Sunday, November 27, 2016

Et si Fillon lisait Libres ! et Libres !!

Nous verrons ce soir ce qu’il en sera réellement, mais depuis une semaine que les résultats du premier tour de la première Primaire de la droite sont connus, François Fillon est sur toutes les lèvres comme le renouveau du libéralisme français. Passons sur cette erreur d’analyse reposant sur l’oubli que le véritable libéralisme est incompatible avec tout homme politique, Fillon comme les autres.

Une manière un peu originale d’illustrer l’écart des sujets de cette campagne avec d’authentiques thèmes  libéraux pourrait consister à se souvenir des ouvrages Libres ! et Libres !!, sortis en 2012 et en 2014, chacun grâce aux contributions bénévoles de 100 auteurs d’horizons variés, mais tous partageant la conviction que la Liberté est la seule voie d’avenir pour ce monde. On va le voir, la table des matières de Libres ! offre à elle seule assez d’éléments pour replacer Fillon à sa juste place.

Pour commencer sur une note positive, accordons à Fillon le courage d’aller sur le terrain d’un affichage franc et assumé d’une conviction se voulant libérale. Libres ! se faisait déjà témoin de ce net rejet français de la véritable liberté sur la scène politique et sociale à travers quatre articles : « Le Libéralisme, Gros Mot en France », « La Propagande Antilibérale », « La Droite Française est-elle Libérale ? », par le Professeur Serge Schweitzer. Et surtout, un sujet cher aux libertariens : « Le Libéralisme Peut-il Être "Ultra" ? », qualificatif affublé à Fillon et qui montre combien la haine de la liberté anime l’oligarchie étatico-socialiste de ce pauvre pays.

L’angle économique est certainement celui qui est le plus fort chez Fillon, celui qui fonde la logique de son programme. Comme Libres !, il dit vouloir « Libéraliser le Marché du Travail » et recherche semble-t-il à la fois « Liberté et Développement Économique ». Pourtant, parlant des retraites dont il souhaite l’uniformisation des régimes, il ne va pas jusqu’à affirmer : « Retraites, ou l’Avenir en Servitude ». Et quand il traite des causes du chômage, il n’ose pas encore affirmer le « Le SMIC Français, Antisocial ? » ni rappeler que « L’État Prend la Moitié de Votre Salaire ».

Et pour finir d’enfoncer le clou, si Libres ! traitait de « L’Inculture Économique des Français », si heureusement on n’a pas eu droit à « Relance et Dépense Publique », elle semble néanmoins s’exprimer aussi chez Fillon, car à aucun moment il ne nous parle de « L’Imposture de l’Euro ».

Enfin, si lui aussi se demande ouvertement si « 94% des Journalistes de Gauche ? », nombreux sont les sujets sociaux de fond qu’il ne semble pas prêt à aborder, sans réponse à la question « Vers Quelle Société Évoluer ? », et encore moins à « Des Élus, pour Quoi Faire ? ».

Voilà juste un florilège de titres parmi les 100 de Libres ! – et sans même aborder ceux de Libres !! – qui donnent une rapide idée du libéralisme très relatif des hommes politiques en ce pauvre pays, même ceux dont il faut reconnaitre et saluer le courage de se présenter sous cette bannière.

Thursday, November 24, 2016

Légitimité des politiciens, ou légitimité des « GAFA » ?

De nos jours, la vie en grande entreprise est riche de surprises – c’est probablement pour cela que ça rime… On y rencontre plein de « cadres-sups » bobos, chacun le symbole parfait de ce capitalisme sauvage qu’on se complait à dénoncer. Et pourtant qui se révèlent si souvent quand on les côtoie les plus parfaits gauchistes incultes et intellectuellement intoxiqués qu’un libéral peut imaginer.

Ainsi il y a quelques jours, lors d’une discussion informelle sur les enjeux du « big data », un des plus roses de mes collègues « cadre-sup » nous fit don d’une tirade dont le ton ne laissait aucun doute quant à la conviction qui la motivait. Selon lui, les « GAFA » se permettaient des postures et des décisions totalement intolérables et illégitimes, et il était clair que seul l’état a légitimité à ses yeux.

