Thursday, October 29, 2015

Le pragmatisme libertarien

C’est un point récurent dans le débat bien pauvre entre libéraux auto-proclamés et libéraux, c’est-à-dire les libertariens. Ces derniers, dont je suis, ne seraient pas pragmatiques alors que le débat et la réalité politiques nous forceraient à l’être. Les libertariens ne feraient donc que rêver sans faire avancer la liberté, voire, seraient sources de débats stériles donnant du libéralisme une mauvaise image, ce qui in fine nuirait au progrès de nos idées.

Ainsi, venir attaquer les positions des « libéraux » serait se tromper de cible. Mieux, ne jurer que par des auteurs « extrémistes » risquerait de donner une mauvaise image, quasi totalitaire, du libéral.

Le « libéral » qui, merci à lui, voit la société comme elle est, met son pragmatisme à l’œuvre en présentant des candidats aux campagnes électorales pour les gagner et ainsi changer ce pays. Ou encore, le « libéral » ne s’attaque surtout pas à la démocratie, car cela serait inaudible, ou sacrilège.

Tout cela serait donc pragmatique et donc une bonne chose, puisque permettant à la liberté d’avancer, alors que la constante critique stérile des libertariens n’aboutit jamais à rien, dit-on.

Mais est-ce si sûr ? Car si la liberté avance quand on élit des « libéraux » qui prennent mandat et donc qui prennent une part du pouvoir, j’aimerais qu’on m’explique vers quoi elle avance. Pour ma part je ne vois qu’un élu remplacé par un autre élu. Et Ron Paul me direz-vous ? Bonne question, mais réponse aisée : j’attends que les candidats libéraux élus le soient sur un programme digne du Dr. No et que leur ligne de vote soit la sienne : ne jamais voter pour autre chose que des abrogations.

Les libertariens tant critiqués sont pourtant les seuls véritables pragmatiques de la vie politique. 

Pourquoi cela ? Parce que le pragmatique doit d’abord être un réaliste. Pour obtenir un résultat, il est préférable de ne pas s’adonner au rêve ou à l’illusion. Or jouer la carte du système, c’est bien sûr en faire le jeu. Si l’on se fait élire, comment peut-on espérer dénoncer le principe même des élections ? Si l’on se dit démocrate, comment peut-on espérer dénoncer le pouvoir absolu de la majorité ?

Le réalisme du libertarien repose sur la compréhension que la liberté ne peut pas être un concept qu’on obtient en le sacrifiant, ni par la force, ni par la contrainte d’un pouvoir même démocratique.

La liberté ne peut s’obtenir que pacifiquement, par la volonté, la demande de chacun. Sans cesse devoir expliquer la liberté pour convaincre et en transmettre l’exigence. C’est là le vrai pragmatisme.

La double peine des impôts

Les impôts, sous leurs différentes formes, limitées seules par l’imagination infinie des sous-hommes des tas, allant de l’inflation monétaire aux cotisations pour la retraite en passant par la TVA, cristallisent à eux seul toute l’opposition de discours et de morale entre libéraux et étatistes.

Pour l’étatiste, l’acte d’imposer – mot ô combien bien choisi et signifiant – tient sa justification et sa moralité dans le besoin social qu’il y aurait à partager ou redistribuer ou simplement cotiser aux fonctions sociales ou bien dits publics. Mais pour le libéral, aucune de ces notions n’est assez objective pour que quiconque puisse se permettre de les imposer. L’impôt est simplement un vol.

Mais l’impôt étant monétaire, il est donc de nature économique et comme toujours ou presque en économie, Frédéric Bastiat nous rappelle qu’il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Ou comment l’impôt nous inflige-t-il une double peine, confirmant sa nature catastrophique pour l’humanité.

Car les taxes et les impôts ne sont pas juste (autre mot de choix) de l'argent qui nous est pris. Si le temps c’est de l’argent, alors l’impôt c’est du temps. C’est bien pire qu’un simple vol à la sauvette.

Imaginez simplement. Un article de Libres ! par David Vincent explique très simplement que les impôts vous prennent la moitié de votre salaire. En réalité, pour certaines tranches, on est à 75%.

Imaginez que chaque mois, sans ne rien changer, avec la même profession, vous disposiez de deux fois plus. On pourrait se dire qu’ainsi vous pourriez payer la maison de vos rêves en dix ans au lieu de vingt. Mais ce n’est pas le cas. Du fait des intérêts, mais aussi parce que tous les produits se retrouvent ainsi plus accessibles, et donc le pouvoir d’achat meilleur, c’est plutôt trois fois plus vite.

