(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
Lyon est célèbre pour ses bouchons lyonnais, Toulouse sera-t-elle bientôt aussi célèbre que Paris pour ses interminables bouchons quotidiens ? Combien de personnes ne font désormais que du 10h – 16h au bureau pour éviter autant que possible de rester plus d’une heure trente sur la rocade ? La capacité de la rocade et des infrastructures ne suit pas celle de la démographie, et ce n’est pas en augmentant la place prise par les transports en commun que la fluidité du trafic pourra s’accroître.
Le dogme écolo-socialiste prétend qu’il y aurait trop d’automobilistes et que pour « sauver la planète », il faut les bouter hors de la ville. Les bouchons le démontrent, de nombreux Toulousains ne veut pas utiliser les transports en commun, cela pour bien des raisons (temps de trajet, flexibilité des horaires, couverture du réseau, etc.), et qu’ils préfèrent encore les bouchons au bus et au métro.
Si nos élus avaient à cœur le bien commun comme ils l’affichent, ils mettraient leurs dogmes de côté et chercheraient réellement à résorber ce problème social qui fait perde 2 ou 3 heures à des milliers de « travailleurs » chaque jour. Car les solutions existent, elles sont connues et faciles à mettre œuvre – mais supposent une démarche philosophique radicalement différente : privatiser la rocade.
Imaginez une rocade payante. « Quoi !? Horreur capitaliste ! Vade retro Satanas ! On va encore privilégier les riches au détriment des pauvres ! » Mais qui parle de riches ? Attendez donc un peu…
Payer l’accès à la rocade permettrait d’abord d’inciter certains automobilistes à suivre un autre trajet. Riche ou pauvre, on ne sait pas, ce sera à eux de décider – d’ailleurs, le vrai riche prend l’hélicoptère, pas la rocade, c’est donc un faux problème. Surtout, le prix pourra changer en fonction des bouchons – c’est tout l’intérêt. Cher, voire très cher en heures de pointe, justement pour faire fuir le conducteur occasionnel et ainsi réduire l’afflux de véhicules. Gratuit ou quasi gratuit la nuit ou les week-ends. Rien que ce mécanisme est une assurance presque certaine d’absence de bouchon.
« Mais il faut bien que ces voitures passent par ailleurs, donc on ne fait que déplacer le problème », dira le socialiste qui n’a pas bien pris la mesure du sujet. Si la rocade fait ainsi du profit, et si le trafic potentiel reste fort, eh bien l’entreprise qui la gère trouvera des solutions. Et elle aura les moyens et les incitations pour le faire. Par exemple, pourquoi pas une seconde rocade construite au-dessus de la première, avec moins de sorties et uniquement destinée au trafic de ceux qui traversent Toulouse, tels les poids lourds, et sans limite de vitesse ? Deux fois plus de place, deux tarifs, double capacité, et du trafic en moins au milieu du trafic local. Plus de bouchon, sans réel inconvénient.
Peu à peu, on verra des formules d’abonnement et même les grandes entreprises locales négocier des tarifs ou conditions pour leurs salariés. Et donc peu à peu, la rocade sera en partie financée par l’économie locale sur une base volontaire et en rapport direct avec l’intérêt économique – et non pas en fonction de cette dichotomie riche – pauvre qui ne veut rien dire et n’est pas liée au sujet.
Le financement ? Comme tout projet capitaliste : des fonds propres, des emprunts, des prévisions de chiffre d’affaire, voire même une souscription auprès des futurs usagers de cette nouvelle rocade. Et si cela marche, les entreprises elles-aussi prendront des participations. On peut même imaginer qu’Airbus passera commande pour ajouter une voie à la rocade réservée à ses employés. Ou tout autre possibilité, sans limite d’imagination. Et surtout sans aucun endettement public. Libres.
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