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Tuesday, October 30, 2018

Peut-on imaginer une société sans Etat ? - 1: Exemples

Le 8 novembre prochain, à l'invitation de l'initiative "Débat Citoyen" de Christian Laurut, je serai sur Lyon pour tenir une conférence publique en soirée sur le sujet suivant : "Peut-on imaginer une société sans Etat ?" Le plan de la conférence, tel qu'annoncé, est le suivant :
  1. Rôle présumé de l'Etat et problèmes posés
  2. Exemples dans l'histoire et la vie quotidienne
  3. Quelques auteurs théoriciens (jusnaturalistes, école autrichienne...)
  4. Comment serait une telle société - Idées de base
  5. Prospective et initiatives.
Je ne suis pas sûr du public qui se déplacera. Ce qui est sûr, c'est que cette conférence s'inscrit au sein d'une série qui est de sensibilité plutôt écologiste et à gauche, et que l'endroit lui-même est un temple local de ces idées. Je m'attends donc à devoir parler à un parterre peu familier du libéralisme radical et potentiellement hostile. Nous verrons cela et je réviserai le présent billet en fonction. Quoiqu'il en soit, pour mieux capter l'attention de la salle, j'ai choisi d'inverser les deux premières parties et donc de commencer par des illustrations.

Dans ce premier article, je développe le discours prévu pour cette première partie prenant des exemples, et je développerai de même les suivantes dans des articles à suivre. Les images sont reprises du support de la conférence, ce qui permet à quiconque de profiter de cette présentation, peut-être mieux que via une vidéo.


Vol d'oiseaux

Comme point de départ, je vous propose d'admirer un immense vol, probablement des étourneaux. Si cette espèce produit des vols parmi les plus spectaculaires, beaucoup d'espèces manifestent des comportements similaires et toujours étonnants - on pense aux grands migrateurs formant leurs larges V dans nos ciels, et aux bancs de poissons qui posent les mêmes questions que nos étourneaux.

Je ne sais ce qu'il évoquent en vous, mais pour ma part, ces vols ou ces bancs immenses me fascinent par leur incomparable fluidité et continuelle transformation imprévisible. Et parce qu'ils posent selon moi quatre questions qui nous permettent d'entrer dans notre sujet :  Qui les pousse à se regrouper ? Comment font-ils pour ne pas se heurter ? Qui les guide et les oriente ? Qui décide et comment ?

Il n'est pas question de faire de l'éthologie, ce n'est pas mon domaine ni notre sujet, mais simplement de constater que ces colonies de milliers d'individus se forment sans raison apparente, du moins sans quiconque pour les forcer à le faire. En général on explique que ces groupes sont un mode de défense envers les prédateurs, il y a donc un intérêt de chacun qui se regroupe en un intérêt commun. Mais il demeure que personne n'a contraint ces oiseaux à se regrouper. Ils n'ont pas d'état, ni de gouvernement, ni de politiciens pour les "diriger".

Et alors qu'ils volent, ou nagent, ensemble et si proches, ils ne forment aucun chaos, ils sont au contraire en harmonie continue. Comment cela est-il possible ? Tout simplement, chacun à son niveau suit et surveille ses voisins immédiats, il garde ses distances. Le vol collectif est ainsi la résultante des vols individuels.

Et en effet parfois certains choisissent de s'éloigner un peu plus, ou un peu moins, et c'est ainsi que les vagues se forment. Enfin, qui dirige ces vols, qui conduit les migrateurs ? Pas d'élection chez ces espèces, pas de loi(e), pas de gouvernement ni de bureaucrate pour légiférer et ordonner. Certains oiseaux en suivent d'autres, comme nous suivons nos parents ou ceux que nous reconnaissons comme crédibles. Pas besoin d'état pour traverser le monde.


Files d'attentes

On me dira que c'est l'instinct qui a pris le dessus chez les animaux, mais que chez l'homme ces phénomènes sont inconcevables. Mais voilà que partout dans le monde, nous nous mettons en files, à la queue-leu-leu, en ordre, et cela spontanément, comme ici dans une gare - et il y a des centaines de gares comme celle-là.

À Paris et à Londres par exemple, il est d'usage dans les escalators de laisser le côté gauche libre pour ceux qui marchent, qui sont pressés. Ce n'est pas un règlement, ce n'est pas une loi, personne ne l'exige, ce n'est pas formellement sanctionné, mais celui qui ignore la règle a tôt fait de comprendre qu'il dérange tout le monde et qu'il ferait mieux de la respecter.

Les questions sont alors les mêmes : Qui en a décidé ainsi ? Qui fait respecter la règle ? Où est cet état supposé indispensable pour notre ordre ? Et les réponses sont un peu les mêmes : personne, tout le monde, nulle part.

Mais ne croyez pas que cela ne se passe ainsi que dans les pays asiatiques, ou dans les grandes villes. En matière d'ordre, on imagine rapidement le Japon, l'Allemagne, la Suisse. Mais même ici c'est pareil. Ferez-vous la queue pour aller aux toilettes ? Marcherez-vous sur les trottoirs en bousculant les autres ? Pourtant, qui vous y oblige ?

Quand on y réfléchit un peu, on se rend vite compte que nos sociétés, toutes nos sociétés reposent sur des règles élémentaires et minimales, plus ou moins élémentaires et universelles, ou du moins largement partagées, qui nous sont enseignées de génération en génération, sans que le Léviathan y soit pour quoi que ce soit.


Internet & Cybersécurité

Internet est un cas fort intéressant. Créé il n'y a encore que quelques années, il ne fut et reste encore un espace sans frontières, du moins pas au sens de celles de nos pays. Par conception même, lorsque depuis votre ordinateur vous consultez un site web à l'autre bout du monde, disons en Australie, cela est possible précisément parce que le réseau permet de traverser librement le monde et ses frontières politiques.

Même si Internet est désormais une "chose" fort organisée et normalisée, cette chose se caractérise par l'absence d'un "état" central au sens classique, qui aurait un président, un gouvernement et des ministres, encore moins d'élections car ce n'est pas non plus une démocratie. Et pourtant, cela fonctionne remarquablement bien.

Pourquoi évoquer la cybersécurité ? Parce que, outre que c'est mon domaine professionnel, elle illustre encore plus nettement cette distance du Net prise envers les "états" tels que nous les connaissons. Historiquement, il y a eu des problèmes de sécurité, devenue depuis "cyber", depuis les tous débuts du Réseau, quoique la menace à l'époque restait très limitée. Cela est tout simplement la manifestation de la part de criminalité qu'on trouve dans toute société.

En absence d'état, censé quand il existe assurer le "régalien", c'est-à-dire la police et la justice, les entreprises et organisations présentent sur le Net organisèrent leur propre défense, et on vit ainsi se créer des postes de "RSSI" un peu partout, toujours sans état central. Et dans les faits, cette foule de RSSI jouait collectivement le rôle de cet état.

Mais depuis quelques années, voilà que les pays - les états au sens politique - sont venus s'en mêler. Et que certains, pour ne pas dire tous, se sont mis à jouer eux-mêmes les pirates les uns des autres. Et ce faisant, nous nous retrouvons comme à l'âge d'or de l'espionage et du contre-espionage, où ces mêmes états prennent prétexte de cette nouvelle menace pour intervenir et "réguler", on devrait dire "réglementer", le Réseau qui marchait très bien sans eux. Et la menace historiquement limitée est ansi devenue une inquiétude majeure pour le devenir d'Internet.

Hélas, je pense que c'est caractéristique du comportement étatique moderne, car je ne compte plus les domaines de la société moderne où ce scénario se produit de façon identique ou analogue, où ce qui marchait sans état ne fonctionne plus avec un état qui s'en mêle et prétend venir en sauveur.


Rizières de Banaue

Il y a des rizières un peu partout en Asie, et ailleurs, et dans de nombreuses montagnes. Néanmoins, celles de Banaue dans les Philippines, classées par l'Unesco, sont spécialement exceptionnelles et intéressantes. Pour mémoire, elle occupent un espace comparable au département de la Gironde. La question qu'il s'agit de se poser quand on découvre ce résultat extraordinaire est double : Quel état - si état - a été nécessaire pour mener cet immense chantier à bien ? Et - question annexe, mais j'y reviendrai - ces terrasses sont-elles "écologiques" ?

Il est estimé que ces terrasses existent depuis 2.000 ans ou plus, dans une région fortement insulaire où l'histoire nous donne fort peu de traces de "pouvoir politique" fort et centralisé. Tout laisse à penser que ces terrasses ont été construites peu à peu, de proche en proche, génération après génération, par les villageois ou les communautés locales s'imitant ou peut-être s'entre-aidant les unes les autres, avec comme seule direction celle de mieux nourrir leurs familles. Il est fort peu vraisemblable que cet immense projet et résultat soit le produit d'un organisme planificateur central ayant eu une "vision" et ayant imposé cette vision à son peuple, comme c'est par contre à la mode de nos jours.

Un aspect de ce capital historique magnifique mérite qu'on s'y attarde, celui de la responsabilité de chacun. Celui qui décide de construire un rang supplémentaire au-dessus de tous les autres a tout d'abord besoin que chacun entretienne les chemins qui permettent de monter là-haut. Quant à lui, il doit construire sans altérer la rizière juste en-dessous, ni détourner toute l'eau à son seul profit. Cela se passe probablement par diverses tractations avec ses voisins, ou avec les membres de la communauté. Ce qui compte, c'est de voir que ces négociations aboutissent à un accord - ou pas et dans ce cas la nouvelle rizière ne se fera pas ainsi - donc à une forme de contrat, et cela sans imposer la force, sans contraindre et sans autorité autre que celle de l'intérêt et de la responsabilité de tous et chacun.

Ce processus incrémental et négociatif est à la base, selon moi et selon les libertariens en général, celui de toute société libre et civilisée, capable de plus de trouver un juste équilibre sous l'angle écologique, j'y reviendrai.


Zomia & Islande

On me demande souvent si une société sans état existe ou a existé. Il semble que les gens qui posent cette question ne se rendent pas compte que la société au quotidien passe son temps à s'organiser sans état - les rizières en donnent une illustration remarquable. Quand bien même, je crois intéressant de donner deux exemples qui ont chacun fait l'objet d'un ouvrage, la Zomia - qui est contemporaine et orientale - et l'Islande médiévale - historique et occidentale.

Le terme "Zomia" vient de l'historien Willem van Schendel, puis de James C. Scott, auteur de l'ouvrage référencé. Il s'agit d'une vaste zone montagneuse au nord de l'Asie du Sud-est allant du Tibet au Viet Nam. Elle se particularise par des territoires difficiles d'accès, où les états historiques ont une tradition oppressive et où de nombreux peuples refusent l’autorité des états auxquels cet espace appartient. Ils y ont établi des stratégies de résistance via la fuite en fond de montagne, avec divers degré de nomadisme et d'autarcie. Ainsi dans les faits, les peuples de ces régions vivent sans ou hors des états au sens classique du terme.

L'autre exemple, très différent, c'est l'organisation de l'Islande médiévale, sur quelques 300 ans après l'installation des futurs "islandais". Une "saga" et d'autres textes nous sont parvenus qui décrivent assez bien cette société - il faut savoir aussi qu'en Irlande il y eut une organisation similaire. Cette société se caractérise par une organisation entièrement commerciale : le plus marquant tient à la justice, assurée par des "chefs de clan" vendant leurs services de "chef" et de "juge". La justice était donc rendue par des notables en concurrence entre eux mettant en jeu leur réputation et faisant payer leur justice parce qu'elle était... juste, précisément. Je ne vais pas discuter ici les détails ni débattre des plus ou des moins de ce système, ce n'est pas mon sujet. Constatons simplement qu'il a existé et duré 300 ans, il a mal fini parce que in fine les politiciens ont réussi à trouver une faille au système et à prendre le pouvoir...

Je suis à peu près sûr qu'on peut trouver de nombreux autres exemples dans l'histoire et même dans l'actualité, voire dans notre quotidien.


