Wednesday, November 15, 2017

A l’ESS, rien de nouveau

(Article originalement publié en 2013 pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité en matière économique.)

Je fais partie de ces êtres humains qui adorent l’innovation. Aussi lorsque qu’il y a peu un journal publie sous ce titre : « pour un nouveau modèle économique », l’intérêt s‘empare de moi avec beaucoup de… scepticisme ! Car il n’y a en réalité jamais rien de nouveau, c’est toujours un toilettage d’une fausse théorie d’économie collectiviste. C’est juste le vocabulaire qui est renouvelé : au lieu de dire « économie socialiste » ou « économie communiste », il est à la mode aujourd’hui de parler « d’économie alternative » ou « d’économie sociale et solidaire (ESS) ». Et une fois de plus, bingo !

Le principe commun, même s’ils s’en défendent, c’est toujours de taper dans les caisses d’argent dit public, cet argent ponctionné sur l’économie « traditionnelle ». L’économie traditionnelle, la seule, la vraie, c'est la nôtre. Celle qui se doit de créer de la valeur nouvelle pour pouvoir rémunérer salariés et actionnaires et qui, en plus, doit financer tout le secteur improductif, y compris l’état, qui ose se comptabiliser dans le PIB. Le comble, c’est que cette ESS qui toujours vit sur le dos des autres, veut faire croire que sans elle, ces autres ne seraient rien ! C’est en constatant la proximité systématique de l’ESS avec le pouvoir politique qu’on touche la réalité du doigt, celui qui a l’habitude de lever tant et plus d’impôts et de taxes n’est jamais bien loin. Et notre interviewé de citer dans l’article, le président de région et le maire de Toulouse, bien généreux avec l’argent pris sur le dos des autres.

Et il prétend inventer un « nouveau modèle économique ». Futur Nobel ? Au minimum, pour un nouveau modèle bénéficiant des « mêmes avantages que les entreprises classiques ». Il explique qu’une entreprise classique trouve des fonds, mais pas « une Scop car ils ne peuvent pas valoriser le capital de la société ». Car nul, peut-être ? Et de se plaindre que « les idées reçues ont la vie dure ». En effet, l’économie a des lois. Avec de tels arguments, que « les banques restent convaincues d’avoir affaire à des baba-cools » n’est pas une surprise. Notre économiste n’est guère plus qu’un apprenti. Il avoue faire du « lobbying sur la loi » avec l’ESS : vue l’incompétence qui règne au gouvernement et à l’assemblée, Angela Merkel n’est pas la seule à vraiment être inquiète pour l’économie française.

Car dans tous ses propos, on ne trouve absolument rien de bien innovant pour créer de l’emploi et surtout de la valeur. Le pauvre, il est dans la plainte : « si les entreprises sociales ne sont pas autant considérées que les sociétés conventionnelles, qu’elles aient au moins les mêmes outils pour se battre » … par contre, il oublie de réclamer le même niveau d’imposition que les entreprises conventionnelles. Facile de vouloir le beurre et l’argent du beurre : la crémière en prime ?

Surtout, il a lancé la phrase qui tue, reprise en sous-titre : « une économie uniquement basée sur la croissance et le profit va droit dans le mur ». C’est sûr qu’avec le massacre de l’économie traditionnelle à coup d’endettement public, d’impôts et de taxes, il ne risque pas grand-chose à dire une telle ineptie. On peut certes voir que ce niveau de fiscalité permet de laisser l’illusion que l’ESS soit un marché viable. Mais ce qu’on ne voit pas ce sont les perfusions redistributives et les destructions d’entreprises classiques et emplois associés qu’il en coûte pour financer la chimère.

Tant qu’en France le pouvoir politique interviendra dans l’économie, nous nous enfoncerons inéluctablement dans le marasme et plus de misère. L’économie a ses lois que l’ESS ne changera pas. Et pourtant, il y a plus de 160 ans, l’économiste Frédéric BASTIAT dénonçait déjà le comportement de tels fantaisistes : « Ce que je leur conteste, ce n’est pas le droit d’inventer des combinaisons sociales, de les propager, de les conseiller, de les expérimenter sur eux-mêmes, à leurs frais et risques ; mais bien le droit de nous les imposer par la Loi. » Faisons donc l’économie du social solidaire…

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