Tuesday, February 16, 2010

Sarkozy, en vers et en droit(e)

Mon Beau-Frère me transmet un trac avec cette excellent feuillet, à lire de haut en bas, puis de bas en haut. Hilarant – ou consternant…

Dans notre parti politique, nous accomplissons ce que nous promettons.
Seuls les imbéciles peuvent croire que
Nous ne luttons pas contre la corruption.
Parce que, il y a quelque chose de certain pour nous :
L’honnêteté et la transparence sont fondamentales pour atteindre nos idéaux.
Nous démontrons que c’est une grande stupidité de croire que
Les mafias continueront à faire partie du gouvernement comme par le passé.
Nous assurons, sans l’ombre d’un doute, que
La justice sociale sera le but principal de notre mandat.
Malgré cela, il y a encore des gens stupides qui s’imaginent que
L’on puisse continuer à gouverner
Avec les ruses de la vieille politique.
Quand nous assumerons le pouvoir, nous ferons tout pour que
Soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d’influences
Nous ne permettrons d’aucune façon que
Nos enfants meurent de faim
Nous accomplirons nos desseins même si
Les réserves économiques se vident complètement
Nous exercerons le pouvoir jusqu’à ce que
Vous aurez compris qu’à partie de maintenant
Nous sommes avec Nicolas Sarkozy, la « nouvelle politique. »

Sunday, January 24, 2010

Sur la liberté monétaire. La vraie.

Bien que ce sujet ne fasse guère la une des grands médias, la liberté monétaire est un des fondamentaux de tout système socio-politique réellement garant des libertés de ses concitoyens, et beaucoup ont une analyse impropre des conditions à remplir pour garantir une vraie liberté dans ce domaine.

Pourquoi cela ? Il y a probablement de nombreuses raisons qui se combinent, mais il me semble que tout simplement nous sommes aujourd'hui au sein d'un système monétaire tellement éloigné de ses origines libres et libérales qu'il nous est désormais très difficile d'imaginer le modèle tel qu'il a été il n'y a guère plus d'un ou deux siècles de cela, et tel qu'il devrait certainement redevenir. Il est possible aussi que certains acceptent des compromis entre l'idéal et la réalité d'aujourd'hui - ce que je peux comprendre - mais qui ne change rien à la "non-libéralité" de ce qu'ils proposent.

Je ne suis certainement pas un expert moi-même, ce sujet a simplement été largement élaboré par les grands économistes autrichiens L.v.Mises et M.N.Rothbard, je me contente de leur emprunter les principes - j'inclus plus bas quelques liens de référence.

Liberté Chérie (LC), excellent mouvement libéral, a récemment publié un bon article à vocation de vulgarisation sur la vision libérale de la monnaie et d'un système monétaire libre.
L'article comporte cependant à mon sens quelques erreurs sur lesquelles je voudrais revenir.

Rendons à César ce qui lui revient, LC annonce que même chez les libéraux, deux vues s'opposent, ceux qui pensent que les banques peuvent user d'une réserve fractionnaire et ceux qui pensent que le concept même de réserve fractionnaire n'est pas libéral.

J'appartiens à la seconde catégorie, comme à mon sens Mises et Rothbard, et je voudrais tenter d'expliquer ici pourquoi une réserve fractionnaire, même soumise au marché, n'a rien de libéral.

Après avoir fort justement rappelé qu'il ne peut y avoir de monnaie libre que basée sur l'or - ou l'argent, le platine, bref, les métaux précieux - LC commence par poser le principe fondamental :


En tant que monnaie, l'or s'utilise selon son poids. Peu importe le chiffre inscrit sur une pièce d'or ou son pays d'origine.

Absolument. Ce qui permet à l'or d'être adopté comme monnaie universelle, c'est sa malléabilité et son intégrité. Les unités monétaires n'ont pas de sens dans l'absolu. Qu'un franc-or soit un franc n'importe pas si vous commercez avec un turc, ce qui lui importe, ce sont les x grammes d'or de la pièce échangée.