Conférence elle-même

Ainsi, par exemple et pour conclure cette première partie, je vous propose simplement de vous rendre compte que l'organisation de cette conférence elle-même n'a nécessité pour sa préparation et son existence aucun état particulier, et que nous aurions pu l'organiser probablement de la même manière (si je mets la technologie de côté) en Islande, dans la Zomia, aux Philippines ou ailleurs. En fait, nous n'avons en général pas besoin de l'état pour nos projet, il vient plutôt y faire obstacle.

À suivre...

Friday, February 2, 2018

Label Bastiat - Motivations

Le Label Bastiat propose de récompenser, du moins de faire la promotion, de toute organisation ou projet qui pour ses fonds ne fait en aucune manière appel à, ni n’accepte de recevoir de subvention, c’est-à-dire des sommes qui viennent d’impôts ou taxes prélevés par quelque structure étatique ou gouvernementale, local ou nationale. Le Label Bastiat fait la promotion du capitalisme le plus pur.

Dans notre société, cette position radicale peut être vue comme extrême ou illusoire, tant l’appel à l’aide par la subvention est entré dans les mœurs et se retrouve partout, notamment au sein des structures associatives de nos villes et villages. Hélas, il y a probablement peu d’entités qui peuvent se prévaloir du Label Bastiat, et c’est précisément notre motivation à le créer, et ainsi reconnaître et valoriser ces rares marques de courage et d’intégrité sociale que sont les entreprises qui s’assument.

Nous proposons ici d’apporter les principes politiques et économiques qui fondent la pertinence sociale du Label Bastiat, puis de répondre à diverses objections reçues ou anticipées quant à son bien-fondé. Il ne s’agit par contre pas de répondre ici aux questions pouvant se poser quant aux modalités pratiques de demande ou d’attribution du Label Bastiat, thématique traitée par ailleurs.

Ni de droite ni de gauche, le point de départ de notre réflexion prend racine dans deux valeurs humaines et sociales fondamentales : l’intégrité, qui s’exprime par exemple par l’honnêteté, et la moralité, allant de pair avec confiance et cohérence. Quel lien avec les subventions ? Le lien se fait via le rôle social de l’impôt et de l’entreprise. La vie sociale est morale lorsque libérée de l’impôt.

Posons un regard froid sur l’impôt, ou sur les taxes, qui n’en sont qu’une variante. Pour bien préciser, peu importe quel impôt, nous nous intéressons à toute forme de « prélèvement obligatoire », quelle qu’en soit la motivation, la source, le montant, les modalités ou les contribuables touchés. Ce que nous regardons, c’est le concept même de l’impôt, son principe. Principe que nous contestons.

Car un « prélèvement obligatoire » n’est pas un don, ni un cadeau, ni un prélèvement accepté ou accordé. S’il est obligatoire, c’est qu’il n’est pas consenti explicitement, il est au mieux subi. On se rend compte alors qu’il n’y a aucune différence avec un vol : chaque fois que je gagne tant, ou que j’achète pour tel montant, on me dérobe d’une fraction, souvent importante. Il est évident que si je pouvais garder cette fraction, comme tout le monde, comme vous, je le ferais. Nous ne disons rien par habitude et par résignation, mais cela ne change rien à la nature de l’impôt, identique à un vol.

L’état, sous ses multiples formes, ministère des finances ou collectivité locale, nous dérobe ainsi en permanence de sommes folles, colossales. Un ordre de grandeur est donné par la combinaison de quelques impôts classiques pour un individu moyen : pour 100 euros payés pour un salarié, 25% sont pris au titre des charges, 20% au titre du brut, 30% sont pris sur le revenu, puis 20% par la TVA. Nous tombons à moins de 35%, soit plus de 65% de dérobés, et cela sans compter les taxes sur l’essence ni celles sur le logement.

Donc toute forme de subvention vient des sommes ainsi prélevées sur chacun de nous, selon notre performance dans le grand jeu de la fuite fiscale que nous pratiquons tous, absolument tous. Toute forme de subvention est donc du blanchiment de recel, au sens strict, puisque tout impôt est vol. La première motivation du Label Bastiat consiste donc à contester et à rejeter cette forme de recel.

Beaucoup opposerons sans doute que la réalité sociale n’est pas aussi binaire, et notamment que l’impôt se justifierait par la « redistribution des richesses » qu’il permet d’opérer. En fait, dans le cas des subventions, nous contestons cet argument par l’exigence de l’entrepreneuriat. Explication.

Les organisations qui peuvent potentiellement bénéficier du Label Bastiat sont le plus souvent de trois types. On trouve des associations, des entreprises en puissance ou des projets ponctuels.

Les associations locales peuvent avoir bien des finalités, on pense typiquement aux clubs sportifs locaux et aux membres pratiquant divers loisirs sur leur commune. Il y a aussi des associations au niveau national, en général plus thématiques et moins centrées autour de l’activité locale. Dans le domaine sportif on y retrouve les fédérations, par exemple, comme on trouve des associations de victimes de maladies, de catastrophes, ou de personnes s’intéressant à l’archéologie, à l’astronomie.

Pour revenir sur la « redistribution », il est clair que l’argument n’est pas valable pour cette première catégorie. Rien dans ces associations n’est lié à des catégories sociales qui pourraient prétendre à une pauvreté ou autre « injustice » quelconque. Faire du sport, s’intéresser à une activité ou à un sujet n’est en rien une marque de richesse ou de pauvreté, ni de faiblesse ou quoi que ce soit. A supposer que la « redistribution » puisse être un argument, il ne s’applique pas à ces associations.

De plus, toute subvention apportée aux clubs sportifs ou équivalents constitue une claire forme de distorsion de la saine concurrence qui doit exister entre les activités et les organisations. Elle vient faire entrave aux clubs qui par principe ne voudraient voire n’auraient pas même idée de recourir à la subvention. Les subventions d’activités obligent les gens à les financer contre leur gré et leur choix.

Parmi les « associations thématiques », nombreuses sont celles qui œuvrent à la promotion de plus ou moins « belles causes ». On pense à toutes celles en faveur de l’environnement, de la liberté d’expression ou celles encore qui s’engagent pour la liberté individuelle. Les causes pouvant ainsi se revendiquer « humanitaires » sont infinies en nombre et il n’est simplement pas possible de les financer toutes. Mais il n’est pas non plus moral d’en financer ne serait-ce qu’une seule : comment peut-on justifier prélever des impôts à des gens pour financer en leur nom des causes auxquelles ils se pourrait bien qu’ils soient profondément opposés ? Et à l’inverse, on peut imaginer que les gens qui ont certaines causes à cœur auront l’initiative de venir spontanément leur faire des dons. Ne pas donner, c’est le signe d’un désintérêt pour une cause. Dès lors, aucune cause ne peut profiter des fonds venant des impôts sans se mettre aussitôt en conflit moral avec la majorité des contribuables.

Et les victimes de maladies direz-vous ? En effet, beaucoup de familles et autres victimes ou parents de victimes de maladies rares ou mal connues s’organisent en associations. Elles ont le plus souvent pour objet de venir en soutien aux malades et familles et de s’entre-aider, d’œuvrer pour que leur maladie soit mieux connue et reconnue, éventuellement aider la recherche, etc. On est ici dans le domaine traditionnel de la charité spontanée et même si ce type de cause peut sembler de plus grande importance sociale, il demeurerait arbitraire de décider de les subventionner au titre de la « redistribution » plus que les associations sportives, par exemple. Si c’était si simple, on verrait alors vite fleurir une foule de maladies que la pratique de la pétanque permettrait soi-disant de soigner.

Le cas de la recherche peut sembler encore plus sensible, l’exemple extrême étant probablement celui du financement de la recherche contre le cancer – mais il y en a tant d’autres. Dans ce domaine, c’est l’arbitraire de la préférence de financement qui fait question. On est face à un dilemme : il y a tant de maladies encore inconnues, et plus on cherche plus on en trouve, il n’est pas possible de toutes les financer, les budgets issus des impôts ne sont jamais infinis. Et si certaines font l’objet de subsides, comment les choisir – et éliminer les autres – sans tomber dans l’injustice ? Non, il ne suffit pas de prendre les 10 maladies les plus mortelles à un moment donné, car les sommes dépensées pourraient peut-être être plus efficaces pour la recherche envers des maladies plus simples à soigner. La liste des critères est sans limite ni absolu et il n’est jamais possible de justifier ces décisions.

En fait, que ce soit pour les associations sportives ou locales, les associations thématiques ou des sujets plus sensibles comme le financement de la recherche, il n’y a que deux options : toutes les subventionner, avec les mêmes sommes, ou n’en subventionner aucune. Car il n’est simplement pas possible de trouver un argumentaire froid et rationnel, non arbitraire, qui permette de justifier de ne privilégier que certaines finalités et pas d’autres. En refusant toute forme de subvention, nous renvoyons la tâche de trouver des financements aux associations elles-mêmes. Outre de ne voler personne, cela à l’immense avantage de laisser chacun donner par charité aux causes qui lui sont les plus chères et donc de faire à son niveau ce choix que personne ne peut prétendre faire à sa place.

Beaucoup d’autres organisations aujourd’hui subventionnées, associatives ou pas, se forment autour d’un projet, dont les finalités varient à l’infini. On pourrait prendre comme exemple le projet du Label Bastiat lui-même, mais on en rencontre bien d’autres : les associations œuvrant en faveur de la reconnaissance du génocide arménien. Toutes ces initiatives et organisations sont soit transitoires, avec un objectif limité dans le temps, souvent associé à un événement historique ou à une décision, comme pour le génocide, soit ont un objectif de plus long terme. Dans le cas qu’on dira du génocide, on revient en fait à des associations thématiques comme plus haut. Dans le dernier cas, disons celui du Label, ce sont en fait des entreprises déguisées, et il n’y a aucune raison valable de leur accorder des crédits d’une manière différente de la recherche de crédits financiers.

En effet, comme pour une entreprise normale, si une « association entreprise » est vraiment utile, si son projet à un sens et correspond à un besoin et une attente, cela doit s’exprimer par un certain nombre d’individus qu’elle saura motiver pour en faire des membres ou des clients prêts à payer ses services ou à investir dans son projet. A l’inverse, subventionner une entreprise ou un projet qui ne trouve autrement aucun écho sur le marché, c’est gaspiller l’argent public pour une fausse cause.

En conclusion, il n’existe aucun cas où le financement des « associations » par la subvention publique n’est justifiable devant la morale et les valeurs qui pourtant servent souvent de prétextes à ces fonds arbitrairement dilapidés à des profits incertains – et dont les sommes s’expriment en milliards. Selon une formule proposée par un autre, le Label Bastiat se pose comme un filtre entre associations à but non lucratif et associations lucratives sans but.

Saturday, January 20, 2018

On a tout essuyé

(Paru sur Le Cercle des Libéraux en 2015)
Il y a quelques jours, lors de l’annonce des mauvais chiffres du chômage, une fois encore et ce alors que François passait l’An III de son règne, j’assistais à un débat sur le sujet où tous les intervenants larmoyaient en chœur, car voyez-vous, en matière de chômage, « on a pourtant tout essayé ».

Vraiment ? Je dirais plutôt qu’en tant que peuple, on a tout essuyé, c’est-à-dire que voilà bien une quarantaine d’années que nous subissons en effet une multitudes d’expériences d’économie politique en la matière, toute aggravant invariablement ou presque notre situation.

Mais dire qu’on a tout essayé, cela relève du mensonge éhonté, rien à moins. Car le mécanisme du chômage, donc ses causes et ses remèdes, sont en réalité connus depuis le XIXe siècle, pas moins.

La France a ainsi eu le privilège de compter parmi ses députés le grand Frédéric Bastiat qui déjà avant 1850, dans ses Harmonies Economiques, elles-mêmes inspirées de Jean-Baptiste Say, décrivait le lien entre chômage et politique économique. Voici donc plus de 165 ans que la solution est connue.

