Thursday, December 31, 2015

Subprimes, Big Data et autres Sornettes statistiques…

J’ai découvert ce matin un de ces TED Talk qui ne s’inventent pas : un certain Didier Sornette nous y donne son interprétation de la crise des subprimes, à base de « rois-dragons » et de yet-another modèle statistique, capable, rendez-vous compte, de prévoir les crises d’épilepsie, c’est dire ! (*)

On sait pourtant expliquer la crise de 2008 depuis avant même qu’elle existe, puisque dès 2006, voire avant, les économistes « autrichiens » l’avaient maintes fois annoncée, sans être écoutés bien sûr. (+)

Il est donc frappant qu’on continue, encore et encore, à imaginer les théories les plus folles pour expliquer ce phénomène, pourtant assez simple à la base. Mais plus surprenante encore à mon sens est la démarche intellectuelle suivie par tous les Sornette de ce monde gavé de subventions.

Je veux parler de l’empirisme aveugle. Celui, très à la mode, qui consiste à partir d’une masse de données plus ou moins en rapport avec le sujet et à tenter d’en tirer des tendances, puis à imaginer une explication plus ou moins délirante qui colle avec la ou les tendances identifiées. Aveugle, car la démarche ne part d’aucune théorie reconnue, elle la cherche par les données. Les faits seraient rois.

Or il y a essentiellement deux manières de mener une analyse de données. Soit on connait lesdites données, on sait ce qu’elles mesurent, donc on sait les replacer dans le contexte d’une théorie plus globale. Cette théorie guide alors notre questionnement et on cherche comment les données la matérialisent. C’est ce qui se passe quand on mesure la trajectoire d’une fusée, on la compare à celle qu’on attend de la trajectoire théorique, ce qui permet de corriger en cas d’écart trop important.

Et puis il y a le cas où la théorie n’existe pas encore, ou pas complètement. C’est ce qui se passe souvent en médecine et ce qui explique l’usage important des statistiques dans ce domaine où l’on cherche encore souvent à comprendre le corps humain. Là, les données permettent d’imaginer la théorie qui semble correspondre à la meilleure explication des observations. Mais une fois la théorie reconnue et établie, on se retrouve vite dans le premier cas où c’est alors elle qui sert de guide.

Notre Sornette quant à lui, comme hélas beaucoup, trop de pseudo-économistes, se comporte comme si nous étions dans le second cas. Des générations d’économistes ont établi les théories les plus solides quant à la monnaie et ces crises, et monsieur arrive avec ses rois-dragons. Magie noire ?

Ce qui est grave, ce n’est pas ce clown bien sûr. Ce qui est grave, c’est qu’on retrouve cette erreur méthodologique partout et constamment. On oublie les sciences et la logique pour préférer la magie des outils statistiques, en pensant peut-être que la statistique assure par elle-même le caractère scientifique de la démarche. Or cela est profondément faux. Les statistiques ne font que matérialiser une théorie, elles ne peuvent ni l’imaginer ni la valider : nous voyons le soleil nous tourner autour…

Cet engouement pour la statistique et l’empirisme aveugle s’exprime en ce moment avec le boom du « big data » en informatique. En gros, l’idée consiste à mettre toutes les données d’une entreprise dans un même pot et à « plonger dedans » pour y puiser de nouvelles sources d’optimisation, voire de nouvelles informations qui pourraient avoir une valeur économique. C’est le nouvel Eldorado.

Pourtant, c’est là encore le plus souvent juste de l’empirisme aveugle. Car soit on sait à l’avance comment on peut tirer de la valeur de ces nouvelles mises en relation, soit on risque de leur faire dire de grosses bêtises dignes des rois-dragons. Car on n’est pas dans un domaine comme la médecine où la recherche théorique a encore un objet, puisque ces données, on sait ce qu’elles sont.

On pourrait noircir bien des pages sur ce sujet, ma conclusion sera en forme d’alerte : soyons vigilants, sachons détecter et dénoncer les clowns et magiciens de la statistique, ils sont partout autour de nous et cherchent à nous faire avaler les pires idioties, pour mieux limiter notre liberté.


Tuesday, December 29, 2015

Pollueur ? Mais qu’est-ce que la pollution, svp ?

