Thursday, March 31, 2016

« Pour une République Sociale » ???

La vie à Paris est fascinante, surtout en temps de grèves, c’est-à-dire souvent. Ainsi, on croise dans le RER des « jeunes » pourtant officiellement adultes qui arborent fièrement quelques pancartes de carton improvisées tels des trophées, sur lesquelles on peut lire : « Pour une république sociale ! »

Ma première réaction fut de leur demander ce que pouvait vouloir dire une république « asociale » ou « non-sociale », vu que la république décrit une société et que toute société est… sociale. Je vous passe les noms d’oiseaux comme j’ai passé mon chemin. Donnez l’impression que vous critiquez la demande du peuple pour du « social » et vous voilà banni hors du champ de la liberté d’expression.

Une république sociale, une « chose publique » sociale, ce doit être je suppose une société où la seule préoccupation consiste à aider son prochain ? A moins que ce soit le contraire ? Mais pour aider son prochain, de quoi part-on ? De ce qu’on a gagné, ou de ce que la république nous donne ?

Bref, j’arrête là la caricature. En réalité, je me suis peu après rendu compte que ce qui me gênait le plus dans ce slogan, ce n’était pas tant le « social » que le « pour » (même s’il change de « contre »).

Car en effet, être « pour » ceci ou « pour » cela et le revendiquer, ce n’est rien d’autre qu’exiger, du moins attendre d’autrui quelque action qui ne serait pas naturellement adoptée. Dit autrement, être pour la « république sociale », quoi que cela puisse être, c’est attendre des autres qu’ils l’adoptent, qu’ils en conviennent, voire qu’ils s’y conforment, quand la chose ne leur serait sinon pas spontanée.

Ce n’est donc ni plus ni moins que chercher à imposer un choix de fonctionnement social à autrui, ou dit autrement, attendre de ce cher état qu’il impose à autrui des choix essentiellement impopulaires.

Il y a donc chez ces jeunes une triple incompréhension du fonctionnement social – à ce point, en 2016, c’est affligeant : a) on ne se met pas en position d’imposer ses vues à autrui, on explique, on négocie ; b) une république est toujours sociale, pourvu que chacun commence par y prendre sa place en respectant celle des autres ; et c) si la société actuelle ne leur prépare pas l’avenir le plus radieux, la solutions n’est pas au bout d’une pancarte mais plutôt sur la page d’un curriculum vitae.

En fait oui, je suis pour une république sociale moi aussi. Sociale au point qu’il ne servirait à rien de défiler dans la rue. Car de toute façon, il n’y aurait personne pour se pencher sur tous nos caprices.

Tuesday, March 29, 2016

WEF: What ‘E Fuck?

Le WEF est le World Economic Forum, le Forum Economique Mondial en Français, le fameux « machin » qui réunit tant de pontes chaque année à Davos pour réfléchir sans nous à notre futur.

Parmi les divers documents que le WEF publie annuellement, on compte le « Global Risks Report », qui pour 2016 en est à sa 11ème édition. Ce rapport prétend exposer les grands risques menaçant notre monde, telle la crise de l’eau, ainsi que leur évolution par rapport aux années passées. La synthèse est présentée sous la forme d’un graphique – ci-contre – où les différents risques figurent selon leur gravité potentielle et leur vraisemblance dans les circonstances actuelles.

Ainsi cette année, les deux risques les plus forts pesant sur nos têtes sont selon le WEF : Failure of climate-change mitigation and adaptation (Echec de la réduction du changement climatique et de notre adaptation) et Large-scale involuntary migration (Migration de masse non souhaitée).

Ce qui est intéressant à la lecture de la liste de 29 risques figurant sur le graphique et détaillés par le rapport, c’est en premier leur éloignement de risques majeurs tels qu’on les imagine vraiment : très peu sont des risques très concrets tels que la famine ou quelque épidémie mondiale. Ensuite, et je commencerai par cette analyse, pour la plupart on peut affirmer qu’ils sont le reflet de l’étatisme mondial et dont le WEF est lui-même un promoteur. Libéral le WEF ? Laissez-moi rigoler.

Mais voyons cette liste de « risques » et pour les premiers, demandons-nous ce qu’ils cachent :

Asset bubble in a major economy: Bulle financière dans une grande économie : La théorie de l’école autrichienne d’économie (EAE) nous apprend qu’il ne peut y avoir de bulle sans interférence étatique dans la monnaie et intervention dans l’économie en général. C’est donc un risque de source étatique.

Deflation in a major economy: Déflation dans une économie majeure : L’EAE nous explique que la déflation est un phénomène naturel qui est l’expression de notre enrichissement par capitalisation et par progrès technologique. Autrement dit, ce n’est pas du tout un risque, mais un objectif mondial.

Failure of a major financial mechanism or institution: Faillite d’un mécanisme ou d’une institution financière : Le WEF craint bien sûr le risque financier systémique suite à une faillite bancaire par exemple ; on pense à une réplique de la crise de 2008. Mais ne porter l’attention que sur une seule faillite, c’est en faire un sujet minuscule. Le monde devrait pouvoir ne pas se soucier de la moindre faillite, fût-elle bancaire. A nouveau, c’est l’étatisme financier mondial qui a créé ce faux risque.

Failure/shortfall of critical infrastructure: Faillite ou manque d’infrastructure critique : Noter qu’on ne sait pas vraiment ici ce qu’on entend par infrastructure critique – c’est cependant détaillé dans le rapport. Globalement, l’analyse est la même que pour le précédent : une faillite, tout comme le manque de services, est un phénomène naturel et intemporel ; cela fait des siècles que le monde vit avec de tels risques et a appris à les gérer grâce au libre marché. Imaginer qu’on puisse en arriver à un point où une seule faillite ou le défaut d’une seule infrastructure pourrait mettre le monde à risque en dit long sur la fragilité du système et sur la vision qu’a le WEF des risques de notre monde.

