(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
(Une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les faux clichés économiques classiques.)
Suite du courrier de ma lectrice : « Cela [NB : l’ultra-libéralisme] a contribué à la crise actuelle qui en appauvrissant et en démoralisant la classe moyenne, risque de mettre à mal la démocratie en Europe, comme dans les années 30 ». Voilà une belle envolée lyrique, mais que d’amalgames ! Le présent côtoie le passé, la politique est confondue à l’économie, la cause devient conséquence et vice-versa.
Vous avez raison. La crise est la même que celles des années 30. Incontestablement, c’est une crise monétaire, due à l’excès de crédit public. Ceux qui ont en charge la gestion de l’état n’ont rien fait pour arrêter l’expansion de la dette. Forts de l’histoire, ils n’auraient même pas dû commencer. Mais il est si facile de vivre à crédit quand cet argent n’est pas le vôtre et qu’on peut en abuser pour soi.
Mais chère Madame, comme en 1929, cette situation n’a rien de libéral. Si chacun de nous devait gérer son propre budget comme les politiciens, il y a longtemps que nous aurions tous fait faillite. Voilà la logique libérale. A l’inverse, la crise actuelle est ce paradoxe où l’homme politique, tel un Jésus, veut multiplier des sous qu’il nous confisque tout en blâmant le libéralisme de ses échecs.
En France, le PIB (Production Intérieure Brute), qui prétend mesurer la richesse produite, est réputé composé pour 57% de dépense publique. « Réputé » car le public ne produit en réalité rien du tout. Ces 57% cachent la richesse produite par le seul secteur privé. La fiscalité réduit la capacité de tous à produire plus, elle ne peut donc nous enrichir. Ne cherchez pas ailleurs l’appauvrissement collectif.
Car 57% du PIB, cela veut dire en gros qu’une personne sur deux est financée par l’autre. Libéral vous trouvez ? Pour appauvrissement et démoralisation, vous avez raison. Mais ce sont les conséquences systématiques du seul socialisme. La méritocratie libérale véritable ne produirait pas ce genre de marasme, même en France ! Et ce n’est pas la période actuelle qui nous apportera un démenti.
Ma lectrice évoque la « classe moyenne », concept collectiviste. Mais s’en rend-elle compte ? Marx répartissait la société en « classes » selon l’épaisseur du portefeuille. Or la richesse, ça va, ça vient. Le plus important, c’est de participer aux libres échanges, générer de la valeur pour soi, et ainsi voir la société entière profiter. Les classes selon les libéraux sont tout autres : il y a les taxeurs et les taxés.
La richesse ne naît pas des billets, mais des échanges libres et spontanés qu’on effectue. Un échange libre et volontaire est en fait l’ultime choix démocratique. Je m’enrichis car j’ai choisi et je satisfais mes besoins ou envies. La fiscalité réduit et canalise les échanges libres et volontaires. Elle confisque et redistribue selon un total arbitraire et met à mal la vraie démocratie. La liberté, elle, est morale.
C’est un des fantasmes des hommes politiques que de croire que la richesse peut se répartir mieux grâce à eux. Or qui peut savoir ce qui est mieux ? L’interventionnisme fiscal crée des injustices envers les échanges honnêtes pendant que des malhonnêtes profitent des jeux du pouvoir politique.
En fait, Madame, plus il y a de gens qui profitent des aides et des subventions, plus la démocratie majoritaire devient clientéliste et enfonce la société dans l’arbitraire. Ce n’est pas le libéralisme qui pervertit la société, qui cause les crises et qui appauvrit comme pendant les années folles. C’est la dérive clientéliste démocratique due à un pouvoir confié aux politiciens désormais démesuré.
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