lumière.

Pour illustrer l’importance de ces sujets, permettez-moi de traiter la première question laissée sans réponse.
De nombreux libertaires sont de l’avis que la seule chose nécessaire pour maintenir un ordre social libertarien est la stricte application du principe de non-agression (NdT dit « NAP »pour Non-Agression Principle). Autrement dit, tant qu’on s’abstient de toute agression, selon leur point de vue, le principe du « vivre et laisser vivre » devrait être la règle.

Pourtant, si ce « vivre et laisser vivre » semble attrayant à les adolescents en rébellion contre l’autorité parentale et toutes les conventions sociales et autre contrôle (et je dois d’ajouter que beaucoup de jeunes ont été initialement attirés vers le libertarianisme sur la base que « vivre et laisser vivre » est tout ce que le libertarianisme a à offrir), et même si ce principe prévaut en effet et s’applique à des personnes vivant loin les unes des autres et n’interagissant qu’indirectement et de loin, il n’en va pas de même, ou plutôt il est insuffisant quand il s’agit de personnes vivant en proche proximité, comme voisins et cohabitants de la même communauté.

Un exemple simple suffit à exprimer l’idée. Supposons un nouveau voisin juste à côté.
Ce voisin n’agresse ni votre propriété ni vous-même en aucune façon, mais c’est simplement un « mauvais » voisin.
Il jette ses détritus sur sa propriété voisine, devenant un tas d’ordures, par exemple : à l’extérieur, sans se cacher de vous, il pratique l’abattage rituel d’animaux.
Ou bien, il transforme sa maison en « maison de joie », en bordel, avec des clients qui vont et viennent toute la journée et toute la nuit.
Ou bien, il n’offre jamais un coup de main et ne tient jamais aucune promesse faite.
Ou encore, il ne peut pas ou bien il refuse de vous parler dans votre propre langue.
Et ainsi de suite et ainsi de suite.

Nous avons tous des expériences de combien la vie peut devenir mauvaise avec de mauvais voisins.
Ainsi, votre vie est devenue un cauchemar.
Pourtant, vous ne pouvez pas utiliser la violence contre lui, parce qu’il ne vous a pas agressé.
Dès lors, que pouvez-vous faire ?

Vous pouvez bien sûr l’éviter et le boycotter.
Mais supposons que votre voisin m’en a cure.
Ou du moins, que vous seul le « punissiez » ainsi le laisse plutôt ou pleinement indifférent.
Il vous faut l’autorité communautaire respectée, ou vous devez vous tourner vers quelqu’un qui a cette autorité communautaire, pour persuader et convaincre tout le monde ou au moins la plupart des membres de votre communauté de faire de même et de faire du mauvais voisin un proscrit social, pour exercer une pression suffisante sur lui pour qu’il vende ses biens et qu’il parte.

Voilà, au temps pour ces libertariens qui, en plus de leur devise « vivre et laisser vivre », glorifient aussi l’idéal de « respecter aucune autorité », « respecter aucune hiérarchie », « ne respecter personne au-dessus de soi ».
Arrivons-en à la leçon.

La cohabitation pacifique des voisins et des personnes en contact direct et régulier les uns avec les autres sur un territoire – c’est-à-dire un ordre social tranquille et convivial – exige aussi le partage d’une culture, d’une langue, d’une religion, de coutumes et de conventions.

Il peut y avoir coexistence pacifique de cultures différentes sur des territoires lointains et physiquement séparés, mais le multiculturalisme, l’hétérogénéité culturelle ne peuvent pas exister dans un seul et même lieu sans entraîner une confiance sociale réduite, une tension accrue et finalement l’appel à un « homme fort » et à la destruction de tout ce qui ressemble à un ordre social libertarien.

Et de plus : Tout comme un ordre libertarien doit toujours se méfier des « mauvais » voisins (même non agressifs) par boycott social, c’est-à-dire par une culture commune du « vous n’êtes pas les bienvenus ici », de même et en effet avec plus de vigilance encore, doit-il être préservé des voisins qui défendent ouvertement le communisme, le socialisme, le syndicalisme ou la démocratie sous quelque forme que ce soit.