Le Cercle vient de publier un billet au titre (« L’Homme, un pollueur dans toute la galaxie ? ») et au texte qui m’ont laissé songeur quant au faible recul que bien des experts en la matière ont vraiment.

Je ne vais pas disséquer tout le texte, mais simplement le tout premier paragraphe, cela devrait suffire pour illustrer combien les écologistes – du moins celui-ci – passent à côté de leur propre sujet. Ou plus exactement, à quel point ils oublient la réalité sociale de ce monde et la liberté de chacun.

« Après la COP 21 et les mesures prises par les différents chefs de gouvernement, peut-on vraiment crier victoire ? » : Victoire ? Il s’agit donc d’une guerre ? Belle référence pacifiste, on comprend tout de suite que l’écologiste, appelons-le ce Pollueur, marque un grand respect envers tous et chacun.

Quant aux « mesures prises », la logique est bien de la même veine : on ne sait pas bien quel est le danger ni l’ennemi, mais les mesures seront imposées par les chefs, la victoire s’exprime bien ainsi.

« Peut-on se montrer satisfait des efforts fournis par chaque pays pour réduire la pollution ? » : Satisfait ? Quel est donc ce roi écolo qui se pose ainsi en juge ultime des « efforts » de l’humanité ?

La chose serait simplement ridicule si elle ne montrait pas au passage que ledit Pollueur qui se croit expert n’a tout simplement pas compris les enjeux profonds de l’écologie et de la pollution mondiale.

Quel est l’objet même de l’écologie ? La préservation, ou la conservation de la Nature, me répondra-t-on. Fort bien, mais préserver ou conserver supposent la stabilité, voire le retour à un passé proche supposé meilleur que notre présent pollué. Or la vie est tout autre : la vie suppose le changement.

Ne serait-ce que l’explosion démographique, sans même parler de l’explosion des aspirations du monde à une vie « meilleure », la réalité humaine est faite de changement. Il faut se nourrir et donc prélever des ressources dans la Nature. On ne peut pas la conserver, on ne peut que l’exploiter. Ou mourir, ou demander au nom de l’écologie à des foules immenses de ne plus vivre ni évoluer.

L’enjeu écologique de l’humanité consiste donc à trouver le meilleur moyen de gérer ce conflit apparent, ce paradoxe entre vivre et conserver, entre progrès et nature préservée. Il n’est pas sûr que notre Pollueur l’ait bien compris, lui qui opte sans plus de réflexion pour le diktat d’une victoire.

Et clairement, pour ce problème comme pour tout problème social et économique, la seule réponse possible repose dans la liberté : seul chacun de nous, à son niveau, en fonction de son contexte et de ses préférences et priorités de vie, seul chacun de nous peut arbitrer entre altérer et préserver. A la condition bien évidemment de reconnaître ce même droit – voire devoir – à tous les autres humains.

« En réalité, pas vraiment. Et pour cause, l’activité de l’Homme et sa course technologique démesurée et irréfléchie … » : Il serait trop long ici de réagir à cette autre idiotie. Disons juste que juger la course technologique comme « irréfléchie » est la preuve que l’auteur est un irréfléchi lui-même…

Monday, December 28, 2015

Lorsque la Corse s’éveillera…

Depuis des décennies, la Corse est un caillou tranchant dans la chaussure des gouvernements français successifs, de tous bords. Elle bénéficie des régimes d’exception les plus inimaginables pour d’autres départements ou régions et fait preuve d’un acharnement envers Paris sans équivalent.

Aux dernières régionales encore, la Corse se distinguait en étant la seule nouvelle région adoptant une liste locale et non affiliée aux grands partis nationaux se partageant le pouvoir politique. Voici que depuis quelques jours, ce regain d’affirmation prend forme de manifestations populaires vers Ajaccio, défiant au passage l’état d’urgence ridicule et la pression sécuritaire de Manuel Valls and co.

Il est amusant, de plus, qu’au moment où démarre un débat sur le bi-nationalisme, on accepte de parler des partis locaux basques comme des partis « nationalistes », ce qui tend à pousser l’idée d’une nationalité locale, en complète contradiction avec la logique de nation monolithique française.

