(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
(Une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les faux clichés économiques classiques.)
Ma lectrice poursuit ainsi : « Je suis très déçue. Je me faisais une autre idée du libéralisme : un monde d’entrepreneurs dynamiques et innovants, pratiquant entre eux la fameuse « concurrence libre et non faussée », selon des règles simplifiées et sous la surveillance des nations peu interventionnistes… ».
Là, les bras m’en tombent. Jusqu’à « règles », l’idée est bien exprimée, bravo, mais cela finit mal : Madame, que signifie pour vous « sous la surveillance des nations peu interventionnistes » ?
La France actuelle serait pour vous une « nation peu interventionniste » où la liberté d’entreprendre serait respectée ? Ouvrez donc les yeux, Madame ! Avec un PIB plombé à 57% par le secteur public et une chute au milieu du classement mondial de la liberté économique (72eme), le pays nage dans l’interventionnisme le plus total : plus de toute la valeur ajoutée des entrepreneurs est engloutie à financer la dette d’état. Les gouvernements empruntent soi-disant pour combler un déficit qu’ils entretiennent par une gestion désastreuse. On est très loin de votre « autre idée » du libéralisme !
Et qu’entendez-vous par « règles simplifiées » ? Le droit est le droit, il n’y a ni à le simplifier, ni à le compliquer. De nos jours, un chef d’entreprise investit plus de temps à étudier le code du travail archaïque et le fatras fiscal changeant chaque année, voire chaque mois, qu’à se consacrer à l’objet même de son activité. L’administration déborde d’imagination et le législateur de dynamisme pour produire des lois qui posent chaque jour d’autres entraves aux entreprises. Comment gagner un 100m aux Jeux Olympiques avec des boulets aux chevilles ? Avec entraînement, soit, mais en compétition dans le stade olympique mondial, on reste au stade des qualifications, si on y arrive.
Le monde des entrepreneurs n’est pas fait pour satisfaire toute cette couche de vautours qui attendent de se gorger des fruits du travail des autres. On l’oublie trop, si l’entrepreneur crée de la richesse, c’est d’abord et avant tout pour que vous et moi en disposions par l’échange. Parmi les bénéficiaires, il y a ceux qui participent à la création des produits et services de l’entreprise, salariés et partenaires.
Mais sans client, pas de richesses pour eux. Quant à ceux qui ne veulent pas participer à cette création de richesses, c’est leur droit, mais ils doivent l’assumer. La justice sociale ne réside pas dans un pouvoir qui dérobe les entrepreneurs au bénéfice de sangsues arbitraires. La solidarité forcée ne se substitue pas à la charité privée. La première est une agression, la dernière une bonté.
Pourquoi donc vouloir une « surveillance » ? En quoi votre libéralisme serait-il malsain alors que la concurrence y est « libre et non faussée » ? Par contre, comment garantir que la nation soit « peu interventionniste », sinon justement en limitant le pouvoir politique ? La surveillance est inutile dès qu’il y a respect du droit naturel, chacun étant libre de produire et d’échanger sans se faire agresser ni piller – à commencer par l’état. Si état, il doit donc n’être ni agresseur ni prédateur, mais juste.
Tous les politiciens se trompent à nous promettre un état solution universelle. L’intervention régalienne sert la liberté quand la propriété du faible est menacée par le fort – lui. Vous étiez tout prêt, Madame. Vous n’avez juste pas su voir que le problème est en fait dans la solution que vous apportez.
Car la solution consiste à ne pas en avoir. Le renard est depuis longtemps dans le poulailler, mais rusé il se masque. Dodu, c’est celui qui se nourrit d’impôts. Il faut lui faire quitter le poulailler.
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