Il traîne depuis bientôt un an sur YouTube la vidéo qui
suit, où Patrick Smets, président du Parti libertarien belge donne sa vision de
«
ce qui distingue les libertariens des libéraux » :
https://www.youtube.com/watch?v=f3IrYMMfrR8
C’est un tel amalgame de « contre-vérités » comme
on dit désormais que je me dois de réagir, n’ayant déjà que trop tardé.
Pour être sûr de ne pas être accusé de détourner ses mots,
je les copie plus bas, avec le minutage de chaque extrait dans la vidéo. Pour
ceux que ce long texte découragerait, je vais tenter tout d’abord de faire une
synthèse du propos et de ma critique.
Mais tout d’abord, il me faut anticiper sur une question qui
ne manquera pas de m’être adressée : Pourquoi taper sur un libertarien au
lieu de taper sur les socialistes ? Ne ferais-je pas meilleur usage de mon
temps à aller au combat à gauche ou à droite plutôt que critiquer un ami
politique ? Poser une telle question, c’est ne pas avoir compris du tout
les enjeux que les libéraux doivent affronter, j’ose le dire, et c’est le cœur
de mon message dans tout ce qui suit.
Le libéralisme n’est qu’une idée. Il est, elle est dans les
livres. Tout ou presque y est écrit. L’idée demeure, elle est désormais
immortelle. L’enjeu de notre liberté n’est donc plus dans la définition du
libéralisme, mais dans sa transmission, à tous, au plus vite. La communication
est donc tout l’enjeu, la condition expresse de notre sortie de l’esclavage
étatique. Mais une communication intègre, non déformée, il faut que toute
l’idée, rien que l’idée soit transmise, levez la main et dites je le jure.
Sinon la cible sera manquée, ou retardée.
Cette perversion, cette déformation de l’idée libérale,
c’est le cœur de la stratégie de tous les socialistes qui ont choisi de se
faire passer pour néolibéral ou libéral truc ou machin. Brouiller le message
transmis pour le reprendre à son compte, voilà une stratégie socialiste
typique, sophistique. Et il faut la dénoncer, car elle nuit gravement à notre liberté. Donc
oui, il faut taper sur les socialistes.
Mais quand on se positionne comme libertarien, on se
positionne d’emblée comme porteur de l’idée libérale pure et intègre. Dès lors,
la seule question qui devrait se poser pour un libertarien, c’est celle de
la transmission du message avec toute la rigueur qui s’impose. Sinon
on fait le jeu de nos opposants. Or voilà que PS ne respecte pas le message,
voilà qu’il le brouille lui-même.
Alors l’image que le libertarien non rigoureux donne de nous
est à ce moment-là une catastrophe. Non seulement il nuit au message, mais en tant que président de parti, il
donne des munitions à l’adversaire pour lequel il devient dès lors facile de décrédibiliser
nos idées, déformées qu’elles sont par leur porte-voix. Voilà pourquoi je suis intraitable avec les
mauvais libertariens et les mauvais libéraux. Ils font le jeu de l’adversaire, ils nous tirent un chargeur entier dans le pied.
Mais revenons à cette fameuse vidéo. Il me semble que la
dérision derrière laquelle Patrick Smets (PS) se camoufle est un bien piètre
cache-sexe. Il va sur le terrain du ridicule, sûr de lui. Pourtant, il dit
beaucoup de bêtises et son érudition apparente n’est guère convaincante et
pleine de lacunes, voire de fausseté. Surtout, il prend un point de vue
pseudo-historique et politicien, sans jamais aller dans le fond. Or c’est là
son talon d’Achilles.
Les libertariens français, Pascal Salin en tête et Henri
Lepage, inventeur du terme, ne sont pas de simples foldingues ridicules, comme
sa moquerie le laisse à penser. Si Pascal Salin a titré son livre « Libéralisme »,
c’est bien parce qu’il n’y a pas d’autre théorie libérale cohérente que celle
qu’il y décrit, théorie qui en effet est la théorie libertarienne. Libéralisme
et libertarianisme ne font qu’un. Quiconque a lu et compris Rothbard le sait
bien. On peut douter que le conférencier l’ait compris.
On peut penser, du moins c’est ce que cette vidéo laisse
accroire, que PS et ses proches ont choisi de dénommer leur parti comme « libertarien »
pour deux raisons. Pour occuper l’espace libéral en Belgique, le libéralisme y
ayant pris une connotation québécoise, américaine, c’est-à-dire à gauche. Et
par traduction mal réfléchie du terme « libertarian »
américain, issu de la même logique outre-Atlantique. Manque de chance, il a
oublié et sa langue et l’histoire de ses idées et ne se rend pas compte que
« libertarien » a déjà un sens bien précis, défini par Henri
Lepage, et qui converge sans conteste avec celle de la liberté et avec le sens
que Rothbard lui donnait, lui qui savait qu’il ne pouvait y avoir de nuance à
la liberté.
Alors il tente de nous expliquer que le terme libéral est
politiquement trop connoté et donc qu’ils ne pouvaient pas l’adopter. Ses
railleries du début de la vidéo l’illustrent. Son (trop) rapide historique veut
l’expliquer, mais il ne le dit jamais clairement. Trop malin qu’il est, en bon
politique, il reste ambigu, oubliant Talleyrand : « On ne sort de
l’ambiguïté qu’à son détriment ». Car tout cela ne serait pas bien
grave s’il ne s’agissait que de marketing. Mais il oublie totalement les idées
dans son speech. C’est bien beau de discuter de l’histoire, mais ce n’est pas
elle qui fait un vrai programme électoral ni un positionnement politique.
Or ce n’est pas un hasard si Pascal Salin, qu’il raille, a
choisi « Libéralisme » comme titre, c’est bien dommage que PS
ne se pose pas cette question pourtant essentielle. PS commet selon moi deux
erreurs à cet égard et ce sont ces deux erreurs qui motivent ma réaction. La
première tient à la lutte sur ce qu’est vraiment la liberté et la seconde est
en rapport avec le terrain politique.
Je passerai sur les références très médiocres qu’il utilise
pour son historique du libéralisme, je développe cela ci-dessous. Sa conclusion
de la fin est probablement le meilleur résumé de sa pensée, avec son analogie
d’un état plancher pour les libéraux ou plafond pour les libertariens. Ce genre
d’analogie est très maladroit. Tout d’abord, elle repose sur un terme,
« état » trop ambigu pour que l’analogie fonctionne. Un libertarien
ne conteste pas l’état dans sa fonction, mais dans son monopole organique. On
peut ainsi dire que pour un libertarien, les fonctions régaliennes sont un
plancher inéluctable mais que par contre le monopole de la force ne peut même
pas être un plafond puisqu’il ne saurait exister. À l’inverse, l’analogie du
plancher libéral renvoie au minarchisme dont on montre facilement qu’il est
vide de sens et ne peut que converger avec le plancher libertarien. Tout cela
pour illustrer le vide ou l’incohérence idéologique du propos, alors même que
cette vidéo est censée tout clarifier.
