Sunday, November 26, 2017

Et si … le contrôle des prix menait à la misère ?

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité économico-politique.)

Acheteur, tout humain trouve toujours les prix trop élevés. Travailleur, tout humain trouve toujours son revenu trop bas. La croyance voudrait que la magie politique issue des urnes et sa pseudo redistribution supprimeront la misère de ce bas monde en baissant les prix tout en augmentant les revenus. Or après deux secondes de réflexion, l’électeur constate que toute politique consiste à lui faire croire qu’on lui redonnera plus d’argent qu’on lui en a pris. La politique, un miracle permanent.

Depuis le temps qu’on le tente, si le contrôle des prix avait une quelconque vertu, il y a belle lurette que nous serions tous sortis du risque de nous retrouver sans emploi et les pauvres seraient tous devenus riches. Mais hélas, le contrôle des prix ne protège pas le pauvre. Au contraire, il engendre la pénurie car il dissuade le producteur de produire, et renforce l’écart entre riche et pauvre. Toujours.

Prenons un exemple : le politique estime que le prix du pain devient trop élevé. Pour que les pauvres puissent continuer d’acheter leur pain, il en plafonne le prix. Mais si la tendance était à la hausse du blé, très vite ce prix devient inférieur à celui que le marché libre aurait établi en l’absence de loi. Les boulangers perdent alors de l’argent à chaque pain vendu. Que celui qui peut longtemps produire à perte se lève : les boulangers cessent ainsi peu à peu de produire des pains. Ils utiliseront leur talent sur d’autres produits plus chers ou ailleurs. Une chose est sûre, c’est qu’il y aura de moins en moins de pains sur le marché pour les consommateurs. Cette logique est implacable : fixez arbitrairement un prix plus bas que le marché, et ce produit bientôt disparaîtra. Les exemples historiques pullulent.

Ne doutons pas un seul instant que les intentions du gouvernement étaient bonnes : il voulait vraiment garantir l’accès au pain ! Mais l’intervention politique a pourtant rendu le pain moins disponible. Même les pauvres qu’il voulait pourtant protéger sont touchés par la pénurie. Pour survivre, certains boulangers et clients développeront un marché parallèle qui profitera à ceux qui peuvent mettre le prix officieux. Prix qui est devenu plus élevé que le prix libre, pour compenser les risques de se faire prendre. Car le marché « noir », s’il n’est pas légal, est logique et légitime, comme l’est la demande. Ainsi le gouvernement a engendré une situation pire et sans l’amélioration voulue.

Persistant dans son interventionnisme, il va alors prétendre aider les boulangers. Il lui faudra donc prendre d’autres mesures coercitives, tel le contrôle du prix du blé. Cette fois, ce sont les minotiers fournisseurs des boulangers qui entreront dans la spirale infernale et on verra le blé disparaître. La face visible de cette intervention, c’est la baisse du prix du pain. La face invisible, c’est la disparition progressive des emplois et des producteurs et la pression à la baisse sur les revenus : le Venezuela.

Le rêve du politique, c’est de contrôler l’économie. Mais toute intervention politique sur le libre marché n’est que la création d’un obstacle, une gêne sur le processus économique. L’action dans le domaine économique est vouée à l’échec car le marché retrouve très vite sa place, ailleurs, à côté. Influencer à la baisse les prix en les fixant, favoriser un secteur économique ou augmenter les salaires concourt à freiner l’économie de marché et donc à accroître la misère. Le gouvernement réduit le pouvoir du consommateur de choisir son produit. Ce n’est plus du capitalisme, mais du planisme, comme l’économie planifiée d’un pays socialiste. Et le plan aboutit toujours à la même misère.

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