(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici car quelques cinq ans après, car il garde toute son actualité économico-politique.)
On entend régulièrement le politique ou syndicaliste parler de « cadeau fiscal » aux contribuables qui bénéficient ainsi d’un impôt ou d’une taxe réduit. Prenons le carburant : l’écologiste voit la fiscalité sur le gas-oil comme un « cadeau fiscal ». Le cégétiste y voit la réduction de l’impôt sur les sociétés. A aucun moment, il ne leur vient à l’esprit que la fiscalité sur les autres carburants ou les entreprises est déjà abusive. Ils ne voient pas qu’il s’agit en fait d’un vol moindre du système envers les citoyens.
Si vous recevez un cadeau, vous demande-t-on de le payer ? Non, bien sûr. Si on vous y forçait, vous ne diriez probablement pas « merci pour le cadeau ». De même, devant le choix entre 2 produits, l’un moins cher que l’autre, vous ne verrez pas la différence de prix comme un cadeau du commerçant. Ce dernier ne prétend d’ailleurs pas vous faire un cadeau, si les deux produits ne sont pas au même prix, il a ses raisons. Or pour les politiques ou syndicalistes vivant des impôts et taxes, si par bonheur vous arrivez à en garder un peu dans le porte-monnaie, c’est qu’ils vous accordent un cadeau ! Eh oui, dans notre belle république de la dépense obligatoire, ils finissent par se convaincre que votre argent est le leur. Conclusion : vos dépenses sont inutiles, seule la dépense publique est vertueuse !
Bien sûr, cette vision est une grossière manipulation intellectuelle : elle pose que les revenus et les biens des citoyens appartiendraient au gouvernement. Après plus d’un siècle, la décomposition collectiviste de la société française arrive au même stade que l’ex-URSS avant sa chute. Le summum est atteint avec un gouvernement qui a transformé l’état régalien supposé protecteur du droit en un état-nounou où le citoyen-larve ne doit plus penser ni agir, car le système pense et agit à sa place.
Le secteur privé, qui reste l’unique créateur de richesses, est ainsi prié de passer régulièrement à la caisse sans avoir son mot à dire. Or quelle que soit la conjoncture économique, il doit s’adapter et financer un secteur public hypertrophié. Lequel veut bénéficier de toujours plus de privilèges car la pureté viendrait de lui. Vous pensiez l’esclavagisme abolit ? En fait, l’esprit mercantiliste de nos gouvernants l’a ressuscité : l’état-glouton court après l’argent et vous saigne à travailler pour lui.
Il faut l’affirmer : la fiscalité est un vol, réalisé par ceux qui ont jugé qu’impôts et taxes n’avaient pas de limites et que les revenus et les biens des citoyens sont la propriété de l’Etat, c’est-à-dire la leur. Cette idée est la négation de la propriété privée, elle est le point culminant de cette loi du plus fort qui est précisément celle qu’on reproche à tort le secteur privé de matérialiser. Le vol est rendu légal.
Si la non-confiscation fiscale devient un « cadeau », comprenez qu’à l’arbitraire de la fiscalité s’est ajouté l’arbitraire du « cadeau fiscal » en guise d’aumône. Le vol arbitraire permet l’arbitraire en tout et de faire des cadeaux discrétionnaires : assistanat des « pauvres », « niches fiscales », déductions pour aider tel secteur, capitalisme de connivence pour certains riches. Tout s’achète, en socialie.
Tout étant cadeau, l’état se réserve le droit de faire main basse sur tout ce qui a l’odeur de l’argent, alors qu’on se crie opposés au matérialisme. Devenue kleptocratie, la démocratie social-décadente a engendré une oligarchie mafieuse. Elle invente chaque jour de l’illusion par la loi pour embrouiller et tenir par le collet ses citoyens et éviter d’être mise en cause. Hard ou soft, l’issue du socialisme reste la même que totalitarisme des régimes communistes : la faillite collective, et elle est pour demain.
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