Le WEF est le World Economic Forum, le Forum Economique
Mondial en Français, le fameux « machin » qui réunit tant de pontes
chaque année à Davos pour réfléchir sans nous à notre futur.
Parmi les divers documents que le WEF publie annuellement,
on compte le « Global Risks Report », qui pour 2016 en est à sa 11ème
édition. Ce rapport prétend exposer les grands risques menaçant notre monde,
telle la crise de l’eau, ainsi que leur évolution par rapport aux années
passées. La synthèse est présentée sous la forme d’un graphique – ci-contre –
où les différents risques figurent selon leur gravité potentielle et leur
vraisemblance dans les circonstances actuelles.
Ainsi cette année, les deux risques les plus forts pesant
sur nos têtes sont selon le WEF : Failure
of climate-change mitigation and
adaptation (Echec de la réduction du changement climatique et de notre
adaptation) et Large-scale involuntary
migration (Migration de masse non souhaitée).
Ce qui est intéressant à la lecture de la liste de 29
risques figurant sur le graphique et détaillés par le rapport, c’est en premier
leur éloignement de risques majeurs tels qu’on les imagine vraiment : très
peu sont des risques très concrets tels que la famine ou quelque épidémie
mondiale. Ensuite, et je commencerai par cette analyse, pour la plupart on peut
affirmer qu’ils sont le reflet de l’étatisme mondial et dont le WEF est
lui-même un promoteur. Libéral
le WEF ? Laissez-moi rigoler.
Mais voyons cette liste de « risques » et
pour les premiers, demandons-nous ce qu’ils cachent :
Asset bubble in a
major economy: Bulle financière dans une grande économie : La théorie
de l’école autrichienne d’économie (EAE) nous apprend qu’il ne peut y avoir de
bulle sans interférence étatique dans la monnaie et intervention dans
l’économie en général. C’est donc un risque de source étatique.
Deflation in a major economy:
Déflation dans une économie majeure : L’EAE nous explique que la déflation
est un phénomène naturel qui est l’expression de notre enrichissement par capitalisation
et par progrès technologique. Autrement dit, ce n’est pas du tout un risque,
mais un objectif mondial.
Failure of a major
financial mechanism or institution: Faillite d’un mécanisme ou d’une
institution financière : Le WEF craint bien sûr le risque financier systémique
suite à une faillite bancaire par exemple ; on pense à une réplique de la
crise de 2008. Mais ne porter l’attention que sur une seule faillite, c’est en
faire un sujet minuscule. Le monde devrait pouvoir ne pas se soucier de la
moindre faillite, fût-elle bancaire. A nouveau, c’est l’étatisme financier mondial
qui a créé ce faux risque.
Failure/shortfall of
critical infrastructure: Faillite ou manque d’infrastructure critique :
Noter qu’on ne sait pas vraiment ici ce qu’on entend par infrastructure
critique – c’est cependant détaillé dans le rapport. Globalement, l’analyse est
la même que pour le précédent : une faillite, tout comme le manque de
services, est un phénomène naturel et intemporel ; cela fait des siècles
que le monde vit avec de tels risques et a appris à les gérer grâce au libre
marché. Imaginer qu’on puisse en arriver à un point où une seule faillite ou le
défaut d’une seule infrastructure pourrait mettre le monde à risque en dit long
sur la fragilité du système et sur la vision qu’a le WEF des risques de notre
monde.
Fiscal crises in key economies:
Crises fiscales au sein d’économies importantes : Ici, c’est le concept
même de crise fiscale qui est amusant. En gros, on considère qu’il est tout à
fait crédible que beaucoup dans ce gens refusent de payer leurs impôts, ou plus
d’impôts, alors que le vrai risque pour le monde en la matière tient au
contraire à l’existence même de la pression fiscale étatique.
High structural
unemployment or underemployment: Fort chômage ou sous-emploi structurels :
Ici encore, l’EAE nous enseigne que le chômage n’est jamais un phénomène
naturel, mais au contraire toujours le produit de politiques protectionnistes
en faveur des salariés en place : SMIC, droit du travail hyper-protecteur
rendant le licenciement impraticable, statut de fonctionnaire et assimilés.
Illicit trade (e.g.
illicit financial flow, tax evasion, human trafficking, organized crime, etc.):
Commerce illicite ou frauduleux (évasion fiscal, crime organisé, trafic humain,
flux financiers, etc.) : Un des plus comiques que ce concept d’échange
illicite ou frauduleux. Voilà par définition une construction sans réalité dans
une société libre où le libre échange est à la base de la société. Retenir
ainsi l’évasion fiscale comme une source de risque montre à quel point ces
chers (très chers) experts du WEF ont perdu le sens commun, ceux-là mêmes qui très
probablement vivent dans quelque paradis fiscal.
Severe energy price
shock (increase or decrease): Choc sévère sur les prix de l’énergie (hausse
ou baisse) : Vous avez bien lu, une baisse des prix de l’énergie pourrait bien
être un risque majeur. Autrement dit, il est dangereux que plus de monde puisse
un jour payer moins cher son énergie.
Unmanageable inflation:
Inflation incontrôlée : Exemple classique pour finir, l’EAE nous apprend
tout d’abord que l’inflation ne peut exister que comme conséquence de la
manipulation monétaire par les états ou leurs banques centrales ; ce
risque est donc 100% étatique. De plus, imaginer une inflation incontrôlée, c’est
avouer l’inflation contrôlée donc volontaire, c’est donc avouer qu’on pense
sain de faire en sorte que les bas de laine du monde entier perdent un peu de
leur valeur chaque jour.
Mais arrêtons-nous là. On aura compris. Ces risques n’en
sont pas. Ils ne sont que l’expression de la vue complètement biaisée qu’ont de
la vie et de la société les « grands » de ce drôle de monde.
Il est assez extraordinaire de constater qu’à part les
crises de l’eau – et encore, il s’agit là d’un risque aux dimensions très
politiques – le WEF ne s’intéresse à aucun des grands risque intemporels de l’humanité :
famine, maladies et épidémies, guerres ou encore misère généralisée. Et pour un
libéral, les autres grands phénomènes, les grandes causes des dysfonctionnements
politiques et sociaux qui sont en réalité les véritables enjeux à la base de la
plupart de ces risques imaginés de toutes pièces.
On se prend ainsi à rêver d’un WEF qui publierai un Global Risk Report 2017 centré autour de
risques comme la généralisation de la démocratie, l’impérialisme américain, le
développement de l’emprise des religions, la régression du respect et de la
protection du droit de propriété individuelle, le manque d’indépendance et de neutralité croissants
d’Internet, le recul du libre marché, un peu partout l’accroissement des textes
de loi, l’endettement exponentiel des pays, le dévelopement de la propritété intellectuelle
et ses brevets, ou encore le recul du droit naturel au profit du droit positif.