Fiscal crises in key economies: Crises fiscales au sein d’économies importantes : Ici, c’est le concept même de crise fiscale qui est amusant. En gros, on considère qu’il est tout à fait crédible que beaucoup dans ce gens refusent de payer leurs impôts, ou plus d’impôts, alors que le vrai risque pour le monde en la matière tient au contraire à l’existence même de la pression fiscale étatique.

High structural unemployment or underemployment: Fort chômage ou sous-emploi structurels : Ici encore, l’EAE nous enseigne que le chômage n’est jamais un phénomène naturel, mais au contraire toujours le produit de politiques protectionnistes en faveur des salariés en place : SMIC, droit du travail hyper-protecteur rendant le licenciement impraticable, statut de fonctionnaire et assimilés.

Illicit trade (e.g. illicit financial flow, tax evasion, human trafficking, organized crime, etc.): Commerce illicite ou frauduleux (évasion fiscal, crime organisé, trafic humain, flux financiers, etc.) : Un des plus comiques que ce concept d’échange illicite ou frauduleux. Voilà par définition une construction sans réalité dans une société libre où le libre échange est à la base de la société. Retenir ainsi l’évasion fiscale comme une source de risque montre à quel point ces chers (très chers) experts du WEF ont perdu le sens commun, ceux-là mêmes qui très probablement vivent dans quelque paradis fiscal.

Severe energy price shock (increase or decrease): Choc sévère sur les prix de l’énergie (hausse ou baisse) : Vous avez bien lu, une baisse des prix de l’énergie pourrait bien être un risque majeur. Autrement dit, il est dangereux que plus de monde puisse un jour payer moins cher son énergie.

Unmanageable inflation: Inflation incontrôlée : Exemple classique pour finir, l’EAE nous apprend tout d’abord que l’inflation ne peut exister que comme conséquence de la manipulation monétaire par les états ou leurs banques centrales ; ce risque est donc 100% étatique. De plus, imaginer une inflation incontrôlée, c’est avouer l’inflation contrôlée donc volontaire, c’est donc avouer qu’on pense sain de faire en sorte que les bas de laine du monde entier perdent un peu de leur valeur chaque jour.

Mais arrêtons-nous là. On aura compris. Ces risques n’en sont pas. Ils ne sont que l’expression de la vue complètement biaisée qu’ont de la vie et de la société les « grands » de ce drôle de monde.

Il est assez extraordinaire de constater qu’à part les crises de l’eau – et encore, il s’agit là d’un risque aux dimensions très politiques – le WEF ne s’intéresse à aucun des grands risque intemporels de l’humanité : famine, maladies et épidémies, guerres ou encore misère généralisée. Et pour un libéral, les autres grands phénomènes, les grandes causes des dysfonctionnements politiques et sociaux qui sont en réalité les véritables enjeux à la base de la plupart de ces risques imaginés de toutes pièces.

On se prend ainsi à rêver d’un WEF qui publierai un Global Risk Report 2017 centré autour de risques comme la généralisation de la démocratie, l’impérialisme américain, le développement de l’emprise des religions, la régression du respect et de la protection du droit de propriété individuelle, le manque d’indépendance et de neutralité croissants d’Internet, le recul du libre marché, un peu partout l’accroissement des textes de loi, l’endettement exponentiel des pays, le dévelopement de la propritété intellectuelle et ses brevets, ou encore le recul du droit naturel au profit du droit positif.


Monday, March 28, 2016

L’or n’est que ce qu’on décide d’en faire

Dans un article de Contrepoints paru il y a quelques semaines, Jim Rickards nous présente l’or ainsi :
« L’or est un caméléon. Il change en fonction de son environnement, et en ce moment, l’or opère un changement important. Parfois, l’or se comporte comme une matière première. Son cours suit alors les hauts et les bas des indices des matières premières. D’autres fois, l’or est considéré comme une valeur refuge. Il concurrence alors les actions et obligations, et attire les investisseurs inquiets. Enfin, parfois, l’or retrouve son rôle monétaire, devise la plus stable à long terme que le monde ait jamais connue. »

Il me semble que cette manière de voir l’or, de le présenter, comme possédant une personnalité insondable, traduit une erreur de raisonnement ou du moins incite les lecteurs à un mode d’analyse tout à fait inapproprié en la matière. C’est fâcheux dans ce monde où l’économie est si mal connue.

Car évidemment, l’or n’est pas une personne, il n’est pas un caméléon, il ne décide de rien de son rôle économique. Ce sont les hommes, les individus habitant cette planète qui en décident. Et si l’or fait preuve de tant de facettes, si son rôle semble fluctuer comme le caméléon, c’est simplement que les millions d’acteurs économiques, dans leurs actions changeantes, sont les véritables caméléons.

Mais reprenons les facettes énumérées par Rickards : matière première, valeur refuge, monnaie. Dans cet ordre, le paradoxe de l’or peut sembler réel. Mais inversons : monnaie, valeur refuge et matière première, et l’explication du paradoxe, très simple, redevient à portée de main.

Qu’est-ce qu’une monnaie ? Un médium d’échange qui maximise la conservation de valeur. J’aime bien dire qu’une monnaie est de la richesse future, parce que la richesse réelle et concrète viendra lors des échanges futurs permis par la monnaie disponible et ainsi échangée. Je ne suis pas riche de mes millions, mais de ce que mes millions me permettront d’obtenir. La notion de monnaie suppose donc la notion de conservation de valeur, il n’y a pas de paradoxe parce qu’aucune différence.

Puis parler d’une valeur refuge, c’est parler d’objets à la valeur reconnue, souvent grande, dont on croit au potentiel de revente à très bon prix. Il ne s’agit pas de refuges à perpétuité, il s’agit bien de vendre pour in fine récupérer la valeur mise à l’abri. De la richesse future donc. Donc de la monnaie.

