Tuesday, December 26, 2017

A quand l’absolution économique ?

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

Selon la religion, ceux qui ne pêchent pas vont au paradis. C’est la récompense. L’enfer, la punition, attend les pêcheurs ou mécréants. Paradoxalement dans notre système laïc, récompense et punition en matière fiscale sont inversées. Le paradis fiscal devient le lieu à bannir, à ne pas approcher car le mal absolu. Mais si le paradis est ailleurs, l’enfer est donc ici. Ou serions-nous en rémission ? Notez que c’est la fiscalité, donc l’argent, qui sert d’étalon moral à la pensée étatiste et de gauche : l’argent devient le fruit défendu, que seule la bénédiction de l’Etat (via l’abbé percepteur) rendrait pur.

Gagner au jackpot 132 millions en misant 2 euros ne choque ainsi personne, alors qu’aucune richesse n’est créée – le jackpot est issu du jeu de l’impôt. Mais un entrepreneur gagnant 132 millions d’euros en ayant créé de la richesse et des emplois en quelques mois ou années commettrait un sacrilège.

La providence sur notre sol, c’est l’Etat. Tout comme le Dieu de la religion, il est l’être parfait, veillant sur ses brebis au cas où l’une d’elles viendrait à s’égarer. La liturgie bienveillante dite « système social » nous vient de la « cène » du conseil national de la résistance qui l’imposa au peuple français au sortir de la guerre de 1945. Or ce conseil sacré, composé d’étatistes, n’a jamais eu le moindre mandat du peuple, qui s’est retrouvé ainsi assujetti à cet évangile sans débat ni référendum.

L’église catholique, le socialisme et le communisme ont en commun leur aversion pour l’économie. Gardons à l’esprit que les pauvres forment le gros du marché de ces idéologies. Matérialistes abhorrant l’économie, tous prétendent s’en occuper au mieux en culpabilisant ceux qui, par leur travail, s’avèrent autonomes. Si les pauvres venaient à disparaître, leur légitimité et celle de leur clergé suivrait : qui deviendrait bouc-émissaire si pain et vin devenaient soudain accessibles à tous ?

La tradition chrétienne n’érige pas l’idéologie comme outil politique coercitif envers l’homme. Certes elle dicte des préceptes de vie aux fidèles, mais à l’inverse d’autres religions, elle n’intervient pas dans la gestion politique sociétale. Du moins pas directement, pas activement. Elle se contente d’espérer des dons des fidèles qui restent libres de disposer de leurs revenus, fruit de leur labeur.

Par contre, l’état-providence, déiste comme athéiste, nie les droits de l’homme : le système politique se veut supérieur à la souveraineté individuelle. Pour arriver à ses fins, il utilise la coercition, la violence, dont il pose et impose la légalité. Ce faisant, il spolie, voire pille le peuple. Car le débat sur le calcul économique a été scellé il y a près d’un siècle par Ludwig von Mises : une économie de type socialiste (étatiste) ne peut pas prospérer à plein. La situation actuelle des sociales-démocraties européennes devrait conduire à la résurrection. Surtout en France, là où la science économique et les droits de l’homme et du citoyen ont grandi. Mais on s’évertue encore à y croire en l’impossible.

Un grand paradoxe de ce pays est d’avoir eu de brillants économistes issus des Lumières, tels Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat, et de pourtant rejeter la philosophie libérale avec tant d’ignorance et de mépris. Ils sont reconnus dans le monde entier mais sont totalement inconnus de nos étudiants en science économique, gavés à la messe du keynésianisme et béatifiés par l’acquis social.

La France va devoir comprendre très vite que le socialisme et le communisme sont une pure religion. On ne saurait l’imposer à tous. La raison nécessite que chacun soit responsable de sa vie. Ce qui n’empêche absolument pas la générosité. Il faudra passer par la phase purgatoire d’une « fiscalité » allégée pour revenir à la raison, remettre la société dans le bon sens et oublier cette putride expérience collectiviste. Et enfin, par une eucharistie économique, trouver le paradis pour tous.

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