(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
(Une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les faux clichés économiques classiques.)
Ma lectrice poursuit : « Mais j’ai surtout été choquée quand j’ai lu « la Principauté a gardé une gestion rigoureuse de ses finances » alors que tout le monde sait que [c’est] tout bonnement un paradis fiscal. ». (NB : ce qui est souligné l’est dans l’original)
Les mots sont lâchés. Monaco, un paradis fiscal, ne saurait donc être bien géré. Madame lui préfère l’enfer fiscal ? Soit, c’est votre droit, mais pourquoi ne pas nous laisser le droit de vivre au paradis ? Pourquoi la France ne s’inspirerait-elle pas du modèle monégasque ? Voulez-vous que Monaco copie le modèle français et devienne un lieu de misère où il serait inacceptable de gagner de l’argent ?
J’expliquais dans mon article par cette image que Monaco est un état qui a – à peu près – circonscrit le pouvoir aux fonctions régaliennes, faisant que la modeste dépense publique se limite à un seul but : garantir la sécurité et le droit à ses habitants. Même si on pourrait critiquer, ce droit et cette sécurité sont bien plus réels qu’en France. La principauté assure ainsi à chaque monégasque la jouissance des fruits de son travail par le respect de la liberté et de la propriété de chacun. Sur son territoire, elle ne veut souffrir de voir l’agression se développer. La fiscalité est ainsi orientée vers le seul financement de la protection des citoyens. C’est un paradis précisément pour cette raison.
En limitant son pouvoir et ses dépenses aux fonctions régaliennes, Monaco suit exactement les principes énoncés dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : garantir la liberté et l’égalité des droits naturels et imprescriptibles de chacun. Le pouvoir politique ne s’y voit pas en taxeur des uns pour donner aux autres, mais en garant de la paix et des contrats de tous.
Car s’enrichir par des échanges libres et volontaires ne vole personne, Madame. Bien moins que taxer. Pourquoi le Prince devrait-il répartir et égaliser les revenus quand personne n’a volé ? Quelle est cette morale qui prend à des innocents par force pour donner à d’autres sans mérite ? Je n’y vois pour ma part que de l’arbitraire : la force du souverain n’est pas faite pour spolier l’argent des gens honnêtes, mais pour assurer le droit, source de prospérité. Et l’argent est neutre quant à la moralité.
Les habitants des paradis fiscaux ne payent pas beaucoup d’impôts ni de taxes ? Madame, voulez-vous donc faire main basse sur les biens des riches de la Principauté ? Sous quel prétexte ? Qu’ils sont d’affreux capitalistes égoïstes ? Voyez-vous, Monaco ne cherche pas à changer la nature de l’Homme. Les gens sont ou ne sont pas généreux, et qui sait s’ils n’ont pas de bonnes raisons ? La solidarité, la vraie, ne peut-être forcée par le pouvoir sans effets pervers. En ce sens, grâce aux nombreux galas de charité, la Principauté œuvre de manière bien plus efficace pour la solidarité que les politiciens français par cette fiscalité sans limite et largement immorale.
Ces derniers ont une idée fixe : conserver leurs sièges d’élus grâce aux promesses les plus ridicules et démagogiques qui soit, au prix de l’argent des citoyens. La réélection n’est pas la préoccupation du Prince de Monaco, ce qui donne une meilleure stabilité à son territoire et un contrat fiscal clair.
Simplicité des lois, faible fiscalité, rigueur budgétaire constante centrée sur la protection du droit, c’est bien là un paradis. Ce qui est vrai pour Monaco devrait l’être pour la France, supposée pays de la Liberté. Qu’est-ce qui l’en empêche ? L’illusion française que le diable véritable est au paradis quand le dieu liberté serait en enfer ?
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