Saturday, December 2, 2017

Et si... l’éducation nationale était le problème ?

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son intérêt socio-politico-économique.)

L’éducation nationale (EN) fait partie des mammouths sacrés de la République. Espèce en voie de disparation continuelle, déliquescente mais perfusée depuis quelques 70 ans, le premier employeur du pays reste le symbole dépérissant de notre pays socialiste en lente décomposition annoncée.

Les libéraux aiment à prendre l’EN pour cible de bien des façons. Elle est l’objet de critiques acerbes car incarnant le monopole d’état dans sa superbe lourdeur soviétique, aveugle et inefficace. Elle est le symbole de la mise sous cloche de la liberté d’enseignement privé, celui des grèves à répétitions au seul but corporatiste de ses privilégiés et du lent glissement dans les benchmarks mondiaux.

Mais en matière économique, l’EN est probablement le coupable le mieux caché, certes indirect mais bien réel, de la situation socio-économique de ce pays, rien de moins. Comment ça ? Simple.

Vous tomberez d’accord avec moi pour dire que l’économie est un domaine qui nous concerne tous. Le boulanger, l’ouvrier de nos avionneurs ou la douce infirmière peuvent difficilement éviter de se confronter aux réalités du marché – en faisant leurs courses ou en cherchant un travail – à celle de l’épargne – en tentant de sauver leurs maigres économies – ou encore à la spéculation en cotisant pour leur retraite, même s’ils ne sont probablement pas conscients de spéculer.

Mais justement, pourquoi la plupart des français ne sont-ils pas conscients de la nature économique de leurs actes ? Combien de CGTistes hurleraient de se faire traiter de spéculateurs, chose pourtant bien réelle ? Combien seraient surpris de s’entendre dire qu’ils comptent parmi les capitalistes parce qu’ils mettent de l’argent de côté, travaillent avant d’être payés, ou payent leur maison à crédit ?

Tout cela est la faute à l’EN. Car à l’école, on nous apprend plein de choses, dont tant ont une utilité disons obscure. Philosophie, histoire, musique parfois, éducation civique quand on a de la chance, latin ou grec ancien alors que plus personne ne les parlent. Mais pas d’économie, rien du tout.

Certes, certaines filières au lycée ont droit à quelques heures où des absurdités tirées de Keynes leur sont assénées, au point d’en convaincre beaucoup de l’inutilité de la chose et de faire des rares qui en gardent souvenir de faux savants. Mais il demeure, l’immense majorité des français n’a pas la moindre notion de base en économie. Parce que l’EN ne leur apprend rien et va même jusqu’à les convaincre de la négativité de la matière. L’économie, c’est de droite, ce n’est donc « pas bien ».

Mais il n’y a là aucun hasard, aucune malchance. Le peuple Français ne compte pas parmi les plus ignares en économie par culture ni par penchant spécifique comme il a un penchant naturel pour la bonne chère. Non, c’est là le résultat d’une volonté politique, bien évidemment. Tout à l’EN est politique. C’est son objet même que de nous endoctriner et de faire de nous de piètres citoyens. Quand on voit la force des débats annuels sur les programmes, comment voulez-vous que ce soit autre chose qu’une volonté du pouvoir et des cadres de l’EN que nous soyons tous si ignorants ?

Car un peuple ignorant dans le domaine économique est un peuple auquel on peut raconter et faire n’importe quoi sans qu’il se soulève trop souvent. La démocratie moderne repose sur la promesse clientéliste. L’homme politique ne peut y faire carrière que par sa capacité à promettre des choses en réalité impossibles et sans que cela se voit. Ou plutôt, qui ne sont possibles qu’à condition d’aller à l’encontre de tous les principes et lois de base de la science économique. Il faut donc pouvoir mentir constamment sans que jamais personne ne s’aperçoive de, ou n’ose révéler les mensonges.

Car l’économie est bien une science, à l’inverse de ce qu’on entend. Les actes politiques ont ainsi des conséquences certaines. Mais l’enseigner à tous donnerait à chacun les moyens de comprendre que le politicien nous ment. Alors l’EN est devenue le complice « formateur ». A quand la libéralisation ?

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