(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
Le spectre de la nationalisation d’Arcelor-Mittal a hanté les unes des journaux ces dernières semaines, sans que soit posée la question constitutionnelle de l’atteinte à la propriété privée. Pourtant, l’article XVII de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, censée fonder le contrat social de la société française, est explicite : « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité. »
M. Le Ministre du « redressement productif » (terme riche de double sens) pourrait-il nous éclairer sur la nécessité publique de nationaliser des hauts-fourneaux ? Sous quel constat de légalité peut-on juger les quelques 600 emplois de Florange comme une nécessité publique sans que les milliers d’autres salariés qui chaque mois perdent leurs emplois le soient ? De plus, nationaliser sacrifie l’argent du contribuable injustement en faveur d’Arcelor-Mittal pour espérer revendre ensuite à une autre entreprise privée. Cette double agression relève du pur abus de pouvoir à des fins de vol avec recel. Le pouvoir politique est-il donc tant au-dessus des lois pour se permettre un tel chantage ?
Il est navrant que cette manœuvre inconstitutionnelle ait été soutenue par une grande partie de la classe politique. Le message envoyé par les théâtres gouvernemental de Guignol depuis des mois aux investisseurs étrangers est dramatique : « Créez de la valeur, et vous serez surtaxé. Echouez, et vous ne pourrez restructurer. Désobéissez au gouvernement, et vous serez spolié. » Comment espérer le moindre investissement dans des conditions financières et juridiques aussi abracadabrantesques ?
D’ailleurs, par quel miracle ou magie le gouvernement comptait-t-il rendre sa rentabilité à une unité de production arrêtée pour manque de demande, sur un marché à la fois très volatil et présentant de fortes surcapacités ? Une fois de plus, un ministre, incompétent en économie, prétend dépenser sans plus réfléchir l’argent des autres pour maintenir des activités dépassées au lieu de se limiter à créer les conditions favorables à l’emploi, c’est-à-dire à lever les barrières. Par exemple, en réduisant systématiquement la fiscalité pour faire de la France un pays économiquement plus dynamique.
Mais que fera l’état lorsque d’autres entreprises licencieront, leur personnel invoquant alors ce précédent pour exiger son « aide » ? Est-ce donc voulu, anticipé ? Le ministre compte-t-il nationaliser toutes les usines et entreprises qui vont mal ? Avec quel argent ? Tout ceci est insensé et ressemble simplement à la soviétisation de la société française. France, où est passée ta Liberté chérie ?
Faire de Florange un outil de propagande est en plus de nature à aggraver l’explosion structurelle du chômage. Au lieu de se mêler de la stratégie des entreprises, à laquelle il ne comprend rien, l’état devrait balayer devant sa porte et remettre de l’ordre dans ses propres finances. Et supprimer la foule de bureaucraties inutiles qui ampute inéluctablement la capacité d’investir des entreprises. Plus l’état prélève d’impôts, plus l’état s’endette, pire devient la situation économique. Il va falloir très vite se souvenir que jamais dans l’histoire, l’interventionnisme économique des politiciens n’a permis le moindre développement durable de la société humaine, tout au contraire.
La politique française rassemble en son sein tout le musée des horreurs économiques que le monde collectiviste a pu jusque-là enfanter. Mais le pire est hélas encore à venir. Jusqu’à que certains comprennent que le problème vient d’eux-mêmes et de leurs méthodes. Telle la démocratie...
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