Le principe donc pose que la seule unité de monnaie universelle est le poids du métal, de l'or, et non le numéraire arbitraire en francs ou dollars. Continuons.


Dans un pays où régnerait la liberté monétaire, toute entreprise serait
libre de créer une monnaie. L'entreprise A pourrait acquérir une certaine
quantité d'or et le vendre à des clients. Ceux-ci pourraient ensuite faire des
achats avec des pièces ou des lingots d'or.

Puis :


Le système décrit ci-dessus repose sur une réserve totale des banques. C'est-à-dire que les banques gardent constamment en réserve l'intégralité de l'or qui leur a été confié. Leur seule tâche est de conserver l'or en sécurité et d'émettre des certificats d'or.

C'est l'idée centrale du "gold standard". Avec un bémol toutefois : Pour que cela fonctionne réellement, il faut que ce modèle soit adopté non pas par "un pays", mais bien à l'échelle mondiale, celle des échanges commerciaux réels d'aujourd'hui.

Une phrase de Mises met ce fait en lumiere, illustrant fort positivement la force à long terme de l'économie sur les gouvernements : "No government is, however, powerful enough to abolish the gold standard." Ce fut écrit en 1949, n'oublions pas.

Arrive ensuite le point source de différend :


Nous arrivons à un point qui divise les défenseurs de la liberté monétaire. Pour les uns, seul le système de réserve intégrale doit être autorisé. Pour d'autres, les banques doivent pouvoir proposer un système de réserve fractionnaire.

En faveur de l'option fractionnaire, LC avance les arguments de service suivants :


Elles [NB les banques à réserve fractionnaire] ne conserveraient qu'une partie de l'argent qui leur est confié en réserve, avec l'accord de leurs clients évidemment. L'inconvénient de cette pratique est évident, si tous les clients venaient retirer leur argent en même temps, la banque serait incapable de rendre à chacun ce qui leur est dû. En échange de cette prise de risque, les banques pourraient diminuer, voire annuler les frais de conservation en prêtant contre intérêt une partie de l'or déposé par leur clients. En outre, les taux d'intérêts proposés par ces banques seraient plus faibles.

Mises illustre cette évolution historique des banques vers le fractionnement :
"[Banks] considered it harmless not to keep the whole equivalent of the receipts issued as a cash reserve in their vaults. They were confident that they would always be in a position to comply with their obligations and, without delay, redeem the notes issued even if they were to lend a part of the deposits. Banknotes became fiduciary media within the operation of the unhampered market economy." C'est le moment où certificats et stock cessèrent de correspondre en valeur.

Malheureusement, penser cela comme libéral ne tient pas l'analyse. Une réserve fractionnaire correspond toujours à un vol des clients et des concitoyens, ce qui ne saurait être un principe libéral. Mais pourquoi donc cela ?

Nous l'avons vu, LC rappelle en introduction que la seule unité monétaire valable, c'est le poids en métal, et non pas son équivalent fiduciaire (franc, dollar, etc.). Or (!) le concept de réserve fractionnaire consiste ni plus ni moins à créer de l'or à partir de rien ! L'alchimie suprême ! Il repose également sur une omission majeure quant aux risques encourus. Il manifeste enfin inversion intellectuelle entre actif et passif de la banque, ce qui n'est rien moins que du vol envers les clients.

La création d'or tout d'abord. Il n'est pas besoin de fractionner la "réserve" pour comprendre la question de fond, celle de l'unité, prenons un scénario totalement banal.

Supposons une banque qui dispose de 100 tonnes d'or et émet des certificats - les billets de banque - de 1 kilo chacun. Il y a donc 100.000 certificats en circulation à ce moment là. Puis pour une raison quelconque, certains clients décident de retirer du liquide - terme provenant de l'or liquide - disons pour 50 tonnes. Elle se retrouve avec 50 tonnes en stock, et 50.000 certificats inutiles - ceux qu'on vient de lui rendre pour effectuer les retraits. Il est bien évidemment tentant de remettre ces certificats en circulation, pour amortir leur coût entre autres. C'est bien ce qui ce passe en réserve fractionnaire.

