(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
Une lectrice, pas une admiratrice, mais une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les clichés classiques. Cette lettre commence ainsi : « Bien sûr, en économie, le libéralisme est une théorie parfaitement défendable ». Ma lectrice laisse entendre qu’elle sait que le libéralisme ne saurait être exclusivement économique. C’est déjà bien, il y a souvent amalgame. Veut-elle dire que sur le plan politique, il ne serait pas défendable ? Sait-elle que le libéralisme n’est pas une théorie économique ? C’est sur cette fausse perception que je voudrais lancer cette série.
Le libéralisme prenant acte de la supériorité inéluctable des mécanismes spontanés de toute nature que les hommes pacifiques mettent librement en œuvre entre eux, je n’aurai pas la prétention de répondre exhaustivement à ce point en une unique chronique. Le libéralisme exprime une morale qui existe depuis que l’homme est homme : il trouve son expression philosophique au siècle des Lumières. Cette morale s’appuie sur la liberté associée à son corollaire, la responsabilité individuelle. Le marché libre en économie n’est ainsi qu’une expression de la morale libérale.
Le libéralisme pose juridiquement toute action humaine dans le cadre du droit naturel. Ce droit est par nature non arbitraire. Naturel, il est supérieur en légitimité à tout droit positif, telles les lois et règles que les élus nous imposent, qui sont par nature clientélistes et injustes. Ainsi, c’est l’action des hommes qu’il faut protéger de l’arbitraire du pouvoir et non l’inverse. Le libéralisme n’est pas non plus la loi de la jungle, comme les étatistes aiment à le dénigrer. La constitution française place certes en préambule la Déclaration des droits de l’homme, basée sur le droit naturel, mais dans les faits, aucune instance ne censure le droit positif face au droit naturel. Les philosophes du siècle des Lumières évoquaient pourtant l’obligation de « conservation des droits naturels et imprescriptibles ». La Liberté vient en premier dans la devise « Liberté, Egalité, Fraternité », ce n’est pas par hasard.
Le libéral se méfie de tout pouvoir, car le pouvoir conduit à l’arbitraire. Le libéral ne cherche pas à construire une société à coup de lois contraignantes. Il constate que le « laissez-nous faire » d’un cadre où règne la responsabilité est plus juste et plus porteur de prospérité que tout système coercitif. Le libéralisme est honni par tout pouvoir politique ou religieux car il révèle et défie leur vacuité et même leur nocivité, à la fois envers la prospérité et la justice dite sociale. Étonnez-vous que les politiciens le critiquent par tous les moyens. Observez-les. Tout politicien de droite ou de gauche (nazisme, communisme, fascisme, socialisme…), jusqu’au social-démocrate rejette en bloc le libéralisme. C’est sans doute leur seul point d’accord à tous. En France, pays des Lumières, lors de la dernière présidentielle, pas un seul candidat sur les 14 ne se réclamait du libéralisme. Mystérieux cet adversaire commun à tous mais pourtant absent politiquement. C’est dire leur peur de notre Liberté.
Mais le libéralisme ne meurt pas. Quelle est sa force ? Sa cohérence naturelle. Quand on comprend qu’il est le seul à assurer droit et justice, aucun argument politique ne tient plus. N’importe où, n’importe quand, avec n’importe qui, discutez librement. Observez la vie spontanée. Et constatez : l’Etat n’est jamais qu’un arbitraire vaguement utile, plus souvent la source des pires malheurs.
Notre enjeu pour demain, c’est le respect du droit naturel, sans nul besoin de plus de paperasserie. Il en va de notre avenir de ne pas associer « état » et « civilisation ». La civilisation passe au contraire par l’éclatement du pouvoir politique. Politiquement tout a-t-il été essayé ? Non tout sauf … le libéralisme, le vrai ! Jamais, nulle part ! Ma lectrice est-elle d’accord pour déjà dire « banco » ?
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