Mais elle n’est pas de nature à plaire à tout le monde, du moins pas à ceux qui ne connaissent pas le chômage et qui n’ont aucun intérêt à changer la donne. Ainsi le chômage n’est qu’un mécanisme économique des plus simples, il relève de la loi de l’offre et de la demande. Pour qu’un employeur embauche, il faut – mais il ne suffit pas – qu’il considère que le candidat salarié présente le potentiel de lui faire gagner marginalement plus que ce qu’il lui coûtera. Voilà tout.

Bien des politiques tentent d’agir sur la demande, mais la plupart oublient les coûts, voire les alourdissent. Or la demande, sur un marché désormais mondial, est essentiellement hors du contrôle d’un gouvernement, quel qu’il soit. On peut certes créer un marché artificiel, tel celui des détecteurs de fumée inutiles, mais ce n’est pas cela qui résorbera le chômage de masse.

La clé est donc dans les coûts du travail, au sens large. Or ces coûts ne sont pas que du salaire, il y a bien d’autres sources au monstrueux coût du travail en France. Au point même où dans bien des domaines, nous arrivons à être trop chers sans pour autant que nos salariés soient les mieux payés.

Il faut ainsi refondre toutes les farces du droit du travail. Rigidité, CE, syndicats, inspection du travail, 35 heures, CDI et CDD, comme charges sociales en tous genres, voilà ce qu’il faut essayer de poser sur la table, et les essuyer d’un geste large ! Mais qui en aura le courage ?

Thursday, January 18, 2018

Libéralisme ? Economie ? Cliché quand tu nous tiens - (8)

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

(Une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les faux clichés économiques classiques.)

Ma lectrice poursuit ainsi : « Je suis très déçue. Je me faisais une autre idée du libéralisme : un monde d’entrepreneurs dynamiques et innovants, pratiquant entre eux la fameuse « concurrence libre et non faussée », selon des règles simplifiées et sous la surveillance des nations peu interventionnistes… ».

Là, les bras m’en tombent. Jusqu’à « règles », l’idée est bien exprimée, bravo, mais cela finit mal : Madame, que signifie pour vous « sous la surveillance des nations peu interventionnistes » ?

La France actuelle serait pour vous une « nation peu interventionniste » où la liberté d’entreprendre serait respectée ? Ouvrez donc les yeux, Madame ! Avec un PIB plombé à 57% par le secteur public et une chute au milieu du classement mondial de la liberté économique (72eme), le pays nage dans l’interventionnisme le plus total : plus de toute la valeur ajoutée des entrepreneurs est engloutie à financer la dette d’état. Les gouvernements empruntent soi-disant pour combler un déficit qu’ils entretiennent par une gestion désastreuse. On est très loin de votre « autre idée » du libéralisme !

Et qu’entendez-vous par « règles simplifiées » ? Le droit est le droit, il n’y a ni à le simplifier, ni à le compliquer. De nos jours, un chef d’entreprise investit plus de temps à étudier le code du travail archaïque et le fatras fiscal changeant chaque année, voire chaque mois, qu’à se consacrer à l’objet même de son activité. L’administration déborde d’imagination et le législateur de dynamisme pour produire des lois qui posent chaque jour d’autres entraves aux entreprises. Comment gagner un 100m aux Jeux Olympiques avec des boulets aux chevilles ? Avec entraînement, soit, mais en compétition dans le stade olympique mondial, on reste au stade des qualifications, si on y arrive.

Le monde des entrepreneurs n’est pas fait pour satisfaire toute cette couche de vautours qui attendent de se gorger des fruits du travail des autres. On l’oublie trop, si l’entrepreneur crée de la richesse, c’est d’abord et avant tout pour que vous et moi en disposions par l’échange. Parmi les bénéficiaires, il y a ceux qui participent à la création des produits et services de l’entreprise, salariés et partenaires.

Mais sans client, pas de richesses pour eux. Quant à ceux qui ne veulent pas participer à cette création de richesses, c’est leur droit, mais ils doivent l’assumer. La justice sociale ne réside pas dans un pouvoir qui dérobe les entrepreneurs au bénéfice de sangsues arbitraires. La solidarité forcée ne se substitue pas à la charité privée. La première est une agression, la dernière une bonté.

Pourquoi donc vouloir une « surveillance » ? En quoi votre libéralisme serait-il malsain alors que la concurrence y est « libre et non faussée » ? Par contre, comment garantir que la nation soit « peu interventionniste », sinon justement en limitant le pouvoir politique ? La surveillance est inutile dès qu’il y a respect du droit naturel, chacun étant libre de produire et d’échanger sans se faire agresser ni piller – à commencer par l’état. Si état, il doit donc n’être ni agresseur ni prédateur, mais juste.

Tous les politiciens se trompent à nous promettre un état solution universelle. L’intervention régalienne sert la liberté quand la propriété du faible est menacée par le fort – lui. Vous étiez tout prêt, Madame. Vous n’avez juste pas su voir que le problème est en fait dans la solution que vous apportez.

Car la solution consiste à ne pas en avoir. Le renard est depuis longtemps dans le poulailler, mais rusé il se masque. Dodu, c’est celui qui se nourrit d’impôts. Il faut lui faire quitter le poulailler.

Friday, January 12, 2018

Libéralisme ? Economie ? Cliché quand tu nous tiens - (2)

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

(Une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les faux clichés économiques classiques.)

Suite du courrier de ma lectrice : « Il [nb : le libéralisme] a porté ses fruits dans les années 90 avant de montrer ses inconvénients dans l’ultralibéralisme et les dérives du capitalisme financier (subprimes, titrisation de la dette, traders ‘fous’…) ». Il y aurait de quoi écrire plusieurs volumes pour répondre en détails sur tant de sujets. Rejeter les errements de l’étatisme sur le libéralisme quand celui-ci a disparu avec la démocratie, c’est un peu osé. Mais l’étatiste ose crier le haro sur l’ennemi invisible.

Remarquez que l’opposant au libéralisme use des préfixes « ultra » ou « néo » pour le dénigrer. Ainsi l’ultralibéralisme ou le néolibéralisme ou l’ultra-turbo-néo-libéralisme sont des épouvantails pour donner peur. Mais le libéralisme est et reste le libéralisme, le néo-truc-machin n’existe pas.

Le libéralisme s’appliquait-il dans les années 90 ? Il aurait porté ses fruits ? Mais si c’était vrai, pourquoi en 90 et plus maintenant ? Les lois de l’économie ne changent pas, ce qui marche marche toujours et inversement. Rappelons à ma lectrice que nous subissons l’interventionnisme politique depuis plus d’un siècle et que l’étatisme a eu le temps d’apporter la preuve de son incapacité. Quand l’étatisme déraille, le pouvoir politique trouve des faux coupables non responsables ou invente le néo-machin ou l’ultra-chose pour nous camoufler son impuissance à éviter le prochain déraillement. Non Madame, le capitalisme n’a pas de dérives, ce sont celles de l’étatisme, toujours et encore.

Si le libéralisme s’appliquait, le pouvoir ne s’abriterait pas derrière des règlements sortis du ciel, ni l’argent des autres. La simple loi, la logique, le bon sens auraient cours. Les responsables seraient responsables, sur leurs deniers propres donc. Et si les libéraux étaient au pouvoir, tout ce qui représente les dérives de l’irresponsabilité collective serait limité voire impossible : le nombre de fonctionnaires, les emprunts d’état et les déficits publics seraient des légendes passées, devenues incompréhensibles tant elles sont contraires à la vie normale et au bon sens.

Ma lectrice ne voit pas la collusion entre institutions publiques et multinationales, aux dépens du droit et de la multitude de PME et commerces. Collusion qui forme le faux capitalisme, celui de connivence liant les politiques et les grandes entreprises. Ce n’est plus du capitalisme. Cela n’a plus de rapport avec la liberté d’entreprendre. Les grandes entreprises se tournent vers le gouvernement pour réclamer davantage de réglementations et de protections. Tant pis pour la saine concurrence. Ces grandes entreprises se sont tellement bureaucratisées qu’elles ne savent plus fonctionner sans système d’aides ou de subventions issues de la spoliation fiscale. Rien de libéral là-dedans, rien.

Avec la bureaucratie fonctionnaire, ce système de connivence est en fait le vrai cancer de la société française. C’est une forme de corruption à haut niveau utilisant la contrainte de l’état pour chercher des rentes de situation via le vol légal de la masse laborieuse. La démocratie ne fonctionne pas, manipulée par la redistribution et dévisagée par le système de connivences et le social-clientélisme.
Ainsi va hélas l’ensemble de la planète. Le socialisme international issu du détournement général de la démocratie a été d’une redoutable efficacité malgré la déconfiture de l’ex-URSS. Les croyances ont la vie dure !

Mais le citoyen finira par prendre conscience que les dérives du fameux « capitalisme financier » citées par ma lectrice viennent de la réglementation et de la collusion entre les élites politiques et bancaires qui se sont arrogées un abus de droit. Et prendront enfin conscience que le marché libre n’a pas besoin de tricher ni de spolier pour pouvoir fonctionner pacifiquement. Il n’y a aucun doute : notre l’avenir est dans la liberté et le libéralisme, c’est notre enjeu de civilisation.

Libéralisme ? Economie ? Cliché quand tu nous tiens - (1)

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

Une lectrice, pas une admiratrice, mais une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les clichés classiques. Cette lettre commence ainsi : « Bien sûr, en économie, le libéralisme est une théorie parfaitement défendable ». Ma lectrice laisse entendre qu’elle sait que le libéralisme ne saurait être exclusivement économique. C’est déjà bien, il y a souvent amalgame. Veut-elle dire que sur le plan politique, il ne serait pas défendable ? Sait-elle que le libéralisme n’est pas une théorie économique ? C’est sur cette fausse perception que je voudrais lancer cette série.

Le libéralisme prenant acte de la supériorité inéluctable des mécanismes spontanés de toute nature que les hommes pacifiques mettent librement en œuvre entre eux, je n’aurai pas la prétention de répondre exhaustivement à ce point en une unique chronique. Le libéralisme exprime une morale qui existe depuis que l’homme est homme : il trouve son expression philosophique au siècle des Lumières. Cette morale s’appuie sur la liberté associée à son corollaire, la responsabilité individuelle. Le marché libre en économie n’est ainsi qu’une expression de la morale libérale.

Le libéralisme pose juridiquement toute action humaine dans le cadre du droit naturel. Ce droit est par nature non arbitraire. Naturel, il est supérieur en légitimité à tout droit positif, telles les lois et règles que les élus nous imposent, qui sont par nature clientélistes et injustes. Ainsi, c’est l’action des hommes qu’il faut protéger de l’arbitraire du pouvoir et non l’inverse. Le libéralisme n’est pas non plus la loi de la jungle, comme les étatistes aiment à le dénigrer. La constitution française place certes en préambule la Déclaration des droits de l’homme, basée sur le droit naturel, mais dans les faits, aucune instance ne censure le droit positif face au droit naturel. Les philosophes du siècle des Lumières évoquaient pourtant l’obligation de « conservation des droits naturels et imprescriptibles ». La Liberté vient en premier dans la devise « Liberté, Egalité, Fraternité », ce n’est pas par hasard.

Le libéral se méfie de tout pouvoir, car le pouvoir conduit à l’arbitraire. Le libéral ne cherche pas à construire une société à coup de lois contraignantes. Il constate que le « laissez-nous faire » d’un cadre où règne la responsabilité est plus juste et plus porteur de prospérité que tout système coercitif. Le libéralisme est honni par tout pouvoir politique ou religieux car il révèle et défie leur vacuité et même leur nocivité, à la fois envers la prospérité et la justice dite sociale. Étonnez-vous que les politiciens le critiquent par tous les moyens. Observez-les. Tout politicien de droite ou de gauche (nazisme, communisme, fascisme, socialisme…), jusqu’au social-démocrate rejette en bloc le libéralisme. C’est sans doute leur seul point d’accord à tous. En France, pays des Lumières, lors de la dernière présidentielle, pas un seul candidat sur les 14 ne se réclamait du libéralisme. Mystérieux cet adversaire commun à tous mais pourtant absent politiquement. C’est dire leur peur de notre Liberté.