On me reprochera que moi-même je me pose en libertarien et
non en libéral, démontrant ainsi ma propre incohérence. Quiconque me suit ou me
lit un peu sait que ma position consiste au contraire à contester à ceux qui se
disent libéraux ces fausses idées qui ne sont pas celles de la liberté, et que
le terme de libertarien ne sert qu’à les porter en une théorie cohérente. Le
libéralisme véritable nous vient des Lumières, il est le seul à porter la
liberté, laquelle se théorise comme les libertariens – les
anarcho-capitalistes, pour être encore plus précis – le défendent – voilà
comment les choses s’articulent en réalité.
Enfin et surtout, sur le terrain politique, et j’en termine
ici avant le détail de la vidéo. En évitant, en refusant l’assimilation avec le
libéralisme, PS renonce au combat sur ce mot sur le terrain politique, il
renonce à reprendre le terrain abusivement conquis par la gauche sur les idées
de liberté, il renonce à faire comprendre que ces gauchistes qui se disent
libéraux ne sont rien d’autre que des socialistes ou même des tyrans, il
renonce à les dénoncer, il renonce à faire éclater la vérité de l’héritage des
Lumières, il renonce à gagner cette pseudo guerre dont Mises n’a rien perdu
mais a au contraire posé les bases, il renonce au seul combat politique qui
vaut la peine d’être mené dans nos social-démocraties déliquescentes et
euphémistes. Quel dommage.
00:00
« Alors venons-en aux différences avec les libéraux.
Venons-en aux différences. Parce qu’effectivement, il y a une énorme confusion
qui nous vient surtout de France, où les libertariens français se trouvant
devant un vide politique en matière de libéralisme, se sont dit :
finalement, c’est pas plus con de réutiliser le mot « libéralisme »
qui est dans les dictionnaires, plutôt que d’essayer d’imposer un néologisme
comme « libertarien » qui, il faut bien le reconnaître, est un peu moche,
mais qui au moins désigne ce qu’il désigne. Et donc, ils ont fait, les
libertariens français, vous allez voir un bouquin de Pascal Salin, qui est un
libertarien pur jus, il a une brique, il a sorti une brique sur le
libertarianisme, il l’a appelée « Libéralisme ». Ah bravo ! Ah
bravo ! Merci, je suis sûr qu’au moment où il l’a fait, c’était
intelligent de le faire, mais aujourd’hui ça n’aide pas à rendre clair le
débat. »
« Enorme confusion »
Une confusion ? Quelle confusion et qui la
rencontre ? S’il y a confusion, pourquoi ne pas l’expliciter clairement,
comment espérer la clarifier si à aucun moment on ne l’énonce ? PS
aurait-il intérêt à garder un certain flou pour à ce point ne jamais exprimer
ni cette fameuse confusion ni où il se situe par rapport à elle ? La confusion
n’est pourtant pas bien difficile à exprimer : il existe des
« libéraux » auto-proclamés et pourtant voilà que des libertariens
viennent leur contester leur capacité à porter la liberté véritable, pleine et
entière. C’est sans aucun doute parce que ces « libéraux » dans leur
immense majorité ont oublié les Lumières et que la liberté passe par le strict
respect du droit négatif et la fin du monopole de la force. Est-ce si difficile
à dire ?
« Surtout de France »
La France est en effet particulière. Probablement le seul
pays à la fois à l’origine des Lumières, si on met la Grande Bretagne de côté,
et pourtant sans parti explicitement libéral durant des décennies, et où le
libéralisme pourtant porté sur les fonts baptismaux ici même, reste un mot
tabou. Et où dans les années 80, via Henri Lepage et pour à la fois éviter ce
terme honni de libéral et exprimer les idées portées avec la plus grande
rigueur, le terme « libertarien » apparaît, inspiré de libertarian
bien sûr, mais dans sa version rothbardienne plus précisément. Car pour
Rothbard, il n’y a aucune ambiguïté, il faut le souligner.
Et puis voilà que se créent un parti « libéral
démocrate » et un parti « libertarien » qui tous deux se
revendiquent de Locke et de ses nombreux héritiers. Alors qu’un peu partout, au
Québec par exemple, le parti Libéral est un parti socialiste, ou
social-démocrate, comme les Democrats le sont aux Etats-Unis, et que libertarian
s’impose pour porter le sens de « libéral classique ». Est-ce donc là
la fameuse source de confusion ?
Mais à bien regarder, pour une fois l’exception culturelle
française a raison et c’est bien là tout le malentendu qui nous occupe ici. Car
en France, d’une part « libéral » veut dire libéral, c’est-à-dire
héritier des Lumières, de Locke, de Bastiat ; d’autre part
« libertarien » signifie libertarian au sens
d’anarcho-capitaliste. Mais cela ne s’arrête pas là, car comme le terme est
hérité de Rothbard qui l’a très bien montré – au même titre qu’un Molinari – il
véhicule l’idée forte qu’il est le seul vrai libéralisme, celui qui organise
les principes libéraux, sans aucun compromis et en pleine cohérence, en un modèle
de société à la fois réaliste et abouti et que tout autre libéralisme prétendu
n’en est qu’un avatar.
Autrement dit, le libertarien français revendique un
libéralisme abouti et sans compromis ni compromission, là où il me semble que
le libertarien belge semble se contenter d’un pâle libéralisme classique
vaguement teinté de Mises utilitariste et de Hayek démocratisant. Et je ne
demande qu’à me tromper, mais c’est ce que je tire des mots prononcés.
« Les libertariens se sont dit » -
« Désigne ce qu’il désigne » - « Libéralisme de Pascal
Salin »
Tout d’abord, un vrai libéral devrait éviter de nommer ainsi
des collectivités vagues et sans substance, là où en réalité il ne s’agit que
de quelques individus bien identifiés. Plus sérieusement, ce n’est pas ce qui
s’est passé et le croire vraiment serait la preuve de l’incompréhension du sens
des mots. Encore une fois, pour un Pascal Salin, il n’y a pas plus de doute que
Mises en avait avec son ouvrage éponyme (« Libéralisme » vs
« Liberalism ») : il n’y a qu’un seul libéralisme car il n’y a
qu’un seul jeu très réduit de principes qui le déterminent. Et ce libéralisme
est celui que les libertariens portent. C’est aussi simple que ça.
« Rendre clair le débat »
Débat ? Mais quel débat ? Il est très clair le
débat, ce n’est pas un débat, c’est tout au plus une explication qu’il faut
faire, une vérité qu’il faut oser dire. Le libéralisme n’est qu’un, le terme a
été usurpé et abusé par les sociaux-démocrates et la liberté ne connaît qu’un
ennemi qui est l’état monopole de la force. Les libertariens se lèvent pour le
rappeler et contester leur prise de pouvoir aux socialisants de tous poils. Voilà tout le débat. On peut mettre plus ou moins de fleurs autour des mots,
mais cela ne change rien à cette simple réalité.
00:52
« Alors, les libéraux et les libertariens ont des
racines communes, c’est évident. Et vous disiez, M. le Président, que nous
étions les grands-parents des libéraux actuels. Je vois plutôt ça dans le sens
inverse, c’est que les libéraux sont les grands-parents des libertariens et que
les libertariens sont la génération montante. »
« Racines communes » -
« Grands-parents »
Tout le long, on mélange deux choses dans cet exposé, la
politique et les idées. La politique a divergé, mais les idées restent les
idées. À cet égard, parler de racines communes suppose de se placer sur le plan
des idées, alors que PS fait tout son argumentaire sur l’histoire politique.