Ces personnes, en constituant ainsi une menace ouverte à tous les propriétaires et propriétés privées, doivent non seulement être évitées, mais elles doivent, pour utiliser un « Hoppe-meme » désormais célèbre, être « physiquement enlevées », si nécessaire avec violence, et forcées de partir pour d’autres pâturages.

Ne pas le faire conduit inévitablement à…  eh bien, le communisme, le socialisme, le syndicalisme ou la démocratie et donc, le contraire même d’un ordre social qui peut se dire libertarien.
Avec ces idées « de droite » ou, comme je dirais, de plein bon sens, je me tourne maintenant vers la question plus difficile du passage d’ici, c’est-à-dire du statu quo vers la cible.

Et pour cela, il pourrait être instructif en premier de considérer brièvement la réponse donnée par les Liberallala (« paix-amour-et-liberté »), les « Friede-Freude-Eierkuchen » (paix, joie et crêpes) ou les libertariens du capitalisme-est-amour.

Parce cela révèle le même égalitarisme fondamental, même si sous une forme légèrement différente, que celle affichée aussi par les libertariens « vivre-et-laisser-vivre ».
Ces libertariens du « vivre-et-laisser-vivre », comme je viens de tenter de le montrer, définissent ce qu’on pourrait appeler le « problème du mauvais voisin » - et ce qui est en fait bien sûr un simple raccourci vers le problème général posé par la coexistence de cultures distinctement différentes, étrangères, mutuellement dérangeantes, agaçantes, étranges ou hostiles - ils ont simplement décidé que ce problème n’auvait pas d’existence, parce qu’ils supposent que tous les gens sont exactement les mêmes, toutes les cultures sont les mêmes, et si cela est vrai, alors un « problème du mauvais voisin » ne peut tout simplement pas exister.

Le même égalitarisme, ou comme les libertariens liberallala préfèrent s’appeler eux-mêmes, l’esprit « humanitaire », intervient aussi dans leur réponse à la question d’une stratégie libertarienne.
En un mot, ce qu’ils conseillent est ceci : Soyez gentil, parlez à tout le monde - et alors, à long terme, les arguments libertariens, parce que meilleurs, l’emporteront.

Pour illustrer, prenons mon ancien ami devenu un ennemi, Jeffrey Tucker, qui nous donne ses cinq « A ne pas faire » quand on parle de Liberté : ("Don'ts When Talking Liberty").

Et je cite, ce sont :
« D’abord, ne soyez pas belliqueux. Deuxièmement, ne présumez pas la haine de la liberté. Trois, ne supposez pas de buts différents. Quatre, ne présagez pas l’ignorance. Et cinq, ne voyez en personne un ennemi. »
Ce sont les [cinq] « à ne pas faire ».

Maintenant, indépendamment du fait que Tucker ne semble pas suivre son propre conseil dans sa condamnation belliqueuse de toute l’Autre Droite comme fascistes haïssant la liberté, je trouve ses exhortations vraiment stupéfiantes.

Cela peut être de bons conseils envers des personnes venant de surgir de nulle part, sans histoires retraçables, mais envers de vraies gens avec une histoire patentée, ils me semblent désespérément naïfs, irréalistes et carrément contre-productifs - contre-productifs pour la poursuite des buts libertariens.

Car pour ma part - et j’imagine que tous les autres ici – je connais et j’ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie qui sont ignorants, qui ont des buts différents, non-libertariens, et qui détestent la liberté telle que la comprennent les libertariens - et pour quelle raison au monde devrais-je ne pas considérer ces gens comme des imbéciles ou des ennemis ?

Et pourquoi ne devrais-je pas détester et ne pas être belliqueux vis-à-vis de mes ennemis ?
Sous l’angle de la stratégie libertarienne, je pense que le conseil de Tucker doit être considéré comme une mauvaise blague.>>

A suivre...

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