Mais une matière première n’est pas forcément une monnaie, m’objectera-t-on. En effet, son objectif premier est de nourrir les marchés industriels qui la consomment. Mais les compagnies minières ne sont pas stupides, elles font attention aux cours des matières pour tenter de les vendre à leur niveau de prix le plus haut. Pour cela, très souvent elles stockent, de l’or ou du cuivre ou autres.

Mais conserver un bien échangeable pour en tirer meilleure richesse demain, n’est-ce pas le rôle de la monnaie ? On comprend alors que tout est monnaie, l’or bien sûr et les matières premières aussi. La seule chose qui distingue LA monnaie des autres produits, c’est le choix du marché. LA monnaie est reconnue telle par le marché et par lui seul. Sans aucune distinction caméléonesque que ce soit.

Tollé rance

Dans un billet récent paru sur le Cercle, Janine Piguet nous propose une devise alléchante, du moins apaisante : « Que tout le monde soit occupé à réaliser son rêve et plus tolérants avec celui des autres ». Cela semble très proche de la devise libérale, « Vivre et laissez vivre », et en même temps très à la mode avec cet appel à la tolérance qui fait bien dans les salons bien-pensants un peu bobos.

Si cette devise est belle, bien sûr, parce qu’elle promeut le rêve de chacun, qu’elle respire un esprit de liberté, et qu’elle embellie l’initiative et la paix, elle se trompe sur la tolérance, posée en exigence.

C’est hélas très classique, la tolérance est une grande source de malentendus, d’ambigüités au sein des libéraux. Le raisonnement de beaucoup tient à peu près à considérer que l’exigence libérale du respect du droit d’autrui, condition du respect par autrui du droit de chacun, implique la tolérance envers la diversité d’autrui. Pour être libre d’être qui je suis, je me dois de reconnaître l’autre pour ce qu’il est, dans son infinie diversité. C’est l’idée de base, je crois, en vogue chez les libéraux de gauche.

Mais c’est une erreur de raisonnement, ou une erreur de compréhension de ce qui fonde la liberté et donc le libéralisme. Relisons le paragraphe précédent : on parle du respect, certes, mais pas du respect de l’individu dans sa globalité et sa diversité ; on parle du respect de son droit, et de celui d’autrui, par symétrie. La liberté ne repose pas sur le respect d’autrui, mais sur le respect du droit.

C’est assez logique quand on y pense : on ne peut imposer de respecter l’autre quoi qu’il advienne. Par contre, exiger au sein d’une société humaine de respecter le droit est une chose bien plus simple et en réalité bien plus puissante – puisqu’elle suffit à organiser l’ensemble de la vie en société.

Respect le droit d’autrui, c’est respecter sa propriété pleine et entière. De son corps, de ses biens, de sa maison, notamment. Un libéral accepte donc que l’autre ait le droit de faire ce qu’il veut chez lui, qu’il ait le droit d’être comme il l’entend chez lui. On peut qualifier cela d’une forme de tolérance.

Mais là s’arrête ladite tolérance obligatoire, ou même naturelle. Car ma liberté consiste aussi à avoir le droit de ne pas tolérer autrui chez moi. Ma liberté consiste aussi à discriminer en fonction de mes critères propres, tant que je reconnais à ceux que je ne veux fréquenter ce même droit envers moi.

La tolérance libérale se limite donc à reconnaître autrui, elle n’impose pas de tolérer sa personnalité.

Wednesday, March 23, 2016

Que peut la loi face au phénomène cyber ?

En France, l’explosion mondiale des cas de cyber-attaques dans tous les secteurs a poussé l’état à un fort renforcement des textes visant à réduire un risque concernant désormais tous les acteurs, privés comme publics. A titre d’exemple, la récente Loi de Programmation Militaire (LPM) établit un cadre d’exigences pour les « Organismes d’Importance Vitale », grandes institutions et entreprises du pays.

Ce type d’initiative suppose l’efficacité de la loi face à ce risque. Mais que peut-on en dire en réalité ?

Le "risque" cyber suppose l’action de cybercriminels, pouvant être de types très divers. Comme pour une banque, la loi et ses sanctions dissuadent le petit délinquant, fréquent mais sans grand danger. Logique militaire, si elle impose le secret, elle réduit le risque d’action du malveillant mal informé. Mais elle ne peut empêcher les attaques par des groupes organisés, compétents et disposant de moyens. Or ce sont eux qui sont qui font le véritable risque de cybersécurité justifiant la loi.

En réponse à l’action, une loi comme la LPM peut imposer la mise en place de bonnes pratiques de sécurisation. Avantage, ces mesures éloigneront tout malveillant dont la capacité d’intrusion est inférieure à ce mur de protection. L’analogie doit d’ailleurs être faite avec la menace d’inondation, où les textes poussent leurs exigences de protection à un niveau supposé au-delà du risque évalué.

Mais la tempête Xynthia a démontré que l’acteur public en conformité avec ces textes n’a pas la garantie d’un risque pleinement couvert lors d’une menace d’ampleur exceptionnelle. Il s’agit de cas rendus très rares par les textes, mais dont les conséquences sont d’autant multipliées.

Les groupes organisés de pirates évoqués plus haut, s’ils se focalisent sur les systèmes « vitaux », peuvent-ils passer par-dessus les murs de la loi ? Rien ne permet de l’exclure, s’ils ont le temps ou les moyens, ce qui est le cas des groupes plus ou moins proches d’états ou entités peu fréquentables.

Pour rester efficace, la loi doit donc progresser au moins aussi vite que ce risque. Ce faisant, elle réduirait toujours plus loin la possibilité d’attaque des systèmes vitaux, tout en amplifiant le bilan en cas de piratage réussi. On conçoit aisément le défi ainsi posé à la machine législative dans la durée.