Mais le libéralisme ne meurt pas. Quelle est sa force ? Sa cohérence naturelle. Quand on comprend qu’il est le seul à assurer droit et justice, aucun argument politique ne tient plus. N’importe où, n’importe quand, avec n’importe qui, discutez librement. Observez la vie spontanée. Et constatez : l’Etat n’est jamais qu’un arbitraire vaguement utile, plus souvent la source des pires malheurs.

Notre enjeu pour demain, c’est le respect du droit naturel, sans nul besoin de plus de paperasserie. Il en va de notre avenir de ne pas associer « état » et « civilisation ». La civilisation passe au contraire par l’éclatement du pouvoir politique. Politiquement tout a-t-il été essayé ? Non tout sauf … le libéralisme, le vrai ! Jamais, nulle part ! Ma lectrice est-elle d’accord pour déjà dire « banco » ?

Monday, January 8, 2018

Prime à la crasse économique

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

Suite à la prime à la casse sous le régime sarkozien, nous constatons aujourd’hui les fruits de l’interventionnisme politique là où les entreprises auraient dû s’adapter au marché : PSA suffoque et Renault produit un encéphalogramme économique plat. Nos illusionnistes gouvernementaux ressortent alors les bonnes vieilles recettes du chapeau avec un projet de prime au vieux tacot diesel. L’idée peut paraitre rien moins que géniale, puisqu’elle touche à la fois l’économie, l’industrie et l’écologie. D’une seule mesure, on imagine relancer l’industrie automobile, réduire la pollution et redorer une réputation d’un gouvernement un peu contestée – doux euphémisme et doux rêve !

Sauf que nous avons, une fois de plus, affaire à un tour de prestidigitation qui coûtera plus aux français qu’il ne pourra jamais leur rapporter, comme toute mesure étatique. Le principe de ce type de mesure, même s’il peut connaître des nuances secondaires, reste toujours le même. De nouveaux standards, nonobstant les contrôles techniques, présentent les véhicules comme dangereux ou polluants, alors que la veille même aucun d’eux n’était illégal, ni dangereux, ni montré du doigt. Puis un large battage médiatique est organisé, pour que cela soit bien su par tous, afin qu’on voie bien à quel point le pouvoir agit pour notre bien. Voir c’est important pour « savoir ». Alors qu’en fait, cela concerne, tout au mieux quelques milliers de voitures banales, comparé aux millions en circulation.

Très vite on accorde un budget arbitraire et contributeur à la dette pour la reprise de ces véhicules, budget qui donc sera distribué aux propriétaires de voitures « malsaines ». Eh oui, l’Etat finance les propriétaires des voitures « coupables de pollution ». Mais si c’est donc si mal de conduire de telles voitures, pourquoi ne pas simplement sanctionner au lieu de récompenser ? Ce serait au moins en cohérence avec la logique du droit : la Loi interdit les seules actions nuisibles à autrui. Les pollueurs devraient donc être les payeurs. Mais l’Etat a depuis longtemps sombré dans le mercantilisme.

Car c’est bien de récompense qu’il s’agit. Cet argent leur sera donné pour acheter une voiture neuve, ce qui correspond à une subvention discrétionnaire à l’achat. Ces sommes amputent par l’impôt le pouvoir d’achat des autres citoyens, peut-être automobilistes, qui subissent une double peine : ils ont une voiture « saine », eux, qu’ils ont payée sans aide, et sont punis par un impôt !

La stimulation du marché ainsi artificiellement créée va en effet pousser des opportunistes circulant en « poubelles illégales » à acheter du neuf avec l’argent des autres. PSA et Renault arrondiront ainsi leurs maigres chiffres et feront illusion. Mais pendant combien de temps ? Comme constaté sur toutes les mesures de ce type, une fois passé l’effet d’aubaine, le soufflé retombe. On aura sûrement eu quelques centaines de carrioles détruites – pardon, « renouvelées » – mais les constructeurs seront ramenés à la réalité du marché. Et un délai trop court ne leur aura pas permis de s’adapter.

Du point de vue économique, ce genre de manipulation clientéliste est en réalité une corruption, un scandale moral et une aberration industrielle. Il s’agit à la fois d’un impôt redistributif arbitraire et d’une subvention sauvage à une industrie pourtant très internationalisée qui n’a pas de raison d’obtenir un tel privilège en France. Comme pour tant de sujets, l’intervention de l’état dans la libre activité économique montre ses perversités. Si le marché de l’automobile souffre, et plutôt que de s’obstiner à entretenir un moribond aux frais du contribuable, laissons s’établir les conditions de l’émergence d’industries nouvelles de remplacement. Car, quoique puissent en dire nos étatistes, c’est toujours le libre-échange et le laissez-faire qui ont le mieux profité au plus grand nombre.

Saturday, January 6, 2018

Il n’y a pas d’exception culturelle

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

La culture, une « exception française ». En affirmant cela, « on » ne nous dit pas vraiment tout. En France, la culture serait un domaine relevant du politique. Lequel se doit d’y déverser l’argent du contribuable, incapable d’apprécier ce qu’est la vraie culture. Et rien n’est jamais trop beau pour ce qui se voit. Mais ce qu’on ne voit pas, c’est que cette dépense est un profond gaspillage inefficace.

Le magazine du Conseil général de Haute-Garonne (numéro 124) (ça existe) nous annonce ainsi le dernier gouffre en date : l’ouverture de la médiathèque du CG31 à Labège. Présentée comme un « trésor culturel pour nos bibliothèques » et une « inépuisable source de rêve et de connaissance », elle est dotée de plus de 600 000 documents, mais n’est pas accessible au public, puisque censée fournir en contenu les seules 152 bibliothèques du département, ainsi que 5 bibliobus itinérants.

Rappelons-nous qu’il y a quelques années, c’est Toulouse qui avait inauguré l’immense médiathèque enjambant désormais la place Marengo, dans le dos de Pierre-Paul Riquet. Depuis d’autres ont fleuri aussi à Empalot, à Labège-Village, à Tournefeuille… Bref, les médiathèques sont à la mode. On en fait les champions de la culture comme d’autres font la culture des champignons, sortant en une nuit.

Sous prétexte d’accès à la culture pour tous, cette énorme vague de pseudo « investissements » illustre en fait le scandale des gaspillages de notre système « public » faussement généreux.

Arrêtons-nous sur l’objet principal d’une médiathèque : la lecture. Une étude récente établit que le titre le plus souvent sorti des bibliothèques est le Journal de Mickey ! Belle preuve d’efficacité de ces institutions à transmettre la culture française aux nouvelles générations, non ? Plus sérieusement, alors que la soi-disant Education nationale n’a jamais été aussi incapable d’apprendre à lire à nos enfants, peut-on nous faire croire que les médiathèques vont leur faire aimer Molière et Voltaire ?

A l’heure d’Internet, ces moyens sont complètement dépassés. Les jeunes de tous profils, qu’ils soient « défavorisés » ou pas, ont tous ou presque un accès illimité à la culture à tout instant, sans avoir à se déplacer, via ordinateurs ou téléphones portables. S’ils veulent lire Hugo, Rabelais, mais aussi Poe ou Nietzsche, ils n’auront aucun problème à trouver les grands textes de ces auteurs sur le Net, sans besoin de se transformer en rats de bibliothèque. Alors, à qui servent ces médiathèques ?

De plus, le pouvoir schizophrène crée l’Hadopi pour limiter le piratage, mais ne craint pas de donner accès à des milliers de CD ou DVD qui seront tous allègrement copiés. L’incohérence des politiques n’a hélas pas de limites. Sans oublier que ces « dinosaures culturels » occupent des fonctionnaires territoriaux, dont – selon le magazine – pas moins de 250 ont été formés l’année passée, rien que sur le département 31. Pour quels résultats ? Ah ben si, suis-je sot, pour créer de l’emploi inutile.

Sans même aller contester comment les nombreux titres ont pu être choisis, on comprend bien que l’objectif de donner accès à la culture pour quelques minorités que ce soit ne saurait être à la hauteur des montants prétendument « investis » et de leur coût de fonctionnement. Car dans ce cas, il serait légitime de demander combien la « majorité » a reçu en proportion dans ce domaine.

Il y a quelques années, quand tous ces chantiers furent décidés, la grande angoisse des élus avait pour nom la « fracture numérique ». On craignait que les « minorités défavorisées » ne puissent profiter des mêmes accès à Internet que les nantis. Et d’enfanter ce réseau de médiathèques inutiles et déjà mort-nées. Car la bureaucratie qui décide trop tard met en plus un temps infini à livrer.

Une fois de plus, l’exception culturelle, comme tout fruit de l’interventionnisme politique, se révèle un fiasco. Entre-temps, le laissez-faire capitaliste, lui, a fait son travail ordinaire : sans bruit, il a rendu la culture accessible partout et pour tous, pour presque rien, sans gaspillage ni tyrannie. Charge aux incultes de la découvrir par ces fabuleux moyens, à condition qu’ils en aient l’envie…

Thursday, December 28, 2017

Les bouchons toulousains

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

Lyon est célèbre pour ses bouchons lyonnais, Toulouse sera-t-elle bientôt aussi célèbre que Paris pour ses interminables bouchons quotidiens ? Combien de personnes ne font désormais que du 10h – 16h au bureau pour éviter autant que possible de rester plus d’une heure trente sur la rocade ? La capacité de la rocade et des infrastructures ne suit pas celle de la démographie, et ce n’est pas en augmentant la place prise par les transports en commun que la fluidité du trafic pourra s’accroître.

Le dogme écolo-socialiste prétend qu’il y aurait trop d’automobilistes et que pour « sauver la planète », il faut les bouter hors de la ville. Les bouchons le démontrent, de nombreux Toulousains ne veut pas utiliser les transports en commun, cela pour bien des raisons (temps de trajet, flexibilité des horaires, couverture du réseau, etc.), et qu’ils préfèrent encore les bouchons au bus et au métro.

Si nos élus avaient à cœur le bien commun comme ils l’affichent, ils mettraient leurs dogmes de côté et chercheraient réellement à résorber ce problème social qui fait perde 2 ou 3 heures à des milliers de « travailleurs » chaque jour. Car les solutions existent, elles sont connues et faciles à mettre œuvre – mais supposent une démarche philosophique radicalement différente : privatiser la rocade.

Imaginez une rocade payante. « Quoi !? Horreur capitaliste ! Vade retro Satanas ! On va encore privilégier les riches au détriment des pauvres ! » Mais qui parle de riches ? Attendez donc un peu…

Payer l’accès à la rocade permettrait d’abord d’inciter certains automobilistes à suivre un autre trajet. Riche ou pauvre, on ne sait pas, ce sera à eux de décider – d’ailleurs, le vrai riche prend l’hélicoptère, pas la rocade, c’est donc un faux problème. Surtout, le prix pourra changer en fonction des bouchons – c’est tout l’intérêt. Cher, voire très cher en heures de pointe, justement pour faire fuir le conducteur occasionnel et ainsi réduire l’afflux de véhicules. Gratuit ou quasi gratuit la nuit ou les week-ends. Rien que ce mécanisme est une assurance presque certaine d’absence de bouchon.

« Mais il faut bien que ces voitures passent par ailleurs, donc on ne fait que déplacer le problème », dira le socialiste qui n’a pas bien pris la mesure du sujet. Si la rocade fait ainsi du profit, et si le trafic potentiel reste fort, eh bien l’entreprise qui la gère trouvera des solutions. Et elle aura les moyens et les incitations pour le faire. Par exemple, pourquoi pas une seconde rocade construite au-dessus de la première, avec moins de sorties et uniquement destinée au trafic de ceux qui traversent Toulouse, tels les poids lourds, et sans limite de vitesse ? Deux fois plus de place, deux tarifs, double capacité, et du trafic en moins au milieu du trafic local. Plus de bouchon, sans réel inconvénient.

Peu à peu, on verra des formules d’abonnement et même les grandes entreprises locales négocier des tarifs ou conditions pour leurs salariés. Et donc peu à peu, la rocade sera en partie financée par l’économie locale sur une base volontaire et en rapport direct avec l’intérêt économique – et non pas en fonction de cette dichotomie riche – pauvre qui ne veut rien dire et n’est pas liée au sujet.

