Simone Wapler écrit assez souvent dans Le Cercle et il est
vrai que ses positions sur l’économie sont bien plus rafraîchissantes que celles
de bien des pseudos économistes contemporains. Mais à la lire, j’ai encore
beaucoup de mal à la suivre et je doute finalement qu’elle soit vraiment
alignée sur la théorie autrichienne, ce que son dernier papier sur « la
fièvre de l’or » tend hélas à confirmer.
Que nous dit-elle ? « Lorsque les taux d’intérêt réels sont négatifs, les cours de l’or
montent. Nous vivons en régime de monnaie fiduciaire. La monnaie EST dette. Le
plus gros stock de monnaie est le dollar. » Cela est à la fois vrai et
faux. Oui, la monnaie papier est de la même nature qu’une reconnaissance de
dette, ce n’est plus une monnaie traditionnelle, comme l’or justement, qui
avait une valeur propre. Par contre, le lien entre taux d’intérêt et or n’est
pas si mécanique. Désormais, on achète ou pas de l’or pour tout un tas de
raisons, par exemple pour l’industrie électronique.
Puis elle continue : « Pour pouvoir stocker de la valeur dans une monnaie fiduciaire, le taux
d’intérêt sur la dette souveraine du pays doit être supérieur à l’inflation de
ce pays. » Cela n’est pas tout à fait exact non plus. Pour comprendre,
elle nous met sur la route juste après : « De la même façon, pour que votre épargne ne perde pas en pouvoir
d’achat, il faut que le taux de votre livret, de votre assurance-vie, soit supérieur
à celui de l’inflation. » Cette fois, s’agissant d’épargne, elle a
raison, on ne peut gagner en valeur d’épargne que si le taux de rémunération
est supérieur à l’inflation.
Mais cela n’est pas vrai pour la monnaie en général, comme
elle le pose précédemment. Si j’ai un billet de 10 euros, que je le garde un
mois dans ma poche, il perd en pouvoir d’achat du fait de l’inflation sur la
durée, mais sans un quelconque espoir que cela soit compensé par un taux d’intérêt.
La vision monétaire, ou du moins l’explication de cette dame est donc quelque
peu imprécise.
Mais c’est le lien avec l’or qui me gêne le plus, comme dans
la phrase qui suit : « A chaque
fois que les taux d’intérêt réels en dollar sont négatifs, le thermomètre
(l’or) enregistre une poussée de fièvre. » C’est peut-être ce qu’on
constate, mais on ne peut pas en tirer pour autant de lien de cause à effet, ce
qui serait pourtant ce qu’on attendrait d’un économiste digne de ce nom. Car,
on l’a vu, il peut y avoir de nombreuses raisons à l’achat d’or qui sont décorrélées
des soubresauts de la monnaie.
Il y a de nombreux débats sur la nature monétaire de l’or de
nos jours et sur son éventuel retour comme monnaie. Bien sûr, ce serait la
meilleure chose qui puisse arriver, et Simone Wapler a raison quand elle
affirme que les banquiers centraux feront tout pour que cela n’arrive pas. Mais
poser l’or comme un simple thermomètre n’est pas fidèle à la réalité et biaise
l’interprétation des cours. L’or reviendra dans nos porte-monnaie le jour où
assez de monde en aura décidé ainsi, tout simplement.
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