Retour arrière, que sont les « GAFA » ? Google, Apple, Facebook et Amazon, pour les intimes. Ces grandes entreprises qui mènent symboliquement la transformation de ce monde vers la liberté d’un monde plus « numérique ». Elles cristallisent sous ces quatre lettres la haine de tous ceux qui voient en elles les nouveaux maîtres d’un monde qu’ils ne comprennent pas et dont ils ont peur.

Et que reproche mon bobo aux GAFA ? Eh bien selon lui, Mark Zuckerberg, patron de Facebook, n’a pas la légitimité ni même le droit de se mêler de certains sujets comme par exemple la détection de « fausses informations », récemment. Mais plus largement encore, il y a aussi l’affaire Apple contre FBI touchant la protection des données des clients d’Apple et la sécurité de ses téléphones.

Autrement dit, notre ami considère explicitement que les « GAFA », et au-delà de ces symboles, les entreprises en général, n’ont pas la légitimité pour se mêler de sujets sociétaux, lesquels seraient donc l’apanage exclusif du domaine politique et des élus de la démocratie représentative. Erreur.

Il illustre en fait toute l’erreur d’analyse que font les socialistes et les démocrates, celle qui voudrait que la seule légitimité sociale ne serait que politique, que seul un vote, même un vote tous les 5 ans, même d’ailleurs l’absence de vote du fait de l’abstention, peut donner légitimité à agir pour le bien commun. Je ne chercherai même pas à discuter de la vacuité de ce concept, je me contenterai de montrer qu’il y a une autre source de légitimité dans une société libre, et qui est bien plus forte.

Il s’agit du vote par l’acte d’achat, par le libre échange. Que faisons-nous en effet chaque fois qu’on achète un produit ou un service, chaque fois qu’on va sur Amazon par exemple, pour revenir aux GAFA ? On exprime la libre opinion que ledit produit ou service nous convient plus que d’autres ; que pour le prix qu’il nous coûte, c’est le choix qui nous semble le meilleur. Et comme pour un vote, on aurait pu s’abstenir d’acheter, ce qui serait aussi un signal pour l’entreprise concernée. Acheter est donc identique à voter : on fait un libre choix, au vu des caractéristiques du produit – un programme.

Mais l’acte d’achat va bien plus loin que le vote traditionnel. Car on achète bien plus souvent, donc les entreprises qui réussissent sont celles qui ont réussi à recueillir le plus de votes. Dans le cas des GAFA, ces votes élémentaires ne s’expriment pas comme en politique en millions, mais en milliards. Les GAFA et les entreprises en général sont donc porteuses d’une reconnaissance par le marché qui est sans commune mesure avec le meilleur politicien qui soit. Et de plus, les GAFA ne nous imposent rien, nous sommes libres de les faire disparaître : il suffit de les boycotter. Cela arrive tout le temps.

Avec cette nouvelle idée de la légitimité, imaginez un instant que les entreprises, les assurances par exemple, commencent à s’occuper de notre sécurité, du terrorisme. Il serait très facile de voir si elles font bien leur travail : leur légitimité viendrait de leur succès économique, s’il devait se confirmer. 

On verrait alors que la légitimité du vote classique est bien moindre que celle de l’appareil de la liberté.

Tuesday, November 22, 2016

Primaire des Libéraux Démasqués ?

Voici donc que la Primaire à droite nous a révélé que le Premier ministre de celui que nous avons renvoyé en ses foyers lors des dernières présidentielles serait notre nouvel homme providentiel. La vie politique est décidément bien plus proche de la magie et du spectacle que de la rationalité.

La Presse n’en finit pas de s’étonner de ses erreurs, surtout en croyant constater que François Fillon serait un authentique libéral conservateur, elle qui ne peut concevoir la politique moderne qu’à gauche et dans le collectivisme effarouché. Mais Fillon est-il vraiment libéral ? On peut en douter.

Dans un article de septembre republié pour la circonstance, Contrepoints nous rappelle que Fillon avait rencontré alors un large parterre de « libéraux authentiques » ou se disant tels. Il leur aurait confié qu’en effet, partout les Français lui demandaient qu’on leur « f(iche) la paix », indice peu discutable d’un besoin de liberté. Ce qui frappe à la lecture de ce court témoignage, c’est que Fillon témoigne, justement, il n’exprime pas de conviction – du moins, c’est ce que l’article suggère.