Le financement ? Comme tout projet capitaliste : des fonds propres, des emprunts, des prévisions de chiffre d’affaire, voire même une souscription auprès des futurs usagers de cette nouvelle rocade. Et si cela marche, les entreprises elles-aussi prendront des participations. On peut même imaginer qu’Airbus passera commande pour ajouter une voie à la rocade réservée à ses employés. Ou tout autre possibilité, sans limite d’imagination. Et surtout sans aucun endettement public. Libres.

Wednesday, December 20, 2017

Plaidoyer pour la liberté de créer des richesses

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

A l’heure où chacun fait ses comptes de rentrée, l’horizon économique de notre pays s’est assombri de multiples plans sociaux durant l’été. La région toulousaine n’a pas été épargnée et nos emplois fondent encore, faute de compétitivité de la France sur le marché mondial. Le chômage avance.

Le miracle n’aura pas lieu : le niveau de dépenses publiques (plus de 56% du PIB en France / plus de 58% pour Midi-Pyrénées) inhibe toute motivation individuelle et force à l’exil ceux qui refusent le « vol légalisé ». Nos hommes politiques sont prisonniers de leurs turpitudes et scellent la lente mort industrielle du pays. A vouloir intervenir toujours plus dans l’économie sous de fallacieux prétextes, ils asphyxient progressivement les entreprises par une fiscalité allant toujours croissant, issue de l’imagination débordante de faux besoins « publics ». Pourquoi s’arrêter en si bon chemin puisqu’ils signent des chèques sans provision sur le dos des citoyens par l’endettement immodéré de l’Etat ?

Avant qu’il ne soit trop tard, sera-t-il un crime de s’interroger sur la légitimité, ou plutôt l’illégitimité, de la saignée fiscale mise en place par les gouvernements successifs ? En 1789, la chute de la royauté n’était-elle pas déjà liée à un abus d’impôts sur le peuple ? Car c’est toujours parmi le peuple seul qu’on trouve les pourvoyeurs de ce qui se prétend « l’argent public » et dans lequel les dirigeants politiques puisent généreusement. Comprenons que l’Etat n’est jamais un créateur de richesses. Jamais. La richesse se reconnaît par l’acte volontaire et non la force. L’intoxication idéologique a fait perdre de vue à chacun que toute mesure publique se finance par spoliation étatique au détriment de la création de richesses, elle-même dans les seules mains des entrepreneurs privés.

Le Français peut-il continuer à croire à ces exceptions dans tous les domaines, y compris l’économie, en niant ainsi la réalité ? Il eut été politiquement plus raisonnable, au lieu d’intervenir et falsifier le marché, de garantir aux créateurs de richesses leur liberté à les produire sans oppression fiscale. N’est-ce pas le but de la politique que de garantir les droits tel qu’énoncés par la déclaration des droits de l’homme ? En se faisant « intervenant », l’homme politique spolie la propriété et la sécurité économique de citoyens honnêtes : il bafoue l’esprit de la République en privant chacun de ses actes.

Celui qui produit des richesses serait-il donc forcément malhonnête, pour être devenu une cible à culpabiliser ? Or sans créateur de richesses, où serait la société française ? Constatons plutôt que le créateur de richesses est aujourd’hui réduit à l’état de « forçat des temps modernes » puisqu’on attend de lui toujours plus de richesses… pour le spolier toujours plus. Est-ce bien moral et honnête ?

Car si le système politique a choisi de maintenir ses privilèges personnels en passant par les fourches caudines du capital bancaire, toute la société française, en libérant la création de richesses de ses chaînes fiscales, y gagnerait en dynamisme. Évitant ainsi de rester bloquée sur une pente destructrice en invoquant le sacro-saint « Etat social » à attendre des jours meilleurs qui ne sauraient venir car ils sont coincés en nous. Pourtant la main invisible du marché dans lequel évoluent et que font vivre à chaque instant tous les citoyens est autrement plus efficace que la main mise arbitraire de l’Etat.

Est-il lucide de faire confiance à l’homme politique, fut-il élu, pour faire le bonheur de chacun ? Bizarre, il semble que si c’était le cas, nous le saurions et serions tous depuis longtemps…

Friday, December 8, 2017

L’Humain contre le Laissez-Faire

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

L’affaire Maurice Taylor (Titan) contre Montebourg a fait grand bruit cette semaine. Parmi les grands thèmes qui ont matérialisé l’affrontement entre soutiens et opposants au patron de Titan, on note un grand classique de la rhétorique gauchiste, cette idée voulant que le capitalisme ne se soucierait pas assez de l’humain et que seuls les gens de gauche posséderaient cette grandeur, cette empathie suffisante pour remettre l’humanité au cœur des affaires et de l’économie, sauvagement froides.

Selon cette thèse, le capitalisme et son rejeton le laissez-faire ne seraient qu’une machine à brasser de l’argent sans âme et à écraser les pauvres travailleurs et prolétaires, leur sainteté les syndicats et élus de gauche œuvrant chaque jour pour combattre ce mal et remettre l’homme à sa juste place.

Pourtant, contrairement à la vulgate et aux légendes de tous poils, contrairement au discours en vogue dans l’opinion, colporté par l’école comme par les médias, aucun système socio-économique ne peut être plus « humain » que le laissez-faire. Il suffit de comprendre ce qu’il signifie pour s’en rendre compte. Comment un système où l’homme laisse faire l’homme pourrait-il être inhumain ?

Ce que beaucoup de critiques « pro-humain » du capitalisme de laissez-faire ne comprennent pas, c’est qu’une économie de libre marché constitue l’expression la plus pure de l’humanité collective. Dans une économie de libre marché, c’est-à-dire une société spontanée naturelle, tous les échanges entre individus sont des échanges volontaires, et ainsi créateurs de richesse. Les échanges qui ne seraient pas volontaires ne peuvent être donc être que contraints, ce qui est contraire avec le concept du libre marché. Donc un marché libre est humainement créateur de richesse.

Peut-être faut-il rappeler que la richesse n’est jamais une chose absolue, elle n’est que dans la tête de chacun de nous. Je sais ce qui me fait riche, et ce n’est pas les mêmes choses que vous. Dès lors, la richesse, ou plutôt l’enrichissement se manifeste quand on échange, abandonnant à l’autre un objet de faible valeur pour soi pour en gagner un de plus grande valeur. Richesse suppose échange. Dit autrement, s’enrichir ne peut se faire que mutuellement et spontanément dans une société libre. Où est donc la trace d’inhumanité dans une telle société ? Le laissez-faire est profondément humain.

Il existe bien sûr de nombreux cas d’échanges non volontaires dans la vraie vie. Le plus fréquent reste celui où une bureaucratie a le pouvoir de nous imposer, de nous dérober une taxe. Car il faut toujours le rappeler, taxer ou imposer ne sont que des formes déguisées de vol. Et c’est là où le raisonnement socialisant dérape. Sous un prétexte humanitaire plus ou moins alambiqué, au titre d’un objectif de solidarité de façade, le socialisme n’hésite pas à prendre à Pierre pour donner à Paul – en prenant bien sûr au passage largement de quoi s’engraisser soi-même. Double duperie et perte.

Et c’est parce que le vol est camouflé sous des couches de fausse solidarité qu’on a fini, sournois, par convaincre une grande partie du peuple, par ailleurs peu instruit, que le socialisme est le symbole d’une société humaine. Pourtant, rien n’est plus faux et les libéraux n’ont de cesse de le dénoncer.

Parmi les symboles honnis du capitalisme, on compte le profit, symbole de l’exploitation du riche aux dépens des pauvres. Pourtant là encore, rien n’est plus faux, rien n’est moins la preuve d’une incompréhension profonde du fonctionnement social naturel. Car le profit est toujours partagé. A chaque libre échange, les deux parties gagnent un peu. Chacun profite. Echange après échange, le profit cumulé par un entrepreneur est donc la marque d’autant de profit accumulé par ses clients.

Dans une société libre, celle du véritable laissez-faire, le profit est donc un bon indicateur du niveau de service rendu par un individu ou une entreprise aux autres citoyens. Comment faire plus humain que cela ? Bien sûr, la société réelle que nous subissons n’est en aucun cas cet idéal. Mais ce qui l’en éloigne c’est justement que les bureaucrates et autres gouvernants interfèrent pour faire du libre échange et du laissez-faire des légendes. C’est donc l’étatisme socialiste qui ôte son humanité au capitalisme et non l’inverse. Dès qu’on lève le voile de la propagande, l’empereur redevient nu.

Saturday, November 25, 2017

Aides de l’Etat sauvages

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité économico-politique.)

Selon le politiquement correct ambiant, le libéralisme serait « sauvage », porteur de la « loi de la jungle ». La liberté de créer des richesses en prenant des risques serait bassement cupide, sans foi ni loi. Le politicien affiche que son intervention « régulerait » magiquement les myriades d’échanges quotidiens et volontaires de l’humanité. Il a convaincu le peuple que « l’Etat est là pour nous aider » !

Pourtant, les Lumières nous ont appris que « l’Etat », pour espérer être juste, se doit de n’être que régalien. Illustrons cela avec Sanofi et Peugeot. Certains reprochent désormais à Peugeot, qui licencie pour ne pas s’être restructuré à temps, de ne pas avoir su anticiper pour s’adapter à son marché, l’automobile. Et les mêmes reprochent maintenant à Sanofi, qui ne licencie pas mais se restructure, d’anticiper en s’adaptant à son marché, le médicament. Belle incohérence des reproches. Du bruit.

Qui, pourtant pendant plusieurs années, a jeté l’argent du contribuable en « primes à la casse » pour inciter l’achat de véhicules neufs, faussant le marché et baissant la pression de la concurrence sur Peugeot, dégagé ainsi d’efforts d’adaptation nécessaires ? Qui a gâché l’argent du contribuable en subventions pour forcer la création d’un « oncopole » d’utilité douteuse dans le pays déjà le plus consommateur de médicaments par habitant ? Subventions d’autant plus inutiles qu’elles ont accru les gains de Sanofi sur un marché faussé par un système de sécurité sociale déjà très artificiel.

Dans les interventions politiques, Frédéric Bastiat, économiste, disait déjà en 1848 – il y a 170 ans donc – qu’il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Les politiques nous vendent ce qu’on voit : l’illusion de l’aide apportée. Mais c’est oublier que l’argent de ces aides a été confisqué, volé donc, au contribuable, citoyen ou entreprise, qui l’avait gagné, sauf rares exceptions, de manière honnête.

C’est oublier que la ponction publique se fait sur une foule d’impôts, cotisations et taxes obligatoires, là où constitutionnellement cet acte devrait être « librement consenti ». C’est oublier que les grandes entreprises payent déjà des « contributions » fiscales. Leur en rendre une fraction, soumise donc à l’arbitraire politique, nuit encore plus à la transparence et à l’illusoire égalité devant l’impôt.

Ce geste crée de plus une injustice envers tous les autres acteurs de l’économie. L’Etat ne vient jamais protéger de la faillite les milliers d’artisans, commerçants ou PME contraints de financer ces avantages, alors qu’ils auraient pu vivre de leur argent honnêtement gagné. Plus extraordinaire encore, ils risquent même d’être accusés de « fraude fiscale », quand l’Etat est le seul prédateur lors de contrôles fiscaux, plus avide d’argent que ceux qui commercent de façon libre et responsable.

Ainsi ce qu’on ne voit pas, c’est tout ce qui nuit à la communauté résultant de ces « aides ». L’Etat organise la spoliation, le vol légalisé au profit de quelques-uns et au détriment de tous les autres. On a ainsi vu Peugeot vendre plus de véhicules par la force de la loi. Mais on ne verra pas que les sommes ainsi détournées vers le marché automobile manquent à des entreprises plus performantes sur d’autres marchés, qui auraient pu largement compenser les pertes d’emplois de Peugeot.

