Sunday, December 3, 2017

Honoraires : une source de maux ?

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

Le gouvernement voudrait réduire les dépassements d’honoraires des médecins. Or, évoquer un « dépassement », c’est reconnaître un tarif fixe, car réglementé. Pourtant on parle d’honoraires pour les professions « libérales », supposées libres … de fixer leurs honoraires. La rhétorique de la bien-pensance diffuse encore un message totalement subversif, inverse de la finalité réelle, qui n’est que d’intervenir pour fausser l’économie et remettre tout ce qui est un peu « libre » sous contrôle.

Ainsi, une question mérite réflexion : les professions médicales, à l’origine réellement « libérales » et libres, sont-elles en train d’être fonctionnarisées, menant vers une étatisation de la santé ? Probable.

En effet, le politique, par le système de sécurité sociale, entend fixer la rémunération des professions médicales, estimant qu’un certain montant ne saurait être dépassé. Sans tenir compte des vastes différences de savoir-faire ou autres critères qui font que certains « libéraux » sont plus sollicités.

Or les bons économistes l’ont expliqué depuis longtemps : toute fixation des prix a des conséquences négatives, et bien sûr ce sera ici sur la qualité des soins. Ces professions, dont les spécialistes, ont des frais loin d’être en rapport avec le tarif fixé. Pour obtenir des revenus proches tout en finançant les derniers équipements, ils devront réduire la durée des consultations et en faire de plus nombreuses, pour espérer un même revenu sans être sanctionnés. Ils ont aussi le choix de partir à l’étranger, où la soviétisation par le tarif imposé n’est pas encore « en marche ». Les meilleurs ont déjà fait ce choix.

Le dépassement de tarif n’a pourtant aucun impact sur le déficit de la sécurité sociale, puisque le patient paye la différence. De quoi vient donc s’occuper le politicien ? Les citoyens ne sont-ils pas suffisamment adultes pour demander le prix d’une consultation ou d’une opération et savoir si ce supplément vaut la différence à leurs yeux ? Il faut croire que non : vite protégeons les infantiles !

Plus la sécurité sociale, depuis 1945, cherche à se mêler de ce qui ne la regarde pas, plus la qualité des soins et de la santé en France se dégrade et plus le déficit s’accroît. Le niveau de remboursement des soins des patients en proportion n’a jamais été aussi faible et les cotisations jamais aussi élevées. Mais personne ne remet en cause ce système mammouth né sous des auspices marxistes. La santé serait née comme un secteur échappant à la logique économique, il faut à tout prix qu’il en soit ainsi.

À vouloir réguler, à tenir en dépendance les professionnels de santé par tous types de subventions, la sécurité sociale à fait perdre son dynamisme au secteur, pourtant majeur pour une vie meilleure. Il y a urgence au contraire à stopper les multiples formes de fausse aide aux médecins – sédentarisation, télétransmission, installation, etc. – et à laisser les professionnels travailler comme leurs clients le souhaitent, par exemple le soir ou le dimanche s’ils estiment qu’ils rendent service à leurs patients.

A ce rythme, on pourra bientôt tous aller consulter des marabouts ou des sorciers, ce sera tout aussi efficace. Il ne suffit pas de dire l’évidence de la priorité de l’accès aux soins pour tous : il faut d’abord du réalisme. Si la loi du marché avait tort, alors pourquoi ne pas supprimer toute liberté tarifaire et imposer aux médecins un tarif unique et nul ? Car après tout, ce sont eux qui assurent notre santé, et comme la santé serait « un droit », ils devraient donc être gratuits. Utopie socialo-marxiste idiote.

Avec le contrôle des prix, l’Etat se soviétise et entraîne des déséquilibres et à terme la misère. Il faut cesser les réglementations iniques. Un fort vent de liberté doit souffler sur la santé en France si nous voulons retrouver rapidement un niveau d’excellence qui soit digne de notre devise de fraternité.

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