Tuesday, November 28, 2017

Et si… égoïsme et solidarité allaient de pair ?

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son actualité socio-politico-économique.) 

Tout gouvernement moderne, tel un magicien, nous annonce à l’envi des plans de relance géniaux où l’argent coule à flots pour doper consommation et industrie. Pourtant, notre société souffre de gens toujours plus nombreux vivant à ne rien faire, sous des prétextes sociaux incohérents.

Pourtant, rien n’est gratuit sur cette Terre. Surtout pas de vivre. Je dois respirer. Je consomme de l’énergie. Très vite, deux choix s’offrent à moi : me nourrir, ou mourir. Je cultive ou je chasse, ou je pêche. Ou j’échange le fruit de mon travail contre de la nourriture. Encore et toujours de l’énergie : pour vivre, je dois travailler. Et d’abord pour moi, puis pour servir ma famille et les miens.

Manger pour vivre, ou vivre pour manger, Molière ? En économie, la chose est claire : il faut manger pour vivre. Dans ce monde humain, chacun commence par penser à son estomac. Personne ne peut manger pour moi : mon égoïsme est nécessaire à ma survie. Prise sous l’angle primaire, notre réalité est purement individualiste. Dans la société complexe qu’est la nôtre, la chose n’est certes plus aussi triviale : je n’ai souvent pas d’autres choix que d’échanger avec autrui pour ma restauration. Mais le « service contre repas » qui nous caractérise ne change en rien notre égoïsme premier.

C’est là qu’intervient l’objet du marché libre et de la division du travail. Autrui prend le relais. Si je lui apporte du bois pour son four, en retour le boulanger saura me nourrir en pain. Ainsi, dans la société moderne, la vie repose sur le négoce entre tous les humains. C’est elle la solidarité naturelle d’une société libre. Mais le fonctionnement social et économique suppose donc mon premier effort. Un effort de chacun et de tous en vue des échanges à venir pour vivre et participer à la vie des autres.

Pour financer une relance, le politicien brise cette loi, il crée de la fausse monnaie, ou de la dette. Il croit pouvoir nous nourrir sur le dos de nos enfants avec du simple papier. Ce gratuit de façade n’est autre qu’un vol payé par ceux qui ne trichent pas et produisent. Ainsi la relance entretient la fausse solidarité-dette. Le socialiste croit pouvoir aider certains à ne rien faire tout en espérant les voir se socialiser. Or c’est contre nature, illogique. Il oublie qu’il faut commencer par égoïstement travailler pour soi avant de pouvoir espérer la solidarité des autres, exprimée par l’échange gagnant-gagnant.

Le socialiste imagine l’humanité devenue adulte quand « sa » solidarité qui pousse à l’inaction aura été imposée à tous. Une société où il serait durablement possible de se nourrir sans avoir contribué d’abord à la survie des autres par son propre service n’est qu’une société injuste et sans viabilité. Hélas, c’est la nôtre, celle de 2014 (et encore en 2017) ! Or la civilisation, donc la paix, repose sur la solidarité du négoce.

Bien sûr, il y a des gens incapables de contribuer pleinement (vieux, enfants, amputés, etc.). Et encore, cela n’est même pas si sûr, il faut souvent juste trouver leur place dans l’ensemble. Mais la tradition a prévu leur prise en charge par leurs familles, creuset de la civilisation humaine. A défaut par des associations ou communautés. Cette proximité où les gens se connaissent, peuvent mieux apprécier la réalité du handicap et décider ainsi spontanément d’aider, c’est elle la seule garantie possible de la juste solidarité. La redistribution jacobine aux fainéants légalisés est à la source de l’injustice sociale, chaque jour un peu plus marquée. Qui ose dénoncer cette fausse solidarité ?

Notre société socialiste, qui se veut morale parce que glorifiant la dépendance passive, est par nature d’une injustice profonde. Elle s’enfoncera toujours plus vers l’injustice, donc vers sa perte, tant qu’elle ne remettra pas le travail, base du négoce lui-même solidaire, au centre de ses valeurs. La sortie de la misère suppose de reconnaître que le vrai égoïsme contribue à la vraie solidarité.

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