Sunday, November 19, 2017

Le politiquement correct et les ‘ismes’

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité économico-politique.)

Récemment, Tournefeuille accueillait en sa « médiathèque » une conférence sur le sujet suivant : « Le retour des nationalismes et du populisme en Europe ». Avec comme accroche : « Depuis une dizaine d’années et en particulier lors des cinq dernières années de crise économique et politique : nationalisme, populisme, protectionnisme et xénophobie sous des formes diverses ont connu une résurgence aussi vive qu’inquiétante. »

Quand on est adepte de la bien-pensance ambiante et politiquement correcte, ou simplement quand on n’a pas pris le temps d’approfondir, on est probablement tenté en effet de voir une part de réalisme dans un tel sujet, qui dès lors intrigue et intéresse. Car en effet, l’actualité le montre chaque jour un peu plus, les tensions de la société s’accroissent et les rancœurs s’accumulent.

Alors quoi ? Que trouve encore à redire le libéral donneur de leçon ? Simplement que si l’auteur de la conférence a su diagnostiquer une situation, il n’a pas été capable de la comprendre, car il se trouve que rien n’est juste ni correct dans son sujet, pas la moindre des idées. Voyons cela.

« Depuis une dizaine d’années » : Faut-il rappeler que l’installation du FN en France remonte au règne de F. Mitterrand (1981) qui fut l’opérateur de sa percée durable dans le paysage politique ?

« Lors des cinq dernières années de crise économique et politique » : Nous sommes continuellement en crise économique depuis 1971 quand Nixon signa la fin de tout lien entre dollar et or, accélérée ensuite par le choc pétrolier de 1973. L’endettement massif s’est fait jour à cette époque. La crise politique bien plus profonde n’a fait que monter par étage en 1914, 1919, 1940, 1945, 1958 et 1968.

Quant aux ‘ismes’, ils sont mis au ban comme des maux évidents ou nouveaux. Or il n’en est rien.

« Nationalisme » : Nous souffrons du nationalisme depuis Louis XIV, au moins. La campagne 2012 l’a montré, tous les partis sont nationalistes et accusent le monde extérieur de tous nos problèmes.

« Populisme » : Selon Wikipedia, le populisme « désigne une position politique qui prend le parti du peuple contre les élites ». Il semblerait donc que le populisme soit une excellente chose, non ? Le politicien n’est-il pas élu pour servir le peuple dans son ensemble ? Si je peux, je vote populiste.

« Protectionnisme » : Soyons juste, c’est bien un mal que le protectionnisme. Mais il n’est en rien nouveau. Déjà en 1848 Frédéric Bastiat, député des Landes, expliquait ses méfaits aux politiciens économiquement incompétents de son époque. Hélas, Montebourg n’a pas entendu sa leçon.

« Xénophobie » : Voilà le point probablement le plus sensible. Le dictionnaire nous dit qu’il s’agit du « sentiment de rejet des étrangers ». Là encore, où est le mal ? Pourquoi un homme de la rue, libre et honnête, n’aurait-il pas droit à ce sentiment ? Cela ne sert à rien de blâmer le xénophobe, tant qu’il n’attente à la liberté de personne. Ce sont les causes de ce sentiment qu’il faut oser dénoncer.

On pourrait développer, bien sûr. Que conclure de cette rapide démonstration ? Quand on a dépensé des fortunes sur d’inutiles Médiathèque ou Phare, il faut trouver de quoi les remplir. Et sous prétexte de culture, on nous sert quelque billevesée mal réfléchie, mais surfant habilement sur la vague des idées toutes faites du politiquement correct. Un acte culturel véritablement ‘citoyen’ serait plutôt d’organiser une campagne nationale appelant au bon sens, démystifiant au passage toutes ces croyances collectivistes qui bloquent notre société anesthésiée depuis trop longtemps.

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