Wednesday, December 6, 2017

Et si... le monopole monétaire conduisait à la violence ?

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

Pouvoir imposer ses prix est pour celui qui fournit un produit ou un service une formidable occasion de vivre de rentes, et ce donc au détriment de ses clients, dont le choix n’est plus libre. Mais pouvoir imposer ses prix et disposer du privilège exclusif de la vente de ses produits suppose toujours que la concurrence doit avoir été rayée par la loi. Voilà le beau rêve de bien des producteurs : le monopole. Et rappelons-le pour ceux qui en douteraient encore : il n’y a pas de monopole sur le marché libre.

Par nature, l’échange économique libre est pacifique, car choisi. Lorsque vous décidez d’un achat, aucun commerçant ne vous force à choisir son produit, contrairement au système politique qui vous impose ses services et ses impôts. Tout monopole est donc à voir comme une violence à l’encontre de l’humanité, car la finalité est plus de tricher que de d’affronter le marché en réponse à un besoin.

Pourquoi alors la monnaie devrait-elle faire l’objet d’un monopole, donc par la loi ? Constatons ainsi qu’avoir laissé le monopole de création monétaire aux mains d’une institution monopoliste (état ou banque centrale) a entraîné et entraîne encore une inflation qui n’est que violence faite aux bas de laine. Constatons que l’être humain n’a plus la possibilité du choix de sa monnaie. (*) Constatons qu’il doit spéculer sur d’autres produits pour protéger ses économies des déséquilibres monétaires et économiques qui en découlent. Enfin constatons que le monopole monétaire ne sert que les institutions et ceux qui ont compris comment en profiter, mais jamais les peuples, qui paient le prix.

La concurrence oblige à la performance et sert l’intérêt du petit peuple. Protéger les peuples par la concurrence monétaire est nécessaire pour obliger les fournisseurs de monnaie à être performants, mais encore faudrait-il que la concurrence monétaire soit instaurée. C’est même plus exigeant que cela : la concurrence monétaire pousse à sortir de la logique d’émetteur de monnaie à celle de monnaie émergeant du marché par le choix spontané et combiné des foules d’acteurs du marché.

Les citoyens sont soumis à la contrainte du paiement des impôts et taxes à l’institution monopoliste qu’est l’état. Les hommes de l’état, pour justifier tous ces prélèvements, prétendent que leur travail est effectué dans un soi-disant intérêt général. Mais eux, agissent-ils de manière désintéressée ?

En effet, constatez que la finalité des hommes d’état n’est pas votre bonheur (avez-vous besoin de l’état pour vivre ?) mais bien de vous faire payer. Même si vous êtes un travailleur honnête, refuser de vous faire piller vous fera taxer de fraudeur fiscal ! Le terme « imposer » est un signe de violence. Quiconque affirme agir dans l’intérêt général prétend détenir un monopole qui ne pourra s’exprimer que dans la violence, l’histoire sécrète de nombreux exemples qui finissent dans un bain de sang.

Le monopole monétaire a un but plus sordide encore : notre appauvrissement planifié. L’état n’a en aucun cas intérêt à ce que ses citoyens s’enrichissent tous de trop. La pleine prospérité de la masse donnerait à chacun de nous, ou du moins à une forte minorité motivée, les moyens de s’opposer, voire de se révolter et de pousser à l’indépendance. Pour assurer ses revenus, l’état doit assurer notre dépendance, qui passe pour beaucoup par une relative pauvreté. C’est là qu’intervient l’autre face de la monnaie et de l’inflation, qui en plus d’enrichir l’état nous interdisent la libre prospérité.

La raison humaine ne peut admettre durablement le monopole sous quelque forme que ce soit. A contrario, la concurrence assumée permet le libre choix de contracter ou nom avec celui qui fournit un produit ou un service : la monnaie, outil social essentiel, est elle aussi du domaine du libre choix.

(*) Cet article fut écrit à un moment où le BitCoin était connu mais restait largement hypothétique et les valeurs qu’il atteint à ce jour (11 000 € ou plus) n’avaient rien de vraisemblables. Pour autant, le statut de monnaie réelle, courante et universelle est encore loin d’être atteint pour ce type de technologies en plein essor et qui fait bien du bruit, mais qui n’est pas encore arrivé dans les poches.

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