On nous rebat constamment les oreilles de trop de « riches » et surtout de trop de « pauvres ». Pourtant, personne ne se dit jamais « riche » et la plupart des gens se diront plutôt proches ou sympathiques des « pauvres ». Alors, qui est « riche » et combien comptons-nous de « riches » ?
Avez-vous remarqué qu’à part quelques personnalités qui d’ailleurs s’en défendent, il y a très peu de « riches » et que nous nous pensons tous comme les « pauvres » de quelqu’un ? Je suis certainement plus « pauvre » que feue Liliane Bettencourt, mais elle-même fut une misère comparée à un Bill Gates ou à un Jeff Bezos, le nouveau lauréat du très temporaire record de la fortune personnelle.
Certes, mais des vrais « pauvres », cela existe et ne peut être contesté, n’est-ce pas ? Il est vrai qu’on voit de nombreux SDFs dans le métro. Mais sont-ils plus ou moins « pauvres » que ces gens qui survivent au fin fond des forêts amazonienne ou de Nouvelle Guinée ? Ou dans les nombreux bidonvilles de ces pays au soleil où la misère serait moins pénible ? A voir le nombre de SDF munis d’un téléphone ou d’un animal de compagnie, la question, même si déplaisante, fait… question.
Il se pourrait donc bien qu’un « pauvre » chez nous ne soit pas si « pauvre » ailleurs ». Ou à une autre époque : pendant la Seconde Guerre, l’immense majorité des Français en ville ne mangeaient pas à leur faim. Comme hélas bientôt la majorité des Vénézuéliens – le pays des amis des « pauvres » ?
On nous parle de « riches » et de « pauvres », mais ni les uns ni les autres n’existent. Personne ne porte en clair sur son état civil le qualificatif de « riche » ou « pauvre ». On nous affirmera que le nombre de zéros du compte en banque reste quand même une mesure objective de la « richesse ». Sauf que ceux qui avancent cet argument se veulent souvent en même temps non matérialistes, et qu’il n’y a pourtant rien de plus matérialiste que de ne mesurer la « richesse » en euros ou dollars.
La « richesse » est dans les esprits, nous dira-t-on. Ou bien, la chanson nous dit qu’on n’est « riche que de ses amis ». Alors, ça veut dire que tous mes amis sont « riches » aussi, et les autres sont tous « pauvres » ? Même si les gens que je n’aime pas ou que je ne connais pas ont des amis eux aussi ?
Finalement, on le voit bien, la seule manière objective de compter qui est « riche » ou « pauvre », c’est par 50% : couper la population en deux parties égales : la moitié des plus « riches » d’un côté » et la moitié des plus « pauvres » de l’autre. Deux parties égalent en nombre, parfait ! Mais inégales en « richesse », mince. Comment faire ? 50%, oui, voilà ! Chacune des deux moitiés peut être encore coupée en deux. Et ces deux moitiés coupées encore, et encore. Décidément, la « richesse », c’est 50% évident et 50% compliqué. Il vaut mieux être « pauvre », peut-être, c’est bien plus simple.
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