Or, il y a une grande différence entre être a priori convaincu de la force et de la légitimité de la liberté, pour ensuite la trouver au sein du peuple, et se comporter simplement en clientéliste opportuniste voyant en cette plainte un positionnement porteur pour les prochaines échéances. Fillon se confirme un vulgaire politicien et non un libéral ayant à cœur de suivre nos principes.

C’est là où nos amis du parti qui ne sait pas vers qui se tourner pour survivre sous la bannière libérale entre en jeu, comme de bien entendu. Devant une telle position peu marquée par la conviction, ils avaient le choix de l’exigence, celle qui consiste à tirer le candidat vers plus de liberté, celle qui critique au sens noble. Ils ont préféré l’allégeance à l’exigence en déclarant un soutien bien rapide.

Suivre au lieu de challenger, monter dans le train au lieu de montrer la voie, ce n’est ni la première fois, ni sans doute la dernière que les pseudos-libéraux sont ainsi démasqués pour leur manque d’exigence, hélas. Suivre pour espérer finir sur quelque liste ou à quelque poste sous prétexte d’entrisme, c’est une stratégie dont on a déjà vu plusieurs fois qu’elle n’aboutit à aucun progrès.

Près de 2 millions de Français ont voté pour Fillon. Même c’est très loin d’être une majorité, cela reste un signe rassurant quant à la volonté du peuple de voir enfin un changement, vers plus de liberté et de bon sens semble-t-il. Pourquoi ne pas rebondir sur ce signal pour faire la promotion explicite de nos idées, plutôt que préférer s’engouffrer dans un train qui mène à un tunnel de plus ?

Saturday, November 19, 2016

COP 22 ? Comment concilier liberté et protection de l’environnement ?

Les activités humaines mal organisées sont souvent génératrices de problèmes environnementaux : pollutions diverses, production de déchets, diminution de certaines ressources naturelles, perturbations d’écosystèmes, impact sur la faune et la flore, etc. Comment pouvons-nous à la fois assurer un maximum de liberté aux individus et aux acteurs économiques tout en prenant au mieux en compte la question environnementale ? La liberté et la protection de l’environnement sont-elles seulement compatibles ? Comme toujours, la réponse est dans la simplicité de la véritable liberté.

Aujourd’hui, les espaces et biens « publics » sont les moins respectés justement parce que publics. Plus les biens et espaces publics disparaîtront au profit de propriétés privées (individus, entreprises, communautés, coopératives, etc.), mieux l’environnement sera protégé, spontanément, par tous. La responsabilisation des entreprises et des individus ancrée dans le droit de propriété est la seule voie possible. Elle permet de répondre aux deux questions centrales : Qui décide ? Qui paye ? Certes, cela implique une société où le droit de propriété est compris et respecté comme seul fondement social.

Chacun y est libre d’agir, de produire, de cultiver, mais chacun doit d’une part respecter la liberté et la propriété des autres, et d’autre part être responsable de ses actes. C’est cet équilibre qui assure celui de l’écologie. La simple application du principe de pollueur-payeur est déjà un garde-fou très efficace. Les marées noires sont l’exemple type de non application de ce principe, où le contribuable paie souvent à la place du pollueur, conduisant ainsi à une double peine pour les victimes impactées.

Savoir qu’on est toujours responsable financièrement en cas de négligences ou de prises de risques mal calculées reste probablement le meilleur moyen de pousser à une meilleure prise en compte anticipée du risque environnemental, pour les individus comme pour les entreprises. Et dès lors qu’il est anticipé par chacun à son niveau, le risque est réduit pour chacun et pour toute la communauté.

Tout ceci n’est valable que dans le cadre d’une société libre, où le respect de la propriété privée est le principe de fonctionnement même, y compris donc pour la « protection de l’environnement ». Ce terme est d’ailleurs malpropre, car la vie suppose l’exploitation de ressources et donc l’obligation de trouver un fragile équilibre entre protection et exploitation de l’environnement. L’autre avantage de l’écologie par la liberté, c’est d’assurer de toujours trouver cet équilibre en fonction du libre marché, c’est-à-dire en fonction de l’équilibre constamment renouvelé entre les préférences de l’humanité.