On comprend dès lors que les impôts ne sont pas qu’un vol, un vol immédiat, celui que l’on voit et qui est déjà fondamentalement injuste et injustifiable. Ils sont aussi un avenir volé. Un espoir de prospérité volé. Ils constituent donc une double peine, aujourd’hui et bien pire, demain. Ils ruinent le porte-monnaie comme l’espoir. Et quand l’espoir est touché, il n’y a plus rien à perdre.

On nous parle constamment de croissance, la croissance serait la clé, il faudrait des impôts pour que l’état nous apporte la croissance. Mais c’est bien sûr l’inverse qui est vrai. L’impôt vole la croissance et avec elle tout ce qui fait que les hommes se construisent, y compris le respect du droit et d’autrui.

Saturday, October 24, 2015

L’autre victime de Puisseguin

L’accident hier à Puisseguin entre un bus et un camion est atroce, une horreur, un drame. Il est sain que nous en soyons tous peinés et que nous soutenions les familles et survivants dans leur malheur.

Mais cet accident révèle une autre victime, bien cachée, insidieuse, depuis longtemps malade : la presse. La presse qui trouve tellement peu de choses à nous dire qu’elle consacre désormais la majeure partie de son énergie pour les faits divers et la « rubrique des chiens écrasés ».

C’est bien connu : la France va tellement bien qu’il n’y a rien à en dire. Il n’y a rien d’intéressant à dire du chômage, de l’économie, de la justice, de la sécurité, pas plus que de l’enseignement.

Il n’y a rien à dire d’un pays qui détient de nombreux records peu compatibles avec sa devise : la plus forte fiscalité, le plus grand nombre d’élus par habitants, le plus ancien parti communiste occidental.

Il n’y a rien à dire d’un pays dont la 6éme ville est hors de ses frontières (Londres) du fait de l’exode auquel il pousse la plus jeune et la plus dynamique frange de sa population.

Il n’y a rien à dire d’un pays qui est à la 73ème place de l’Index of Economic Freedom (Indice de liberté économique, de la Heritage Foundation), derrière Oman et le Ghana et juste avant le Koweït.

Il n’y a rien à dire d’un pays où une loi est passée discrètement qui impose à toutes les entreprises dites sensibles, privées comme publiques, un contrôle étatique de leur sécurité informatique.

Mais il n’y a rien à dire surtout d’un pays où la liberté de la presse et son indépendance ont disparu.

On nous apprend à l’école que la presse, fameux Quatrième Pouvoir, serait dans une démocratie le garant de notre Liberté grâce à sa capacité à surveiller, enquêter et dénoncer les abus de pouvoir. Le journaliste, à l’affut du prochain Watergate, vivrait pour le salut du peuple face à l’ogre oppresseur.

Mais Puisseguin nous montre – hélas – une fois de plus que la presse française, désormais, ne nous parle de rien d’important et au contraire, dès qu’elle peut jeter ses feux sur un événement marginal mais chargé d’émotion ou de chauvinisme, elle ne s’en prive surtout pas. Autant de temps de gagné.

La presse, gavée des subventions étatiques qui la laissent survivre juste assez pour qu’elle dure dans la dépendance, joue en France le rôle de la propagande de l’époque des pires tyrannies du XXe siècle.

Heureusement, Internet est en train de bousculer tous ces fourbes et fera bientôt notre vraie Liberté.

Thursday, October 15, 2015

Le dialogue asocial

Avec l’affaire Air France – où le gouvernement, qui appelait au droit, soudain pousse le « dialogue social » – et l’annonce du refus de la CGT de participer à la « Conférence sociale » à venir, ce cher dialogue social pointe une tête dans une actualité déjà sous l’influence des élections qui approchent.

Le dialogue social est sans aucun doute devenu depuis quelques décennies le point de passage obligé et surtout supposé idéal de tous les changements ou améliorations du monde du travail de ce pays.

La recherche de dialogue ou le dialogue effectif ne peut bien évidemment être qu’une bonne chose du point de vue des individus et donc du libéral. Mais hélas, le dialogue social n’a rien d’un dialogue.

