En France, l’explosion mondiale
des cas de cyber-attaques dans tous les secteurs a poussé l’état à un fort
renforcement des textes visant à réduire un risque concernant désormais tous
les acteurs, privés comme publics. A titre d’exemple, la récente Loi de
Programmation Militaire (LPM) établit un cadre d’exigences pour les «
Organismes d’Importance Vitale », grandes institutions et entreprises du pays.
Ce type d’initiative suppose
l’efficacité de la loi face à ce risque. Mais que peut-on en dire en réalité ?
Le "risque" cyber suppose l’action
de cybercriminels, pouvant être de types très divers. Comme pour une banque, la
loi et ses sanctions dissuadent le petit délinquant, fréquent mais sans grand
danger. Logique militaire, si elle impose le secret, elle réduit le risque
d’action du malveillant mal informé. Mais elle ne peut empêcher les attaques
par des groupes organisés, compétents et disposant de moyens. Or ce sont eux
qui sont qui font le véritable risque de cybersécurité justifiant la loi.
En réponse à l’action, une loi
comme la LPM peut imposer la mise en place de bonnes pratiques de sécurisation.
Avantage, ces mesures éloigneront tout malveillant dont la capacité d’intrusion
est inférieure à ce mur de protection. L’analogie doit d’ailleurs être faite avec
la menace d’inondation, où les textes poussent leurs exigences de protection à
un niveau supposé au-delà du risque évalué.
Mais la tempête Xynthia a
démontré que l’acteur public en conformité avec ces textes n’a pas la garantie
d’un risque pleinement couvert lors d’une menace d’ampleur exceptionnelle. Il
s’agit de cas rendus très rares par les textes, mais dont les conséquences sont
d’autant multipliées.
Les groupes organisés de pirates
évoqués plus haut, s’ils se focalisent sur les systèmes « vitaux », peuvent-ils
passer par-dessus les murs de la loi ? Rien ne permet de l’exclure, s’ils ont
le temps ou les moyens, ce qui est le cas des groupes plus ou moins proches
d’états ou entités peu fréquentables.
Pour rester efficace, la loi
doit donc progresser au moins aussi vite que ce risque. Ce faisant, elle
réduirait toujours plus loin la possibilité d’attaque des systèmes vitaux, tout
en amplifiant le bilan en cas de piratage réussi. On conçoit aisément le défi
ainsi posé à la machine législative dans la durée.
Ainsi, pour la grande majorité
des acteurs publics, sans jamais constituer une garantie, la loi éloigne la
réalité du "cyber-risque". Mais pour ceux qui lui servent de motif, elle n’est
guère qu’une étape.
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