Ne nous y trompons pas, jamais je ne soutiendrai les actes de violence qui depuis trop longtemps ont marqué les manifestations des indépendantistes ou autonomistes de l’Île de Beauté. La violence ne peut en aucun cas – autre que légitime défense immédiate – être justifiée, quelle que soit la cause. Je ne suis pas dupe non plus de la mafia locale, de ses travers, de son immobilisme ni de sa corruption.

Mais cependant, j’admire l’énergie et la volonté de ces corses qui luttent contre les jacobins et se voient Corses avant d’être fils de Marianne. Et je regrette que durant des vingt dernières années, les Bretons, les Basques, les Alsaciens, les Catalans ou encore les Savoyards ne se soient pas fait plus entendre, que les voix régionalistes semblent avoir été matées par le Léviathan parisien. Provisoire ?

Car l’avenir n’est pas dans une France encore plus monolithique, elle-même encore plus noyée au sein d’une Europe toujours plus vaste. Les partis indépendantistes de divers pays d’Europe, tels UKIP ou les partis catalans, ne s’y trompent pas. L’avenir est à l’éclatement des monstres géographiques.

L’Union Soviétique s’effondra pour donner lieu à une myriade d’états plus petits, comme la Géorgie ou l’Arménie. Cela prendra encore du temps, mais on peut parier que l’actuelle Russie elle aussi finira par s’effondrer à nouveau pour éclater en une foule de nouvelles entités. Certains états des Etats-Unis sont l’objet de soubresauts internes poussant à la sécession, c’est-à-dire à l’indépendance, hors du territoire à la Bannière étoilée. L’Inde a déjà connu cela dans les années 70 avec le Bangladesh.

La démarche politique des Corses, du moins la majorité pacifique, mérite d’être suivie et encouragée par les Libéraux. Elle pourrait montrer la voie de la sécession libératrice aux autres régions et accélérer la chute de l’empire – pardon, du cirque – jacobin. Je ne suis pas Charlie : Je suis Corse…

Saturday, December 26, 2015

Bi-National : La nationalité n’est pas un droit

Je suis peu l’actualité, mais j’ai vu passer un article où quelque irréfléchi comme il y en a beaucoup revendiquait sa double nationalité, à l’heure où François et sa clique prenait des « mesures » supposées renforcer notre sécurité – dans 20Minutes : « Ali Baddou dit son incompréhension avec le hashtag #JeSuisBinational ». Il faut dire qu’il est journaliste, ce qui forcément n’aide pas à briller…

Il semblerait que ce « journaliste » n’ait pas compris ce qu’est une nationalité. C’est pourtant très simple : il s’agit d’une obole administrative accordée à un individu par une bureaucratie locale, parfois suite à l’application d’une loi arbitraire, parfois suite à corruption, accordant les mêmes privilèges que le plus gros de la masse de ses sujets – habituellement qualifiés de « citoyens ».

On l’aura compris, le mot le plus important est bien « loi arbitraire ». Laissez-moi vous donner un exemple. Un de mes excellents amis, Français, est né en Tunisie de parents italiens, à l’époque du Protectorat. A l’après-guerre, Wikipedia nous dit que « les règles de naturalisation des enfants nés de parents italiens [deviennent] les mêmes que celles des autres nationalités européennes ». Il est donc Français presque par accident. Combien d’autres situations aussi bizarres existent et ont ainsi existé ?

Soyons clair, je ne donne pas dans le racisme. Je suis moi-même Français, mais pourrais prétendre à la nationalité ivoirienne. Non, il ne s’agit pas de montrer du doigt des « nationaux » qui ne « mériteraient » pas d’être Français. Au contraire, il s’agit de montrer, de rappeler que justement, la nationalité n’est en réalité associée à aucun « mérite », à aucune « logique », ni à aucun « héritage ».

L’histoire, la colonisation puis la décolonisation, les arrangements en cas de mariage et de naissance, le conflit entre droit du sol et droit du sang, ont fait de notre « code de la nationalité » un de ces labyrinthes administratifs dont nous seuls avons le secret. Et in fine l’actualité vient de le prouver, l’accord de la nationalité française est en dernier recours laissé à l’appréciation du « roi » en place.

