(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité économico-politique.)
Selon le politiquement correct ambiant, le libéralisme serait « sauvage », porteur de la « loi de la jungle ». La liberté de créer des richesses en prenant des risques serait bassement cupide, sans foi ni loi. Le politicien affiche que son intervention « régulerait » magiquement les myriades d’échanges quotidiens et volontaires de l’humanité. Il a convaincu le peuple que « l’Etat est là pour nous aider » !
Pourtant, les Lumières nous ont appris que « l’Etat », pour espérer être juste, se doit de n’être que régalien. Illustrons cela avec Sanofi et Peugeot. Certains reprochent désormais à Peugeot, qui licencie pour ne pas s’être restructuré à temps, de ne pas avoir su anticiper pour s’adapter à son marché, l’automobile. Et les mêmes reprochent maintenant à Sanofi, qui ne licencie pas mais se restructure, d’anticiper en s’adaptant à son marché, le médicament. Belle incohérence des reproches. Du bruit.
Qui, pourtant pendant plusieurs années, a jeté l’argent du contribuable en « primes à la casse » pour inciter l’achat de véhicules neufs, faussant le marché et baissant la pression de la concurrence sur Peugeot, dégagé ainsi d’efforts d’adaptation nécessaires ? Qui a gâché l’argent du contribuable en subventions pour forcer la création d’un « oncopole » d’utilité douteuse dans le pays déjà le plus consommateur de médicaments par habitant ? Subventions d’autant plus inutiles qu’elles ont accru les gains de Sanofi sur un marché faussé par un système de sécurité sociale déjà très artificiel.
Dans les interventions politiques, Frédéric Bastiat, économiste, disait déjà en 1848 – il y a 170 ans donc – qu’il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Les politiques nous vendent ce qu’on voit : l’illusion de l’aide apportée. Mais c’est oublier que l’argent de ces aides a été confisqué, volé donc, au contribuable, citoyen ou entreprise, qui l’avait gagné, sauf rares exceptions, de manière honnête.
C’est oublier que la ponction publique se fait sur une foule d’impôts, cotisations et taxes obligatoires, là où constitutionnellement cet acte devrait être « librement consenti ». C’est oublier que les grandes entreprises payent déjà des « contributions » fiscales. Leur en rendre une fraction, soumise donc à l’arbitraire politique, nuit encore plus à la transparence et à l’illusoire égalité devant l’impôt.
Ce geste crée de plus une injustice envers tous les autres acteurs de l’économie. L’Etat ne vient jamais protéger de la faillite les milliers d’artisans, commerçants ou PME contraints de financer ces avantages, alors qu’ils auraient pu vivre de leur argent honnêtement gagné. Plus extraordinaire encore, ils risquent même d’être accusés de « fraude fiscale », quand l’Etat est le seul prédateur lors de contrôles fiscaux, plus avide d’argent que ceux qui commercent de façon libre et responsable.
Ainsi ce qu’on ne voit pas, c’est tout ce qui nuit à la communauté résultant de ces « aides ». L’Etat organise la spoliation, le vol légalisé au profit de quelques-uns et au détriment de tous les autres. On a ainsi vu Peugeot vendre plus de véhicules par la force de la loi. Mais on ne verra pas que les sommes ainsi détournées vers le marché automobile manquent à des entreprises plus performantes sur d’autres marchés, qui auraient pu largement compenser les pertes d’emplois de Peugeot.
La politique ne peut rien pour l’économie, sinon l’étouffer puis la détruire. Car l’économie, c’est le reflet de la société, de la dynamique de la vie, pas de la manipulation de l’Etat. Par son arbitraire, l’action politique est bien plus « sauvage » que le laissez-faire des marchés. Contrairement aux belles paroles, son immoralité est bien plus grande, car chaque intervention dans l’économie se fait au mépris de la justice – celle du droit naturel. Et à l'inverse des cris de façade, au mépris du plus faible.
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