Certains verront dans l’appel à moins de règles formelles un appel au permis de polluer, habitués qu’ils sont à ne penser la « protection » qu’en termes de contrainte envers tous les « autres ».

Or dans tous les domaines, multiplier les règles et les contraintes se fait souvent au profit de certains oligarques et toujours en pénalisant les gens respectueux. Surtout, qui dit règle dit tricheur et les pollueurs arriveront toujours à frauder si le jeu en vaut la chandelle. Dans les domaines économiques et sujets à technologie, la faiblesse de la réglementation est toujours double : elle est vite obsolète et ne peut anticiper sur l’imagination économique des fraudeurs. Sur une question qui touche au long terme, la réglementation est une arme de court terme qui est par essence inappropriée et malsaine.

Dès lors, propriété privée et universalité du droit sont les meilleures protections des plus faibles face à l’absence de scrupules de certains. Une société qui respecte la propriété privée et la responsabilité individuelle sera toujours plus efficace qu’un quelconque Cerfa ou décret, fut-il (futile ?) le 2136-B.

Un autre phantasme voudrait que sans ministère de l’écologie, sans subventions et autres incitations, donc sans intervention publique, il y aurait moins de recherche et moins d’innovations vertes.

En réalité, le capitalisme de connivence paralyse et freine aujourd’hui la majorité des innovations viables et utiles. Toutes les fondations qui captent crédits et brevets grâce au législateur sont associées à des groupes pétroliers, énergétiques ou automobiles qui n’ont pas intérêt à laisser des solutions alternatives efficaces se développer. Ni à laisser des innovations majeures voir le jour en dehors de leur contrôle (tel le moteur à hydrogène, à eau, les automobilistes roulant à l’huile de friture, le thorium, le refus du tri des déchets). A-t-on vraiment besoin d’énarques pour que les éleveurs puissent développer le secteur de la méthanisation ? On subventionne des parcs éoliens non rentables et on empêche Mr Dupont d’installer une éolienne dans son jardin, est-ce cohérent ?

Bien sûr, beaucoup imaginent « ultralibéralisme » et libre-échange comme synonymes d’épuisement des ressources et de pollution incontrôlée, appelant à un communisme écologique désespérant.

Bien sûr, la cupidité et l’avidité sans limite existent chez certains hommes, dont le mépris pour leur prochain est cause de pollution. Mais si le problème c’est l’homme, il est aussi l’espoir et la solution, pourvu que le système social soit conçu pour l’homme avec toutes ses caractéristiques : la liberté.

Ce n’est pas le capitalisme ni le libéralisme qui dégazent en mer, c’est une ordure. Ce n’est pas une loi de plus qui l’en empêchera ; seul son propre intérêt l’en dissuadera. Les systèmes actuels où se mêlent étatisme, fausse écologie et capitalisme de connivence déresponsabilisent les individus, et ne donnent aucune motivation au fraudeur potentiel à arbitrer en fonction de ses enjeux écologiques de long terme. La nature n’y gagne rien, contrairement aux lobbies malsains et aux experts inutiles.

Plus les biens et les terres sont publics, moins ils sont respectés ; ils sont à tous et donc à personne à la fois. Seul un système sain où la propriété privée est respectée nous permettra de conserver un environnement en équilibre constant entre les enjeux d’une humanité en pleine mutation.

Citations

« Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. » -- Victor Hugo

« Trop de personnes croient que la liberté est gratuite alors qu’elle se paie, au contraire, un prix élevé, celui du devoir et de la responsabilité. » -- Françoise Gourdon

« L’environnement, comme le reste, est affaire de responsabilité individuelle, et cela implique de maintenir un très haut niveau de liberté. » -- Christiane Chavane, in Libres !

Le paradoxe des « monopoleurs »

L’élection de Donald Trump a ravivé dans la presse et dans l’émotion politique le thème du protectionnisme. Celui-ci n’est jamais qu’une variante d’un autre thème, plus général, fondement même de l’interventionnisme politique partout dans le monde, celui de la protection des statuts, c’est-à-dire des privilèges et des monopoles. La vague contraire qui enfle en ce moment, celle dite de l’uberisation de la société, ou désintermédiation, illustre le paradoxe et l’incohérence de cette idée.

