(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)
(Une lectrice attentive et anonyme, m’a écrit en réponse à la chronique « Football : carton rouge pour l’hyper-fiscalité » (JT du 05/06/13). Cette missive me donne l’idée de reprendre son texte par une série d’une douzaine de chroniques destinées à chasser les faux clichés économiques classiques.)
Ma lectrice poursuit ainsi : « Plus sérieusement, votre conclusion soulève cependant un espoir : supprimer le droit du travail et, s’il faut accepter des « sacrifices courageux », selon une formule affectionnée par nos « élites », rétablir l’esclavage, au moins temporairement ».
Sarcastique ? Sérieusement, Madame, puis-je vous demander de vous imaginer chef d’entreprise et de tenter d’appliquer le code du travail français ? Nous verrions alors, quel serait votre avis 7 ans plus tard (si vous y arrivez), votre expérience objective faite. Bien sûr qu’il faut supprimer les 3500 pages du code du travail français ! Car jusqu’à preuve du contraire, il n’a pas suffi pour empêcher chômage, délocalisations, emplois précaires, stress et tension, etc. Ni surtout les emplois inutiles de la fonction publique, ni l’insatisfaction des salariés face à leur perte de pouvoir d’achat due à l’hyper-fiscalité, etc. Au contraire, c’est l’existence même de ce code inverse de toute logique qui est en grande partie à l’origine de ces phénomènes que nous ne connaissions pas avant son obésité accélérée.
S’il faut un code, je vous propose d’adopter à la place le code du travail suisse : il doit être efficace puisque le taux de chômage y est bas, que de nombreux frontaliers français préfèrent le système suisse où les salaires sont plus élevés. La Suisse n’est pas connue pour être un pays esclavagiste. Pourtant, son code du travail se lit le temps d’un Paris-Lausanne. Et elle ne connaît pas le SMIC.
Pour vous donc ce code nous protégerait de « sacrifices » et de « l’esclavage ». Il faut croire que votre rapport au travail n’est pas commun. Car pour le salarié, son emploi n’est rien d’autre qu’un contrat commercial avec l’employeur – ce qui rend encore plus suspect le besoin d’un code dédié. Et comme tout contrat libre et spontané, il faut que chacune des deux parties y ait un intérêt, sinon qui le signerait ? Tout comme si vous achetez une baguette chez le boulanger : vous gagnez un pain et lui un euro. Dans cette perspective, pouvez-vous me dire où se trouvent « sacrifices » et « esclavage » ?
En fait, ceux qui acceptent des sacrifices depuis trop longtemps sont d’abord les non-salariés, puis les salariés du secteur privé, tous passés à la caisse pour nourrir un secteur public sans limite et fier de sa non-rentabilité. Si par exemple on supprimait le statut de fonctionnaire pour le remplacer par de simples contrats de 3 ans, on verrait alors qui se sacrifie vraiment. Les « rentables » sont devenus les esclaves des autres, telles ces « élites » engraissées à un point que le libéralisme ne permettrait pas – et c’est d’ailleurs pour cela que le pouvoir déteste cette philosophie et fait tout pour la discréditer.
Il y en a toujours qui doivent payer, dit la chanson. Certes, ce n’est peut-être plus de l’esclavagisme physique comme on l’entendait à l’époque coloniale, où les esclaves étaient tout juste nourris. Il demeure, le secteur privé est bel et bien placé dans un système esclavagiste où ceux qui détiennent le pouvoir prétendent avoir droit sur les richesses produites par leurs laquais. Si quelque chose ne tourne pas rond dans ce bas monde mercantiliste, cela tient aux « élites » et aux minables privilégiés du peuple qui ne veulent pas abandonner leur capacité de nuire.
L’égalité des droits « d’avoir » (les fumeux acquis sociaux) est la chimère qu’ils agitent pour nous hypnotiser et nous endormir. Mais les droits « à être » (les droits naturels, imprescriptibles) sont plus puissants. Ils finissent toujours par avoir raison de tout épisode de dirigisme collectiviste. Imaginez le premier jour sans code du travail, bientôt…
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