(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son socio-politico-économique.)
L’étouffement progressif de la société civile est une tragédie nationale et constitue la cause profonde du manque de compétitivité de notre pays. A l’heure où l’on appelle au « patriotisme économique » pour redresser la « nation », il n’est peut-être pas inutile de rappeler aux « sans jugeotes » qui ont pris le pouvoir qu’il n’y a pas de « nation » sans société civile, c’est-à-dire sans société hors de l’État.
Comme l’explique Wikipédia, la société civile est « le domaine de la vie sociale civile organisée qui est volontaire, largement autosuffisant et autonome de l’État ». C’est la force vive de la société, la vie.
Quand la dépense publique représente déjà 57% de la dépense nationale, où plus d’un euro sur deux est donc dépensé selon des principes et des décisions prises par les oligarques de l’état obèse et irresponsable, ne serait-il pas « patriotique » de parler des efforts que ces derniers devraient faire eux-mêmes pour permettre le redressement de l’état en difficulté ? Mais le voient-il, seulement ?
Où est, en effet, le patriotisme économique de notre gouvernement et de la foule de fonctionnaires qui augmentent les impôts sans avant tout chercher à baisser la dépense publique ? Quand l’état impose plus sans dépenser moins c’est encore et toujours à la société civile, notamment par ses classes moyennes et ses PME, de subir l’effort qu’il est imposé de produire pour rembourser la dette.
L’augmentation incroyable d’impôts en tout genre qui tombent sur les français étouffe la société civile et montre que la propriété privée, en France, n’est plus devenue qu’un prétexte à se voir payer plus de taxes. Qu’il est loin le moment où les fondateurs de la république inscrivaient la propriété individuelle comme un droit de l’homme naturel et imprescriptible. Il est temps de s’en souvenir.
Cette substitution démesurée et surtout immorale de l’appropriation publique à la propriété privée et individuelle est le résultat d’un long processus. Et sa longue durée, sur trois générations voire plus, a permis au pouvoir de diffuser son venin sans que le souvenir des jours meilleurs joue dans la tête des jeunes générations le rôle d’antidote. Ainsi depuis près de 40 ans, nos « hauts administrateurs » ont utilisé le surendettement arbitraire pour produire des « miracles sociaux » et ont peu à peu réussi à faire voir comme légitime l’évincement de l’action et la volonté civile par l’intervention et la volonté de ceux qui dirigent la sphère publique (soi-disant au nom de la société dans son ensemble).
On aurait bien aimé entendre parler de « patriotisme économique » quand cette « élite » puissante de hauts fonctionnaires décida de surendetter l’état et, par là même, les nouvelles générations – mais surtout pas eux-mêmes ni leurs enfants. Pourtant, cette dette, ils en ont décidé, ils en signent chaque jour les « obligations » sur les marchés : pourquoi serait-ce à nous de la rembourser ?
Si notre nation s’est fondée, avec la Révolution française, grâce à la primauté du Tiers état, la société civile d’alors, ce n’est pas pour l’oublier aujourd’hui. L’éviction progressive de la société civile est une tragédie nationale et constitue une des causes profondes du manque de compétitivité de notre pays.
Seul le rétablissement des libertés civiles fondamentales, dont le droit de ne pas voir sa propriété toujours un peu plus spoliée au nom de la volonté particulière d’une caste ultra protégée, permettra à l’initiative, l’ingénuité et la responsabilité individuelle des Français de s’exprimer à nouveau de façon créative et productive. La prospérité du pays, de tous et de nos enfants, dépend de nous, surtout pas « d’eux ». Mais cette prospérité suppose notre réveil à cette réalité de notre spoliation.
Nos élites bureaucratiques nous tiennent en fait un discours du type « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ; et surtout soyez patriote... » Les élites qui envoyèrent les Français au casse-pipe de la Première guerre mondiale avaient le même genre de moralité... Vous comptez partir aux tranchées ?
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