Mais on oublie que dans ce cas là, la valeur des certificats n'est plus de 1 Kg chacun, mais bien de 500g seulement. Car l'unité ne peut pas changer, ce n'est pas celle inscrite sur le certificat qui prime, mais uniquement celle de l'or en stock.

La règle de base d'une monnaie libre basée sur un gold-standard, c'est que l'unité inscrite sur les billets correspond à tout moment au poids d'or auquel ils donnent droit. Déroger à cette règle, c'est sortir de l'étalon-or.

Tout ceci est bien mieux expliqué par Mises lui-même dans Human Action, chapitre 17, section 12, "The Limitation on the Issuance of Fiduciary Media".

LC évoque l'argument de la prise de risque liée à la gestion du fractionnement. Mais quel risque pour qui ? La banque doit certes dans ce schéma gérer son risque de faillite dû à son incapacité possible à restituer l'or.

Mais on oublie le risque principal, celui qui fait le plus mal et qui est la source de la plupart des maux de notre économie actuelle : la perte de valeur des certificats pour le citoyen lambda, bref en d'autres termes, le vol généralisé des citoyens par les banques.

Car à partir du moment où on accepte l'idée qu'il peut y avoir deux comptabilités parce que deux unités, dont l'équivalence n'est que sous contrôle bancaire, celle exprimée en or et correspondant à la masse en stock, et celle des billets ou certificats, on ouvre la porte à l'inflation mécanique et systématique.

Dans l'exemple précédent, avoir 100.000 certificats en circulation alors qu'il n'y a que 50 tonnes en stock implique que les possesseurs de certificats, ceux qui ont laissé leur or à la banque, voient leur garantie divisée par deux alors qu'il n'y sont pour strictement rien. Pas très libéral à mon goût.

Le risque n'est donc pas tant pour la banque - une faillite, ça va ça vient - mais surtout pour tous les petits porteurs de certificats qui ne maîtrisent plus la valeur de leurs dépôts en garantie.

Analysons ensuite l'aspect comptable. Aujourd'hui, lorsqu'on reçoit un relevé bancaire, on ne fait plus attention aux deux mots et colonnes 'débit' et 'crédit'.

Pourtant, je me souviens tout gamin avoir posé la question à mon père : pourquoi quand je mets de l'argent sur mon compte, j'augmente mon crédit ? Pourtant, c'est mon argent et c'est alors la banque qui me le doit. C'est la banque qui devient mon créditeur, pas l'inverse.

Et pourtant, les magnifiques lois et réglementations bancaires sont ainsi faites depuis en gros deux siècles qu'à partir du moment où on dépose chez une banque, la somme déposée est juridiquement considérée comme la propriété de la banque. Dès lors, mon dépôt s'inscrit à mon crédit, puis c'est la banque qui prend possession de la somme. Superbe supercherie non ?

Alors forcement, la banque peut dès ce moment là prendre les risques qu'elle veut avec son-argent-qui-est-en-réalité-le-mien.

LC - ou du moins certains libéraux - avance l'idée qu'une approche réellement libérale consiste à laisser le marché décider quelles banques ou monnaies, entre celles pratiquant la réserve fractionnaire et les autres, méritent de rester sur le marché. L'idée semble généreuse, mais je pense qu'elle n'a pas de sens.

Que peut-il se passer ? Supposons ainsi deux banques sur un marché libre, une pratiquant le fractionnement (F) et l'autre optant pour un dépôt strict (S). A priori, F met en avant envers ses clients un risque de dépôt plus élevé, mais un accès au crédit simple et de montants plus élevés que S. A l'inverse, S promeut sa totale garantie de dépôt, au prix d'un accès à un crédit plus réduit ou plus cher. Vive le marché libre.