Dès lors, revendiquer sa simple, double ou triple nationalité est un contre-sens. Car soit on reconnaît l’autorité arbitraire de l’état accordant ladite nationalité – et dans ce cas, on se tait. Soit on conteste cette autorité ou du moins son arbitraire. Bel acte de rébellion, de prime abord. Mais en fait incohérent puisque visant à se voir reconnu comme citoyen, c’est-à-dire esclave de l’état contesté.

Quant à moi, je suis citoyen libre. Un passeport violet me permet de voyager. La France ? C’est quoi ?

L’école du choix, le choix de l’école

Hier, Noël en famille, comme beaucoup sans doute. Et comme beaucoup hélas, un ou une gauchiste de service à table, qui ne manque pas de nous assener ses inepties. Hier donc pour moi, c’était une prof de langue, névrosée chronique en cours de divorce d’un prof de langue, ne connaissant le monde qu’à travers ses livres, qui nous faisait la leçon sur l’enseignement des jeunes.

Car voyez-vous, la réponse à la crise sociale actuelle, eh bien c’est de forcer les gamins encore jeunes et dociles à apprendre la musique. Tous. Il « faut » leur apprendre la musique. Non, je n’invente pas.

Très vite, j’opposais à la dame de cœur que peut-être qu’une meilleure réponse en matière de programme et de système éducatif en général serait de laisser les parents, tous les parents, choisir et l’établissement scolaire et les matières et programmes. « Mais la liberté de choix, c’est la porte ouverte à l’anarchie ! » ai-je eu droit d’entendre en réaction. Elle est pas belle notre Gôche ?

Peu importe la musique, ce qui me choque dans la bouche d’une telle prof – mais qui n’est rien d’autre qu’une porte-parole typique de bien d’autre gauchistes – c’est la conviction que le corps enseignant et l’éducation nationale peuvent et même se doivent d’obliger les gamins à apprendre ceci ou cela. Et cela sans sourciller, sans se poser la moindre question. Elle en a le devoir, c’est tout.

Si elle s’ouvrait une peu l’esprit, elle qui pourtant personnifie notre élite culturelle, elle se rendrait compte que la réponse – et surtout l’avenir – de l’enseignement repose sur le libre choix rendu systématique : libre choix de l’école, libre choix des matières, libre choix des modes pédagogiques.

A l’heure d’un Internet qui s’annonce balayant le système, où les sites d’enseignement à distance, tel la Khan Academy et bien d’autres, pullulent déjà et donnent accès libre à la connaissance à presque tous, il est bien malheureux de voir que nos profs en sont encore à se croire les seuls porteurs de la qualité et de la pertinence de l’enseignement des prochaines générations, avec tonalité tyrannique.

Je suis sûr que vous aussi vous avez dans votre famille un gôcho de cette trempe, un postier, un cheminot ou un enseignant qui vous pourrit les repas de famille en osant se poser comme seul porteur de la vérité de notre pôvre humanité, nous autre fachos de service. Sur l’exemple de ce sujet sur l’école libre, n’hésitez-pas de leur rabattre leur caquet, ils n’ont que trop duré et fait de mal en ce monde.

Wednesday, December 23, 2015

Le marché noir est blanc comme neige

Dans le métro, je tombais par-dessus une épaule sur Direct Matin titrant « Carte blanche au marché noir – Trois Français sur quatre acceptent le phénomène », exprimant à demi-mots un étonnement, une émotion vaguement choquée qu’une telle majorité puisse ainsi approuver une telle pratique.

Ce type de titre, dans son phrasé même, montre bien l’état d’esprit sinon français, du moins d’une bonne frange de l’establishment et de la presse de ce pays. Ainsi, l’emploi du terme « acceptent » est lourd de sens. Il y aurait donc dans le marché noir quelque chose de potentiellement mauvais, puisque presque inacceptable ? On voit combien la presse se méfie de la chose économique, hélas.