Mais entrons un instant dans son jeu.
À ma connaissance, le premier anarcho-capitaliste, pas
encore autrichien mais très proche en tant qu’héritier de Bastiat, fut Gustave
de Molinari. Et encore, on pourrait lire John Locke lui-même de manière quasi-libertarienne.
La question de l’antécédent, de la racine des idées n’est pas tant celle d’un
strict héritage. On se rend compte en fait que les différents auteurs ont
apporté une contribution ou simplement transmis le message – le seul, celui de
la liberté – avec plus ou moins de rigueur ou de clarté d’esprit, selon comment
chacun avait pu en hériter – s’il faut employer ce mot – et se l’approprier.
La seule racine commune est identifiée, formalisée depuis
les Max Weber, les Frédéric Bastiat, les Spooner : la résistance à l’état,
la libéralisation de son emprise et donc l’avènement du respect du principe de
non-agression. Ce n’est pas une supputation, c’est une conséquence logique de
la définition même de la liberté.
Ce n’est pas parce qu’il y a de nombreux auteurs se disant
ou réputés libéraux qui ne vont pas jusqu’à un tel explicite que cela change
quoi que ce soit à la logique des idées, ni à ce que liberté veut dire. Ce n’est
pas parce qu’un Hayek n’a pas su affirmer clairement l’anarcapie comme seule
option qu’elle ne demeure pas cette unique option. Ce n’est pas parce que
certains voient en Maurice Allais un libéral que la seule analyse économique
libérale et réaliste valable ne demeure pas l’individualisme méthodologique. Et
ainsi de suite. La question n’est pas celle de l’histoire, mais celle des
principes.
En d’autres mots et pour conclure ce point, la question des
racines ou des filiations peut être intéressante pour l’histoire des auteurs,
pour comprendre comment les idées ont circulé et pourront circuler, mais elle
n’a aucune valeur probante dans l’analyse politique et donc dans la recherche
de différences entre libéraux et libertariens. Il ne peut y avoir qu’une
démarche, celle qui part du corpus d’idées induites par la liberté et identifie
à quel degré l’auteur ou la personne porte et véhicule ces idées. L’histoire
des auteurs libéraux est celle d’un chemin où de proche en proche, peu à peu,
de plus en plus d’auteurs s’approprient et portent avec plus de cohérence ce
corpus. Voilà à mon sens la seule réalité. Et notre rôle devrait être d’élargir
le nombre des auteurs ou simples quidams qui portent pleinement ce corpus, avec
une grande exigence de cohérence. Ce devrait être cela l’objet de nos partis.
« Génération montante »
Ce terme me semble maladroit, même si je veux bien croire
que PS, pris dans l’exposé, n’en a pas mesuré le sens. Car il y a deux images
négatives induites par ce terme. En premier, une idée fugace. Les libertariens d’aujourd’hui peuvent en effet se bouger et faire du bruit, mais comme le disco
a laissé la place au rap, ils partiront comme ils sont venus et la génération suivante
portera un autre message, un autre feu de paille. Mais cette expression
s’emploie aussi pour parler de groupes qui sont de mode au sein du
système, que le système reçoit et laisse percer le temps d’une mode ou d’une
jeunesse.
Or il me semble que le message, la vocation, l’ambition des
libertariens devrait être tout autre. Elle ne peut pas, hélas s’inscrire sur le
court ni sur le moyen terme. Il a fallu un ou deux siècles pour dériver de
libéral à pseudo-libéral, il faudra plus d’une génération pour arriver à redresser un tel
Titanic. Tout parti libertarien se doit donc de combiner pragmatisme et
réalisme de long terme. Et il se doit de ne pas jouer dans le système,
puisque c’est le système lui-même qui est l’ennemi. L’approche partisane
devrait donc exploiter le moyen de promotion que constitue l’option
politicienne, mais dans le strict registre d’une opposition sans faille.
01:16
« Pour bien sentir la différence entre les deux, il
faut regarder l’histoire du mouvement libéral. Et je vous invite à lire un
livre qui est sorti il n’y a pas si longtemps, qui est une sérieuse brique mais
qui est vraiment passionnant, qui est un livre de Serge Audier, qui
s’appelle : « Néolibéralisme, une archéologie intellectuelle ».
C’est tout à fait passionnant de retrouver l’histoire
finalement de la famille, c’est comme si vous étiez en train de feuilleter un
album de famille. Alors ça été écrit pour dénoncer le néolibéralisme, ça a été
écrit – enfin je n’ai pas encore lu la fin, pour l’instant finalement, je le
trouve relativement honnête, mais c’est assez sympa, c’est comme retrouver un
vieil album de famille, où un retrouve les conflits entre Mises, Rueff, Hayek,
compagnie, comment tous ces gens se sont mis ensemble. Et ce qu’on découvre de
façon tout à fait explicite, c’est tout le travail idéologique autour du
libéralisme qui se passe dans l’entre-deux-guerres et dans l’immédiat
après-guerre. »
« Il faut regarder l’histoire du mouvement
libéral »
Voilà bien toute l’erreur à la source de cet exposé et de
nos différences respectives. Tout d’abord, intellectuellement, croire que
l’histoire nous apprend des choses est une erreur épistémologique. Ce serait
comme croire que l’histoire pourrait nous apprendre que 2 et 2 font 4. Non,
c’est l’inverse. Il faut avoir l’intuition de l’égalité pour ensuite vérifier
qu’en effet elle se confirme partout. De même, il faut avoir une lecture des
événements pour ensuite tenter de la confirmer face aux faits historiques. Les
faits historiques ne nous apprennent jamais rien par eux-mêmes. Donc regarder
l’histoire suppose d’en avoir déjà une lecture, celle bien évidemment que PS
nous sert par cette intervention. Mais en aucun cas cela ne signifie que c’est
la seule possible.
Surtout, on s’intéresse aux mouvements vus sous l’angle
politique et non sous l’angle strict des idées. S’intéresser à un « album
de famille » pour tenter de démontrer que le libéralisme n’est plus ce
qu’il était, ce serait un peu comme dire que le coma de Schumacher aura
transformé le sport automobile. C’est faire le jeu de l’adversaire, c’est
sortir du champ des idées, là où nous sommes forts, authentiques et imbattables
pour aller sur le champ de la magouille et de l’illusion où ce sont les
socialistes les experts. C’est accepter de donner une image ou un message de
flou et de compromission qui est inverse de notre raison d’être.
« Serge Audier »
Le choix de ce Serge Audier pour étayer son histoire du
libéralisme est des plus contestables et condamne dès le départ PS à faire
reposer sa thèse sur une lecture historique biaisée et peu favorable, au point
qu’on est en droit de s’interroger quant au dessein. Un coup d’œil sur
Wikipédia suffit pour comprendre que ce monsieur ne construit pas un simple
« album de famille », puisqu’il parle de ses adversaires.
