(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
(Une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les faux clichés économiques classiques.)
Ma lectrice poursuit : « De plus, le sponsor du club de football étant un milliardaire russe [NB : Club de Monaco], l’origine de sa fortune est sans doute douteuse (serait-elle gérée rigoureusement ?) ».
Madame, voilà un pur procès d’intention, régulièrement entendu et qui relève de la diffamation. Vous avez le droit de vous interroger sur l’origine de sa fortune. Mais ne peut-on pas être russe et honnête à la fois ? Pourquoi les russes devenant milliardaires seraient-ils condamnés à l’opprobre ? Et surtout, tous les nouveaux milliardaires, même en France, seraient-ils forcément suspects ?
Certes, vous n’avez pas tort, de telles réussites peuvent être douteuses. Mais celles dont le doute est avéré, toutes sans exception et depuis toujours, exploitent la trop grande connivence entre système politique, « grand patronat » et syndicats. Ils court-circuitent le marché libre, émanation du peuple honnête, pour manigancer entre eux. Par exemple, je viens de perdre un appel d’offres, non pas parce que j’étais moins bon, au contraire, mais parce que le choix a été imposé à mon interlocuteur. De plus, beaucoup d’argent circule entre eux de manière détournée à travers la multitude de subventions, privilèges, monopoles, restrictions ou réglementations et cela sans qu’ils soient à l’origine de ces sommes. Ce qu’il vous faut voir, Madame, c’est que sans mainmise étatique, riches comme pauvres dans un état de droit ne pourraient être qu’honnêtes, sous peine d’échec à terme.
Comptons ainsi les si nombreuses activités économiques contrôlées par les bureaucrates, accordant par législation ou contrôle des prix des rentes de situation soit à des entreprises privées, soit à des monopoles publics. C’est énorme en France. Or tout ceci fausse les prix au détriment de la majorité des citoyens, lesquels assistent dociles à leur appauvrissement dû à la corruption et ainsi au siphonnage de nos gains par le monde politique. Insistons, un tel fonctionnement n’a rien à voir avec le capitalisme, le vrai, celui du laissez-faire, de l’économie de libre marché découlant du libéralisme.
Ainsi, Madame, c’est le pouvoir politique intervenant dans l’économie qui cause ces enrichissements suspects de dirigeants, impossibles sinon. Leurs sociétés sont aidées par les politiques. Elu sur la base d’intérêts particuliers, un gouvernement qui fait autre chose que de garantir les droits des citoyens, est une dictature oligarchique. Hélas, presque tous les pays du monde s’arrogent cet abus de droit. Tous ? Non ? Quelques états comme Monaco résistent encore à la tentation de voler ou de laisser voler leurs habitants par divers trafics. Tout peuple a la société qu’il mérite et si milliardaires ou ordures il y a, c’est qu’il en a décidé ainsi, que ce soit par la « démocrassie » ou par le marché.
Alors pourquoi ce milliardaire russe ne pourrait-il pas devenir sponsor du club monégasque ? Sauf preuve contraire, sa fortune n’est pas de source malhonnête. Pourquoi la Principauté refuserait-elle a priori ? Sous quel prétexte ? Son pays l’a jugé en son temps et l’a acquitté. Vous qui révérez l’état, acceptez donc sa justice. Non que je veuille défendre ce magnat russe, mais il est en droit d’investir librement son argent dans le club de Monaco. Il fait ce qu’il veut de son argent, il le gère à sa guise. Il n’a aucune leçon de morale à recevoir de quiconque. S’il se trompe, il fera peut-être faillite et en sera seul responsable : le club cherchera alors un autre sponsor. La Principauté peut ainsi avoir une équipe de football sans taxer le peuple monégasque. Un bel exemple pour la France.
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