Parfois je me retrouve à écrire ce qui semble des évidences,
et je reprends ce risque à nouveau en tentant de traiter de la problématique de
la diffusion des idées libérales et libertariennes auprès du plus grand nombre.
Car il me semble que c’est un sujet de confusion au sein de bien des
discussions.
Je l’avais développé dans un papier sur la « maturité
libérale », la réalité est telle que tous les gens n’ont pas le même degré
de compréhension et d’adoption de la théorie libérale, y compris la majorité de
ceux qui se croient ou se disent libéraux. Plus généralement, l’idée consiste à
constater que la compréhension de la théorie libérale est un chemin qui passe
par des étapes qui sont autant de remise en question de facettes de l’étatisme
qui nous est inculqué depuis notre jeunesse.
La pyramide que suggère le titre est ainsi constituée à la
base de la foule des étatistes collectivistes de tous poils. Viennent alors
au-dessus la foule plus réduite des gens qui tels les supporters de Fillon,
voient vaguement que le libéralisme est la voie à suivre, mais sans trop
comprendre ce mot ni sans abandonner un fort attachement à l’état sous ses
multiples formes. Au-dessus se trouvent le nombre plus réduit de ceux qui se
déclarent ouvertement libéraux, demandent certaines actions de réduction du
mammouth et ont vaguement entendu parler d’auteurs comme Milton Friedman. On
trouve enfin un certain nombre de couches de faibles populations de libéraux
avertis, minarchistes et libertariens.
Le but de ce concept de pyramide n’est pas de faire des
libertariens une élite, mais simplement de décrire la réalité des idées et de
servir de base à nos stratégies de communication et d’explication.
Car si nous voulons espérer un jour voir plus de gens, sinon
tous ou même la majorité, comprendre ou simplement adopter plus ou mieux les
idées de liberté, ce n’est pas par le vote ni par la force qu’on y arrivera,
mais par l’explication. Il faut donc adapter nos explications à nos cibles et
s’organiser ensemble en fonction des cibles. Mais aussi d’où on se trouve sur
la pyramide.
Ainsi, pour toucher l’immense foule du bas de la pyramide,
il est illusoire d’espérer que les rares libertariens soient assez nombreux
pour tirer tout ce monde vers le haut, même si cela peut arriver ponctuellement
et qu’il soit pertinent de le faire autant que possible. En volume, il vaut
mieux parier sur une stratégie où chaque couche tire de proche en proche la couche
en dessous vers la sienne.
Dès lors, l’effort des fillonistes sera de convaincre les
jupettes, les pseudo-libéraux tenteront d’amener les fillonistes à eux, par
exemple sur plus de privatisation, les minarchistes travailleront à expliquer
aux pseudos pourquoi l’état doit maigrir encore et encore et les libertariens
continueront de tirer tout le monde vers le haut. De proche en proche, comme
dans un entonnoir, on peut espérer voir de plus en plus de concepts de liberté imprégner
les couches de la pyramide de la liberté.
Il serait d’ailleurs astucieux peut-être que nos sites web
ou autres Facebook adaptent leurs publications et suggestions de lectures au
niveau de maturité de leur lectorat. Imaginez un Contrepoints qui proposerait
des lectures nouvelles en fonctions de points de concepts acquis par la lecture
ou par les commentaires, tirant ainsi les lecteurs vers le haut à leur rythme.
Bref, les libertariens ont deux priorités dans leur effort d’explication :
les minarchistes ou pseudos assez proches, et tous les autres quand s’en trouve
des ouverts mûrs et prêts à monter rapidement dans les couches de concepts. Si
chacun de nous arrivait à convaincre 10 personne par an, en 3 ans nous serons
mille fois plus et majoritaires en simplement 6 ou 7 ans. Mais ça, c’est la
théorie, et c’est à condition que chacun s’attache à convaincre et à expliquer,
et non à se complaire dans le débat quand il ne peut y en avoir ou dans le
combat quand il devrait y avoir écoute et respect.
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