La vie politique en démocratie conduit le politicien non pas à agir pour le « bien de tous », ou le « bien commun » ou même celui de la majorité, mais au clientélisme, c’est-à-dire à acheter des voix par l’octroi de privilèges à certaines catégories sociales – mais ce n’est pas l’objet de ce billet.

Ainsi par exemple, accorder un monopole du transport par voiture privative aux taxis, moyennant taxe ou licence, est une manière typique d’acheter une catégorie sociale à sa cause. Un autre exemple évident seraient les fonctionnaires, mais on retiendra plutôt les notaires, pour être plus précis et afin – pour une fois – de ne pas taper sur ceux qui ont choisi ce statut malsain et immoral.

Ainsi, les taxis font régulièrement les unes depuis quelques mois, ce qui a permis au plus grand nombre de se rendre compte à la fois de leur statut particulier, de la concurrence nouvelle à laquelle ils doivent faire face, et justement, de leur féroce volonté et énergie à « lutter » – horrible terme dans une société supposée libre et moderne – pour garder ce statut qui les fait vivre sur notre dos.

De la même façon, les notaires voient leur profession attaquée de toutes parts sur le Net. Avec les technologies de « blockchain » par exemple, et plus largement par l’usage généralisé de documents dématérialisés et de la cryptographie, leurs services de garantie d’authenticité se banalisent et on ne vient plus les voir que parce que la loi nous oblige à les payer grassement et sans raison valable.

En « luttant » de la sorte, les taxis comme les notaires commettent plusieurs erreurs, qui révèlent le paradoxe des « monopoleurs ». On passera sur leur incapacité à voir que leur « lutte » est immorale car elle se fonde sur la revendication du maintien d’un statut qui ne peut être qu’illégitime. Surtout, leur problème venant d’une concurrence nouvelle, ils commencent par refuser de voir que celle-ci est forcément l’expression de l’existence et du développement d’une clientèle peu satisfaite.

Première erreur, au lieu de mettre leur énergie à tenter de reconquérir cette clientèle, leur « lutte » et ses effets sur l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes continue au contraire à poser les conditions d’un plus grand écart de satisfaction encore. Et les voilà qui risquent tomber par leur résistance qui pousse à ce que leurs concurrents les contourne. Belle ironie, plus le temps passe, plus ils tombent.

Pire, ils ne savent pas voir l’occasion qui s’offre à eux. Ils ne savent pas voir que leur métier a fait son temps, ou est sur le point d’un renouvèlement profond. Leur enfermement dans leur statut leur a retiré tout besoin de réflexion stratégique, remplacé par le besoin de résistance. Au lieu de voir qu’ils pourraient reprendre à leur compte ces nouvelles technologies et ainsi transformer leurs sources de revenus sous une forme qui les porterait plus loin, ils mijotent leur propre disparition à petit feu.

Nous vivons décidément des temps extraordinaires. Ceux d’une telle accélération de la technologie qu’elle pousse et bouscule tout ou presque des situations établies et révèle les entrepreneurs face aux monopoleurs. Le paradoxe que ceux-ci ne voient pas, c’est que leur résistance nous rend ainsi service, car elle nous rapproche de leur disparition et du retour de la liberté par la concurrence.

Sunday, November 13, 2016

Le libéralisme peut-il être un totalitarisme ?

Demandons-nous-ce qu’est vraiment le totalitarisme et comment on peut le caractériser. Le totalitarisme cherche à contrôler toutes les facettes de l’activité humaine. Il ne peut rien contre les idées, elles lui sont hors de portée. Reposant sur l’absence de pouvoir et de contrôle, le libéralisme est donc l’inverse de toute forme de totalitarisme. Pourtant, beaucoup semblent penser le contraire.