Ainsi, pour la grande majorité des acteurs publics, sans jamais constituer une garantie, la loi éloigne la réalité du "cyber-risque". Mais pour ceux qui lui servent de motif, elle n’est guère qu’une étape.

Qu’ont trop l’heur valaient rien

Presque comme chaque année, chaque printemps, les contrôleurs aériens de notre beau pays se sont mis en grève et prennent une part substantielle de l’économie en otage. Le jour où Google ou Uber s’intéresseront au trafic aérien, je ne pleurerai pas ces privilégiés qui connaissent l’heur de conditions de travail plus qu’avantageuses et qui ont bien trop par rapport à leur moralité et au service rendu.

Alors que je devais prendre un vol lundi matin, et que je m’étais organisé en conséquence, mon vol a été reporté 5 fois de suite, jusqu’à finalement partir mardi matin. Autant dire que j’ai perdu ma journée, pris le risque de perdre un client et agacé plusieurs personnes importantes pour moi.

J’entends déjà les gauchistes qui lèvent les boucliers : vous touchez au droit de grève, sacré ! Oui et non. Non, je peux imaginer qu’on choisisse de cesser le travail pour mettre de la pression sur son employeur. Mais personnellement, j’ai toujours du mal à comprendre cette logique, car pour ma part et comme je pense l’immense majorité des salariés, je négocie avec mon employeur au lieu d’entrer dans un rapport conflictuel. Ainsi, cesser le travail, décision personnelle, doit se faire dans le respect du droit, c’est-à-dire sans nuire à autrui et ici sans nuire aux voyageurs, qui n’y sont pour rien.

Donc oui, je considère que le droit de grève n’est pas un droit, parce qu’imposer sa volonté à autrui ne peut pas être un droit. Il faut quand même oser le dire, nous avons affaire ici à des fonctionnaires, donc privilégiés (ah oui, un autre tabou que les libéraux n’osent pas aborder), touchant de véritables petites fortunes résultant de la multitude de grèves infligées par le passé, fortunes qui sont financées par nos impôts, donc par la force, qui n’hésitent pas à prendre des milliers de citoyens en otage et à perturber l’économie à une échelle où leurs petits soucis sont dérisoires. Et pire : on les laisse faire.

Alors que l’actualité est dramatique et met au jour le grand malaise social du pays, leur grève minable est totalement anachronique, je ne suis pas sûr qu’ils se rendent compte à quel point. Bientôt, l’agacement montera, n’en doutons pas. Bientôt, la moindre grève de fonctionnaire sera mise en rapport avec le besoin de solidarité contre l’oppression politique que la peur suscite. On pourra alors remettre en question le statut fonctionnaire et les grèves abusives dont seul ce pays est à ce point caractéristique auront fini leur tyrannie. Car la liberté passe par l’égalité devant le droit.

Tuesday, March 22, 2016

Courage et Liberté

Je visionnais ce matin par hasard un « TED Talk » où une saoudienne courageuse relatais son combat pour que la liberté de conduire soit enfin accordée aux femmes en son pays. De la liberté concrète, un courage très fort, nés de la fierté de savoir qu’elle se bat pour une juste cause. Le lien est ici :

Et me voilà à penser au courage et in fine à l’efficacité du combat de cette femme pour la liberté en comparaison avec le (manque de) courage dont font preuve tant des libéraux présumés en ce pays. Seule, sans parti pour lui servir de bouclier, elle affronte l’oppression de la société, comme elle dit.

Les libéraux quant à eux, même à l’abri de l’honorabilité qu’offre un parti, n’osent pas aborder des thèmes qui pourraient choquer la société, interpeler les masses, remettre en cause les principes.

Par exemple, il est tabou de contester la démocratie. J’ai un mail dans mes archives où un président de parti se voulant pro-liberté écrit de manière très claire qu’il ne peut être question de remettre en cause la démocratie, qu’il faut « accept[er] de [se] soumettre à son juste jugement ». Pourtant, la démocratie (politique) est par nature et par structure la tyrannie de la majorité envers la minorité ; elle ne peut donc en aucun cas être à la base d’une société respectant le droit d’hommes libres. Il faut donc avoir le courage de le dire, de l’expliquer, d’affronter paisiblement la société qui se trompe.

Autre tabou, on ne saurait contester le concept d’élection, de vote ou de candidature. Pourtant, voter c’est donner un blanc-seing à un tiers pour que celui-ci impose ses idées ou des taxes à d’autres en notre nom. Il m’est incompréhensible qu’un libéral authentique ne se rende pas compte de la violation des règles de base du droit que ce mode d’expression implique sans aucun doute possible.

Bien sûr, l’immense majorité de nos concitoyens sont convaincus, à tort, que démocratie et élection sont les bases de la liberté. Et ce faisant, ils font sans s’en rendre compte, une société d’oppression, qui finalement n’a rien à envier à celle de notre héroïne saoudienne. La seule réponse possible est connue, elle passe par le courage d’affronter l’oppression et d’expliquer à nos proches en quoi cette oppression est partout parmi nous. Ce courage et cette explication, cela devrait être le rôle des partis libéraux et de tous les libéraux en général. La liberté se gagne par opposition franche à l’oppression.

Une femme seule a su le faire, a su oser dans un monde bien plus hostile. Pourquoi pas nous, ici ?

Sunday, March 20, 2016

Je veux pouvoir cliquer

Cela vous est sans doute déjà arrivé de recevoir un email un peu bizarre mais pourtant semblant venir d’une entreprise ou d’une administration tout à fait officielle, voire bien connue, disant vous avertir d’une erreur ou d’un cadeau, ou autre alerte, et vous demandant soit de cliquer sur un lien Internet joint, soit d’ouvrir une pièce attachée – pour découvrir que l’un comme l’autre cache un virus qui s’installe sur votre poste de travail, ou pire, permet à un pirate de se faire passer pour vous.

