(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
Le cas de l’évadé fiscal « Gérard Depardieu » nous interpelle, au-delà de la pression fiscale, sur l’utilité de la dépense publique et du périmètre de l’Etat. Pour toutes les sensibilités politiques, la justification de l’impôt est devenue schizophrénique : oubliée la protection des droits naturels et imprescriptibles du citoyen. Notre pays a sombré dans une société collectiviste qui stigmatise la réussite et a institué le droit à la spoliation des richesses dûment créées. Le cas de l’acteur n’est pas unique : la France est bel et bien devenue une prison fiscale dont on est fier de s’évader pour aller vivre ailleurs de son talent. La France, symbole de privation des libertés économiques. Bravo !
Notre président normal a avoué ne pas comprendre pourquoi sa politique ne marche pas. Saluons sa « gauche » honnêteté. Comment espérer de bons résultats quand on ne comprend pas ce qu’on fait ? Le pire, c’est qu’il en va de même depuis la fin de la guerre de 45, date à laquelle la gauche socialiste et la droite gaulliste ont posé ensemble les bases d’une logique macroéconomique de solidarité par redistribution et inflation bafouant toutes les règles d’une économie saine. Cette logique est issue de la croyance conjointe en l’Etat-providence comme source durable du bonheur de chacun via un système incorporel jacobin posé comme vertueux : l’Etat bureaucratique centralisé.
L’économiste Frédéric Bastiat le dénonçait déjà en 1848 : avec l’interventionnisme, il y a ce qu’on voit, mais surtout ce qu’on ne voit pas. Coupons ainsi la tête à la providence : si l’Etat était source de richesses, les hommes politiques n’auraient pas besoin des impôts pour honorer leurs promesses électorales clientélistes. Pour « redistribuer » la richesse, si tant est que cela soit justifié, il faut que celle-ci préexiste. Or le politicien français aime à dépenser de l’argent qu’il n’a pas encore et qu’il suppose disponible chez les citoyens. D’où les déficits budgétaires, qu’il est incapable de maîtriser.
Alors que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen pose la contribution commune comme devant « être librement consentie », le mécanisme fiscal est conçu comme un système arbitraire et coercitif que ne renierait pas l’Ancien régime. La France, isolée dans le monde, est loin de détenir LA vérité en matière de bonheur sociétal et on voit déjà la déchéance poindre. Et le comportement de nos gouvernements s’apparente à celui d’une mafia qui s’approprie violemment les fruits du travail et le capital des citoyens, hors de toute morale : les élus à peine majoritaires imposent « leur » loi à l’ensemble des citoyens, constituant par là un hold-up et un parfait dévoiement de la démocratie.
Si nos geôliers moraux, pardon, nos politiques, étaient bénévoles ou engageaient leur propre argent dans l’aventure collective, tout un chacun reconnaîtrait leur altruisme sincère. Mais le politicien, qui bizarrement peut faire carrière, se rémunère sur l’argent dit « public », le nôtre. Sans avoir à investir. En fait, cet altruisme à vouloir le bonheur des autres en les spoliant, pardon, en utilisant leur argent mais sans avoir à répondre du résultat des décisions, relève indubitablement du « conflit d’intérêts ».
La culpabilisation des créateurs de richesses est tout aussi immorale : parce qu’ils sont prétendus riches, ils devraient accepter de se sacrifier. Mais au nom de quoi ? Où trouver la motivation à créer face à ce qui est du vol, fut-il légalisé ? Si la richesse est sale, pourquoi le politicien en veut-il toujours plus ? Allons, mes chers lecteurs, faisons ensemble un effort, jetons loin de nous tout ce qui nous empêche de respirer. Inversons les rôles, c’est aux politiciens de partir. De l’air, brisons les barreaux !
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