Cinq caractéristiques viennent à l’esprit pour cerner le totalitarisme :
  •  Le constructivisme, la volonté de construire un certain type de société : « les connaissances et les croyances des hommes doivent servir d’instrument pour la réalisation d’un but unique » (Hayek).
  • Le collectivisme, où le collectif (nation, peuple, prolétariat...) est une entité voulue supérieure à l’individu : « le totalitarisme repose sur « une conception d’ensemble du tout » (Hayek).
  • L’esprit monopoleur (protection contre l’étranger, l’ennemi interne ou externe désigné, etc.).
  • Une idéologie, soit sociale, soit politique, soit religieuse, soit pseudo-mystique. Dans le cas du nazisme, c’est la conception de la supériorité d’une race. Dans le cas du communisme, c’est la conception dite de la lutte des classes. Avec « dite » en italiques, car on peut voir le libéralisme comme la lutte de la classe du peuple contre celle des hommes de pouvoir, ce qui définit rien de moins que l’antitotalitarisme.
  • L’utilisation de « mots-virus », à l’usage déformé, afin de conditionner les esprits et de les sidérer. Ce qu’Ayn Rand appelle le « vol de concept » et qui fonde toute propagande.
Certains voient le libéralisme comme tout aussi totalitaire que le communisme, sous prétexte que ses « disciples » chercheraient à imposer leur idéologie. Or il est l’inverse d’une idéologie, puisqu’il établit les conditions pour que toute idéologie puisse s’exprimer – pourvu qu’elle respecte les autres.

Ainsi, le libéralisme libertarien n’est pas constructiviste : il laisse chaque individu ou groupe d’individus décider de leur manière de vivre dans la société ; le seul impératif étant la non-agression et le consentement explicite des personnes à toute forme de loi. Il ne demande que le respect de ce même devoir par tous. Une telle demande relève-t-elle du totalitarisme ? Ou du fondement social ?

Le libertarien n’est pas collectiviste, il est individualiste. Rien n’est au-dessus de l’individu et si entité collective il y a, elle ne tire sa légitimité que du consentement de ses membres, sans les soumettre : « [Les libéraux] soutiennent que seuls les individus pensent, préfèrent, agissent et choisissent. Ils croient que les individus sont propriétaires de leur corps, et qu’ils ont le droit de n’être pas victimes d’intrusion violente. » (Murray Rothbard)

Le libertarien nie l’existence de tout monopole qui ne serait de source étatique. Il souhaite laisser jouer la concurrence dans tous les domaines de la vie sociale, justement pour éviter les monopoles.

Le libertarianisme dépasse toutes les idéologies, mais ne tolère aucune violence envers les personnes dans leur liberté et leur propriété. Tolérance complète en tout choix individuel, mais intolérance absolue quant au respect du droit propriété et au respect du principe de non-agression.

Enfin, le libertarianisme n’a pas besoin mots-virus ni d’euphémismes pour contrôler les esprits. Il n’a pas besoin de mentir au peuple, car c’est le peuple lui-même qui détient le pouvoir politique.

Un autre fantasme voit le libéralisme comme une « dictature des marchés », où la concurrence sauvage ferait et même imposerait la loi de la jungle, même à ceux qui n’en veulent pas.

Pourtant, le marché est l’expression continue de la seule dynamique combinée des actions et des échanges des individus qui le composent : comment un peuple pourrait-il être son propre dictateur ? La concurrence n’est jamais une menace, même si elle peut être exigeante envers chacun. Pas une menace car elle est porteuse de l’opportunité pour chacun de déterminer sa place sociale. On peut voir le socialiste pro-monopole comme un pessimiste indécrottable qui ne croit pas en ses chances ni en celle des autres, là où le libéral est un optimiste obstiné qui croit en l’avenir de l’homme.

Citations

« Le libertarianisme n’a pas pour but de remodeler la nature humaine. En revanche, un des objectifs principaux du socialisme est de créer (en pratique en utilisant des méthodes totalitaires) l’Homme Nouveau acquis au socialisme, un individu dont la fin ultime serait de travailler avec diligence et altruisme au service du collectif. Le libertarianisme est une philosophie politique qui affirme que, quelle que soit la nature humaine, un système politique moral et efficace ne peut être fondé que sur la liberté. » (Murray Rothbard)

« Le totalitarisme est bien autre chose que la simple bureaucratie. C’est la soumission totale de l’individu, dans le travail et dans le loisir, aux ordres des dirigeants et des fonctionnaires. Il réduit l’homme à n’être qu’un rouage dans un mécanisme de contrainte et de coercition qui embrasse tous les aspects de la vie individuelle. Il oblige l’individu à renoncer à toute activité que l’État n’approuve pas. Il transforme la société en une armée du travail admirablement disciplinée, disent les défenseurs du socialisme, en un bagne, répliquent ses adversaires. En tout cas, il rompt de façon radicale avec le mode de vie auquel les nations civilisées étaient traditionnellement attachées. » (Ludwig von Mises)

Monday, November 7, 2016

NSA : Nier Snowden Aveuglément

J’assistais la semaine dernière à une présentation par Keith Alexander, ex-directeur de la NSA de 2005 à 2014, de sa vision de la cybersécurité. Il y aurait beaucoup à en redire, mais ce n’est pas là ce qui motive ce billet. Mais plutôt l’arrogance générale et les principes fallacieux mis en avant par ce personnage pour défendre son action passée et lourdement critiquer Edward Snowden, notamment.

