Sunday, December 17, 2017

Dis-moi quel est ton patrimoine, et je te dirai…

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son socio-politico-économique.)

L’actualité est faite d’une longue suite de « sujets du moment ». C’est une technique bien ancrée dans les mœurs journalistiques qui permet de parler de choses sans grande importance alors que dans l’arrière boutique, les élus et bureaucrates se partagent tranquillement le butin de nos impôts et taxes. Mais pour une fois, voilà un sujet de fond qui fait la une : la politique est-elle morale et peut-elle être moralisée ? Avec ses corollaires : la Société peut-elle fonctionner économiquement sans les effets et les manifestations d’une vie politique au-dessus de tout soupçon ?

Par nature, je ferais volontiers valser tous ces malandrins, car mon analyse est que le patrimoine des élus est la face visible d’un iceberg fort malsain. De prime abord, exiger des élus qu’ils rendent public leur patrimoine peut sembler pour quiconque d’honnête et sensible à la protection de la propriété privée rien de moins qu’un viol. Alors que le voyeurisme s’empare de tous et que le bateau coule, cette précipitation à divulguer recèle en vérité une partie immergée bien plus pernicieuse pour tous.

Car les élus – tous les élus – ne sont pas des gens tout à fait comme les autres. Ils sont supposés être nos représentants pour garantir nos droits naturels et imprescriptibles. Ce sont eux qui nous doivent des comptes – et non les citoyens envers eux. Il fut un temps où être un élu était un honneur, car le rôle supposait le bénévolat. Mais désormais, en ce pays socialiste, tout élu reçoit des revenus qui le font vivre et qui proviennent directement de nos impôts : ce que les élus gagnent vient de ce qui nous a été ponctionné. Rappelons que pour qui ose faire métier de la politique, tels notre président et l’essentiel de l’hémicycle, tout ou presque de leur patrimoine provient de la fiscalité. Ils nous doivent d’autant plus de comptes que leur richesse traduit la voracité de chacun d’eux envers nous.

Rien que ce conflit d’intérêt rend impossible la moralisation de la politique. Ce n’est pourtant pas tout. Le politique pourrait se contenter de vivre sur notre dos sans rien dire, pénard, droit dans ses bottes. Mais ces gens là sont en plus en mal d’existence, il leur faut compenser l’abus de pouvoir par l’illusion de l’utilité, puisque leur travail n’en est pas un. De là viennent leurs continuelles ingérences dans la vie économique et privée. Ils n’ont de cesse de modifier les textes avec un unique objectif : spolier tant et plus le citoyen honnête. On commence alors à toucher la véritable immoralité de la vie politique. Se payant sur nos impôts, ils viennent en plus chercher leur légitimité impossible en se mêlant de sujets économiques auxquels ils ne comprennent rien et où leur ingérence ne peut que conduire à une perte globale de productivité et de moralité pour engendrer chaos et décadence.

Et les affaires de montrer un autre aspect de cette tromperie collective : la corruption généralisée. Clarifions tout de suite le propos. Il s’agit de cette corruption insidieuse issue du clientélisme et de l’électoralisme. L’homme politique promet avec l’argent des autres la réalisation de projets tous forcément inutiles et nuisibles, puisque imposés. Il transforme le système d’état en système mafieux via la force pour voler les citoyens honnêtes. L’élu biaise et abuse de son pouvoir pour offrir des privilèges, aidé par le bureaucrate, qui lui aussi y trouve son intérêt dans la même spoliation. Payés par nos impôts, ils trouvent en plus le moyen de tricher et de manipuler ! Affirmons haut et fort que la corruption n’est possible que parce que l’abus de pouvoir est possible. La moralité politique est inenvisageable tant que la corruption en promesses de distribution d’impôts sera possible.

Ainsi la question de la moralité a-t-elle des ramifications profondes dans la structure sociale actuelle. Or que voit-on dans le débat public en la matière ? Rien ou presque, les journalistes comme d’habitude osent à peine soulever le voile de la « démocrassie ». Chut voyons, gardons le silence…

No comments: