(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité économico-politique.)
Pour tout citoyen pas trop au fait de l’économie, il est légitime de se demander si le libre-échange est un méfait ou un bienfait pour les citoyens. Si c’est un méfait, alors il est logique de généraliser le protectionnisme à l’ensemble de l’économie. Mais si c’est un bienfait, pourquoi faire une exception économique en matière de culture ? Or le gouvernement nous refait le coup de l’exception culturelle qui n’est autre qu’un puits sans fond pour l’ensemble des français. Ahh, l’art comptant pour rien…
Au XIXe siècle pourtant, l’économiste Frédéric Bastiat expliquait déjà que « l’ouvrier n’a pas à payer le salaire de l’artiste ». Cela reste vrai : pourquoi le citoyen français du XXIème siècle devrait-il être contraint de financer l’artiste ? Si celui-ci a du talent, ses clients le rendront célèbre. S’il n’a pas de clientèle, c’est que son talent n’est pas à la hauteur : il ferait mieux d’exercer dans un autre domaine.
Le système de subventions arbitraires à la française cache le nombre d’artistes creux ou œuvres lamentables que le citoyen français finance à ses dépens. Rappelons que les subventions sont des impôts et des taxes, que par elles l’arbitraire politique détourne une partie de nos gains pour alimenter une production culturelle incertaine, incertaine parce que ne devant pas son succès à la reconnaissance du public. Plus elle est mauvaise, plus il faut de moyens financiers importants pour prétendre rivaliser avec la culture issue de la liberté, celle qui n’a pas peur de la sanction du marché.
Pourquoi la dignité d’un artiste français vaudrait-elle économiquement plus que celle d’un artiste étranger, celle d’un ouvrier, d’un ingénieur, d’une profession libérale ? Au point de justifier prendre à ces derniers pour donner au premier ? Une société moderne doit-elle continuer à vivre par et dans l’arbitraire au point de refuser avant tout de valoriser les talents via le marché, comme il est naturel ?
Sans l’arbitraire de la main du politicien, le marché reconnaît le talent, c’est une de ses qualités. En quoi l’homme politique serait-il plus apte que les citoyens ensemble pour décider du juste prix de la rémunération de l’artiste ? Comment l’artiste peut-il savoir son talent si ses spectacles sont faussés ?
Certes, la masse sans talent s’en réjouit, la connivence avec le pouvoir leur assurant des ressources au-delà de leurs espérances et de leur mérite. Protéger des pseudo-artistes parce que proches du pouvoir n’est pas digne de la démocratie. Pourquoi un tel privilège ? N’oublions pas que les pouvoirs totalitaires sont ceux ayant développé la propagande en faisant de l’art un outil d’endoctrinement.
Cette proximité entre pouvoir politique et faux artistes se fait évidemment au détriment des citoyens puisque tout protectionnisme bafoue les droits de l’homme par les taxes et les subventions. Par le dirigisme, l’exception culturelle limite la diversité culturelle : ceux qui n’œuvrent pas dans le cadre du moule étatique sont vite évincés du système d’aides. Uniformité et raréfaction. Le financement hors marché de l’exception culturelle augmente des prix qui sont faux par nature. Les citoyens subissent une triple peine : double peine économique (fiscalité et prix élevés) plus culture de propagande.
L’exception culturelle est un mirage : en réalité, l’art, la culture n’est qu’une marchandise comme une autre. Seul le marché est en mesure de choisir les talents, en tous domaines. L’interventionnisme politique inapte doit être dorénavant rangé au musée des horreurs économiques. La culture gagnera en qualité par l’abandon du protectionnisme pourtant largement en vogue. Seule la liberté des artistes et des financements comme le mécénat permet un marché offensif où les meilleurs osent la création. Le talent artistique mérite mieux que l’aumône politique et la protection des minables.
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