(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
Plus de 3 millions de chômeurs officiels… Bien plus en réalité, les chiffres n’ont rien de fiable. Nos gouvernants et élus affichent une capacité à lutter contre le chômage, vertu qui tourne à l’échec depuis plus de 40 ans. Pour l’avoir, outre d’être honnêtes, il leur faudrait être chefs d’entreprises et non politiciens inventant divers prétextes pour justifier leur « (in)utilité » dans cette lutte.
A un tel niveau, jaugeons les nombreuses interventions du politique dans l’économie pesant sur les coûts des entreprises : réglementation du travail, fiscalité, cotisations sociales, augmentation du SMIC, du temps de travail... et bien d’autres encore. Tout cela forme des dépenses improductives qui laissent seul l’entrepreneur face aux recettes productives à trouver pour les absorber… Les leçons de morale des élus masquent depuis longtemps leur schizophrénie entre intérêt supposé des électeurs et celui des entreprises, au détriment de l’emploi. Prétendre répondre à l’intérêt immédiat des salariés, majorité du corps électoral, pour rester au pouvoir à court terme vaut bien le sacrifice des entreprises sur le long terme ! Demain il fera jour ! Demain, ce sera le problème d’un autre « élu »…
Toute entreprise doit suivre l’évolution de son marché, ou disparaître : lorsque l’activité augmente, pour être en mesure de créer des emplois, elle devra pouvoir à l’inverse ajuster ses effectifs quand l’activité diminuera. Sinon le risque de perte est trop grand. Une entreprise est là pour gagner, pas pour perdre. Toutes les mesures contraignantes et dites « solidaires » s’opposent en fait au fragile équilibre indispensable à cette adaptation. « Punir » l’offre de travail moins rémunéré en imposant aux entreprises plus de rigidité face à l’exigence de souplesse du marché, est à la fois illogique et immoral. Il ne faut pas s’étonner qu’elles disparaissent, et les emplois par la même occasion.
Pour vraiment protéger l’électeur-salarié face à l’emploi mais aussi sa liberté d’en changer, l’homme politique responsable aurait dû protéger la flexibilité indispensable au marché du travail afin que l’offre d’emplois des entreprises s’équilibre naturellement avec la demande des « travailleurs ».
La lutte contre le chômage qui n’en finit pas d’augmenter devient une « lutte contre le travail ». Moins le marché du travail peut fournir d’emplois du fait de la réglementation et des coûts sociaux, plus le « marché du chômage » prospère. Aubaine pour l’homme politique qui devient sauveur de l’humanité avec cependant comme unique réponse de toujours : renforcer la réglementation et augmenter les coûts sociaux ! Le politicien crée le problème qu’il vient ensuite régler, à l’infini.
De plus, le système de redistribution dit « social » subit par les entreprises est-il si efficace ? Si c’était le cas, le chômage se résorberait. Mais le traitement social du chômage ne « lutte » pas, il « gère » le chômage. Il se contente de le rendre plus supportable pour ceux qui le subissent – ou s’en contentent – toujours au détriment de ceux qui travaillent productivement. Est-il donc bien moral de pénaliser ceux qui travaillent alors que la cause du chômage est à chercher du côté des politiciens ?
Une véritable solution ? Chacun à sa place et à ses responsabilités… Les représentants du peuple doivent se recentrer sur les seules fonctions régaliennes et surtout ne plus tenter de réparer sur le plan économique ce qu’ils détruisent eux-mêmes. C’est la meilleure lutte contre le chômage qu’ils puissent faire. Le traitement social du chômage n’est pas le rôle des entreprises : nous devons leur permettre de retrouver la liberté de créer de la richesse, ce qui aurait toujours dû être.
C’est ce qui est bon pour l’emploi de tous. Et juste.
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