Premièrement, comment maintenir un ordre libertarien une fois qu’on l’a atteint ?
Et plus important, en second, comment atteindre un ordre libertarien à partir d’un point de départ non libertarien, ce qui exige d’un côté qu’on décrive correctement le point de départ et ensuite qu’on identifie correctement les obstacles posés sur le chemin de l’objectif libertarien par ledit point de départ.
Pour répondre à ces questions, en plus de la théorie il faut quelque connaissance en psychologie humaine et en sociologie, ou du moins un soupçon de bon sens.
Pourtant bien des libertariens et faux libertariens sont tout ce qu’il y a d’ignorants en psychologie humaine et en sociologie, voire même dénués de tout bon sens.
Ils acceptent aveuglément malgré tout indice empirique, une vue égalitaire, comme « page blanche » de la nature humaine, c’est-à-dire que tous les peuples et toutes les sociétés et toutes les cultures sont essentiellement égaux et interchangeables.
Ensuite, alors qu’une large part du libertarianisme contemporain peut être caractérisé comme théorie sans psychologie ni sociologie, beaucoup voire l’essentiel de l’Autre Droite peut être décrit par contraste comme psychologie et sociologie sans aucune théorie.
Les “Autre Droitiers” / Alt-Righters ne sont pas unis autour d’une même théorie commune.
Et il n’existe rien, rien qui ne ressemble même à peine à un texte canonique définissant son objet.
Au contraire, l’Autre Droite est essentiellement unie par sa description du monde contemporain et en particulier des USA et du soi-disant monde occidental ainsi que par l’identification et le diagnostic de ses pathologies sociales.
En fait, il a été noté avec justesse que l’Autre Droite est bien plus unie par ce à quoi elle s’oppose que par ce qu’elle soutient.
Elle est contre, et en effet elle déteste avec passion, les élites contrôlant l’état, les médias « mainstream » (« officiels ») et l’université.
Et pourquoi cela ? Parce que l’état, les médias « officiels » et l’université font tous la promotion de la générosité sociale pathologique.
Ainsi, ils font la promotion, que l’Autre Droite conteste vigoureusement, de l’égalitarisme, de la discrimination positive, des lois anti-discrimination, du multiculturalisme, et de l’immigration libre de masse comme moyen de faire aboutir ce multiculturalisme.
Egalement, l’Autre Droite dénigre toutes les marques du marxisme culturel ou du gramscisme – du nom d’Antonio Gramsci, le communiste italien.
Et ils détestent tout politiquement correct – avec raison stratégique, je pense – et ignore superbement et sans apologie toutes les accusations de racisme, sexisme, élitisme, suprémacisme, homophobie, xénophobie et ainsi de suite.
Et l’Autre Droite se moque aussi comme désespérément naïf de l’axe programmatique de soi-disant libertariens tels que les « Students for Liberty » - que j’ai dénommés les Stupides pour la Liberté – et que mon jeune ami Allemand André Lichtlag a qualifié de libertariens « libérallala » et leur slogan « Paix, Amour et Liberté » (“Peace, Love and Liberty”), que Lichtlag a traduit avec pertinence en Allemand par les libertariens “Friede, Freude, Eierkuchen” (NdT : « paix, joie et crêpes », expression allemande qui décrit une société superficiellement intacte, apparemment pacifique, à la façade propre, mais qui exprime plus les problèmes qu’elle ne les résout.).
En fort contraste, les Autres Droitiers insistent pour rappeler que la vie est faite de luttes, de haine, de dureté et de combat, pas juste entre individus, mais aussi entre différents groupes de gens agissant de concert.
Un certain “Millennial Woes” (NdT « détresses du millénaire ») – son pseudonyme, son vrai nom étant Colin Robertson – a ainsi je trouve spécialement résumé l’Autre Droite avec concision, je cite :
“L’égalité est de la merde. La hiérarchie est essentielle. Les races sont différentes. Les sexes sont différents. La moralité importe et la décadence est réelle. Toutes les cultures ne sont pas égales et nous ne sommes pas obligés de penser qu’elles le sont. L’homme est une créature déchue et la vie est faite de plus qu’un simple matérialisme creux. Enfin, la race blanche compte, et la civilisation est précieuse. C’est cela l’Autre Droite.”Fin de citation.
Ensuite, en l’absence de toute théorie unifiée néanmoins, il y a bien moins d’accord au sein de l’Autre Droite quant au but qu’elle désire atteindre in fine.
Plusieurs de ses inspirateurs ont de clairs penchants libertariens, notamment ceux qui sont venus ici (NdT Conférences PFS) – ce qui est bien sûr la raison même de les y avoir invités.
Même s’ils n’étaient pas à 100% sur nos idées.
Tous les Autre Droitiers qui ont apparu parmi nous par exemple étaient familiers de Rothbard et de ses travaux.
Alors même que le candidat le plus récent à la présidentielle du parti libertarien américain (Libertarian Party) n’avait jamais même entendu le nom de Rothbard.
Tous – ceux que j’ai fait venir ici – à ma connaissance – étaient des soutiens déclarés de Ron Paul durant sa campagne pour la primaire du parti Républicain pour la nomination comme candidat à la présidentielle. Tous.
Pendant ce temps, beaucoup de libertariens auto-proclamés attaquaient et tentaient de vilipender Ron Paul pour – et vous savez déjà ce qui suit – ses « vues racistes ».
Cependant, plusieurs des leaders de l’Autre Droite et beaucoup de ses sympathisants à divers degrés ont eux aussi adopté des vues incompatibles avec le libertarianisme.
Comme Buchanan avant eux, et Trump désormais, ils sont inflexibles sur le besoin d’une politique d’immigration restrictive, très sélective et discriminante – ce qui est entièrement compatible avec le libertarianisme et son but de liberté d’association et son opposition à l’immigration forcée.
Beaucoup d’entre eux proposent de combiner cette politique à une politique marquée de restriction du commerce international, de protectionnisme économique et de barrière douanière – ce qui est bien sûr une antithèse du libertarianisme et nuisible à la prospérité humaine.
Je voudrais me presser d’ajouter cependant que malgré mes critiques envers ses compétences économiques, je continue de voir en Pat Buchanan un homme très bien.
D’autres sont allés bien plus loin encore, tel Richard Spencer, qui le premier a popularisé le terme de Autre Droite / « Alt-Right ».
Entretemps, du fait de plusieurs acrobaties médiatiques, qui lui ont apporté quelque notoriété aux USA, Spencer a atteint le point ou prétendre être le leader maximo d’un mouvement unifié soi-disant puissant – une péripétie qui d’ailleurs a été ridiculisée par Taki Theodoracopulos – « Taki Man » – un vétéran du mouvement paléo-conservateur devenu Autre Droite et ancien employeur de Spenser.
Quand Spencer vint en ce lieu, il y a plusieurs années, il démontrait encore de forts penchants libertariens. Malheureusement hélas, cela a changé et voilà que Spencer dénonce, sans plus de qualification, tous les libertariens et tout ce qui est libertarien jusqu’à aller se complaire du socialisme, pourvu que ce soit un socialisme pour et par les seuls blancs.
Vous imaginez aisément ma déception.>>
A suivre...
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