Friday, November 7, 2014

La question du prix

Ces jours derniers, un ami a reçu un message sur Tweeter  d'un « avocat et citoyen engagé » de la région toulousaine (http://blogs.mediapart.fr/blog/cleguevaques) qui a cru malin de lui affirmer que « le [problème] avec les libéraux (même prix Nobel) c’est qu’ils résument l’[économie] à 1 question : le prix. Simpliste ! » Cher citoyen engagé, vous ne faites là qu’afficher une incompréhension commune des libéraux et des idées que nous avons la fierté de défendre. Laissez-moi tenter de vous éclairer.

On pourrait attendre d’un avocat qu’il fût mieux informé de l’histoire de la liberté. Les libéraux ne sont pas et n’ont jamais été de simples économistes. Pire, la majorité de ceux qu’on qualifie de libéraux de nos jours ne le sont pas et ne sont qu’une forme masquée d’étatistes, voire de socialistes.

Le libéralisme nous vient tout droit des Lumières. En France, ses Pères se comptent chez les Turgot, Cantillon, Boisguilbert, Say ou Guyot, avec Frédéric Bastiat comme figure emblématique. Jacques Rueff, Friedrich von Hayek ou Jean-François Revel, plus près de nous, étaient d’authentiques libéraux. Non, ni Keynes, ni les prix Nobel, ni Bernanke, ni même Sarkozy ne sont des libéraux. On pourrait même très largement débattre du libéralisme de Jean Tirole, ne vous déplaise. Et si vous voulez des références encore plus authentiques en économie libérale, intéressez-vous à Ludwig von Mises.

Or tous ces grands noms ont en commun de ne pas faire l’erreur que vous nous reprochez. Depuis Richard Cantillon, puis au XIXe siècle avec J-B.Say et Carl Menger, on a compris que la valeur des choses ne s’exprime pas que dans leur prix. La valeur, c’est ce qui nous pousse à commercer. Si vous décider d’acheter les services d’un avocat, c’est que vous pensez que cela vaut plus que cela va vous coûtez – du moins ce que vous estimez comme coûts à cet instant. Il y a donc un prix d’un côté, et la valeur de l’autre, toujours supérieure – sinon, pourquoi payer un avocat ?

On voit donc que le libéral sait très bien que l’économie n’est pas faite que de prix. Dans la valeur, notion totalement subjective et personnelle, il y a tout ce que chacun veut bien y mettre. De l’affectif. Des couleurs. Des arômes. De l’envie. Ou au contraire de la peur. Tout ce que vous pourrez imaginer entre en effet en jeu. Mais parce que la valeur est personnelle, il est impossible de la quantifier. Alors on en revient au prix, quantité monétaire. Non pas parce que le prix est la valeur, mais parce qu’il en est la seule approximation universelle qu’on connaisse.

Vous avez raison sur une chose, cependant. Les économistes modernes contestent cette vision de la valeur. Mais c’est bien là l’indice qu’ils ne sont pas libéraux.

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