Mais plus français encore, il serait acceptable (!) d’imaginer ne pas accepter, de rejeter donc, une telle réalité, réalité qui pourtant est l’expression libre de la volonté des Français eux-mêmes. Car le marché noir n’est bien rien d’autre qu’une foule d’échanges libres et spontanés entre individus. On retrouve ce goût de la chimère, cette idée bien d’ici qu’il serait possible de contester la réalité et même la légitimité de la réalité. Car bien que fruit de la liberté de chacun, elle porterait le mal en soi.

Bien sûr, le terme de « marché noir » n’est pas neutre et montre combien cette perception de l’économie remonte déjà à bien longtemps. Il faut dire qu’à l’époque de la Grande Guerre, quand l’expression apparut, le marché noir faisait des jaloux chez ceux qui n’avaient pas les moyens d’y faire affaire. Quand bien même, le terme est resté, et aujourd’hui il désigne en fait l’ensemble du domaine économique qui s’organise pour échapper aux taxes et aux contrôles étatiques inutiles.

Le marché noir est donc de nos jours la meilleure manifestation de la liberté économique, par opposition au marché officiel, qui est soumis à la multitude des taxes, à commencer par la TVA. Il conviendrait donc presque de le renommer « marché libre », mais ce serait comme un blasphème !

Enfin, l’article titre sur un « phénomène », comme si on assistait à quelque chose de nouveau et de temporaire. Clairement, il y a toujours eu en France un marché noir actif, on parlait par exemple de « système D » il y a une ou deux générations. On peut même parier qu’il existera toujours, le peuple cherche juste à échapper à l’oppression fiscale. Le marché noir prospère en réaction à la taxation.

Pourtant il est vrai, avec l’explosion des sites tels que « Le bon coin » et ses multiples équivalents ou déclinaisons, que la désintermédiation que permet et qu’accélère Internet se manifeste dans de nombreux marchés ainsi nouvellement libérés, ayant trouvé le moyen de court-circuiter la taxation.

Les Français s’y retrouvent, c’est évident, et cela explique les trois quarts d’avis favorables. La bonne nouvelle, c’est que le « phénomène » va probablement s’amplifier et l’état va voir ses recettes mises à rude épreuve – à la bonne heure. La triste nouvelle, c’est que la presse ne voit pas – encore ? – qu’il s’agit bien là d’une excellente nouvelle pour le peuple et pour l’avenir. Où est son sens critique ?

Saturday, December 19, 2015

Chèque-Éducation : le défaut oublié

Contrepoints publiait il y a peu sur ce titre : « Chèque-Éducation : le débat oublié », rappelant le concept avec une grande photo de Milton Friedman en guise d’icône garantissant la pertinence économique mais aussi libérale du texte. Le chèque-éducation est ainsi un sujet serpent de mer qui ressort régulièrement chez les libéraux où il est considéré comme un exemple à suivre d’urgence.

L’article explique fort bien le principe du chèque et ses avantages relatifs dans le système éducatif actuel. Il est ainsi peu discutable que ce mécanisme apporterait en France une plus grande souplesse et une plus grande responsabilité éducative chez les parents, pour un large gain de la qualité finale de l’enseignement, c’est assez clair. Le chèque-éducation est à ce titre une bonne idée. Relativement.

Car en même temps, c’est une idée fausse, voire ridicule. En effet, un défaut majeur est oublié dans la logique même du chèque-éducation. La question est pourtant simple : qui le finance ? Ou plutôt, comment est-il financé ? Par les impôts bien sûr, comme l’Education nationale l’est aujourd’hui.

Et comment une idée supposée libérale peut-elle reposer sur l’hypothèse d’un impôt, s’il vous plaît ?

L’impôt est la marque ultime de l’arbitraire. Il est le symptôme profond de toute absence de liberté. Aucun libéral sérieux ne peut avancer l’idée d’une réforme qui reposerait sur un impôt quelconque.

Le chèque-éducation n’est donc pas une mesure libérale et ne devrait même pas exister dans le vocabulaire des libéraux français. Pas plus que le revenu universel ou ses équivalents (qui suppose l’inflation), pas plus que la retraite par capitalisation (parce qu’obligatoire) ou d’autres.

Le débat de fond avec les « libéraux » qui font la promotion du chèque-éducation ou autres tient bien sûr à deux thèmes récurrents. Le premier concerne le pragmatisme politique, le second concerne la vision de la transition vers une société libre. Appelons Bastiat à l’aide un instant.

