(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
Un ami a attiré mon attention sur la première page faite par « Sicoval Info » dans le numéro d’avril-mai sur les « Gens du Voyage – Ces voisins si peu connus ». Où on apprend que sur l’espace, pardon, l’intercommunalité du sud-est toulousain, pas moins de 4 « aires d’accueil » ont été aménagées et que quelque 150 « voyageurs » y demeurent de manière plus ou moins stable et permanente. Et d’y trouver cette phrase du maire d’Escalquens, socialiste opportuniste patenté, pris comme témoin : « [Si] nous avons des devoirs envers eux, ils en ont également, au même titre que tout citoyen. »
Passons sur la dépense somptuaire profondément inutile que constituent le Sicoval et son magazine pour se focaliser sur les questions économiques et politiques que cet intérêt pour la minorité « du voyage » révèle. Car en y réfléchissant bien, que 36 communes via un machin comme le Sicoval se mobilisent à ce point pour 150 citoyens, on se dit que cela relève du privilège ou que ça cache un enjeu d’un niveau qui, pour échapper à la plupart, ne peut être négligeable vu des chers politiciens.
On nous expliquera que la loi (elle a bon dos la loi !) impose aux maires de bâtir, ou du moins de « proposer » des aires « aménagées » pour que les voyageurs puissent disposer d’un choix pour faire escale (même à Escalquens). Mais il faut savoir que les 4 aires en question vont bien plus loin que le seul champ ou terrain vague qui leur était traditionnellement accordé par les paysans pour leur passage. Les photos du magazine témoignent : sanitaires et cellier en dur couvert du meilleur style, vaste espace de parking, zone grillagée et à accès protégé, on se croirait dans un camping 6 étoiles.
Non pas que nos amis voyageurs ne puissent pas prétendre à s’offrir des campings 6 étoiles dans notre belle région. Mais la question reste de savoir combien ses zones coûtent et combien chaque citoyen du Sicoval – voire au-delà – dépense pour accorder le camping de luxe à 150 personnes ?
L’enjeu des « voyageurs » est cependant bien plus profond que la vague obligation d’un maire à se mettre en conformité avec une loi de plus. Car cette population n’est traditionnellement pas intégrée au système et échappe depuis des générations à sa logique. Les mots du maire d’Escalquens sont ainsi lourds de sens. Bien sûr, on pense tout de suite à la question de la sécurité, les gitans et roms ayant mauvaise réputation. Mais dire qu’ils ont des devoirs de citoyen, dans la bouche d’un socialiste, c’est faire bien sûr aussitôt référence aux impôts et autres contributions sociales que les voyageurs, ni propriétaires, ni locataires et rarement salariés, réussissent à éviter de subir.
Il s’agit donc pour nos chers politiciens de tout faire pour sédentariser les voyageurs. Rien ne sera trop beau pour eux si cela garantit qu’ils préféreront rester parmi nous plutôt que de continuer à prendre la route et échapper au système. Si demain quelques familles décident de rester, d’habituer leurs enfants à la même école, les mêmes copains, les mêmes services et le même confort, cette génération-là a toutes chances de tant goûter aux plaisirs sociaux-démocrates qu’elle ne partira plus.
Et 150 personnes qui doivent leur nouvelle vie de confort et de stabilité à un maire ou autre édile, cela vaut bien tous les impôts du monde, non ? Quel meilleur exercice du clientélisme que cela ?
Ne nous y trompons pas, on ne peut prendre aveuglément le parti de gens qui ont trop souvent montré leur mépris pour la propriété privée. Et à l’inverse, leur choix de liberté doit être respecté tant qu’ils font preuve de civisme. Mais c’est bien l’acharnement étatique envers la liberté qui est à dénoncer ici par la tyrannie fiscale sur les contribuables, caractéristique de cette lame de fond qu’est la social-démocratie qui cherche à nous conduire tous dans le même moule de taxes. La Matrice…
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