Dans un article de Contrepoints paru il y a quelques
semaines, Jim Rickards nous présente l’or ainsi :
« L’or est un
caméléon. Il change en fonction de son environnement, et en ce moment, l’or
opère un changement important. Parfois, l’or se comporte comme une matière
première. Son cours suit alors les hauts et les bas des indices des matières
premières. D’autres fois, l’or est considéré comme une valeur refuge. Il
concurrence alors les actions et obligations, et attire les investisseurs
inquiets. Enfin, parfois, l’or retrouve son rôle monétaire, devise la plus stable
à long terme que le monde ait jamais connue. »
Il me semble que cette manière de voir l’or, de le
présenter, comme possédant une personnalité insondable, traduit une erreur de
raisonnement ou du moins incite les lecteurs à un mode d’analyse tout à fait
inapproprié en la matière. C’est fâcheux dans ce monde où l’économie est si mal
connue.
Car évidemment, l’or n’est pas une personne, il n’est pas un
caméléon, il ne décide de rien de son rôle économique. Ce sont les hommes, les
individus habitant cette planète qui en décident. Et si l’or fait preuve de
tant de facettes, si son rôle semble fluctuer comme le caméléon, c’est
simplement que les millions d’acteurs économiques, dans leurs actions
changeantes, sont les véritables caméléons.
Mais reprenons les facettes énumérées par Rickards :
matière première, valeur refuge, monnaie. Dans cet ordre, le paradoxe de l’or
peut sembler réel. Mais inversons : monnaie, valeur refuge et matière
première, et l’explication du paradoxe, très simple, redevient à portée de
main.
Qu’est-ce qu’une monnaie ? Un médium d’échange qui
maximise la conservation de valeur. J’aime bien dire qu’une monnaie est de la
richesse future, parce que la richesse réelle et concrète viendra lors des
échanges futurs permis par la monnaie disponible et ainsi échangée. Je ne suis
pas riche de mes millions, mais de ce que mes millions me permettront d’obtenir.
La notion de monnaie suppose donc la notion de conservation de valeur, il n’y a
pas de paradoxe parce qu’aucune différence.
Puis parler d’une valeur refuge, c’est parler d’objets à la
valeur reconnue, souvent grande, dont on croit au potentiel de revente à très
bon prix. Il ne s’agit pas de refuges à perpétuité, il s’agit bien de vendre
pour in fine récupérer la valeur mise
à l’abri. De la richesse future donc. Donc de la monnaie.
Mais une matière première n’est pas forcément une monnaie, m’objectera-t-on.
En effet, son objectif premier est de nourrir les marchés industriels qui la
consomment. Mais les compagnies minières ne sont pas stupides, elles font
attention aux cours des matières pour tenter de les vendre à leur niveau de
prix le plus haut. Pour cela, très souvent elles stockent, de l’or ou du cuivre
ou autres.
Mais conserver un bien échangeable pour en tirer meilleure
richesse demain, n’est-ce pas le rôle de la monnaie ? On comprend alors
que tout est monnaie, l’or bien sûr et les matières premières aussi. La seule
chose qui distingue LA monnaie des autres produits, c’est le choix du marché.
LA monnaie est reconnue telle par le marché et par lui seul. Sans aucune distinction
caméléonesque que ce soit.
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