La politique ne peut rien pour l’économie, sinon l’étouffer puis la détruire. Car l’économie, c’est le reflet de la société, de la dynamique de la vie, pas de la manipulation de l’Etat. Par son arbitraire, l’action politique est bien plus « sauvage » que le laissez-faire des marchés. Contrairement aux belles paroles, son immoralité est bien plus grande, car chaque intervention dans l’économie se fait au mépris de la justice – celle du droit naturel. Et à l'inverse des cris de façade, au mépris du plus faible.

Thursday, November 23, 2017

Et si… le chômage nous cachait la réalité ?

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité économico-politique.)

Une promesse présidentielle de 2013 était d’inverser la courbe du chômage – j’en fis une chronique. Pari osé, pari annoncé, pari revendiqué, mais pari raté, comme dirait le grand Charles. Ce type de promesse révèle de l’incantation politique quasi religieuse, mais pas de l’économie. Surtout que pendant ce temps, des milliers d’emplois disparaissent corps et biens. Le nouveau chômeur n’a pas la même perception du quotidien que le politique grassement payé avec les impôts et taxes du premier pour garder un œil mollement rivé sur une courbe idiote sans lien avec notre quotidien.

En se focalisant sur les chiffres têtus du chômage, le politique prouve qu’il n’a absolument aucun pouvoir positif sur le système économique, à l’inverse de ce qu’il prétend. Cette obsession maladive cache en réalité leur déni et ignorance des vrais mécanismes économiques. Non, ce n’est pas le politique qui trouvera un vrai emploi aux chômeurs. Il ne le peut pas. Le politique ne sait que prendre de l’argent, pour ne « redistribuer » avec arbitraire que ce qu’il n’a pas empoché ou gaspillé.

J’entends déjà certains m’évoquer les « emplois d’avenir » ou issus de contrats aidés, les embauches dans les secteurs publics (fonctions publiques nationales et territoriales, secteur de la santé et autres parapublics). Tous de faux emplois ne reposant pas sur la valeur ajoutée mais sur la fiscalité. Autant de spoliation de richesse déjà créée sous divers fallacieux prétextes. Rien que de l’artifice illusoire.

Tout a-t-il été essayé ? En mots, en paroles, oui. Toutes les méthodes socialistes ont été essayées, épuisées même. Et dans ce registre, c’est la guerre ouverte. Les termes de « lutte contre le chômage » ou de « combat pour l’emploi » sont symptomatiques de l’esprit guerrier. Il ne reste plus qu’à obliger les individus à tenir des emplois inutiles. Pourquoi ne pas creuser à la cuillère des trous pour les reboucher ensuite ? Voilà de quoi occuper du monde ! Mais pas de quoi le nourrir. Mince.

Pourtant, une idée simple n’a pas été essayée. Jamais. Simple pourtant, je vous dis. Tabou, toujours critiquée, servant souvent de bouc-émissaire, mais jamais mise en œuvre. Et pour cause, car cette idée supprime définitivement tout pouvoir aux politiciens de nuire au peuple : c’est le « laissez-faire », terme français, repris même par les anglo-saxons comme principe économique vertueux !

Le laissez-faire part de l’idée simple que chacun sait bien si l’autre fait un travail dont il a besoin. Et il le sait mieux que quiconque. Ma précédente chronique l’expliquait, l’égoïste a besoin de la solidarité transmise par le marché libre. Moins d’oppression fiscale, moins d’oppression législative et réglementaire, moins de violence morale, moins d’interventions publiques, moins d’incantations politiques, tout en donnant plus de responsabilité, plus de liberté et plus de sécurité aux individus.

Sommes-nous des adultes avec assez de raison pour savoir embaucher ? Ou restons-nous d’éternels adolescents ayant besoin de savoir que leurs parents sont là pour couvrir leurs dépenses ? Cessons à jamais de laisser notre carnet de chèques aux politiques. Paniers percés, ils n’en ont jamais assez. Bien pire : ils ne laissent aux deux générations qui arrivent qu’un champ de ruines sociales. Mais de la réalité et de notre devenir ils se moquent bien. L’avenir du chômage, sa réduction définitive et irrémédiable, passent par la plus systématique des libéralisations de l’économie et de la vie sociale. La théorie l’explique, la réalité le confirme. Il ne nous reste plus qu’à lever ce voile qui nous aveugle.

Monday, November 20, 2017

Délit moche, un !

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité économico-politique.)

Dailymotion : beaucoup d’internautes connaiss(ai)ent ce site de partage de vidéos. Contrairement à ce que son nom laisse imaginer, ce site est français. Et cocorico, une nouvelle fois, le ministre improductif du redressement (Arnaud Montebourg) s’est distingué en coupant arbitrairement cette pépite d’un riche futur, laissant une image très stalinienne de la France par le blocage de la vente de cette entreprise à la société américaine Yahoo!. (Le fait que depuis Yahoo! soit aussi en difficulté ne change rien à l’idée : qui sait si Yahoo! ne serait pas mieux connu aujourd’hui sous le nom de Dailymotion ?)

En fait, cette intervention illustre l’incapacité de nos hommes (ou femmes) politiques à toute vision économique, dont ils ne comprennent pas le fonctionnement – ou ne veulent pas le comprendre. Encore moins celle de l’internet, qui n’est absolument pas sur la même échelle de temps de réaction.

Cette vision franco-française se voulant très holiste de préservation des emplois donne du grain à moudre au populisme de bas étage, mais sacrifie comme toujours le long terme. Nous assistons à la lente agonie du modèle étatiste avec la croyance que l’homme politique peut déterminer, peut créer le développement. Depuis 40 ans et plus, on voit pourtant ce qu’il advient des différents secteurs de l’industrie dite lourde, là où l’homme politique a détourné des milliards. Les entreprises en bonne santé ont été dépouillées et n’ont pas pu redevenir ou rester compétitives sur leurs secteurs.

Dailymotion f(ais)ait partie des 50 sites les plus populaires au monde. Mais a-t-il les moyens de tenir la dragée haute à YouTube ? France Télécom, puis Orange, malgré les promesses, n’a jamais vraiment su la dynamiser car ce n’est pas son métier. La proposition de Yahoo! doublait la valorisation de cette société et permettait d’entrevoir des perspectives de développement car adossé à un grand de l’internet, spécialiste du contenu. L’Etat, actionnaire de France Télécom, propriétaire actuel de cette société, est certes en droit de s’opposer à la vente. Mais ce refus prive Dailymotion de l’oxygène nécessaire et la condamne à terme. Car Dailymotion va devoir subir un nouveau concurrent au lieu de jouer enfin le challenger. A moins que Orange s’imagine comparable à Google et Yahoo!.

Le jour où cela arrivera, on aura oublié cet épisode – ce qui se confirme bien quelques années après. Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est qu’un ministre se vante d’avoir préservé 150 emplois en France. Mais ce qu’on ne voit pas, c’est que France Telecom voulait se séparer de cette activité non stratégique en engrangeant au passage une belle plus-value pour mettre cet argent dans ses activités stratégiques. Ce qu’on ne voit pas, c’est que France Télécom n’a aucun intérêt à développer Dailymotion. Ce qu’on ne verra pas, ce sont les emplois qui auraient pu être développés, y compris chez FT, car Yahoo! avait un véritable intérêt stratégique à acquérir Dailymotion. Ce qu’on ne verra pas, c’est que Dailymotion va galérer pour tenter de maintenir son activité. Et tout cela parce qu’un politique, un de plus en mal d’existence dans un naufrage sans précédent, s‘est imaginé en sauveur d’un bateau dont hélas avant lui ses congénères avaient percé la coque de partout.

Si les galériens avaient des boulets aux pieds à une certaine époque, c’était pour éviter leur évasion. De même, notre système d’état se fait esclavagiste avec les entreprises : au lieu de leur donner envie de continuer à se développer, la France leur met les deux boulets de la fiscalité et de l’arbitraire. Le pouvoir préfère les voir mourir demain plutôt que de les laisser partir pour vivre après-demain. Tout est bon pour les enchaîner encore un peu plus. Mais le politique n’est jamais que dans l’instant, dans le spectacle et dans l’illusion. Il doit pour exister marquer la société de sa patte quoi qu’il advienne.

Accepter l’idée que les politiciens ignares des lois de l’économie se permettent d’intervenir dans les décisions stratégiques des entreprises est probablement la dernière étape de l’installation du communisme en France par des gens qui s’en défendent, en plus. L’entrepreneur doit voir loin, il prend le risque de se tromper et il assume. Le politicien est son exact inverse, le fléau absolu.

Friday, November 10, 2017

Bœuf au Cheval – Droite à la Gauche

Le texte ci-dessous fut écrit il y a quelques années alors que la presse avait trouvé un autre de ces micro-scandales industriels, utile pour blâmer le capitalisme et lui éviter de faire la lumière sur les scandales bien pires qui font le quotidien du microcosme politico-étatico-médiatique. Je vous propose de le remettre au goût du jour et ainsi de vous délecter en imaginant non plus du cheval à la place du bœuf dans des lasagnes industrielles, mais du gauchisme là où se présente la droite au sein de l’industrie politicienne et de ses méandres réglementaires nationaux et européens. Bon appétit !

Vous connaissez sûrement la pub de Findus. Aujourd’hui, appliquons-la à nos chers politiques qui réagissent dans l’espoir d’une illusion d’empathie, mais surtout parce que des catastrophes s’entassent pour lesquelles ils cherchent diversion. S’ils étaient aussi exigeants envers eux-mêmes, ils travailleraient sans relâche, vu l’état des comptes publics. Voilà un vrai scandale, bien plus important que celui des plats industriels. On voit la paille dans l’œil du voisin, mais pas la poutre dans le sien.

Car a priori, cette affaire n’est pas un problème sanitaire : aucune intoxication ; ni personne venant reprocher au goût d’être celui du cheval. Les enjeux sont donc dérisoires. Il est à regretter que les consommateurs de ces plats vaguement cuisinés n’aient pas le palais suffisamment fin pour faire la différence, mais peu importe. Même si préparer des lasagnes fraîches avec de la viande d’origine sûre ne prend qu’une vingtaine de minutes pour un budget inférieur, acheter ces produits tient du libre choix, respectons-le. Ceux qui consomment de tels plats peuvent légitimement réclamer du bœuf et non du cheval si sur l’emballage il est mentionné « bœuf », pourtant souvent de la vache.

Mais revenons à la chaîne de fabrication. Vu le nombre d’intermédiaires, pour que ces lasagnes industrielles soient dans l’assiette à un prix acceptable, il faut que les quantités préparées soient très conséquentes pour compenser les faibles marges tout en rémunérant tous les acteurs, dont les salariés de ces entreprises. Ne doutons pas un seul instant de leur professionnalisme. D’ailleurs, d’ordinaire, tout va très bien, tout fonctionne. L’industrie alimentaire nourrit la planète chaque jour.

Ce n’est pas parce quelques pieds nickelés sans scrupule font une entourloupe qui relève de la protection et de la responsabilité de la marque vis-à-vis de ses clients que la vie doit s’arrêter. Le préjudice potentiel d’une marque est un gage de confiance pour les consommateurs supérieur en efficacité à tout arsenal législatif promis comme suite aux cris d’orfraies de nos politiques.

Car, crime de lèse-majesté, ce n’est pas au pays de la gastronomie que la tricherie a été découverte, mais chez la perfide Albion. Pire que tout, les sociétés d’approvisionnement et de fabrication sont en France. Certains découvrent que le marché de la viande en gros est soumis à des traders, anglicisme signifiant simplement « négociants sur les marchés ». Et nos politiciens de s’exclamer que « c’est un système complexe de commercialisation » et que « si le brouillard est tellement épais que plus personne ne s’y retrouve, on finira par avoir de gros problème ». S’agissant de complexité, à la lumière des cinq étages de la bureaucratie française et de la myriade d’agences nationales avec l’oppression fiscale que cela entraîne, ils nous démontrent leur inconséquence et leur mauvaise foi.

Certains ont déjà émis l’idée d’une production exclusivement d’origine française. Or l’usine de production alimentant de nombreux autres pays… ceux-ci pourraient bien dire la même chose : produisons chez nous ! Pire, les plats industriels entièrement préparés en France devenus non compétitifs, qui les achètera ? Pense-t-on aux salariés qui travaillent dans cette filière ? Ce n’est pas la complexité du circuit qui menace la qualité des produits ou l’emploi, mais le niveau des frais fixes.

