Dans un article récent, sur les obligations et la gouvernance en Libertalie, je donnais une présentation concise de la structure « propriétariste » de la société libérale, celle de demain. Dans cette société, le droit est fait par le propriétaire, lequel peut être un individu ou une personne morale, entreprise ou association sous diverses formes. L’autre point caractéristique tient à l’omniprésence du contrat, en particulier celui qui lie de manière libre et volontaire l’individu habitant un territoire et le propriétaire dudit territoire – dans le cas où ils ne sont pas identiques.
Pour aller plus loin, je voudrais aborder la question d’un gouvernement dans un tel monde, et cela sera au passage l’occasion de jeter un œil sur la panarchie, autre système politique apprécié de nombreux libéraux sincères. Selon Wikiberal, la panarchie serait ce système « où chacun s’affilie librement au gouvernement de son choix », ce qui nous renvoie donc à la question du gouvernement.
Mais qu’est-ce qu’un gouvernement dans une société libre, au fait, quel peut-être sa nature et son rôle ? Selon une logique minarchiste, ou régalienne, on pense aussitôt aux questions de police et de justice, et donc un gouvernement, pouvoir « exécutif », serait celui qui les assurent, qui s’assure de leur bon fonctionnement. Je passe rapidement sur le pouvoir « législatif », qui n’existe pas en tant que tel en Libertalie, puisqu’il n’y a pas de loi, mais uniquement des contrats.
Or il faut se souvenir que justement, comme tout est contrat et service, c’est également le cas de la police et de la justice. Il n’y a donc pas de gouvernement au sens classique du terme, avec un ministre par exemple, puisqu’il n’y a pas de ministère, ni d’élus, ni de députés etc. Bien sûr, au sein d’une copropriété par exemple, il y a évidemment un comité ou équivalent qui veille aux affaires et qui pourrait être assimilé à une forme de gouvernement. Mais ce n’est pas dans le même sens.
Alors donc, la panarchie, comment ? Il est possible d’imaginer bien des options, mais les principaux théoriciens se retrouvent sur un scénario où les deux fonctions régaliennes seraient fournies par deux types complémentaires d’entreprises. La police préventive est une affaire de terrain, elle n’est pas attachée à un individu, elle serait contractualisée par le territoire et/ou son « gouvernement ». Par contre, la justice est responsabilité et donc est liée à l’individu. C’est donc lui qui contracte avec une société d’assurance qui apportera police judiciaire, avocat et/ou juge pour trouver l’aide utile en cas de différend avec un tiers. On a donc deux relations régaliennes : une directe, une indirecte.
Le choix individuel de son gouvernement prend ainsi une allure un peu différente, une fois qu’on est entré dans plus de concret. On pourrait imaginer que la panarchie pourrait signifier que dans un même « pays », ou territoire, chaque individu pourrait librement passer d’un gouvernement à l’autre, selon l’évolution de ses préférences. C’est en partie vrai, pour ce qui tient à la justice et à l’assurance, mais ce n’est clairement pas possible, je crois, pour ce qui touche au territoire, justement.
C’est la raison pour laquelle, pour ma part, je pense qu’il n’y a en réalité aucune différence entre anarcapie et panarchie. Certains imaginent une panarchie où ce ne serait pas le propriétaire du lieu qui ferait le droit, mais ce(s) fameux gouvernement(s) abstrait(s). Mais quelle autorité un tel gouvernement pourrait-il avoir sur les multiples propriétaires, alors même que l’arbitraire de l’autorité n’a pas de sens en Libertalie ? Le sol reste la base de tout droit, et donc l’anarcapie aussi.
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