Il y a certainement bien d’autres ouvrages historiques
alternatifs d’intérêt, mais je me permettrai d’en recommander un en
particulier : David Boaz, Histoire de la Liberté, traduit par Thomas
Heinis et moi-même, tiré de l’ouvrage original « Libertarianism: A
Primer ». Pas tant parce que j’ai contribué à le traduire et à
l’éditer en Français via l’Institut Coppet que parce qu’il donne un éclairage
très différent sur le fameux côté anarchiste américain que critique PS.
Puisque Mises est au centre de la discussion, il y a aussi
la biographie de Ludwig von Mises établie par Guido Hülsmann – The Last Knight
– un monument qui montre une toute autre vision. Par exemple, on y trouve,
s’agissant de la Société du Mont Pèlerin, que « From the beginning,
Mises had been skeptical about the ecumenical concept… » (Depuis le début, Mises restait dubitatif quant au concept œcuménique [de la société]...). On n’y
trouve également aucune trace du terme « archéo-libéral », une pure
invention de monsieur Serge Audier – il suffit de Google pour s’en convaincre.
« C’est assez sympa »
Le problème de l’approche historique, Mises l’explique très
bien dans l’Action Humaine, c’est qu’elle ne nous apprend rien qu’on ne sache
déjà. Il faut avoir une lecture, une intuition de l’histoire pour pouvoir en
tirer des passages et des événements qui puissent lui faire dire ce qu’on veut
qu’elle dise. Ce n’est pas par la lecture de l’histoire, forcément biaisée,
qu’on peut définir une idée, c’est par l’idée elle-même, éventuellement par l’analyse
de son appropriation par tel ou tel personnage. Approcher le libéralisme comme
une promenade ou un album de famille sans plus regarder le fond ne fait que
contribuer à la dérive de nos idées.
Avec une telle démarche de lecture de l’histoire, on
pourrait dire que de tels libéraux confondent route et sorties de route – au
sens des accidents ; ils veulent construire une route vers la liberté à
partir des sorties de routes, perdant ainsi tout sens de la direction finale,
au lieu de veiller à rester sur la ligne droite d’origine.
« Travail idéologique autour du libéralisme »
Travail idéologique ? Pardon ? Une
idéologie ? Mais le libéralisme n’est pas une idéologie, justement. Une
idéologie cherche à s’imposer au réel, à plaquer un idéal sur la réalité, à
modeler, à faire céder la réalité au profit d’une idée qui dès lors n’est pas
naturelle, puisqu’il faut l’imposer à la réalité. Mais le libéralisme, lui, il
est naturel, justement. Pas besoin de le plaquer à la réalité.
Toute l’idée libérale, toute la revendication politique
libérale, c’est le laisser faire, c’est la revendication de ne pas se faire
imposer la moindre idéologie. Comment dès lors PS peut-il imaginer légitime de
parler d’un travail idéologique libéral qui aurait été pertinent dans la
période qu’il prend comme référence ? Ce devrait au contraire être pour
lui un signe de dérive, un signe de sortie du libéralisme. Penser que des
mouvements qui se déclareraient se lancer dans un « travail idéologique »
seraient des mouvements libéraux, c’est soit ne pas avoir compris le
libéralisme, soit renoncer à leur contester l’abus de ce terme qui nous est
cher.
Contrairement à toute sa thèse, ce n’est pas en cédant du
terrain aux abuseurs de mots que la liberté reviendra. Ce n’est pas en
changeant de nom non plus – ils viendront en abuser de la même façon, on en a
déjà des exemples, tel le FN qui prétend disposer d’un économiste libertarien. Non, la seule option, c’est la reconquête, c’est le combat
par les idées, car si nous pouvons perdre le combat médiatique, ils ne peuvent
pas gagner celui des idées. Mais cela suppose du courage et de la fierté.
02:14
« C’est-à-dire vous avez effectivement une tradition
qu’on va appeler le libéralisme classique, qui part de Locke et compagnie, et
qui arrive, et qui couvre le XIXe siècle et qui définit le XIXe siècle,
vraiment d’un point de vue idéologique et d’un point de vue économique. Et
puis, vous avez la crise de 29 et après la crise de 29, on se remet à inventer
toutes sortes de nouveaux libéralismes, qui vont donner naissance à ce mot de
néo-libéralisme, qui depuis lors a pris d’autres sens. Mais qui à l’époque est
utilisé vraiment pour désigner des théories qui finalement sont, sinon
exactement celle de Keynes, sont très proches de Keynes. Et Keynes à l’époque
où il écrit, il est considéré comme un auteur libéral, c’est pas un marxiste
Keynes. Aujourd’hui on a tendance à présenter Keynes comme étant quasiment de
l’extrême gauche – en tous cas dans les milieux libéraux – les libertariens –
C’est une erreur que les libertariens font, je suis sûr que dans d’autres
milieux on n’a pas tendance à lui donner ce profil-là. Mais à l’époque où
Keynes écrit, c’est du libéralisme. Un autre auteur important, va être Lord
Beveridge, qui est l’Anglais qui va fonder l’état-providence en Angleterre. Et
tous ces auteurs ont en commun la même chose, c’est : le laisser-faire, ça
ne fonctionne pas, il faut réguler, il faut réglementer, il faut plus d’état,
il faut contrôler et en gros, il faut passer par armes et bagages la moitié du
libéralisme classique du XIXe siècle. »
« Qui définit le XIXe siècle »
Bastiat doit se retourner dans sa tombe, lui qui, du moins
pour une bonne première moitié de ce siècle, a passé ses jours à tenter
d’insuffler un peu de liberté à la France, laquelle n’était pas alors si
différente des autres grands pays. Allons, voyons, les Lumières, c’est bien
avant le XIXe et le libéralisme classique n’a couvert aucune période de notre
histoire, aucune.
« Et puis vous avez la crise de 29 »
La crise de 29 marque-t-elle vraiment une étape du
libéralisme ? Il me semblait qu’il s’agissait avant tout d’un virage
économique et politique ? Certes, il a conduit à un fort virage socialiste aux
Etats-Unis avec Roosevelt, mais s’agissant de la liberté au XXe siècle, des
dates comme la Première Guerre mondiale, la Révolution d’octobre, la Nuit de
cristal ou les Chemises noires m’auraient semblé plus pertinentes. Ou si on
veut vraiment rester dans le microcosme libéral, les ouvrages de Mises (Socialism
en 1922 et Liberalism en 1927) me semblent également plus
marquants. Ne s’intéresser qu’à 29, c’est de nouveau plonger dans la vision
monétariste (pas au sens de Friedmann) de l’époque, mais ce n’est pas rester
sur les rails libéraux qui sont avant tout de l’ordre du droit.
« On se remet à inventer toutes sortes de nouveaux
libéralismes »
On se remet à inventer ? Tout d’abord, il est bon de
toujours éviter le « on ». Comme dirait l’autre : « On ? Ils
sont beaucoup là-dedans ? » Surtout, « qu’on » m’explique
qui a jamais inventé le libéralisme, d’une part et comment on pourrait inventer
ce qui est déjà défini et ne connaît ni ne peut connaître de variante.