Ce type de malveillance, une forme de leurre destiné à piéger les employés pour en tirer les moyens de pénétrer en toute impunité et discrétion, entre dans la famille dite du « social engineering » qui regroupe les multiples façons de tromper la vigilance d’un employé d’entreprise envers la sécurité. Et comme l’utilisateur légitime qui clique sur le lien, ou ouvre la pièce jointe, décide de cette action, le système informatique n’a – soi-disant – aucun moyen de refuser cette autorisation implicite d’accès que l’employé accorde ainsi au pirate. Le pirate devient dès lors un utilisateur légitime. Imparable.

Il s’agit probablement d’un des fléaux de l’informatique moderne, tant il est fréquent que les pirates de tous poils arrivent à leurs fins de cette manière. Au point où il est désormais de bon ton parmi les professionnels de crier au besoin urgent de sensibiliser les utilisateurs afin de les inciter à vérifier cent fois la vraisemblance de tels emails avant de cliquer ou ouvrir les pièces jointes. Autrement dit, on met sans vraiment le dire la faute sur l’utilisateur qui n’y est pourtant pour rien, faute de mieux.

Il y a pourtant un autre message à porter, un message qui pointe du doigt les véritables fautifs et qui  permettrait donc de régler ce problème une fois pour toutes. Revenons sur les responsabilités en jeu. Pourquoi l’utilisateur clique-t-il ? Parce qu’il n’imagine pas que suivre un lien Internet puisse être suffisant pour qu’un virus s’installe. De même, il ouvre les pièces jointes parce qu’il n’imagine pas qu’elles puissent contenir un code malveillant que sa machine laisse s’exécuter sans plus de contrôle.

Et c’est bien sûr l’utilisateur qui a raison. Le problème n’est pas à son niveau, il est dans le manque de contrôle dont les systèmes tel Windows font preuve. Ou plus exactement, le problème vient de systèmes d’exploitation trop permissifs par défaut, que personne ne prend la peine de sécuriser.

Il faut le dire. Il n’est pas normal qu’un fichier pdf puisse contenir du code malveillant : responsabilité Adobe. Idem s’agissant d’un doc (traitement de texte) : Microsoft. Et surtout, pourquoi le système suppose-t-il qu’ouvrir un document revient à donner à ce code l’autorisation à s’exécuter sans plus de limitation sur la machine de l’utilisateur ? Celui-ci ne doit pas être vu comme un administrateur.

Ce qui me gêne vraiment, c’est que ce bon sens ne trouve pas plus d’écho dans la profession. A croire que les grands éditeurs logiciels influent sur les experts pour que leur attention soit portée ailleurs.

Saturday, March 19, 2016

L’incompréhension sociale de ceux qui nous protègent

Lors d’un exposé récent de sujets liés à la cybersécurité, à côté de moi, un représentant du ministère de l’intérieur inquiétait la salle par une succession de scénarios catastrophe que les « smart cities », les villes « intelligentes » parce que fourmillant de petits systèmes interconnectés un peu partout, du feu rouge jusqu’aux lampadaires, nous feront subir très bientôt. Et surtout, ce faisant, notre inquiet de parler de « risques », de villes, de téléphones, voire de lampadaires donc, mais jamais de citoyens.

Ainsi, il s’inquiétait, à juste titre soit dit, des possibilités de piratage des transformateurs électriques depuis un simple téléphone, constatant l’incapacité des méthodes d’analyse classiques à aborder la complexité des systèmes futurs où les équipements foisonnent, en échappant à un contrôle unique.

A aucun moment dans son analyse ne lui est-il venu à l’idée que les « risques » de (perte de) sécurité qu’il entrevoit ne sont pas des risques, mais des éventualités. Pour qu’il y ait risque, il faut qu’il y ait appréciation de l’importance de la conséquence de l’événement redouté, s’il se produit. Or cette appréciation ne peut se faire qu’à l’aune de ce que chacun considère comme important pour soi, et de plus en rapport avec l’opportunité, c’est-à-dire ce qu’on peut espérer gagner à prendre le risque.

Il me semble extrêmement significatif de l’éducation, de l’état d’esprit de tant de fonctionnaires et même consultants privés que de ne pas même pouvoir imaginer, voire réaliser, que l’appréciation d’un risque dans le domaine social ne peut pas être dissociée de l’individu concerné par ce risque.

Bien sûr, il devrait s’apercevoir en premier lieu que les analyses techniques vont pouvoir détecter et souvent résoudre des failles techniques, dites « vulnérabilités », par lesquelles les pirates pourraient s’infiltrer. Ces failles permettent, les unes après les autres, de toucher le système cible, sensible et de le pirater. Mais ce piratage n’est pas un risque en soi, seule sa conséquence sur les citoyens constitue un risque, risque dont la nature plus ou moins grave, gênante ou pénalisante varie selon chacun.

Le risque de systèmes complexes comme les « smart cities » ou autres systèmes plongés dans la réalité sociale n’est pas monolithique. Sa nature est celle de l’organisation décisionnelle dans ces systèmes, c’est-à-dire une organisation au niveau de l’individu. Une fois qu’on a compris cela, on comprends pourquoi ce technicien échoue dans son analyse et s’inquiète sans véritable raison.

Ce qui est grave pour notre société, c’est que comme tant d’autres, il soit incapable de s’en rendre compte par lui-même. Et que ces esprits ineptes prennent des décisions qui nous concernent tous.

Sunday, March 6, 2016

Les syndicats agricoles tombent dans la mafia ?