Le pragmatique voit le chèque comme un progrès libéral parce qu’il peut choisir son école. Mais il ne voit pas les impôts qu’on lui inflige. Il imagine une évolution douce vers moins d’état et se satisfait quand il voit plus de choix à sa porte. Mais il ne voit pas que ces choix lui sont apportés par l’état.

La question du chèque-éducation chez les libéraux devrait donc être l’occasion d’un débat de fond sur le rôle de l’état. Selon moi, il faut savoir être exigeant et ne jamais se contenter de masques quand il s’agit de notre liberté. Encore moins quand il s’agit de celle, à venir, de nos enfants.

Non, Über ne s’envolera pas ?

Dans son édition du jeudi 10 décembre 2015, Les Echos Entreprises & Marchés faisaient leur une sur le titre suivant : « L’Aviation civile française prête à couper les ailes du coavionnage ». Autrement dit, la DGAC a assez de temps à perdre pour de préoccuper de fermer un marché libre alors qu’il doit être plus que naissant et marginal. Mais viiite, un espace de liberté, il faut le fermer avant qu’il s’étende.

Imaginez pourtant. Certains « privilégiés » possèdent un petit avion personnel. Quel scandale, c’est sûr. Le concept de coavionnage consiste pour eux à faire comme pour le covoiturage, c’est-à-dire à proposer à des inconnus de profiter de leurs vols et de leurs sièges libres contre une contribution.

Donc c’est une manière simple, pratique et peu onéreuse de prendre l’avion, sur des trajets peu fréquentés et de manière souvent conviviale. L’avion taxi, l’avion démocratisé, en quelque sorte. Mais nous sommes en France, la liberté ne peut donc pas prendre sa juste place dans un tel cas. 

Rendez-vous compte ! Tout d’abord, cela fait concurrence « déloyale » aux compagnies aériennes, mais aussi au train, aux bus et aux taxis ! Peut-être même au métro et au vélib ! De plus, en pleine COP21, cela encourage un transport très polluant à forte empreinte carbone ! Surtout, il y a une question évidente de sécurité ! Comment peut-on faire confiance aux pilotes privés ?

Et j’en oublie sûrement. Tous ces arguments sont soit des mensonges, soit des théories incohérentes. Seule la liberté est cohérente. Comme ce sont les mêmes arguments principaux que dans le cas des conflits des taxis, des bus ou des VTC cette semaine, tentons de leur tordre le cou.

La concurrence n’est jamais déloyale, parce qu’elle est simplement partout. Tout et tout le monde est constamment en concurrence avec tout et tout le monde, simplement parce que la concurrence, c’est chacun de nous qui la fait quand on décide d’acheter un pain plutôt qu’un magazine, un vélo plutôt qu’une moto, un coavionnage plutôt que des vacances à la mer. La concurrence, c’est la vie.

Plus important, la concurrence est liée à l’innovation, comme dans cette idée de coavionnage. Si la concurrence est interdite, c’est aussi l’innovation qui l’est. Avec à la clé la promesse d’une société à l’avenir morne et fait de déclin. Si l’innovation est indispensable, alors la libre concurrence l’est aussi.

La pollution est un argument ridicule, puisque justement, un avion plein pollue moins per capita qu’un avion aux sièges vides. Quant à la sécurité, qu’on m’explique comment un pilote formé et ayant sa licence pourrait devenir dangereux lorsqu’il accueille des passagers – alors que sur la route, la question n’est jamais posée. Mais peut-être que bientôt il nous faudra des permis de covoiturage ?

Cette manifestation imbécile de la DGAC envers le coavionnage n’est qu’une anecdote comparée aux enjeux de ce pays, ce qui la rend d’ailleurs d’autant ridicule. Mais elle exprime bien le caractère liberticide, conservateur, rigidifiant, totalitaire de la force publique et des mentalités au pouvoir. A quand un Über pour le coavionnage qui vienne chahuter tous ces stupides démons déjà dépassés ?