Car c’est là une première erreur fondamentale véhiculée par
une telle expression : il n’y a pas deux libéralismes, il n’y en a qu’un
seul. Le libéralisme, c’est l’application du principe de non-agression, ou, ce
qui revient au même, l’assurance du respect de la propriété privée. Il faudrait
quand même, quand on se dit libertarien, que cette certitude issue de la pure
logique soit claire à l’esprit et dans le verbe. Dès lors, on n’invente pas, ou
plus, le libéralisme, il n’y a ni ne peut y avoir de nouveau libéralisme et,
seconde erreur, quiconque oserait dire qu’il invente un libéralisme doit
être dénoncé comme un charlatan de la liberté. Voilà ce qu’on est en droit
d’espérer comme discours libertarien.
« C’est pas un marxiste Keynes »
Avec ce genre d’affirmation, PS s’affirme utilitariste. Une
des caractéristiques des libéraux utilitaristes, même sincères, c’est de tout
relativiser. Selon qu’une option sera jugée plus « utile » qu’une
autre, et sous prétexte que le marché libre en jugerait, on pourrait préférer
ou admettre telle ou telle chose, en tant que libéral. Ainsi par exemple, on
pourrait considérer la guillotine comme libérale parce que le coût d’un seul
meurtre légalisé est sans commune mesure avec les conséquences d’un meurtrier
sévissant dans la ville. Et ainsi dans le domaine économique, moins violent
certes, mais selon la même logique pourtant, un Keynes pourrait être plus
acceptable qu’un Marx.
Mais c’est oublier ce qu’est la liberté, voyons. Le respect
de la liberté, c’est le respect de la propriété privée, et rien d’autre. Certes
Marx avec son communiste producteur à partir de la « propriété collective
des moyens » est clairement anti-libéral. Mais PS oublierait-il le vol
institutionnalisé par les politiques keynésiennes et leur inflation et monnaie
dilapidée ? Peut-il m’expliquer en quoi il y aurait une différence
fondamentale entre un voleur affiché et un voleur masqué ? Entre un idéologue
et un politique qui a délibérément appauvrit la Terre entière en pleine
conscience ?
Un libertarien ne peut pas être un tel utilitariste qui
pourrait considérer que le crime de Marx serait pire ou moindre que le crime de
Keynes. Un libertarien est un jusnaturaliste qui ne juge qu’à travers le prisme
du respect du droit, pas celui du un peu plus ou du un peu moins de respect du
droit. Donc Keynes ou Marx, peu importe, dans le même sac, deux voleurs. On est libéral, ou
on ne l’est pas.
« C’est une erreur que les libertariens font »
- « à l’époque où Keynes écrit, c’est du libéralisme »
J’ai failli réagir en disant que les libertariens ne font
jamais d’erreur, mais c’est exagéré bien sûr. Il demeure, notre force, celle
qui devrait être mise en avant auprès des gens, celle qui fera que nos idées
seront universellement adoptées, c’est précisément que nos analyses sont le
plus souvent justes, ne vous déplaisent. Pas parce que nous sommes
infaillibles, mais parce que notre domaine est celui de la logique. Ici encore,
non, ce ne sont pas les libertariens qui font erreur, désolé.
À l’époque où Keynes écrit, ce n’est pas du libéralisme, pas
plus que depuis. « On » a pu faire passer cela pour du libéralisme,
cela est certain. Mais c’est bien toute la nuance, celle qu’il faut dénoncer.
Les mots ont un sens, il faut lutter pour qu’ils le gardent. Sinon, Ayn Rand
dirait que « on » est dans le vol de concept, celui qui pervertit les
choses et la pensée. Faut-il rappeler à PS le slogan central de 1984 ? « La
guerre est la paix – La liberté est l’esclavage – L’ignorance est la
force ». Et pourquoi ne pas ajouter « Le libéralisme est le
socialisme », tant qu’on y est ? Est-ce là assez clair, cher
PS ? La liberté est la liberté, ce n’est pas en laissant les socialistes
se qualifier de libéraux qu’on rendra la liberté socialiste ni les socialistes
libéraux. Notre combat doit être de dénoncer les euphémismes, tous les
euphémismes, et non de les admettre comme causes perdues faces auxquelles il
faudrait baisser les bras.
« Le laisser-faire, ça ne fonctionne pas »
Donc tous ces auteurs sont opposés ou contestent le
laisser-faire ? Mais alors si ce point est si évident, comment peut-on
encore accepter de les qualifier de libéraux ? Encore une fois, ce n’est
pas parce que des gens se qualifient de libéraux qu’ils le sont et il ne faut
pas laisser s’installer la dérive plus ou moins orchestrée qui en résulte, car
au bout de cette voie se trouve 1984.
À cet égard, il en va des libéraux auto-proclamés comme des
gens de gauche. Il y a les idiots, moutons qui suivent leurs chefs. Il y a les
chefs qui pour la plupart sont des manipulateurs de mauvaise foi, tels ceux du
récit que nous fait PS. Et il y a la masse des ignorants, ceux qui ne se
rendent pas compte qu’ils ne sont pas libéraux, mais sans malveillance. Il faut
expliquer à ces derniers ce qu’est le vrai libéralisme, c’est long mais ce
n’est pas difficile. Par contre, le vrai danger, celui du vrai combat, ceux à qui il
ne faut jamais lâcher le moindre pouce de terrain, ce sont ces
« chefs », ces chefs de partis qui pervertissent à dessein les mots
pour que les idiots et les ignorants les rejoignent au lieu de nous rejoindre
et de rejoindre la liberté.
03:42
« Alors vous avez une bagarre qui se met en place,
avec Hayek et surtout Mises qui veut essayer de défendre l’archéo-libéralisme,
ce qu’ils vont appeler l’archéo-libéralisme, contre le néo-libéralisme et qui
est le libéralisme XIXe siècle. Cette guerre va être perdue par Hayek et Mises.
C’est le néo-libéralisme qui va prendre le pas. Et ça va se passer
définitivement, la défaite finale se passe en Belgique, à Ostende, au colloque
d’Ostende, en 1957, qui a été organisé par le Centre Paul Hymans, ancêtre du
centre Jean Gol du MR ; où Hayek d’ailleurs ne va pas parce qu’il se rend
déjà compte que c’est perdu. Et, où de façon évidente, on va rejeter les
théories archéo-libérales, qu’on va appeler libéral de stricte observance,
absolutisme libéral, intégrisme libéral, pour leur préférer des théories
libérales modernes, c’est-à-dire Keynes et Beveridge. On ira même jusqu’à citer
Marx, le jeune Marx comme étant un exemple de ce que le libéralisme devrait
être, par rapport à des Bastiat qui sont considérés comme des gens qui ont été
une déviance purement économique du libéralisme. Donc le libéralisme, le
libéralisme, il vit sa crise à ce moment-là, il choisit une voie historique.