Les syndicats ne sont pas à leur place, spécialement la FNSEA. Le 3 mars, Xavier Beulin sur Radio Classique osait s’exprimer ainsi sur le dossier laitier : « On a aussi des discussions aujourd’hui avec nos partenaires de la filière, nos coopératives, nos industriels, les grands distributeurs, la restauration à domicile. Il faut aussi que tous ces acteurs comprennent qu’on [ne] peut pas spéculer comme ça à la baisse sur le prix des produits alimentaires et donc forcément sur le prix des produits agricoles. »

Soyons clair, tout d’abord. Ce monsieur a bien de droit de dire ce qu’il veut, en tant qu’individu. En tant que syndicaliste cependant, je prends ses dires comme l’expression de la doctrine qu’il croit pouvoir faire avancer comme légitime au nom des membres de son syndicat. Et à ce titre, Xavier Beulin mérite qu’on lui rappelle les bases de la vie en société et de l’économie, outre des claques.

Dans cet extrait, Beulin se prend non plus pour le représentant des agriculteurs, mais comme le grand médiateur économique entre producteurs et clients, le parfait mafieux qui souhaite maîtriser toute la filière, il le dit, pour que les lois économiques du marché ne viennent plus contrarier les plans de ses pauvres chéris à qui nous devrions notre survie alimentaire et donc notre servilité.

Il ose poser de façon très explicite que les produits alimentaires ne peuvent pas subir le marché, la « spéculation » – implicitement, on comprend que selon lui, ce serait la morale qui l’interdirait. Et de parrain il se poserait ainsi comme le sauveur du paysan et du consommateur réunis. Balivernes.

Autrement dit, il refuse la mise en concurrence des agriculteurs, il refuse leur concurrence envers les producteurs étrangers. A quel titre svp et en quoi cette exigence serait-elle morale ? Sous prétexte de nous nourrir, les agriculteurs pourraient-ils ainsi exiger les prix que bon leur semble, et nous imposer demain par exemple un litre de lait à 10 euros ? Voilà en effet une belle moralité. Ridicule.

Il ose, osons nous-mêmes en retour. Le problème des agriculteurs est précisément de refuser la réalité économique qui protège in fine le consommateur, toujours. Refuser la concurrence, c’est refuser d’entendre qu’ils doivent s’adapter, qu’ils doivent être plus performants, qu’ils doivent changer de métier, qu’ils doivent faire mieux et plus avec moins. Comme tout le monde, en fait.

La voilà la belle moralité de M.Beulin : il refuse que les agriculteurs soient des gens comme tous les autres. Tous ceux qui travaillent se lèvent en devant faire mieux, chaque jour. Mais pas Xavier Beulin.

Il est l’or, ma Señora…

Simone Wapler écrit assez souvent dans Le Cercle et il est vrai que ses positions sur l’économie sont bien plus rafraîchissantes que celles de bien des pseudos économistes contemporains. Mais à la lire, j’ai encore beaucoup de mal à la suivre et je doute finalement qu’elle soit vraiment alignée sur la théorie autrichienne, ce que son dernier papier sur « la fièvre de l’or » tend hélas à confirmer.

Que nous dit-elle ? « Lorsque les taux d’intérêt réels sont négatifs, les cours de l’or montent. Nous vivons en régime de monnaie fiduciaire. La monnaie EST dette. Le plus gros stock de monnaie est le dollar. » Cela est à la fois vrai et faux. Oui, la monnaie papier est de la même nature qu’une reconnaissance de dette, ce n’est plus une monnaie traditionnelle, comme l’or justement, qui avait une valeur propre. Par contre, le lien entre taux d’intérêt et or n’est pas si mécanique. Désormais, on achète ou pas de l’or pour tout un tas de raisons, par exemple pour l’industrie électronique.

Puis elle continue : « Pour pouvoir stocker de la valeur dans une monnaie fiduciaire, le taux d’intérêt sur la dette souveraine du pays doit être supérieur à l’inflation de ce pays. » Cela n’est pas tout à fait exact non plus. Pour comprendre, elle nous met sur la route juste après : « De la même façon, pour que votre épargne ne perde pas en pouvoir d’achat, il faut que le taux de votre livret, de votre assurance-vie, soit supérieur à celui de l’inflation. » Cette fois, s’agissant d’épargne, elle a raison, on ne peut gagner en valeur d’épargne que si le taux de rémunération est supérieur à l’inflation.

Mais cela n’est pas vrai pour la monnaie en général, comme elle le pose précédemment. Si j’ai un billet de 10 euros, que je le garde un mois dans ma poche, il perd en pouvoir d’achat du fait de l’inflation sur la durée, mais sans un quelconque espoir que cela soit compensé par un taux d’intérêt. La vision monétaire, ou du moins l’explication de cette dame est donc quelque peu imprécise.

Mais c’est le lien avec l’or qui me gêne le plus, comme dans la phrase qui suit : « A chaque fois que les taux d’intérêt réels en dollar sont négatifs, le thermomètre (l’or) enregistre une poussée de fièvre. » C’est peut-être ce qu’on constate, mais on ne peut pas en tirer pour autant de lien de cause à effet, ce qui serait pourtant ce qu’on attendrait d’un économiste digne de ce nom. Car, on l’a vu, il peut y avoir de nombreuses raisons à l’achat d’or qui sont décorrélées des soubresauts de la monnaie.

Il y a de nombreux débats sur la nature monétaire de l’or de nos jours et sur son éventuel retour comme monnaie. Bien sûr, ce serait la meilleure chose qui puisse arriver, et Simone Wapler a raison quand elle affirme que les banquiers centraux feront tout pour que cela n’arrive pas. Mais poser l’or comme un simple thermomètre n’est pas fidèle à la réalité et biaise l’interprétation des cours. L’or reviendra dans nos porte-monnaie le jour où assez de monde en aura décidé ainsi, tout simplement.

Thursday, March 3, 2016

Un profit n’arrive jamais seul

Un de mes collègues, pourtant cadre-sup dans une grande entreprise internationale de conseil, m’affirmait sa conviction qu’une entreprise moderne, telle la nôtre, a un rôle social qui va bien au-delà du seul profit, idée très à la mode dans les cercles influents. Et moi de lui affirmer avec le sourire que je suis convaincu qu’au contraire, une entreprise veillant à sa meilleure place sociale se doit de maximiser son profit et surtout rien d’autre ; à son grand étonnement, comme on peut l’imaginer.