Tuesday, December 8, 2015

Il faut être gonflé pour croire en l’inflation optimale

Fin novembre, Contrepoints publiait « L’inflation américaine est optimale », un court article dont rien que le titre semblait, disons, provocateur. Il faut dire que depuis quelques années, la baisse de qualité « libérale » de bien des articles de Contrepoints se fait sentir, on devinait là un bel exemple.

Et on n’a pas été déçu. L’article est très court, deux paragraphes seulement en font l’ossature, il est dont facile de les reprendre ici. L’article annonce ainsi que : « L’inflation est à son niveau optimal aux États-Unis, c’est-à-dire dans la bande des 1,0 à 1,5 % ». Cela peut sembler banal, mais tout économiste authentique, donc à tout le moins proche des thèses de l’école autrichienne, sait bien que l’inflation est un méfait pour une population. Même à 1%, par définition, elle réduit la valeur des bas de laine d’autant et donc appauvrit quiconque économise et met de côté pour l’avenir.

Le concept même d’inflation optimale suppose l’idée qu’un taux structurel d’appauvrissement pourrait être une bonne chose, un niveau qu’on recherche et qui serait porteur de prospérité. On a du mal à voir comment une telle idée incongrue peut voir sa publication dans une feuille dite libérale.

Mais l’auteur va plus loin, il nous explique sa pensée : « car en dessous de ce seuil, les risques de déflation peuvent commencer à devenir inquiétants et au-dessus de cette barre critique, ce sont les risques d’inflation qui peuvent l’être. » Ah ! Il est rassurant que l’auteur accepte de voir un risque en l’inflation. Mais un risque de déflation ? C’est là un fort indice de sottise économique.

Car la déflation, cela signifie l’inverse de l’inflation, c’est-à-dire que la monnaie gagne en valeur chaque jour. Que chaque jour, le prix du pain baisse, qu’avec le même salaire, je peux acheter plus. Jörg Guido Hülsmann a écrit un ouvrage sur la déflation (en Français sur le site de l’Institut Coppet) pour l’expliquer et montrer que c’est la base de tout idéal économique humaniste et libéral.

Notre auteur conclut néanmoins que : « … ce sont les risques déflationnistes qui sont les plus inquiétants, après les turbulences financières et les baisses des prix de l’énergie de ces dernières années qui provoquent des variations considérables sur les indices des prix. » Voilà bien une vue étriquée de pseudo-économiste. En gros, parce que les indices des prix fluctuent, la déflation est un grand risque – même si par nature même c’est elle et elle seule qui assure la prospérité de tous ?

Ce qui est triste dans ce genre de torchons, c’est bien sûr qu’ils soient la norme et endorment le bon sens des rares novices qui s’intéressent à l’économie, mais surtout qu’ils soient repris par un organe qui prétend faire avancer la liberté et sa compréhension en nivelant « par le haut ».

Monday, December 7, 2015

Et pendant ce temps, les sourds y dansent…

Les chiffres sont passés inaperçus. Les derniers chiffres du chômage ne confirment pas sa décrue, bien au contraire. Avec plus de 40 000 chômeurs venus le gonfler en plus, il n’y a guère que le chômage qui connaît la croissance – avec Big Brother bien sûr, ils sont d’ailleurs souvent alliés.

Et ainsi, pendant que le tchador, les sourds y dansent… Les sourds, ce sont bien sûr tous ceux qui ont de minables intérêts à ce que rien ne change, depuis des lustres. Les politiques en premiers, les syndicats, les fonctionnaires, les économistes, les journalistes, les universitaires, mais même hélas bien des patrons, ceux qui sont à leur place plus par le système de connivence que par leurs qualités ou celles de leur entreprise. Peut-être pas tous sont sourds, certes, mais tant d’entre eux, hélas.

Mais les sourds, ce sont aussi ceux qui ne veulent pas entendre qu’il faut se mettre au travail, qu’il faut renoncer au social, que le socialisme échoue, ou encore que la dette vole nos enfants. Les sourds, ce sont tous ceux qui n’osent pas se faire entendre, à l’exemple de ces libéraux trop indécis.