Une question lui fut posée par l’auditoire sur la réalité de la possibilité qu’aurait la NSA de lire nos emails et conversations. Vue sa réponse, on peut deviner qu’il n’a pas été pris par surprise. Il réagit en demandant au public de lever la main si on croit à cette possibilité. Je levais la main, ainsi qu’une poignée d’autres, à peine 10% de l’assistance. On voit déjà à quel point la NSA a de l’influence.

Pourtant, il compte et conclut : « OK, en gros la moitié d’entre vous ». Le mensonge avait un but très clair, car il continue ainsi : « Eh bien, la moitié a raison, et la moitié a tort ». Rires et murmures, il a fait son petit effet, comme il l’espérait. Et de nous expliquer – on ne sait trop à quel titre – que, non, deux fois non, la NSA ne lit pas vos emails. Ou plutôt : « Si vous n’avez pas affaire à un terroriste, vous n’avez aucune raison de craindre que l’agence accède à vos conversations ». Subtile différence.

Et de se lancer dans un blabla autoritaire, sur un ton proche d’un gradé militaire parlant à ses troupes – nous sommes aux Etats-Unis, mais l’auditoire vient du monde entier – se voulant justifier l’action de l’agence. On remonte au 11 septembre et au besoin de coordonner FBI et NSA. Puis il évoque le préambule de la Constitution, qui demande à ses institutions d’assurer la défense de tous (« provide for the common defence »). Comme si seul ce passage suffisait à tout justifier, 200 ans avant le Net.

Il y a de nombreuses fautes – intentionnelles – de raisonnement chez ce monsieur, j’en retiendrai quatre. La première tient à la forme, à l’interprétation des textes. Ce n’est pas à lui, ni à quiconque, de lire une constitution pour y trouver le seul vague extrait qui pourrait justifier ses actes. C’est au peuple, ou a minima à une cour dédiée. D’ailleurs, si ses actes avaient été si constitutionnels, ce n’est pas ce seul maigre extrait qu’il aurait cité, mais des articles entiers. Belle preuve de sa mauvaise foi. Surtout, on voit une fois de plus qu’une constitution n’est jamais en soi la protection de notre liberté.

Il y a ensuite un contre-sens géographique. Si on se rappelle que la NSA lit les emails de tout le monde, littéralement, on comprend que cela est contradictoire avec son autorité purement limitée au territoire des Etats-Unis. Rien ne donne le droit à l’agence de lire les emails provenant d’ailleurs.

Bien sûr, une question centrale concerne l’impossibilité de faire le distinguo entre un terroriste et un citoyen honnête quelconque. Est-ce que je deviens suspect de terrorisme quand Ben Laden m’achète un café ? Ou quand il me demande l’heure dans le métro ? Qui interprète les faits ? Un ordinateur ?


Mais le pire tient au principe d’anticipation qu’il présuppose. Le droit, historiquement et ce n'est pas un hasard, ne repose jamais sur la culpabilité de l’intention, mais sur celle de l’acte. Si je veux tuer, mais que je finis par m’en dissuader, ma conscience est peut-être ternie, mais je reste innocent vis-à-vis d’autrui et donc du droit. On ne peut faire reposer la justice sur la suspicion de criminalité. Nous tomberions aussitôt dans une société telle que celle du film Minority Report. Y sommes-nous déjà ?

Sunday, November 6, 2016

Faut-il des politiciens pour que nous soyons Libres ?

Il est communément admis que les individus s’en remettent aux politiciens et bureaucrates pour assurer un cadre à leur vie. Les politiciens entretiennent l’idée que les individus qui participent à la vie économique et sociale du pays auraient nécessairement besoin d’eux pour assurer l’ordre. Cette prétention s’appuie sur cette fausse vérité voulant que le politicien serait moralement vertueux et que l’individu ne le serait pas. Pour asseoir cette illusion, ils élaborent une loi pour la moindre problématique, ce qui rend très vite la vie ingérable là où tout allait bien avant.