A la décharge de mon collègue, il est très à la mode depuis le début du siècle de demander aux grandes entreprises de se mobiliser socialement sous diverses formes, culminant en une fumeuse autant que fameuse Corporate Social Responsibility, Responsabilité Sociale d’Entreprise faisant partie intégrante des rapports annuels qui d’ordinaire ne s’intéressent qu’aux chiffres et à la performance.

Mais la RSE pose deux problèmes économiques. Tout d’abord, comment savoir si elle effectivement socialement utile ? Et si elle est utile, quel doit être son montant au regard des profits engrangés ? Pourquoi l’entreprise ne convertit-elle pas l’intégralité de ses profits en RSE si celle-ci est en réalité plus proche de l’intérêt général ? On comprend que la question ne sembla pas simple. Pourtant…

Or il n’y a pas de réponse économique à l’utilité sociale de la RSE, ou plus clairement, le mécanisme social qui met l’utilité en évidence ne fonctionne pas pour la RSE. Mais quel est ce mécanisme ?

Le concept d’utilité suppose une action à laquelle se manifeste une réponse objective. Il y a trois façons élémentaires d’agir utilement, d’agir de manière à obtenir un indice d’utilité. En un : faire un don. En général, cela conduit à un ‘merci’. Sauf si on donne quelque chose qui est sans réelle valeur pour autrui. Ce qui est justement le problème de la RSE : on croit être utile, mais est-ce bien le cas ?

En deux : vendre quelque chose. Oui, vendre est un acte utile, à l'inverse à ce qu’on croit souvent. Car le plus souvent, vendre suppose acheter. Et acheter, qui est un acte libre, ne peut se concevoir que si l’acheteur à envie ou besoin de cet achat. Donc que la vente est effectivement utile. Et en trois, on trouve la signature d’un contrat, qui est la généralisation d’une vente et d’un achat.

Il faut bien voir qu’on ne peut pas juger de ce qui est utile pour autrui à sa place. Sauf à se prendre pour un dieu supérieur. Ce qui explique que l’utilité ne se décrète pas, elle s’exprime par un ‘merci’.

Mais tout vendeur vend pour gagner de l’argent, c’est-à-dire dégager un profit. Chose parfois mal comprise, l’acheteur aussi profite de l’échange car ce qu’il a acheté vaut plus pour lui que la somme accordée au vendeur – sinon, pourquoi acheter ? On voit donc que lorsqu’il y a utilité, il y a profit. Et qu’un profit n’arrive jamais seul, puisque le vendeur profite comme l’acheteur profite. Mais à l’inverse, le profit est-il la seule marque de l’utilité ? En effet, à part les dons appréciés, il l’est.

Revenons à l’entreprise. On comprend que les dépenses qu’elle consacre à la RSE, mais aussi au CE et à toutes les fantaisies sociales modernes, sont d’une utilité douteuse et viennent grever d’autant le profit. Or le profit par contre est le seul élément qui peut témoigner de son utilité. Il lui faut donc au contraire l’accroître pour être bénéfique. Une entreprise riche, qui s’enrichit et qui fait des profits sans gaspiller sa richesse à d’autres objectifs, est donc une entreprise qui remplit au mieux sa fonction sociale. Allez tenter d’expliquer cela à vos collègues socialisants qui détestent les profits…

Wednesday, March 2, 2016

L’inflation incomprise

Un certain Jim Rickards se présentant comme économiste a vu un de ses articles publié récemment sur Le Cercle, sous le titre : « Les Banques centrales prêtes à tout pour obtenir l’inflation ». On y trouve une vision de la monnaie, du système monétaire et de l’inflation qui montre combien même les professionnels de la finance comme ce monsieur maîtrisent peu les fondamentaux économiques.

Il commence par contester une définition bien connue des libéraux : « Beaucoup de gens pensent que pour obtenir de l’inflation il suffit d’imprimer de l’argent. C’est ce qu’a déclaré Milton Friedman. Ce n’est pas vrai. Imprimer de l’argent, en soi, ne provoque pas d’inflation. » Ce monsieur se trompe, bien sûr. Le mot inflation n’a pas été choisi par hasard, historiquement. Il vient d’un volume total de monnaie qui enfle lorsqu’on en crée en plus. Mais ce n’est pas tout. Si nous avons soudain plus de monnaie, du fait de cette inflation, alors la valeur relative de la monnaie baisse, comme le veut la loi de l’offre et de la demande. Ce qui explique à son tour la hausse des prix exprimés en cette monnaie.

Cette mise au point quant à ce qu’est réellement l’inflation permet d’apporter d’autres éclairages. Le premier (*), c’est que l’inflation n’est que rarement naturelle – elle ne l’est jamais avec les monnaies papier modernes. De plus, puisque la concurrence fait continuellement son œuvre et tire les prix vers le bas, on comprend facilement que la norme est dans la déflation – les prix baissent, la valeur de la monnaie monte. Ce qui veut dire qu’à salaire constant, notre pouvoir d’achat monte, monte, monte.

On comprend donc que si notre pouvoir d’achat baisse, comme c’est le cas en ce moment, ce n’est pas la faute à la crise ni au capitalisme, mais bien à l’état tricheur qui enfle sans cesse le nombre des euros, ce qui ne cesse de faire grimper les prix et d’appauvrir les pauvres. L’état n’aime pas les gens.

Pourtant notre amuseur nous affirme que : « Les forces déflationnistes étant encore fortes, … » comme si la déflation était donc un fléau ; et finit de s’enfoncer ainsi : « … l’objectif de la Fed, qui est de produire de l’inflation, prend un caractère encore plus urgent. » Ben voyons. Il est urgent de faire baisser la valeur de l’argent, donc celle des bas de laine et du pouvoir d’achat de tout le monde.

