"La France a commencé à vendre ses excédents de vaccins contre la grippe A(H1N1)
mais la priorité reste d'immuniser les Français, déclare la ministre de la
Santé, Roselyne Bachelot."
Il y aurait beaucoup à dire sur une telle phrase. La 'France qui vend', les 'excédents' et la 'priorité [aux] Français' par exemple. Je vous laisse en trouver d'autres aussi croustillantes.
La France ne vend rien et n'a jamais rien vendu ni acheté. Ce sont les entreprises qui se trouvent situées en France qui vendent ou achètent. Enfin, normalement, c'est ce qu'on apprend à l'école. On nous apprend aussi que c'était dans les pays communistes (ou est-ce 'socialistes' ou même 'ump-istes' ?) que le pouvoir décidait d'acheter ou vendre ce qui était bien pour le peuple.
D'ailleurs, si on avait laissé les entreprise acheter les vaccins, je soupçonne qu'elles en auraient acheté moins que Roselyne - que voulez-vous, on ne peut décidément pas faire confiance au marché. Elles ne nous auraient probablement pas offerts ces magnifiques excédents comme cadeau de Noël. Car avant de commander aux laboratoires et d'engraisser ces derniers au moment où les vaccins étaient rares et donc chers, ces vaches d'entreprises, voire médecins, auraient attendu que les français soient malades - du moins, les achats auraient été plus progressifs. Ce qui fait qu'on aurait eu peu d'excédents - voire aucun - et les vaccins auraient été moins chers - merci les impôts.
Mais me direz vous, peu importe, puisqu'on les revend, ces fameux vaccins, inutilisés à quelques 95%. Hélas, c'est oublier ce satané marché... Car les vaccins ne sont désormais ni aussi rares ni aussi recherché. La preuve, on ne les vend pas à l'Allemagne ou l'Espagne ou autre pays 'grippal', mais au Qatar, lequel doit voir passer des grippes chaque fois qu'il y neige... Et donc ces généreux clients ont toutes les chances de négocier les prix à la baisse - c'est ce que vous feriez aussi, non ? Ce qui nous donne 95% de gaspillage, merci Roselyne.
Mais le meilleur est bien sur pour la fin. Immuniser les français, voila bien un noble objectif, non ? Mais la grippe ne connaît pas les frontières. Si les gens doivent être immunises, pourquoi les français en priorité ? Sommes-nous donc une population à risques, ou à privilèges ? Ou sommes-nous le pays des droit-de-l'homme - autre chose qu'on nous apprend à cette fichue école ? Ainsi, valait-il mieux acheter des vaccins en masse, pour rien, et ainsi en priver les pays moins riches qui en avaient vraiment besoin ? à supposer que de tels pays existent, mais ce n'est pas la question ici. Nous voilà donc au-dessus du lot. Les français méritent d'avoir les vaccins en premiers et méritent d'être immunises, eux. Tant pis pour les autres.
Roselyne - et hélas beaucoup d'autres - ne comprend pas - ou ne veut pas comprendre - que la santé en général et la grippe en particulier n'est pas un droit mais le résultat de services envers chaque individu. C'est donc un animal économique qui a un prix. La santé à tout ou n'importe quel prix, cela n'a aucun sens. Ou plutôt, ça n'a de sens que socialo-communiste, c'est-à-dire je décide-et-vous-payez.
Ce gâchis n'aurait tout simplement pas existé - mais comment faisait-on par le passé d'ailleurs ?? - si tout simplement Elle avait laissé chacun décider de se faire vacciner ou pas, si chacun avait eu le choix entre X euros à payer pour le vaccin d'une hypothétique grippette et ces même X euros utilisés à quelque chose de plus urgent ou plus utile pour soi.
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