C’est un milieu social, ce sont un ensemble de partis. En France, il n’y a plus
de parti libéral, mais en Belgique, en Angleterre, en Allemagne, en Italie probablement
également, bien que je connaisse moins l’histoire politique italienne, il y a
un ensemble de partis qui font le choix, qui sont le libéralisme, ils sont – le
parti, les gens qui pensent libéral, les milieux sociaux-libéraux, font le choix
d’aller vers un nouveau libéralisme, qui est Keynes et consorts. Et ils fondent
à ce moment-là l’Internationale libérale, qui sera la réunion de tous les
partis politiques qui se déclarent libéral. »
« Ce qu’ils vont appeler l’archéo-libéralisme »
J’invite tous ceux qui liront cette critique à chercher ce
terme sur Internet pour vérifier son origine. Ils pourront constater qu’on peut
penser que Serge Audier l’a inventé et quoiqu’il en soit qu’aucun libéral et
surtout ni Mises ni Hayek ni aucun libéral ne l’a inventé ni adopté. Pour la
petite histoire, on trouvera aussi sur Liberpedia le paragraphe suivant, au
départ sur le néo-libéralisme, mais qui au passage égratigne le concept
d’archéo-libéralisme et que je laisse dire ce qu’il a à dire :
Néo-libéralisme : « Fantasme des
alter-comprenants, pratiquement personne ne s’en réclame depuis quelques
décennies. Sémantiquement, il serait censé désigner un libéralisme nouveau,
limité à l’économie (libéralisme économique). Or, les théories libérales d’un
Locke ou d’un Bastiat, par exemple, sont toujours aussi valables après des
siècles, et reprises par les libéraux d’aujourd’hui. Le néo n’a donc aucun
sens. Au contraire, les libéraux n’auraient aucun complexe à se déclarer
"paléo-libéraux" ou "archéo-libéraux" pour bien montrer que
le libéralisme n’est pas une question de mode.
Expression dénuée de sens logique car le libéralisme suit
une tradition historique. Les minarchistes d’aujourd’hui n’ont pas les idées
différentes d’un John Locke, et même l’anarcho-capitalisme de 1849 avec Gustave
de Molinari ! Autrement dit, il n’y a pas de moment logique dans l’histoire de
la pensée libérale dont on pourrait dire qu’avant ce moment c’est le
libéralisme et après c’est le néolibéralisme.
Si le mot "néolibéralisme" a eu un sens, c’est
à moment bien précis de l’histoire des idées (le Colloque Lippmann[1]) et,
justement, pour désigner l’inverse – un "libéralisme" (un
pseudo-libéralisme de notre point de vue) fortement imprégné de social-étatisme
– de ce que les ennemis du libéralisme prétendent stigmatiser aujourd’hui
! »
« Cette guerre va être perdue par Hayek et
Mises »
Ah bon ? Quand on lit la biographie de Mises, on entend
un autre son de cloche. On apprend qu’il n’a même pas souhaité s’engager dans
cette « bataille » et a préféré rester sur une visée de long terme,
sachant très bien qu’il serait seul mais qu’il contribuerait à faire connaître
et finalement à faire adopter par tous les idées libérales – les vraies. Car la
guerre n’est ni finie, ni perdue et même mieux, on sait déjà qui la
remportera : la liberté.
« Où de façon évidente, on va rejeter les théories
archéo-libérales »
J’adore les phrases où « on » intervient,
« on » voit tout de suite qui cela met en œuvre, qui a ainsi rejeté
ces théories. C’est tellement évident que « on » est encore là pour
en débattre et que PS n’est pas capable de matérialiser ses dires. Et puis
j’enfonce le clou, il n’existe pas de théorie archéo-libérale, il existe des
ramassis étatistes incohérents d’un côté et la théorie libérale de l’autre.
« Donc le libéralisme, il vit sa crise à ce moment
là, il choisit une voie historique »
Une variante de ce qui précède. Cette fois « on » personnifie le
libéralisme, il se voit soudain incarné et doué de sa propre capacité de
décision, il devient un être de la déesse liberté capable de choisir son
chemin. Et nous n’avons pas eu de chance, car justement à l’époque voyez-vous,
le libéralisme fait des siennes, il se prend à fricoter avec les socialistes
et, séduit, n’en reviendra plus, perdu à jamais. Ridicule. Le libéralisme ne
chemine pas, il est intemporel.
Comment PS peut-il à ce point et travestir l’histoire et ne
pas voir, ne pas dénoncer cette supercherie que les adversaires de la liberté
ont tenté et tentent encore justement, de toujours chercher à faire du
libéralisme une idéologie et un courant, dès lors malléable, déguisable,
camouflable et ainsi un objet perverti et détestable. Comment peut-il ne pas
dénoncer la manœuvre ?
« Les milieux sociaux-libéraux font le choix d’aller
vers un nouveau libéralisme »
Les milieux X ou Y peuvent en effet bien faire les choix
qu’ils désirent, Ils peuvent choisir d’aller vers des idées nouvelles, aucun
problème en soi. Mais cela ne les autorise pas à qualifier leurs divagations de
libéralisme, fut-il nouveau ou pas. Et cela surtout n’autorise pas notre
conférencier à leur donner blanc-seing à cet égard ni encore moins à nous faire
la leçon de la liberté. Non, ils ne sont pas allés vers un quelconque nouveau
libéralisme, ils n’ont cherché qu’à en corrompre le sens pour mieux faire
accepter leurs ignominies et des non-réactions telles que celle de notre
orateur ne sont que de nature à leur faciliter la tâche.
05:44
« Et à ce moment-là vous vous retrouvez avec Mises
et Hayek qui sont un peu perdus et qui vont créer ce qu’on va présenter comme
une contre-offensive intégriste, la société du Mont Pèlerin. La société du Mont
Pèlerin, elle redevient, on recommence à en entendre parler dans les années 80, quand Hayek redevient à la mode autour de l’arrivée de Thatcher. Mais en fait
c’est un repère d’archéo-libéraux et surtout de libertariens de plus en plus.
Parce qu’aux Etats-Unis, Mises et Hayek vont retrouver du soutien chez les
libertariens qui ne sont pas un courant à proprement parler libéral. Eux ils
sortent de l’anarchisme individuel. Ce sont des gens comme Lysander Spooner,
qui était quelqu’un qui a énormément combattu l’esclavage aux Etats-Unis, qui
avait beaucoup de contacts avec le parti démocrate et les jeffersoniens, mais
qui n’a jamais pu accepter de rentrer dans le mouvement jeffersonien parce que
Jefferson était bien connu pour être un propriétaire d’esclaves. Il a écrit –
c’est un auteur qu’on lit encore beaucoup chez les libertariens, vous pourrez
lire de lui « Outrage à Chef d’Etat » qui est tout à fait
intéressant, qui reprend grosso-modo mon introduction – enfin, dont j’ai repris
mon introduction, c’est plus juste, tout à l’heure, et également un livre tout
à fait sympa, qui s’appelle « Les vices ne sont pas des crimes »,
dont on a repris également le titre pour un des chapitres du programme du parti
libertarien. Puis vous avez également quelqu’un qui s’appelle Benjamin Tucker
qui est le traducteur en Anglais de Stirner qui est un anarchiste européen.