De plus, les politiciens renforcent leur position en imposant des limitations qu’ils voudraient faire admettre comme étant essentielles, se rendant ainsi indispensables. Ce système entretient une relation maître/esclave qui profite aux politiques et aux intérêts particuliers dont ils abusent en passant par notre infantilisation et la réduction de la sécurité de l’individu.

Issus du fond des âges, les principes de base de la vie paisible en société sont simples. Tant qu’il n’attente pas à autrui, chaque individu doit pouvoir décider de ce qu’il considère bon pour lui, et ce, sans intervention extérieure. Voilà le fondement de la Liberté. On parle de liberté « négative ».

La liberté s’arrête où ? Elle s’arrête là où d’autres individus peuvent exercer leur droit à la liberté. Henri Lepage exprime cela via une expression devenue célèbre : « La Liberté, c’est faire ce qu’on veut avec ce qu’on a ». On comprend que les bornes de ma liberté sont matérialisées par ma propriété.

Au quotidien, un conflit peut intervenir entre deux individus qui n’ont pas la même lecture de la loi ou des limites de leurs propriétés mutuelles. C’est le rôle de la justice et du juge que d’arbitrer et de rétablir l’équilibre entre victime éventuelle et coupable, lequel devra dédommager sa victime.

L’homme politique dans tout ça a fort peu d’intérêt. On montre même que toute initiative politique ne peut qu’aller à l’encontre de cet équilibre. Car ne créant aucune richesse, le politicien ne peut que « vivre aux dépens de celui qui l’écoute », abusant de notre propriété et donc de notre liberté.

Pourtant, les lois seraient nécessaires pour équilibrer les interactions de la vie courante.

Le besoin du droit est une évidence. Mais là n’est pas le sujet. La question est celle du rôle du politique envers la loi. Pourquoi est-il d’usage de scinder le pouvoir en exécutif, judiciaire et législatif et pourquoi le législatif devrait être confié aux politiques ? Un bout de pouvoir reste un pouvoir.

Or nous vivons très bien au quotidien à produire du droit sans cesse et cela sans recours aux politiciens. C’est ce qu’il se passe chaque fois que nous élaborons, négocions et signons des contrats avec d’autres personnes ou entreprises. Aucun besoin d’un politicien. Ils font les lois, mais pas la Loi.

On rétorquera que le politicien est nécessaire pour nous représenter devant les institutions.

Mais de quelles institutions parle-t-on justement ? On a vu que le législatif n’a pas besoin du politicien. Le judiciaire est l’affaire de juges, mais qui pourraient être vous et moi. L’exécutif ? Pour exécuter quoi je vous prie ? Les décisions des juges ? C’est rarement ce pourquoi les politiques se déchirent. Les projets communs ? D’ordinaire, lorsqu’on a un projet, on s’associe, on le finance et si tout va bien on le mène jusqu’au bout ensemble ou par soi-même, sans aller chercher un politique pour ce faire. Quels seraient donc ces projets que nous ne pourrions confier aux entrepreneurs ?

Non vraiment, il n’y a pas de place naturelle dans notre vie pour des hommes politiques.

Citations

« Suffrage universel veut dire : suffrage universel des capables. Restent ces questions de fait : quels sont les capables ? l’âge, le sexe, les condamnations judiciaires sont-ils les seuls signes auxquels on puisse reconnaître l’incapacité ? » -- Claude-Frédéric Bastiat (1802 – 1850), in La Loi (1848), http://article-iv.blogspot.fr/2011/11/320.html

« Ce ne sont pas les pouvoirs que des assemblées démocratiques sont en mesure d’utiliser qui constituent le vrai danger couru de nos jours par la liberté individuelle ; ce sont les pouvoirs remis aux fonctionnaires chargés de faire aboutir des plans particuliers. » -- Friedrich A. Hayek, 1960

« Tout homme digne a honte du gouvernement sous lequel il vit. » --  Henry Louis Mencken (1880 - 1956), http://article-iv.blogspot.fr/2011/11/301.html