Et aujourd’hui, le poids des charges, impôts et taxes condamnent la totalité des sociétés françaises. L’Etat français, faute de courage politique mais aussi de compréhension économique, entraîne tout son peuple vers une faillite collective. Mais ce ne sera jamais la faute de nos tocards qui sauront toujours nous trouver un bouc-émissaire. Trouver des contrevenants et en tirer des lois sans valeur sociétale, c’est leur fonds de commerce ! Là où l’industrie vit du labeur, les tocards vivent de la peur.

(Une version de cet article fut publiée sur le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin.)

Tuesday, October 17, 2017

Macron nous prend-il pour des enfants ?

Ainsi, selon les nouvelles du jour, Macron prétend se lancer dans la lutte contre la pauvreté des enfants. Quel bel élan de générosité, tous ceux passés avant lui n’y ont pas pensé, les idiots. Il est vrai que de voir tant d’enfants pour lesquels avenir et présent ne sont pas aussi roses que la croissance mondiale le laisse supposer est une chose bien triste, méritant l’énergie de notre jeune Président.

Un premier niveau de réflexion conduit cependant très vite à s’interroger sur ce que peut bien signifier concrètement la « pauvreté des enfants ». La pauvreté, comme la richesse, est une chose très difficile à définir et à matérialiser. J’ai l’habitude de dire qu’il y a toujours en un pays 50% de riches et 50% de pauvres, c’est la seule certitude. C’est encore plus vrai pour des enfants qui le plus souvent n’ont aucun revenu et sont en pleine acquisitions de ces compétences – de plus en plus maigres grâce à l’Education nationale – qui leur serviront justement pour prétendre à des revenus.

S’attaquer à leur pauvreté, dès lors, qu’est-ce que ça peut vouloir dire ? A très court terme, il peut prendre un hélicoptère pour leur jeter des billets, à eux ou à leurs parents. Ou les mettre sous la perfusion de quelque subside artificielle, une de plus, financée on ne sait trop comment – ou plutôt si, on le sait : avec un peu plus d’impôts qui contribueront eux à appauvrir d’autres enfants. Ou alors, il peut décider de leur donner un travail, à eux ou à leurs parents. Mais là encore, on va inventer des postes qui n’existent pas, ou on va obliger les entreprises à y mettre des parents incompétents, donc à appauvrir un peu plus ces entreprises-là, et donc nous tous en bout de chaîne. Effet inverse, donc.

La pauvreté des enfants ne peut se corriger qu’à long terme, donc, ce qui est peu compatible avec la nature volatile de l’agenda de tout politicien. Macron devrait ainsi au moins se demander ce qui a causé la pauvreté des enfants, alors que nous sommes dans un monde où le niveau de vie est censé croître continuellement et pour tous. N’importe quel économiste un peu sérieux, depuis Bastiat il y a 170 ans, saura y diagnostiquer la conséquence de l’interventionnisme économique maladif et puéril que pratique la classe politique aveugle depuis au moins la Seconde Guerre, tous partis confondus.

Car finalement, à y réfléchir juste un peu plus, éviter la pauvreté des nouvelles générations, leur assurer, et non pas leur construire, une société et un environnement socio-économique qui leur permettront de trouver leur voie et ainsi leur prospérité, économique et morale, n’est-ce pas là le rôle même, le rôle fondamental de tout gouvernement et élite qui se respectent ? Comment est-il possible que cet objectif en soit un, ce qui veut dire qu’il ne va pas de soi ? Et comment est-il possible qu’on l’exprime d’une manière laissant penser que la solution non plus ne va pas de soi ?

Cette décision de Macron est un excellent test, finalement. Soit elle est le reflet de la décadence intellectuelle et morale avancée où se trouve notre classe politique quant à son objet même. Soit il connaît la réponse et prétend la faire avancer, masquée sous un « noble » prétexte bien gauchisant. Vu que le sujet sort du chapeau tout d’un coup, il y a fort à parier que le second cas est improbable.

Saturday, February 23, 2013

L’Humain contre le Laissez-Faire


L’affaire Maurice Taylor contre Montebourg a fait grand bruit cette semaine. Parmi les grands thèmes qui ont matérialisé l’affrontement entre soutiens et opposants au patron de Titan, on note un grand classique de la rhétorique gauchiste, cette idée voulant que le capitalisme ne se soucierait pas assez de l’humain et que seuls les gens de gauche posséderaient cette grandeur, cette empathie suffisante pour remettre l’humanité au cœur des affaires et de l’économie, sauvagement froides.

Selon cette thèse, le capitalisme et son rejeton le laissez-faire ne seraient qu’une machine à brasser de l’argent sans âme et à écraser les pauvres travailleurs et prolétaires, leur sainteté les syndicats et élus de gauche œuvrant chaque jour pour combattre ce mal et remettre l’homme à sa juste place.
Pourtant, contrairement à la vulgate et aux légendes de tous poils, contrairement au discours en vogue dans l’opinion, colporté par l’école comme par les médias, aucun système socio-économique ne peut être plus « humain » que le laissez-faire. Il suffit de comprendre ce qu’il signifie pour s’en rendre compte. Comment un système où l’homme laisse faire l’homme pourrait-il être inhumain ?

Ce que beaucoup de critiques « pro-humain » du capitalisme de laissez-faire ne comprennent pas, c’est qu’une économie de libre marché constitue l’expression la plus pure de l’humanité collective. Dans une économie de libre marché, c’est-à-dire une société spontanée naturelle, tous les échanges entre individus sont des échanges volontaires, donc créateurs de richesse. Les échanges qui ne seraient pas volontaires ne peuvent être donc être que contraints, ce qui est contraire avec l’hypothèse d’un libre marché. Donc un marché libre est humainement créateur de richesse.

Dit autrement, s’enrichir ne peut se faire que mutuellement et spontanément dans une société libre. Où est donc la trace d’inhumanité dans une telle société ? Le laissez-faire est profondément humain.
Il existe bien sûr de nombreux cas d’échanges non volontaires dans la vraie vie. Le plus fréquent reste celui où une bureaucratie a le pouvoir de nous imposer, de nous dérober une taxe. Car il faut toujours le rappeler, taxer ou imposer ne sont que des formes déguisées de vol. Et c’est là où le raisonnement socialisant dérape. Sous un prétexte humanitaire plus ou moins alambiqué, au titre d’un objectif de solidarité de façade, le socialisme n’hésite pas à prendre à Pierre pour donner à Paul – en prenant bien sûr au passage largement de quoi s’engraisser soi-même.

Et c’est parce que le vol est camouflé sous des couches de fausse solidarité qu’on a fini par convaincre une grande partie du peuple par ailleurs peu instruit que le socialisme est le symbole d’une société humaine. Pourtant, rien n’est plus faux et les libéraux n’ont de cesse de le dénoncer.

Parmi les symboles honnis du capitalisme, on compte le profit, symbole de l’exploitation du riche au dépens des pauvres. Pourtant là encore, rien n’est plus faux, rien n’est moins la preuve d’une incompréhension profonde du fonctionnement social naturel. Car le profit est toujours partagé. A chaque libre échange, les deux parties gagnent un peu. Chacun profite. Echange après échange, le profit cumulé par un entrepreneur est donc la marque d’autant de profit accumulé par ses clients.

Dans une société libre, celle du véritable laissez-faire, le profit est donc un bon indicateur du niveau de service rendu par un individu ou une entreprise aux autres citoyens. Comment faire plus humain que cela ? Bien sûr, la société réelle que nous subissons n’est en aucun cas cet idéal. Mais ce qui l’en éloigne c’est justement que les bureaucrates et autres gouvernants interfèrent pour faire du libre échange et du laissez-faire des légendes. C’est donc l’étatisme socialiste qui ôte son humanité au capitalisme et non l’inverse. Dès qu’on lève le voile de la propagande, l’empereur redevient nu.

Monday, June 13, 2011

Le Sol-Violette - La Ville Rose a une épine de plus

La Mairie de Toulouse a depuis peu pris une initiative des plus écolo-socialisantes qui mérite qu’on s’y attarde un peu tant elle est croustillante et fleure la violette – hélas bien fanée. Le « sol-violette,» terme bien fleuri, qui fait référence à la fois à une monnaie ancienne et à Toulouse, est annoncé comme une expérience de « monnaie éthique » – et non monétique… Le sujet de la monnaie est souvent mal connu, tout comme l’économie éthique est souvent un prétexte à dire n’importe quoi. Qu’en est-il donc de notre sol-itude pourpre ?

Le site www.sol-violette.fr donne une belle image, on va le voir, mais après une ou deux tentatives sur Google on trouve une introduction tout aussi intéressante sur Entre Deux Nuages (http://entre2nuages.blogspot.com/2010/10/le-sol-violette-monnaie-solidaire-pour.html).

On y découvre que « le sol [serait] une monnaie éthique qui véhicule des valeurs de respect de l'environnement et de l'homme. Le sol est à lier à la notion de solidarité et violette est là pour rappeler sa spécificité toulousaine.» Cela se confirme, voilà bien un emblème qui fleure bon l’écologitude ambiante, tout un programme. Mais l’article continue :
« Comment ça marche ? Par le biais d'une carte type Monéo qu'on peut recharger avec des euros puis convertir en équivalent sol. Le crédit coopératif et le crédit municipal sont nos partenaires dans cet échange. Chacun pourra aller changer ses euros dans une des banques partenaires et obtenir des sols valables dans l'ensemble des enseignes du système sol. C'est une monnaie non capitalisable et qui n'aura pas de pièces ni de billets.(*) En achetant en sols dans les entreprises partenaires, le pouvoir d'achat sera plus important. Par exemple, pour une baguette de pain à 0.80€ chez un commerçant du système-sol. Cette baguette aurait un prix de 6 sols soit 0.60€ pour un « soliste » (qui paye en sols). Le but est de pousser à consommer différemment. »
(*) On verra plus bas que cette position a évolué, ainsi que le montant de correspondance entre euro et sol.

On comprend par ce premier extrait que le sol apporte un pouvoir d’achat en donnant la possibilité d’acheter certains produits moins cher. Cela semble sympathique, mais ne soyons pas naïfs, il faut bien que la différence soit payée par quelqu’un, mais on sait pas bien qui à cette première lecture. On parle d’éthique, mais quelle est donc cette éthique qui fait payer les uns pour les autres sans consentement de ces derniers ? Gardons cela à l’esprit, en remarquant la phrase de fin qui avoue « pousser » à consommer « différemment.» Mais là encore, pourquoi pousser les citoyens ? Si les produits concernés sont de bonne qualité ou de bonne « éthique,» cela doit pouvoir être reconnu par les consommateurs, donc dans ce cas, pourquoi les « pousser » ? Les gens ne sont-ils pas naturellement portés vers les produits les meilleurs, ou sommes-nous en train de dire que ces fameux produits ne seraient pas forcément si extraordinaires que cela ? Non, en fait, il sont bien sûr extraordinaires, mais on ne le savait pas, il faut donc nous « pousser » pour qu’on le sache, idiots que nous sommes.

Mais continuons cette lecture. Prochaine question : « Quel est le rôle des entreprises partenaires ? » Il se confirme que nous ne sommes pas dans une économie habituelle, puisque le rôle des entreprise pose question. On apprend donc que « leur rôle est de s'inclure dans la démarche solidaire.» Ah bon, elle n’en sont pas d’ordinaire ? Oublierait-on que ce sont les entreprises qui nous nourrissent, tous autant que nous sommes ? « Ensuite il nous faut trouver des partenaires utiles aux entreprises participantes pour qu'un maximum d'échanges se fasse entre les différents acteurs du système sol, en interne.» Ca sauf erreur, cela veut dire qu’il faut trouver des clients aux entreprises participant au sol. Pourquoi les clients ne viendraient-ils pas naturellement si le sol est si intéressant ? « Pour les taxes, rien ne changera, si le chiffre d'affaire d'une entreprise est de 1 000 € et 500 sols alors elle sera taxée à 1050€. La base d'un euro pour 10 sols restera fixe et imposable.» Ah, ici, nous somme rassurés, le système est équitable, les entreprises participantes n’auront aucun avantage fiscal. Pas de doute, voilà de quoi les motiver.