Le client C qui dépose 100 grammes d'or chez F et 100 chez S va très vite comprendre comment le système fonctionne. Ses 100g chez S sont 100% sûrs. Par contre, sa garantie sur l'or qu'il laisse chez F fond comme neige au soleil au fur et à mesure que F consent des prêts fractionnaires à d'autres que lui.

Deux options pour C. Il retire son or confié à F pour le mettre chez S. Autrement dit, F fait faillite à terme. Ou bien C tente de prendre sa part du gâteau et contracte un prêt auprès de F. Il contribue ainsi à accroître l'instabilité de F et à convaincre un autre client A de retirer son or pour le confier à S. Dans tous les cas, F finit par faire faillite par manque de fonds face à S. Ou sinon, S rachète F avant qu'il fasse faillite, ce qui revient au même.

Notons que ce scénario limpide n'a même pas besoin de supposer que les deux banques émettent des certificats différents ou mutuellement reconnus. C'est la différence de garantie qui fait le jeu.

Les libéraux pro-fractionnement ont quelque part raison, on peut laisser le marché décider librement en faveur ou non des banques à réserve fractionnaire. Sauf qu'à mon avis, il est facile de deviner à l'avance ce que le marché décidera. La banque libre, c'est celle qui préserve mon argent.

Bien librement.

Monday, January 4, 2010

Grippe A : comment évaluer le coût du principe de précaution ? - Reaction a l'article sur Rue89

Sur Rue89, ce 04/01/2010, un article intitulé :

Grippe A : comment évaluer le coût du principe de
précaution ?
Un chef d'oeuvre, avec points de vue d'un économiste toulousain et d'un professeur genevois en politique du territoire (ça existe comme matière enseignée ?!)

Comme entrée en matière est posée la question suivante, s'agissant de l'évaluation du nombre de vaccins H1N1 qu'il fallait ou non acheter pour la France :
Mais comment savoir jusqu'où apprécier le
principe de précaution ?


Une telle question démontre soit une incompréhension des questions économiques, soit un malentendu sur la nature du problème, qui est justement économique et non social ou que sais-je. Une approche économique répondrait : en le demandant au marché, dont c'est le rôle. Personne d'autre que le marché ne peut ou ne sait répondre, comme F.von Hayek l'a largement démontré.

Suit une transcription des propos de notre professeur genevois, avec tout d'abord une révélation :
Imaginons que le H1N1 ait mal tourné. Imaginez le tollé si on
n'avait pas pris ces mesures. Le risque, c'est que le prochain responsable, de
peur de se faire taper dessus, sous-estime les moyens… et se fera taper
dessus.


Ça c'est de l'information ! Ce spécialiste des politiques territoriales nous avoue tout simplement qu'à son avis, sinon dans la réalité (?) les 'pouvoirs publics' choisissent en fonction de leurs fesses et carrières, mais pas vraiment en fonction du risque réel envers la population. Normal me direz-vous, c'est humain, et puis de toute façon, ils ne savent ni ne peuvent mesurer le risque, alors...

Un peu plus loin, on apprend :
On l'a vu en 2000 avec la vache folle quand des mesures très
fortes ont été prises en France. La seule leçon à tirer de cette affaire, c'est
que si on rentre dans une période de risques sanitaires, les pouvoirs publics
n'ont pas des moyens infinis.



Ah bon ? Les moyens ne sont pas infinis ? Ben vraiment, j'avais besoin d'un prof pour me donner cette information, merci m'sieur... Surtout que lesdits moyens viennent de nos impôts, j'avoue que personnellement je préfère quand ils ne sont pas infinis.

Ce grand professeur termine avec une note philosophique désolée :
Le drame du principe de précaution, c'est que quand il
réussit, les gens ont l'impression qu'on a agi pour rien, quand il triomphe on a
l'impression qu'il ne sert à rien. Alors que justement, c'est parce qu'on a pris
des mesures.


