Les dernières législatives ont vu entrer tout une vague de rigolos au sein de l’assemblée dite nationale, dont les quelques députés se revendiquant « Insoumis » sont probablement les plus remarquables par leur ubuesque. Tous mélenchonistes, ils se veulent venir en l’hémicycle pour défendre les pauvres, les travailleurs et en vrac tous ceux qui rougissent à la vue d’un « riche ».
Rappelons à quoi sert un député, en cette « république » : voter des lois. Dans cette démocratie, cette fonction, ce privilège législatif est probablement ce qui est vu comme le plus noble. Le député bénéficie d’ailleurs d’une immunité qui illustre bien à mon avis le pinacle où le système le pose.
Pourtant, il n’y a rien de plus immoral que de voter des lois, rien de plus liberticide. Une loi, c’est une contrainte conçue par une poignée d’incompétents, le plus souvent idéologues et dogmatiques, qui vise à imposer ledit dogme à une population qui n’en veut pas, puisqu’elle n’a pas déjà auparavant spontanément choisi d’en suivre la « vision ». Voter une loi consiste donc à se parer d’une légitimité d’apparat et factice pour imposer au citoyen ce dont il ne veut pas – sauf peut-être une minorité.
Il y a cependant une exception à ce raisonnement, qu’il faut souligner et rappeler tant elle est peu mise en œuvre dans les faits : le vote pour abrogation. Les rares fois où un député vote pour abroger une loi, il inverse la logique précédente et de ce fait libère un peu ses citoyens. Une figure célèbre de cette doctrine libérale est sans doute Ron Paul aux Etats-Unis, connu comme « Dr. No » parce que durant sa longue carrière à la Chambre des Représentants, il n’a voté que pour alléger la loi.
A cet égard, les « insoumis » sont spécialement avides de lois. S’ils avaient la majorité à la Chambre, ils auraient tôt fait de légiférer pour rigidifier qui le code du travail, qui la fiscalité, qui le système de santé et de « protection sociale », et bien d’autres domaines sans aucun doute. Mélenchon parle de notre bonheur et veut le faire au point où il nous soit insoutenable, comme dans l’œuvre d’Ira Levin.
Or ce que ces députés ne voient pas, ou ne veulent pas voir, c’est que plus il y a de lois, plus les coûts sociaux explosent. Pour mieux le voir, imaginons une petite entreprise, une de celles qui font le tissu social et qui sont à l’opposé des multinationales détestées par les insoumis. A chaque nouvelle loi, le patron est face à un dilemme. Ne pas se mettre en conformité et prendre le risque d’une amende ou pire d’une condamnation. Ou engager du temps et des frais pour se mettre en conformité. Dans les deux cas, c’est du temps et de l’argent perdus, donc de l’appauvrissement et donc une capacité moindre à payer et récompenser des salariés. Ou alors, ce sont des produits plus chers, ce qui pénalise in fine le « pauvre » bien plus que le « riche ». Le pauvre perd toujours au jeu du social.
La même chose est vraie de la multinationale, elle aussi doit dépenser pour sa conformité. Mais la grosse entreprise est mieux organisée, elle sait se défendre, et en proportion de son chiffre d’affaire, les surcoûts sont moins pénalisants. La loi renforce donc la multinationale, bien plus que la PME.
De plus, dans ce phénomène de renforcement des grosses entreprises par la loi, le gauchisme pousse l’employé hors de la PME, où la dimension humaine rend le dialogue social possible, vers de grosses machines où les processus de « ressources humaines » ressemblent plutôt à un dialogue de sourds.
Bien sûr, l’argument « insoumis » consistera à contester cette logique économique. Le salaud reste pour eux le patron qui refuse de prendre sur sa propre rémunération les coûts mis en avant. Logique imparable, il faudrait plus de petites entreprises, mais qui soient libérées de leurs salauds de patrons.
On comprend donc le paradoxe, pour ne pas dire la schizophrénie ou le mensonge que présentent les insoumis, tout comme l’immense majorité de tous les thuriféraires de la législation et des lois. Sous le prétexte de vouloir aider et sauver les pauvres et les démunis, ils votent des lois qui ne peuvent que réduire l’espace économique et social où les « faibles » pouvaient encore évoluer. De deux choses l’une. Soit les députés et les insoumis en particulier sont spécialement sots pour ne pas voir cette chaîne de conséquences ; soit leur intelligence qui les a mis en poste est cachée par une couche de malhonnêteté intellectuelle et morale qui justifie à elle seule de condamner la fonction législative.
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