La liberté, par définition même, est affaire de droit. Dire que ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui, c’est dire que je suis libre quand j’ai le droit assuré de pouvoir faire ce que je veux et peux avec ce que je possède, et que je respecte ce même droit pour autrui. La liberté, qui contient comme on le voit l’égalité, est le cœur de l’harmonie sociale et le socle de la pleine fraternité.
La liberté, et donc la vie sociale, repose donc simplement sur deux mots : le « droit », pourvu qu’il soit « assuré ». Au passage, il est désespérant de voir à quel point les politiciens sont talentueux à nous faire croire que les choses seraient en fait tellement plus compliquées que ce simple bon sens.
Ce droit très simple et palpable est ce qu’on appelle le « droit naturel ». Conséquence directe de l’existence des relations sociales, il est un préalable à l’organisation sociale de la liberté – ce qui est la question de « comment l’assurer ». La réponse officielle tient pourtant dans une « constitution ».
Ainsi, la constitution « garantirait » la liberté des citoyens – le verbe « garantir » n’est pas de moi, bien au contraire et c’est là tout mon sujet. Car il y a plusieurs contradictions profondes dans cette idée qui pourtant – mais est-ce un hasard ? – est à la base de toutes les « démocraties » de notre monde, avec les résultats, pardon, les échecs qu’on peut constater chaque jour que l’actualité fait.
Une constitution serait nécessaire pour définir, cadrer, limiter et séparer le et les pouvoirs, pouvoir qui servirait donc à assurer cette fameuse liberté en remettant les contrevenants dans le « droit » chemin. Le pouvoir de contraindre serait donc contraint par un document dont le pouvoir propre vient lui-même on ne sait trop d’où. Ah si, suis-je bête, nous le signons tous à notre majorité, non ? Le méchant pouvoir serait donc limité par ce qu’il doit lui-même consacrer. Circularité ridicule.
Plus sérieusement et plus concrètement, revenons sur le mot « assurer ». Une constitution part du principe que nous ne pourrions pas assurer notre liberté par nous-mêmes, qu’il faut quelque chose d’extérieur, voire de supérieur pour nous obliger à respecter ce qui fait pourtant l’objet même de toute vie sociale. Mais quand il s’agit de besoins encore plus primaires, comme celui de se nourrir, il me semble bien que nous nous débrouillons par nous-mêmes et cela avec un certain succès, non ?
Pas besoin d’un bout de papier sacralisé pour que le marché et le commerce nous trouvent toutes les solutions que sont les restaurants, les boulangers, bouchers et foule d’autres artisans ainsi que toute la chaîne logistique qui assure la fourniture des produits frais là où on les attend, sans que personne jamais n’ait légiféré ni qu’un gouvernement ait décidé d’un menu ni de notre alimentation. Alors si le marché fonctionne pour notre nourriture, pourquoi ne pourrait-il pas « assurer » notre liberté ?
Ces questions de la légitimité d’une constitution et de sa nécessité sont de vraies questions, et la vie de tous les jours montre combien les choix historiques ont abouti à des errements. Mais il y a une question plus essentielle encore quant à la nature de la liberté. Le pseudo-libéral Gaspard Koenig nous a mis sur a voie il y a quelques jours à peine, par une énigme : « La société a un rôle à jouer dans lequel l’État à sa place comme garant de la liberté, et non pas comme gardien de l’intérêt général. »
L’état n’a pas sa place envers la liberté, car l’état est l’inverse de la liberté, lui qui nous contraint sans nous laisser le droit de tenter de lui échapper. Ni lui ni sa constitution ne peut nous la garantir, car on ne garantit pas la liberté. On la prend, on la réalise, on la fait, on la vit. En réalité, la liberté est sa meilleure propre garantie, car seule la dynamique de marché qu’elle permet est de nature en retour à faire émerger l’organisation des services et produits qui permettent à chacun d’assurer… sa liberté.
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