Pourtant, on sait bien ce qui arrive et on sait bien ce qu’il faudrait faire. Il suffirait pour se faire entendre de commencer par le dire. Dire que le chômage est la conséquence d’un marché et d’un droit du travail rigides et injustes, qui refusent aux jeunes et peu qualifiés la chance de leur vie. Dire que la monnaie est la première méthode de notre appauvrissement organisé. Dire qu’il n’y a pas de changement climatique, ou que du moins cela ne regarde pas les puissants. Ou dire encore que nous n’avons absolument pas besoin des politiques pour vivre et qu’ils sont nos seules sangsues inciviles.

Que risque-t-on s’il vous plaît ? De ne pas être entendus ? Plus que nous les sommes déjà ? Quel est le risque vraiment, quand on n’existe pas sur la scène, de donner de la voix, la voix de la raison ?

Il y a dans la crise sécuritaire actuelle une opportunité unique que trop peu saisissent. Il y a une opportunité à rappeler la crise économique et ses causes politiques et sociales. A rappeler que les solutions pour notre sécurité ne sont pas dans la force mais dans le commerce et dans le droit. A rappeler que ce pays ne cesse de perdre en prospérité au fur et à mesure qu’il gagne en textes de loi.

La victoire du FN en est certainement un indice, le peuple finit par adopter les idées qui lui parlent, celles qu’il entend. Si à cette date, il n’arrive pas à entendre mieux que le FN, c’est bien sûr à  cause de tous ces sourds mesquins qui préfèrent un petit aujourd’hui à un meilleur demain. Mais c’est aussi parce que les libéraux ne lui parlent pas, parce qu’ils ont eux aussi trop peur du court terme, alors qu’ils prétendent faire confiance à cette liberté qui éclairera demain. Espérons leur prochain virage.

La Rose se FN…

La Rose désormais se fane vraiment, espérons que ce soit pour longtemps. Évidemment, toute la presse désormais parle de la vague bleue marine. Décidément, après les attentats, encore une actualité qui permet de ne pas parler des problèmes de fond. Après ce sera Noël, la nouvelle Année puis les soldes. Les journalistes sont occupés pour un bon moment à ne rien dire d’essentiel.

Cette vague FN qui reste à confirmer est sans doute déjà un aboutissement, comme un cap vain du climat politique. Celui d’une vie politique qui ne repose depuis plus de deux générations que sur toutes les formes de mensonge et de déni. Et qui désormais approche de sa fin, à défaut de sa faim.

La bonne nouvelle pour les libéraux c’est bien sûr que d’ici quelques mois il sera vraiment possible de dire qu’on a tout essayé sauf la liberté et donc qu’il ne reste plus qu’à se tourner vers nous. Les libéraux, ou plutôt le libéralisme, voilà la dernière option politique, celle qui gagne chaque élection.

Dans cette hypothèse encore bien lointaine, il faudra pourtant alors expliquer plusieurs choses avant de savourer. Il faudra tout d’abord expliquer que le FN est qu’une illusion de plus qui a pris le pouvoir et donc notre liberté. Surtout, que lui non plus ne pouvait pas résoudre les problèmes de la France, parce qu’il n’est qu’une version de la gauche masquée sous le voile de la droite et de la démocratie.

Mais il faudra de plus expliquer bien des questions. Pourquoi les libéraux qui aspirent au pouvoir sont différents, alors qu’on a tout essayé ? En quoi la liberté est la réponse ? En quoi les libéraux alors élus viennent nous l’apporter ? Et pourquoi avoir tant attendu pour annoncer la catastrophe et l’éviter ?

Le piège de l’opportunité d’après FN sera donc de devoir expliquer non pas le libéralisme et ses solutions, mais pourquoi tant de silence pendant tant d’années, si c’était bien là la seule option.

Il n’est bien sûr jamais trop tard pour bien faire. Il n’est pas trop tard pour profiter de la crise de confiance pour expliquer le libéralisme, le vrai, celui qui ne tombe pas dans le piège démocratique. Celui qui respecte chacun et respecte le droit de chacun en favorisant la prospérité et la paix de tous. Il n’est que temps pour ceux qui en furent de tirer les leçons d’une campagne électorale de trop.

Les libertariens le répètent, il faudra expliquer que nous ne voulons pas du pouvoir, sinon pour le rendre à tous. Sinon comment être crédibles ? Mais combien de libéraux sont prêts à cet exercice ?