(Article originalement publié en 2013 pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, il garde toute son actualité en matière économique.)
Si une banque publique était la solution pour retrouver de la compétitivité, cela se saurait depuis longtemps et de nombreux pays capitalistes auraient utilisé le filon. Les hommes politiques français ont ce génie d’arriver à faire croire que l’interventionnisme est utile à l’économie ! Aujourd’hui, le niveau de ponction fiscale sur les entreprises et les citoyens ne permet plus au secteur privé, donc à la vraie richesse, de se développer. C’est bien plus qu’une simple crise que nous affrontons : c’est la fin du système social-démocrate qui survient après la fin du modèle communiste. Les deux ont eu comme prétention de modeler l’homme en le menant vers la misère par l’abus de pouvoir dirigiste.
Notre pays ne sait plus ce qu’est l’économie : la politique a sombré depuis de nombreuses années dans le mercantilisme, au seul profit d’une « élite » qui ne mérite pas son nom. Le contrat social qui unirait les français à ce supposé état de droit associé au triptyque « liberté, égalité, fraternité » est rompu depuis belle lurette. L’idée d’aider financièrement les entreprises reste très tentant, mais il y a pourtant bien plus efficace : éviter de les taxer et de les imposer. Car l’argent qui passe par les mains de l’homme politique, qui se sert au passage, n’est que ponctions et redistributions arbitraires, orchestrées par une administration qui tient plus du système mafieux que de l’organisation au service de « l’intérêt général ». C’est à celui qui en obtiendra le plus au détriment de l’autre.
Les créations d’entreprises sont aujourd’hui bien inférieures aux fermetures. Celles qui se créent sont faiblement capitalisées et ont bien du mal à survivre. Il ne suffit pas de sombrer dans l’incantation de la croissance pour que celle-ci se profile. L’effet pervers des aides publiques est un piège qui se referme sur la totalité des entreprises. L’état est ainsi le prédateur des entreprises qui se portent bien tout en entretenant celles qui vont mal. Pourquoi ne pas laisser celles qui se portent bien se porter mieux ? Et celles qui vont mal s’adapter seules à leur environnement ou disparaître pour le plus grand bien des autres ? Ne serait-ce pas à la fois plus moral et plus efficace ? Si, bien sûr.
La Banque Publique d’Investissement (BPI), c’est (annoncé) 20 milliards d’euros, soit environ 2% de la valeur ajoutée annuelle. Ce montant, pour un état en déficit obligé d’emprunter pour finir ses fins de mois, c’est 20 milliards de trop. Surtout lorsqu’on constate que les premières entreprises qui ont bénéficié de l’aide, dite CICE (Crédit d’impôt emploi compétitivité), l’utilisent plus à fin de trésorerie et donc de survie. Oui, vous lisez bien : les entreprises sont aidées par l’état pour payer moins d’impôts afin de survivre !!! Merci M. l’Etat de me rendre un petit peu de ce que vous m’avez volé ! Ainsi l’entrepreneur n’est plus valorisé pour la qualité de son modèle économique et l’ampleur de sa valeur ajoutée, mais pour sa capacité à survivre aux prélèvements grâce à d’autres prélèvements.
On pouvait penser qu’en associant « investissement » à « banque publique », les financements se seraient tournés vers des projets innovants, mobilisant des moyens économiques conséquents sur du moyen et long terme. Or à l’heure où j’écris ces lignes, la BPI a déjà aidé près de 2 700 entreprises pour un montant de 488 millions d’euros en 3 mois, soit moins de 200 000 euros de moyenne. Nous sommes donc dans l’urgence, le saupoudrage et le court terme, pas dans la stratégie. Surtout, cela annonce les prochaines difficultés à venir pour le bateau « France ». Et met en exergue l’abus de pouvoir lié aux missions que prétend remplir l’État : son intervention dans le domaine économique est fondamentalement illégitime et nuisible. Car l’Etat n’a jamais collecté autant d’argent : si son intervention était la solution, la crise n’existerait pas. Le niveau de la fiscalité est donc bien le problème, que la BPI ne fait que renforcer. Elle n’est sûrement pas la réponse à la crise.
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