(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son socio-politico-économique.)
Face au ras le bol fiscal, le gouvernement annonce une prétendue remise à plat de la fiscalité, agitant le prélèvement à la source comme acte majeur de la réforme. La belle illusion que voilà : faire passer un outil fiscal comme moyen de réduction des taxes et impôts ! Le lapin blanc est sorti du chapeau !
Nos politiciens pensent-ils nous faire prendre donc sans fin des vessies pour des lanternes ? Les français sont pris pour des gogos avec l’annonce de prélèvements constants, comme lors de la réforme sur la taxe professionnelle, dont les dindons de la farce furent les petits entrepreneurs, artisans, commerçants et professions libérales, les élus locaux voulant toujours dépenser autant. Ce n’est pas comment prélever qui importe, mais combien. Tu parles d’une réforme pire qu’inutile.
« Prélever à la source » consiste en réalité à masquer au contribuable ce qu’il paye. C’est la technique de l’escroc : ses victimes doivent voir l’escroquerie le plus tard possible. En cas d’acte illégal, la victime peut arriver à le faire cesser. Mais lorsque l’escroc est celui qui dispose de la violence légale, l’illégal devient vite légal sans être légitime pour la victime qui subit l’escroquerie. N’hésitons pas à dire que nos gouvernants se comportent donc comme de réels délinquants.
Or l’état est par nature boulimique : il veut satisfaire son appétit d’ogre. Sa nourriture, c’est l’argent des citoyens. Mercantiliste, plus il grossit, plus son comportement de parasite se développe, et plus la pauvre source se tarit. Affamé insatiable, il ne réfléchit plus : le court terme prime sur tout, il dévore. Les causes aux malheurs du peuple sont limpides : le succès du magicien politique est éphémère, les prochaines promesses électorales en masquent la gabegie et la fuite en avant.
Prenons l’exemple d’un revenu mensuel net de 1000 euros avec un impôt annuel soit de 1 200 euros – 100 euros mensuel – payés au mal-nommé « trésor public » (gouffre public serait plus approprié). Certes, avec le prélèvement à la source, le revenu touché ne sera plus que de 900 euros mais le citoyen n’aura plus de chèque à faire au trésor. Le gouvernement vous épargnera cette douleur.
Mais cela donne plus de latitude à ce dernier pour piocher impunément dans vos revenus, surtout quand il se trompe. Cela vous interdit aussi de profiter de tout votre salaire au moins pendant quelque temps. Le prélèvement à la source, c’est renforcer l’opacité fiscale en déresponsabilisant le citoyen face au paiement de l’impôt. C’est pouvoir augmenter l’impôt sans résistance. Plus le citoyen est ignorant des embrouilles, mieux le pouvoir se porte. Il va pouvoir faire ce qu’il veut de vos sous.
Ce camouflage prend une proportion démesurée lorsqu’il est envisagé de fusionner l’impôt sur le revenu avec la CSG. Progressif, le premier concerne les revenus du foyer selon de nombreuses subtilités. Il finance l’état. La seconde, cotisation proportionnelle au salaire, est destinée à la sécurité sociale. Ultime tentative désespérée pour sauver la sécu en voie d’extinction ? Ouf, ce micmac fiscal, s’il venait à être enclenché, serait contraire au droit européen. Mais il n’est pas mort pour autant…
La réforme fiscale est certes nécessaire. Mais à condition de repenser la légitimité de l’impôt et le périmètre de l’état. Pour être consentie – exigence de la DDHC – ce qui est l’inverse de ce qui se prépare, la fiscalité doit être compréhensible par chacun, simple et stable. Les dépenses publiques sont le cœur qu’il faut viser. Les citoyens n’ont pas à subir la charge fiscale d’élus ineptes. La véritable réforme fiscale sera celle où leur pouvoir d’achat est enfin intégralement rendu aux honnêtes gens.
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