Donc il y a un courant anarchiste individualiste qui est resté à l’abris du
marxisme, pendant que le mouvement anarchiste en Europe se faisait dominer par
des considérations marxistes et qui a conservé un côté individualiste,
propriétariste, un petit peu dans la logique de « J’ai mon claim,
j’arrive, j’ai ma terre, j’y mets une barrière autour, je cultive ma terre, c’est
chez moi, le gouvernement de Washington il va être accueilli à coups de
Winchester, Dieu a créé les hommes libres, Winchester a écrit qu’ils le
restent. »
« Une contre-offensive intégriste, la société du
Mont Pèlerin » - « C’est un repère d’archéo-libéraux et surtout de
libertariens de plus en plus »
J’invite tout d’abord le lecteur à consulter l’article de
Wikibéral sur la MPS (Mont Pèlerin Society). Il se convaincra je pense très
vite, devant la simple liste de noms de ses anciens membres et son évolution,
que je ne me trompe guère si je qualifie la phrase de PS de mensonge éhonté. En
effet, à part Mises et Hayek, aucun « autrichien » et donc
« archéo-libéral » - même si d’autres, notamment français, ont depuis
rejoint la MPS. Des noms comme George Stiglitz, qui ne saurait être pris pour
un libéral, ou encore plus récemment, des politiciens qu’on peut donc
difficilement dire « de plus en plus libertariens ». Quand on sait
que Mises a quitté la MPS et que ni Rothbard ni Hoppe ni ont adhéré, on
comprend que la MPS n’a rien du creuset libéral que Hayek voulait en faire et
s’est vue bien plus dériver vers l’étatisme que notre conférencier veut le
reconnaître.
« Hayek redevient à la mode »
Ce qui me fait réagir ici, c’est la référence à la mode. Il
y a des modes, même en politique, même en économie, le libéralisme n’est plus à
la mode, en tout cas certainement pas celui des libertariens, c’est comme ça.
Mais non, justement, c’est pas comme ça. La mode, ça va, ça vient, la mode
c’est fait de ce qui paraît, qui semble, qu’on croit être, c’est un mince
effluve.
Ce n’est pas ce qui importe. Cela se change. Et cela se
change d’autant facilement que ce qui est à la mode échoue et que le nouveau est plus solide. Or le libéralisme ne peut pas échouer, il est solide, il est
simple et simple à comprendre, il suffit juste d’allumer des braises et de
souffler assez fort et pffff, la mode étatiste sera passée de mode….
« Eux ils sortent de l’anarchisme individuel »
- « Eux ne sont pas un courant à proprement parler libéral »
Encore un raccourci abusif de la part de notre intervenant,
je renvoie le lecteur à l’ouvrage de David Boaz cité plus haut, où on trouvera
un récit bien plus complet et précis de l’évolution des idées de liberté
outre-Atlantique. Le point qui me semble important consiste à souligner combien
ces auteurs et penseurs sont eux aussi les héritiers de John Locke.
Je cite David Boaz : « Avec John Locke, Adam
Smith est l’autre père du libéralisme ou de ce que nous (NdT. : les américains)
appelons désormais le libertarianisme. Et puisque nous vivons dans un monde
libéral, Locke et Smith peuvent être considérés comme les architectes du monde
moderne. »
Ils ne sont pas une espèce de génération spontanée porteuse
d’une philosophie politique sans lien avec les Lumières, comme PS le laisse
entendre. Ils ont bien sûr connu une histoire et une influence tout autre que
des Say ou Bastiat, plus issue de la Rule of Law anglaise. Mais un
Spooner par exemple, dans Lettre à Grover Cleveland, se réfère
explicitement à une belle brochette de noms : John Locke, David Hume, Adam
Smith, David Ricardo, J. R. McCulloch, et John Stuart Mill. Alors, pas libéral,
Spooner ?
« Winchester »
J’aime bien le passage à la fin sur les claims et la
Winchester, car pour une fois dans cette vidéo, voilà un instant de véracité.
Il est dommage que PS exprime cette vision libérale primitive avec une pointe
d’ironie, de dérision dans le ton. Car ce qu’il décrit, ce n’est ni plus n
moins que le modèle de la société libre, ce qui devrait être presque idolâtre
pour un libertarien…
07:55
« Donc il y a ce courant-là. Et ce courant va opérer
sa fusion avec l’école autrichienne d’économie de Mises, représenté
principalement à travers la personnalité de Murray Rothbard qui est le grand
auteur actuel de la plupart des libertariens, enfin actuel, il est décédé, mais
il a écrit dans les années 60 au moment où le parti libertarien aux Etats-Unis
s’est mis en place en résistance contre la guerre au Vietnam et on a
développé à ce moment-là le parti libertarien, et Rothbard a été à la fois le
type qui a recueilli la tradition anarchiste des libertariens américains et la
tradition – un très grand économiste également – la tradition de l’économie
autrichienne par Mises. Et c’est lui qui va faire finalement ce mélange un
petit peu spécifique qu’on appelle le libertarianisme aujourd’hui. Et qu’on a
donc tendance – parce qu’évidemment quand on relit les textes des libéraux du
XIXe siècle, on se dit « mais c’est les mêmes discours qui sont
dedans ! » Oui en partie, sur la partie économique ce sont les mêmes
discours, parce que c’est l’archéo-libéralisme, mais c’est le libéralisme dont
on ne peut pas nier que LUI il a évolué vers autre chose. »
« Fusion avec l’école autrichienne »
Il est impropre de dire que Rothbard fit la « fusion
avec l’école autrichienne ». Les autrichiens sont libéraux bien avant lui,
Mises a écrit un Libéralisme bien avant Pascal Salin, ne l’oublions pas.
Il n’est pas le premier libéral autrichien, même s’il est le premier à se
revendiquer libertarien, pour des raisons de paysage politique.
Non, ce que Rothbard fit en effet, ce sont deux choses
majeures mais un peu différentes. En premier, il a poussé la théorie
autrichienne plus loin dans sa rigueur et son formalisme, au point de la rendre
si proche de l’action humaine que toute action étatique y est étrangère.
Ensuite, il a établi formellement qu’il ne peut y avoir de théorie économique
pleinement cohérente avec le libéralisme qui ne serait l’école autrichienne.
Ce n’est pas de la fusion, ce n’est pas un acte politicien,
cela relève de la pure logique, de la science, pas d’une éventuelle évolution
supposée du libéralisme.
« Il a écrit dans les années 60 »
Man, Economy and State fut en effet publié en 1962, mais
si Rothbard reste moderne sinon contemporain, c’est qu’il a écrit de nombreux
ouvrages et articles, cela jusqu’à sa mort en 1995, donc bien plus près de
nous.
« Faire finalement ce mélange un petit peu
spécifique qu’on appelle le libertarianisme »
Spécifique ? Il fait exprès ou quoi ? Non
monsieur, le libertarianisme n’est pas spécifique. Murray Rothbard ne nous a
pas trouvé une nouvelle variété de rose sans épine qui porterait son nom, ni
une recette du tiramisu au café spécialement torréfié. Il n’a fait que
formuler de manière cohérente, complète – ou presque – et systématique la
théorie libérale, certes avec son style, mais la théorie libérale et rien
d’autre. Encore une fois, il n’y a qu’un libéralisme, et c’est pour cette
raison que Pascal Salin et Ludwig von Mises ont baptisé ainsi leur ouvrage
respectif.
Les auteurs autrichiens ou libertariens depuis, mais comme
lui, ne font que pousser plus loin l’analyse et l’expression explicite des
diverses facettes du libéralisme – tel Hülsmann sur l’éthique de la monnaie ou
Hoppe sur le caractère axiomatique de la propriété de soi – mais tous, comme
depuis Locke, décrivent le même, le seul libéralisme possible, celui où le
principe de non-agression sert de loi.