Continuons l’article où Jean-Paul Pra, adjoint au maire à l’origine de l’initiative s’exprime : « Quelle est votre volonté ? Je veux montrer qu'on est capable d'innover et d'amener les gens à valoriser les acteurs solidaires de Toulouse. L'idée est de permettre aux plus précaires d'avoir un pouvoir d'achat plus important. Nous voulons que tout le monde puisse avoir accès à la culture, à une alimentation locale et saine, aux transports en commun. Ceux qui échangent leurs euros en sols obtiendront un prix avantageux dans les commerces du réseau sol et accéderont à des produits qu'ils ne pourraient s'offrir en euros.» Que voilà beaucoup de messages passés en quelques mots. Qu’en penser vraiment ? Reprenons point par point :
-          « Je veux montrer … d'amener les gens… » : Bel exemple de processus démocratique où il ne s’agit ni de respecter la diversité ni d’informer le citoyen mais bien de le contraindre dans un sens choisi par le politique. Je croyais que seul le roi disait « je veux » ?
-          « permettre aux plus précaires d'avoir un pouvoir d'achat plus important » : Fort bien. Mais puisqu’on parle d’éthique et d’équité, que fait la mairie pour les autres citoyens ? Qui finance ce supplément de pouvoir d’achat et comment justifie-t-on l’éthique des impôts sous-jacents ? De quel droit la mairie se permet-elle de favoriser certains au détriment des autres ?
-          « Nous voulons que tout le monde puisse avoir accès à la culture, à une alimentation locale et saine, aux transports en commun » : Encore le verbe vouloir… Et qui donc empêche quiconque, avec les euros classiques, d’avoir accès à la culture et aux transports en commun ? On oublie par ce genre d’affirmation que l’acte d’achat est une décision personnelle et que euro ou sol, si les gens ne vont pas au théâtre ou à une exposition c’est avant tout parce qu’ils choisissent de ne pas y aller, peut-être parce que cela ne les intéresse pas. Pourquoi donc les y contraindre ou même les inciter, ceci de plus aux frais des autres administrés ? Où est la moralité d’une telle vision du monde ?
-          « des produits qu'ils ne pourraient s'offrir en euros » : Vraiment ? On vient de le voir, quels sont donc ces produits qu’on voudrait mais ne pourrait s’offrir en euro ? La vie est une suite de choix qui appartiennent à chacun, et personne n’a à intervenir, par le sol ou quoi que ce soit d’autre, pour influencer le choix des citoyens hors de ce qui serait leur choix spontané.

Un autre article, plus récent semble-t-il, (http://www.news-banques.com/toulouse-lancement-de-sol-violette-monnaie-pour-le-commerce-solidaire/012174924/) nous donne l’avis de la mairie et nous informe sur le sol en pratique : « La mairie avait annoncé dès le début avril sa décision de lancer cette opération pour « renforcer les échanges économiques locaux, respectueux des hommes et de la nature.» Voilà bien une idée farfelue. Alors comme ça, sans la mairie, les échanges ne seraient pas respectueux des hommes ? Mais qui donc échange si ce ne sont les hommes eux-mêmes ? Personne ne contraint jamais un citoyen à acheter sa baguette chez Carrefour ou Auchan plutôt qu’à la boulangerie du coin. Ceux qui le font ne sont pas irrespectueux du boulanger. Au contraire même, ils lui envoient un signal : tu es trop cher, ou trop loin, ou pas assez sympa, ou que sais-je.

Mais continuons : « Avec cette monnaie alternative, nous voulons ouvrir une réflexion sur ce que peut être l’argent en terme d’échange et ancrer l’économie sur le territoire », a déclaré Pierre Cohen […] en compagnie de Jean-Paul Pla, conseiller municipal délégué à l’économie sociale et solidaire.» Cela se confirme, le verbe « vouloir » est à nouveau au rendez-vous, la démocratie est partie en vacances avant l’été. De plus, cela montre que nos chers (très chers même) élus ne comprennent pas ce qu’est vraiment l’argent, la monnaie et peuvent retourner à leurs cours d’économie. « Les deux élus ont présenté trois billets de 1, 5 et 10 sols réalisés par l’artiste Yann Normand. La mairie a mis 27.000 sols en circulation pour les Toulousains dans un premier temps et un bilan sera fait après six mois d’expérimentation.» C’est vrai que ça valait bien la peine de faire appel à un artiste et d’engager des dépenses pour 27 mille euros de monnaie – le prix de deux petites voitures – comme si cela pouvait avoir un quelconque impact. On est dans l’événementiel et la propagande purs ici, mais aucunement dans l’économie. Passons aussi sur le risque de copie et de fausse monnaie, si les beaux billets artistiques sont trop aisément copiables, ce qui est probable. Que le journaliste ne pose pas une telle question est déjà une surprise en soi.

« L’objectif est de créer un circuit d’échange court et un réseau suffisant pour que le commerçant qui reçoit le sol puisse à son tour le dépenser chez des partenaires professant les mêmes aspirations. On compte parmi les partenaires des commerces d’alimentation spécialisés dans le bio ou le commerce équitable les entreprises d’autopartage ou de promotion du vélo, la médiathèque, des bibliothèques, des cinémas alternatifs et musées. Un partenariat est envisagé avec la régie de transports en commun Tisseo.» On passera sur le charabia pseudo-économiste – la notion de circuit d’échange n’a aucune réalité économique – pour constater que les ‘partenaires’, à part le bio, dont l’actualité nous montre en ce moment même les limites, on ne trouve guère que  des services publics ou subventionnés. Belle aventure économique en effet. Ah mais c’est vrai, ces salauds de capitalistes ne voient pas leur intérêt, il va donc falloir les enrôler de force, leur rappeler « notre volonté.»

Revenons sur le site de sol-violette pour y admirer la propagande qui y est faite pour cette invention révolutionnaire (http://www.sol-violette.fr/le-reseau/pourquoi-accepter-le-sol)
Selon le site, « le Sol-violette : »
-          « 1. FIDELISE les clients d'un réseau d'acteurs solidaires et respectueux de l'environnement. "Avec le SOL, je fidélise de nouveaux clients"» : Peut-être. Ou peut-être pas. Si les commerçants concernés fournissent de mauvais produits, on peut douter qu’ils fidélisent quiconque. Mais inversement, si leurs produits ont un bon rapport qualité-prix, à quoi bon le sol ? La vérité, c’est qu’il est probable que les personnes bénéficiant du sol, supposées dans le besoin, auront ainsi accès à des produits dont personne d’autre ne veut.
-          « 2. RECONNAIT vos pratiques responsables et éthiques. "Je fais partie d'un réseau d'acteurs qui portent les même valeurs que moi"» : Mais qu’est-ce donc qu’être responsable ? Ou éthique ? Si être éthique c’est prélever des taxes sur certains citoyens pour permettre à d’autres, choisis sur des critères obscurs, de bénéficier de services exclusifs, alors on peut penser que beaucoup seront fiers de ne pas être « éthiques.»
-          « 3. VALORISE votre image, votre réputation par son caractère innovant et médiatique. "Le SOL ? tout le monde en parle !"» : Voilà bien un argument inattendu et paradoxal ! Quoi ? On critique la culture du paraître, du superficiel, des fausses valeurs et parmi les premiers arguments vient celui de la mode ? Mais en quoi cela peut-il donner une quelconque légitimité ?
-          « 4. AFFECTE la monnaie à un circuit local en la retirant des marchés financiers. "le Sol c'est de l'argent pour chez nous et pas pour Wall Street"» : Cela n’a aucun sens et montre une totale incompréhension de la réalité économique – ou une belle mauvaise foi. Les sols ne seront pas sortis de l’économie ni des finances. La preuve, il faudra les reconvertir en euros pour payer ses taxes, belle ironie. Les commerçant devront aussi les convertir pour payer leur essence, leurs salariés, leur farine pour les boulangers. On n’échappe pas à l’économie.
-          « 5. DESENDETTE les acteurs économiques car ils ne payent plus d'intérêt pour sa création. "Utilisez le SOL, c'est s'engager"» : Mais de quoi parle-t-on ? Si l’allusion vise l’euro, alors il y a là encore une idée reçue fausse. Le paiement d’intérêts monétaires est une conséquence de la mauvaise gestion des gouvernements et collectivités, cela n’a rien à voir avec la monnaie.
-          « 6.  CIRCULE plus rapidement et donc favorise  les échanges. "Avec le SOL je vends plus de produits qui respectent la vie !"» : Cela a toutes les chances d’être faux. Soit j’ai confiance en ce sol et dans ce cas j’ai intérêt à le conserver pour économiser par rapport à l’euro. Soit il me brûle les doigts au contraire et dans ce cas personne n’en voudra. Lorsque deux monnaies coexistent, ils y a toujours concurrence entre elles et leurs valeurs respectives évoluent en fonction de la confiance dont elles font l’objet. L’euro et le sol ont la même valeur ? Dans ce cas, pourquoi s’embêter avec des sols ? Le sol n’a d’intérêt que s’il apporte quelque chose en plus. S’il le fait, la demande explosera et le marché noir s’en emparera. Ou les faux-monnayeurs.
-          « 7. EST COMPLEMENTAIRE à l'euro car il compense sa rareté dans l'économie réelle. "Ah ! Le SOL ne remplace pas l'euro !"» : Mais de quelle rareté parle-t-on ? Celle de l’euro ? Foutaises, puisqu’on explique que pour avoir des sols, il faut avoir cédé l’équivalent en euros, c’est donc le sol qui rend les euros plus rares puisqu’il les laisse à la banque.
-          « 8. EST CONVERTIBLE et garanti en euro. "Un SOL = Un euro"» : On en reparlera. Si, comme c’est probable, de la fausse monnaie circule, cette équivalence ne durera pas longtemps. Et les porteurs de sols seront sinon ruinés du moins volés.
-          « 9. EST DEMOCRATIQUE car ses acteurs (acheteurs, vendeurs, financiers et institutions) gèrent collectivement son fonctionnement. "Dans les réunions du sol, mon avis est pris en compte !"» : Ah voilà un argument bien caractéristique de la perversion démocratique ambiante. Cela veut dire que seule la minorité présente aux conseils d’administration – ou équivalents – du sol aura le pouvoir d’accorder ou pas le privilège de l’accès au sol. Belle démocratie en effet, qui ouvre toutes grandes les portes de la corruption, du marché noir et de l’arbitraire. Vous voulez faire de l’économie éthique ? Commencez donc par laisser faire le commerce traditionnel sans intervenir. Dans l’économie traditionnelle et libre, ce sont les consommateurs qui votent à chaque instant pour élire – en achetant – les produits et les commerçants qui leur conviennent le mieux.
-          « 10. INVESTI dans le réseau par une contribution à l'épargne solidaire. "J'ai reçu un prêt et une subvention en SOL !"» : Ne dit-on pas plus haut qu’on veut sortir de Wall-Street ?
-          « Nous participons tous activement à une solution locale d'une crise mondiale.» : Le meilleur pour la fin. Quel est donc le rapport entre la crise et le sol ? La crise mondiale est uniquement due à l’endettement excessif des états et collectivités depuis trente ans et n’a rien, mais alors rien à voir avec le bio ou le cinéma de quartier. Cessons de tout mélanger pour nous faire avaler des couleuvres toujours plus grosses.

En conclusion ? Le sol fait montre d’une ignorance crasse en matière économique dont on peut se demander si elle ne relève pas plutôt de la pure mauvaise foi. On ne peut guère qu’y voir une idée fausse de plus exploitée par une classe dirigeant locale démagogique et qui ne cherche qu’à pervertir un peu plus le système pour continuer à le féodaliser et y imposer une mafia très profitable et d’autant plus obscène qu’elle est masquée par des tonnes de bon sentiments.