Quel dilemme, pauvre principe de précaution, le mal compris et mal aimé ! Notre professeur ne voit donc pas que le principe de précaution est simplement inutile et contraire au bon sens. Avec ce principe, on serait en droit d'attendre des 'pouvoirs publics' qu'il nous protègent contre les effets secondaires des typhons sur la Floride, ou contre une invasion de crickets comme au Sahel, ou même contre l'éventuelle mort du soleil ou que sais-je encore. Ça n'a aucun sens et surtout ce n'est pas le rôle de l'état quel qu'il soit.

C'est à chacun de nous de gérer ses propres risques, et surtout de bien veiller à éloigner l'état du sujet. 'Incapacité publique' me convient mieux que 'pouvoirs publics'.

Mais continuons, nous avons maintenant droit à la vision d'un 'économiste' :
Quand on réfléchit aux dépenses publiques, il faut mettre en
rapport les coûts et les bénéfices attendus des différents projets. Les budgets
qu'on peut allouer à la prévention ne sont pas infinis, surtout en période de
déficit.


Bon, tout d'abord, bonne nouvelle : 'on' réfléchit. Tu me diras, 'on' en paye assez pour ça, 'on' (vous notez, c'est pas le même 'on') serait en droit d'attendre qu'ils concluent de ne pas dépenser, justement.

Il nous confirme que les budgets ne sont pas infinis - décidément, ça leur pose manifestement problème, ça serait quand même mieux si 'on' pouvait les augmenter à vue ces fichus budgets.

Mais le mieux, de la part d'un économiste, c'est bien le "il faut mettre en rapport les coûts et les bénéfices attendus". Et comment s'y prendre ? Moi, je ne suis pas économiste, mais 'on' m'a dit que le rôle du marché consiste justement - ça tombe bien - à permettre l'établissement de prix qui sont l'expression de la valeur d'un bien ou service pour ses usagers.

En clair, pour savoir si un projet présente un intérêt, mets le sur le marché et le marché répondra. Fastoche pourtant, pourquoi ne le propose-t-'on' pas ?

Puis il poursuit avec :
Ça a du sens que nos choix publics reflètent nos choix
individuels, nous vivons dans une démocratie. L'ensemble des risques auxquels
nous faisons face est très important : risque de santé, risque
environnemental


Alors donc, le propre d'une démocratie, c'est que 'nos choix publics reflètent nos choix individuels'. Et comment la foultitudes de choix individuels s'est-elle donc exprimée dans cette affaire ? Avec 5% de personnes qui se font vacciner, il semble qu'il y ait hiatus.

Mais surtout, on mélange risque avec action. A supposer que certains risques existent, comme le supposé risque environnemental, la solution quant à elle passe par l'action individuelle, et non par l'action 'd'organes' incontrôlés comme 'l'état-c'est-pas-moi'. Si l'état doit faire quelque chose, c'est informer, pas interférer.

Pour finir, l'apothéose, on sent le type qui réfléchit pour sa paroisse :
En France, on a un retard dans l'évaluation. On n'évalue pas
bien les analyses publiques, on ne fait pas assez d'analyses coûts-bénéfices.
Heureusement, la France est en train de rattraper son retard. Une loi effective
depuis 2009 oblige à faire des études d'impact pour toute nouvelle loi et la
faire passer au Conseil d'Etat et au Parlement. Ça va dans le sens d'une
évaluation plus systématique des projets publics. On va dans le bon
sens.


La première phrase bien sûr signifie 'il faut plus de budget pour la recherche', mais passons.
Le couplet sur l'évaluation est grandiose pour un économiste. Il oublie simplement le rôle du marché.

Il faut vous dire que sur Toulouse, il n'y a pas grand monde qui ne soit socialiste - hélas je suis bien isolé - alors on l'excuse. La preuve, il parait qu'une nouvelle loi, 'va dans le bon sens' - mais comment faisait-on avant cette loi ? Comment avons-nous survécu à tous ces méchants virus et autres bacilles jusqu'ici ?