Et pour finir en apothéose, il nous explique le monde : « Quant aux élites mondiales… Elles ont besoin d’inflation car c’est la seule façon de régler le problème des dettes souveraines. » Le pire, c’est qu’il dit la vérité cette fois. Enfin, presque. Il serait plus honnête de dire que c’est l’inflation qui a permis d’imaginer la dette comme une norme. Et que le mieux serait de ne jamais endetter son peuple.

(*) Lire ceci pour s’en convaincre : http://blog.turgot.org/index.php?post/Guido-D%C3%A9flation

Le plan chômage de Macron

Un certain Olivier Myard, lui-même fonctionnaire, nous offre une réaction au plan Macron, qu’il qualifie de « 90% de plagiat et 10% d’audace… », plagiat donc du « plan Barre de 1977 ».

On sait à quel point je hais tout ce qui se rapporte à l’état, mais je crois qu’une telle analyse de cet événement politique reste un peu déséquilibrée. Il me semble qu’il faut prendre acte de l’audace, ou du moins du courage politique qui porte E.Macron et qui d’ailleurs se mesure au nombre et à la véhémence des réactions des socialistes bon teint, telle la tribune désuète de Tartine au Brie.

Il ne s’agit pas tant de féliciter le ministre que de s’en servir comme démonstration que le courage politique est non seulement possible, mais même souhaitable, et que c’est pour les libéraux de ce pays la seule option, la seule attitude possible. Il faut attaquer la gauche frontalement, l’attaquer directement sur ses fausses valeurs, affirmer son injustice inhérente, car c’est là son Talon d’Achille.

Mais par contre, aller sur le terrain d’une comparaison plus ou moins osée avec le plan de 1977 ou même tout autre plan, à quoi bon s’il vous plaît ? Faire tout un article là-dessus, c’est se tromper de message et nettoyer le sable quand un énorme rocher bouche le passage des neurones.

Revenons aux basiques. Il n’y a qu’une cible possible pour un véritable plan contre le chômage : le droit du travail dans son ensemble. Toute mesure ou politique d’éclat qui tenterait juste de l’éroder, comme dans le cas qui nous intéresse, sans pour autant ne pas mettre son courage au profit de la complète disparition du Code ne peut être qualifiée que de péripétie politicienne, de doux spectacle.

Ce coup d’éclat supposé du ministre, voire du gouvernement, constitue donc pour les libéraux une occasion unique de rebondir et porter l’estocade un coup plus loin. Plutôt que moquer un plagiat quelconque et sans grand intérêt pratique, il serait plus efficace sans doute que rappeler à la gauche que ses 35 heures, ses avantages sociaux, son CDD et son CDI, son SMIC, parmi tant d’autres, sont autant de causes profondes d’un chômage qu’elle prétend pourtant maîtriser, sans succès.

C’est l’occasion unique de faire coup double en ridiculisant les socialistes dépassés en même temps que ces socialistes qui veulent faire croire à leur modernité. C’est l’occasion de surfer sur la vague de la sincérité politique et de dire aux gens ce qu’ils ressentent tous confusément : que la réponse est dans une société où l’état se retire de toutes les relations sociales, à commencer par celles du travail.

Tuesday, March 1, 2016

L’état n’aime pas les gens

On nous dit que le capitalisme n’aime pas les pauvres et n’aime que les riches, alors que l’état, sauveur, reste la seule entité qui vient effectivement au secours "des gens". L’état aimerait les gens.

Il n’en est rien, bien sûr. L’état n’aime pas les pauvres : il rigidifie le marché du travail, avec le SMIC et le Code du travail et rend plus difficile l’accès à un travail même très simple ; il rend les pauvres dépendants aux aides tel le RSA et ôte peu à peu toute incitation à se dépasser et à se mobiliser. Le libéralisme aime les pauvres : sans contrainte aucune à part celle de devoir convaincre un employeur de sa capacité et motivation, le pauvre peut accéder à un travail élémentaire qui lui permet d’espérer gravir un à un les échelons, et s’enrichir ; à l’inverse, la charité est là pour aider ceux qui le méritent.

L’état n’aime évidemment pas les riches. Il les taxe d’autant plus qu’ils réussissent et créent de la valeur, comme si c’était un mal profond que de rendre service à son prochain. Le libéralisme aime les riches comme il aime tout le monde, en respectant la propriété privée légitimement gagnée.

L’état n’aime pas les jeunes. Il les parque dans des universités qui ne les forment à rien d’utile en leur vendant le rêve d’une compétence illusoire ; ils payent une retraite qu’ils n’auront jamais. La liberté permet aux jeunes d’apprendre en travaillant et d’investir sur le futur qui leur convient le mieux.

L’état n’aime pas enfants. L’éducation nationale les endoctrine et leur enseigne le minimum vital, en cherchant à gommer leur personnalité et esprit critique. La liberté verrait des enfants instruits au niveau qui leur correspond et dans les domaines les plus divers, heureux de grandir dans ce monde.

L’état n’aime pas les citadins. Il impose des loyers et un urbanisme qui ne leur permet pas de vivre confortablement parce que des murs historiques vaudraient plus que le confort des habitants. La liberté ferait des villes d’immenses bouillons de création immobilière et les palais des plus humbles.

L’état n’aime pas les immigrés. Il interdit les plus compétents s’ils sont sans visa mais ouvre les portes à ceux qui n’apportent rien au peuple. Il impose l’intégration quand leur valeur est dans la différence. La liberté ouvrirait la porte à tous ceux qui sont invités par le peuple et qui méritent leur chance.

L’état n’aime pas non plus les fonctionnaires. Il ne leur permet pas de progresser selon la qualité de leur travail et leur motivation à servir. Il leur impose des conditions de travail qu’il refuserait de la part de la moindre entreprise privée. La liberté ferait des fonctionnaires juste des professionnels.