Lorsque la CGT, ou ses acolytes syndicats, prétend négocier nos avantages sociaux par le « dialogue social » avec les pouvoirs publics, il y a en fait double usurpation et triple abus de pouvoir.

Tout d’abord, les syndicats institutionnels ne sont en rien représentatifs des salariés, puisque ces derniers ne peuvent pas échapper à leur monopole et que seule une maigre minorité y est inscrite.

De l’autre côté, les « pouvoirs publics » s’arrogent le droit, le pouvoir en réalité, de contraindre et légiférer nos contrats de travail, alors que ceux-ci ne concernent que l’entreprise et nous-mêmes.

Triple abus de pouvoir donc avec deux représentativités sans fondement et un « dialogue » qui aboutit à des décisions qui nous touchent tous sans qu’aucun de nous n’y ait mot à dire.

Ne nous y trompons pas, les syndicats et ce simulacre de dialogue ont bien un rôle social. Ou plutôt asocial, car il s’agit bien sûr de pouvoir prétendre à l’existence d’une discussion entre salariés et entreprises au niveau global, directement contrôlé, tout en assurant justement qu’aucune négociation libre ne puisse trouver sa place au niveau individuel, beaucoup plus incontrôlable.

Dans un monde libre, chacun pourrait bien sûr négocier son contrat et les diverses facettes de sa rémunération directement et continuellement avec son employeur ou sa hiérarchie directe. Mais il serait alors possible de voir les meilleurs tirer leur épingle du jeu face aux moins habiles. Scandale.

Le dialogue social n’est pas fait pour nous tirer vers le haut et nous protéger des employeurs féroces. Au contraire, il s’agit de veiller à ce que les meilleurs ne puissent pas gagner plus que les médiocres, tout en camouflant ce principe honteux sous les couleurs de la préservation des acquis.

Un mensonge de plus, rien d’autre.

Saturday, October 10, 2015

Face Harbour, Perle Harbour

Safe Harbour - L’Europe vient de rejeter la validité du mécanisme juridique de protection des données personnelles dit du « Safe Harbour » via un cas mettant en cause Facebook. Vu combien d’entreprises ont recours à ce système, on peut s’attendre à une cascade de rebondissements.

Farce Harbour – Le Safe Harbour est une convention entre Europe et Amérique qui a établi la possibilité de revendiquer l’équivalence juridique des mesures de protection des données pour les multinationales. La conformité en Europe devenait reconnue outre-Atlantique et inversement.

Le premier intérêt de cette décision est de casser une farce. En effet, les juristes pourront bien rédiger tous les textes du monde, l’informatique continuera à leur échapper et la protection des données personnelles en particulier. Signer un Safe Harbour n’a jamais protégé quoi que ce soit.

Mais le plus croustillant, c’est que Facebook reste probablement ce qui se fait de mieux en matière de sécurité et que celle-ci n’a pas été réellement mise en cause. Seule sa conformité l’a été, nuance.

Perle Farbour – Imaginez la scène. Les juges et juristes sont les Japonais. Ils ont peur de Facebook, le géant qui dort à Hawaï. Ils veulent frapper un grand coup. Alors ils s’attaquent au Face Harbour. Mais l’histoire montre que le géant ne s’est pas laissé faire. Peut-on parler de Perle Harbour pour cette bourde ? Comme disait un de mes copains de lycée, parions que Nagasaki ne profite jamais….

Car sans être infaillibles, les « GAFA », comme l’immense majorité des entreprises tenant à leur réputation envers leurs clients, sont bien plus soucieuses de leur exigence de protection de leurs données que tous les textes de lois combinés. En la matière, la conformité n’est que piètre garantie.

Compte Harbour – Avec cette décision, un double compte à rebours est lancé. Tout d’abord, tous les Safe Harbours signés vont être remis en cause. C’est ce qu’espèrent les avocats qui souhaitent ainsi de nombreuses missions juteuses. Et sans doute verrons-nous une relative amélioration des choses.

Mais le second compte à rebours amènera des changements bien plus profonds. Devant les coûts et les honoraires, les Facebook et les Google risquent d’adopter une autre approche. Celle qui consiste à permettre à chaque utilisateur-client de choisir les mesures de protection qui lui conviennent.

Finis les Safe Harbour, les CNIL sans lien avec le marché et les vrais risques. Demain, nos données ne seront plus dans les mains des GAFA, mais dans les nôtres. Sauf celles aux mains de l’état, bien sûr…