Vive les-tas providence !

Sunday, January 3, 2010

La France ne vend rien

Selon Reuters, ce 3 janvier 2010 :
"La France a commencé à vendre ses excédents de vaccins contre la grippe A(H1N1)
mais la priorité reste d'immuniser les Français, déclare la ministre de la
Santé, Roselyne Bachelot."

Il y aurait beaucoup à dire sur une telle phrase. La 'France qui vend', les 'excédents' et la 'priorité [aux] Français' par exemple. Je vous laisse en trouver d'autres aussi croustillantes.

La France ne vend rien et n'a jamais rien vendu ni acheté. Ce sont les entreprises qui se trouvent situées en France qui vendent ou achètent. Enfin, normalement, c'est ce qu'on apprend à l'école. On nous apprend aussi que c'était dans les pays communistes (ou est-ce 'socialistes' ou même 'ump-istes' ?) que le pouvoir décidait d'acheter ou vendre ce qui était bien pour le peuple.

D'ailleurs, si on avait laissé les entreprise acheter les vaccins, je soupçonne qu'elles en auraient acheté moins que Roselyne - que voulez-vous, on ne peut décidément pas faire confiance au marché. Elles ne nous auraient probablement pas offerts ces magnifiques excédents comme cadeau de Noël. Car avant de commander aux laboratoires et d'engraisser ces derniers au moment où les vaccins étaient rares et donc chers, ces vaches d'entreprises, voire médecins, auraient attendu que les français soient malades - du moins, les achats auraient été plus progressifs. Ce qui fait qu'on aurait eu peu d'excédents - voire aucun - et les vaccins auraient été moins chers - merci les impôts.

Mais me direz vous, peu importe, puisqu'on les revend, ces fameux vaccins, inutilisés à quelques 95%. Hélas, c'est oublier ce satané marché... Car les vaccins ne sont désormais ni aussi rares ni aussi recherché. La preuve, on ne les vend pas à l'Allemagne ou l'Espagne ou autre pays 'grippal', mais au Qatar, lequel doit voir passer des grippes chaque fois qu'il y neige... Et donc ces généreux clients ont toutes les chances de négocier les prix à la baisse - c'est ce que vous feriez aussi, non ? Ce qui nous donne 95% de gaspillage, merci Roselyne.

Mais le meilleur est bien sur pour la fin. Immuniser les français, voila bien un noble objectif, non ? Mais la grippe ne connaît pas les frontières. Si les gens doivent être immunises, pourquoi les français en priorité ? Sommes-nous donc une population à risques, ou à privilèges ? Ou sommes-nous le pays des droit-de-l'homme - autre chose qu'on nous apprend à cette fichue école ? Ainsi, valait-il mieux acheter des vaccins en masse, pour rien, et ainsi en priver les pays moins riches qui en avaient vraiment besoin ? à supposer que de tels pays existent, mais ce n'est pas la question ici. Nous voilà donc au-dessus du lot. Les français méritent d'avoir les vaccins en premiers et méritent d'être immunises, eux. Tant pis pour les autres.

Roselyne - et hélas beaucoup d'autres - ne comprend pas - ou ne veut pas comprendre - que la santé en général et la grippe en particulier n'est pas un droit mais le résultat de services envers chaque individu. C'est donc un animal économique qui a un prix. La santé à tout ou n'importe quel prix, cela n'a aucun sens. Ou plutôt, ça n'a de sens que socialo-communiste, c'est-à-dire je décide-et-vous-payez.

Ce gâchis n'aurait tout simplement pas existé - mais comment faisait-on par le passé d'ailleurs ?? - si tout simplement Elle avait laissé chacun décider de se faire vacciner ou pas, si chacun avait eu le choix entre X euros à payer pour le vaccin d'une hypothétique grippette et ces même X euros utilisés à quelque chose de plus urgent ou plus utile pour soi.