« Oui en partie, sur la partie économique ce sont
les mêmes discours »
Les discours du XIXe siècle sont libéraux sur la partie
économique ? Plait-il ? Cher Patrick, vous qui êtes Belge, avez-vous
déjà lu Gustave de Molinari ? Je vous recopie ici la fin de sa préface à
ses Soirées de la rue St Lazare, elle parle d’elle-même :
« Il m’a semblé que l’hérésie socialiste exigeait
une autre réfutation et la propriété une autre défense. […]
La thèse que j’entreprends de soutenir n’est pas nouvelle
; tous les économistes ont défendu la propriété, et l’économie n’est autre
chose que la démonstration des lois naturelles qui ont la propriété pour base.
Quesnay, Turgot, Adam Smith, Malthus, Ricardo, J.-B. Say ont passé leur vie à
observer ces lois et à les démontrer ; leurs disciples, MM. Mac Culloch,
Senior, Wilson, Dunoyer, Michel Chevalier, Bastiat, Joseph Garnier, etc.,
poursuivent avec ardeur la même tâche. Je me suis borné à suivre la voie qu’ils
ont tracée.
On trouvera peut-être que j’ai été trop loin, et qu’à
force de vouloir me tenir dans le droit chemin des principes, je n’ai pas su
éviter l’abîme des chimères et des utopies ; mais il n’importe ! j’ai la
conviction profonde que la vérité économique se cache sous ces chimères et sous
ces utopies apparentes ; j’ai la conviction profonde que l’affranchissement complet,
absolu de la propriété seul peut sauver la société, en réalisant toutes les
nobles et généreuses espérances des amis de la justice et de l’humanité. »
On voit là en effet, mon dieu combien avez-vous raison, que
Molinari n’était qu’un vulgaire économiste qui ne s’attachait guère à la chose
sociale ni à la justice humaine…. Ridicule.
Mais pour bien vous assurer que vous ne m’opposerez pas que
Molinari fait exception, considérons Frédéric Bastiat. Quels sont sans nul doute
ses deux ouvrages les plus connus ? La loi et L’état. Beaux
titres pour des ouvrages économiques, ne trouvez-vous pas ? Et quelle est
sa citation la plus reprise ? « L’État, c’est la grande fiction à
travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le
monde. » Vous avez dit économique ?
Car il y a une chose que vous semblez oublier, cher Patrick.
La société humaine est faite d’action humaine. Et cette action humaine se doit
de respecter autrui, via le respect du droit. Il est donc impossible d’en
extraire, de mettre d’un côté l’économique et de l’autre le droit ou la justice
ou le social. C’est d’ailleurs là une des grandes erreurs de tous les économistes
et politiciens socialistes que de croire qu’on peut agir sur l’un sans impacter
l’autre.
J’avoue que je me serais attendu d’un président de parti
libertarien qu’il eût mieux assimilé cette idée fondamentale.
« C’est le libéralisme dont on ne peut pas nier que
LUI il a évolué vers autre chose »
Eh bien voyez-vous, on le peut, on peut nier que le
libéralisme a évolué. Le libéralisme est une idée, une idée n’évolue pas. Les
gens, en l’occurrence les politiciens, les médias, les « milieux »
ont déformé l’idée et l’ont dévoyée et en ont altéré le sens, ils ont mis un
nom sur une idée qui était toute autre, mais le libéralisme, lui, n’a pas changé et ne
changera jamais.
Il me semble que pour expliquer la confusion dont vous
semblez frappé, il faut mettre le doigt sur cette fâcheuse manie que vous avez
d’employer le « on » à tort et à travers dans de tels propos se
voulant explicatifs. Il me semble que vous avez oublié de faire le tri entre
les idées, le libéralisme, et les acteurs, les porteurs ou les dévoyeurs de nos
idées. « On » est en droit de se demander pourquoi.
Faire ce distinguo entre l’idée et ses porteurs, notamment
ceux qui l’abusent, c’est pourtant absolument nécessaire pour la liberté. Car
cela véhicule le message qui doit être transmis. Le message qui dit à nos
enfants ce qu’est la liberté et qu’elle est possible et souhaitable, un message
d’espoir essentiel. Et un autre message, celui qui leur dit que les ennemis de
leur liberté sont les politiciens, celui qui leur dit de se méfier des
politiciens qui déforment le message de la liberté.
09:04
« Donc voilà sur la différence entre les deux. Et il
va y avoir un point extrêmement important qui va revenir tout le temps dans les
débats entre libertariens et libéraux, c’est : pour les libertariens, le
droit est quelque chose que vous possédez en tant que tel, que vous avez avec
vous, consubstantiellement à votre existence, et où l’état est toujours en
train d’attenter à votre droit, est la plus grande source attentatoire à votre
droit, contre lequel vous devez lutter. Pour les libéraux dits classiques ou
modernes, l’état est l’origine du droit, c’est l’état qui crée la matrice dans
laquelle la société peut exister, dans laquelle le droit va se fonder. Et vous
allez trouver par exemple des débats entre libéraux et libertariens sur
l’obéissance qui est due à la loi. En particulier dans les questions de fraude
fiscale. Pour un libertarien, il n’y aucun doute que la fraude fiscale est
légitime. La fraude fiscale ça sert à protéger son pognon contre un voleur
qu’on appelle l’état. Et dieu merci qu’il y a de la fraude fiscale, sans quoi
la Belgique serait dans un état infiniment pire que ce qu’elle n’est
aujourd’hui. Pour les libéraux c’est quelque chose qui est impossible à
concevoir parce que malgré tout, l’état doit être financé, parce que l’état est
l’origine du droit. Donc comme je résumais récemment, pour un libéral, l’état
minimal c’est le plancher, pour un libertarien, l’état minimal, c’est le
plafond. Voilà , vous avez besoin d’être sur un plancher bien solide, enfin,
« vous », les libéraux ont besoin d’être sur un plancher bien solide,
nous on a un plafond qui nous gâche la vue vers le ciel et qu’on a envie de
faire sauter. »
« Il va y avoir un point extrêmement
important »
Ce point important, PS le développe dans toute cette
dernière partie, et il a raison, c’est le point majeur du fameux
« débat ». Ce point, c’est celui du rôle, de la place de l’état et du
droit dans la société, le fameux débat entre minarchistes et anarchistes.
Si « on » est gentil avec PS, il faut lui
reconnaître la pertinence et la clarté dans l’expression de ce sujet de
friction. Si « on » est plus rigoureux, ou exigeant, il faut se
demander pourquoi il a attendu presque dix minutes pour l’exprimer, sachant que
tout le reste de la vidéo n’est que folklore et que la seule vraie différence,
s’il doit y en avoir une, porte sur ce point et sur rien d’autre.
Mais s’il a raison d’exprimer le fait que ce sujet du droit
revient régulièrement, il n’a pas raison dans sa conclusion. Je l’ai déjà
expliqué plus haut, l’analogie du plancher et du plafond ne tient pas,
elle ne correspond pas à la réalité des principes libéraux et il est grave
qu’un président de parti libertarien se fourvoie à ce point sur un sujet à la
fois aussi basique et aussi important.